Retrouver le siècle des Lumières tel que raconté par
Frédéric Lenormand, même pour un court récit de 92 pages, est toujours un plaisir jubilatoire. Rares sont ainsi les fictions historiques qui nous enrichissent autant qu'elles savent nous fait rire, prodige encore une fois rendu possible grâce à de minutieuses recherches de l'auteur et à son talent pour manier les phrases et leur tournure. L'enchaînement des répliques, les scènes empreintes de comique de situation et la distance légère entre les événements et la narration font tout le sel de cet ouvrage.
L'intrigue est évidemment moins tortueuse que ses aînées de la série publiée chez Lattès (format oblige) mais
Voltaire ne perd rien de sa verve, et son univers, rien de son originalité. Les accents les plus plaisants de ce titre (outre son humour) se situent dans les références et clins d'oeil faits à l'univers des contes de fées traditionnels. Cela commence avec une jeune fille en capeline écarlate qui évoque à
Voltaire le petit chaperon rouge (avant de finir assassinée, preuve qu'elle aura rencontré le loup), puis à une auberge digne de Blanche-Neige et de ses sept nains, avant que l'intrigue ne finisse dans le château d'un Barbe-Bleue veuf de plusieurs de ses épouses. L'auteur glisse même un tordant parallèle entre notre philosophe détective du dimanche et le célèbre Sherlock Holmes lorsque
Voltaire, coiffé d'un galurin à carreaux, se trouve à fumer une pipe en écume au coin du feu sous l'oeil d'un public subjugué par tant d'exotisme.
le grand challenge toujours relevé par
Frédéric Lenormand, c'est encore une fois de réussir à s'approprier
L Histoire pour en faire... n'importe quoi! Car bien qu'on ne peut plus fantaisiste, cette Querelle de Dieppe s'inspire du véridique séjour
De Voltaire incognito dans la cité dieppoise. Les extraits de lettres et d'ouvrages historiques en postface viennent raconter cet épisode de la vie du philosophe, rappelant au passage que Tranquillain Féret n'est pas non plus une invention, mais bien l'apothicaire qui hébergea et forma l'auteur des Lettres philosophique pendant l'hiver 1728. Loin d'être un petit pharmacien de campagne, cet apothicaire était un savant méconnu dont l'auteur nous rappelle au passage la mémoire.
En bref :
Voltaire ne perd rien de sa gouaille, même en 90 pages! Outre son humour décalé et la fantaisie pleine de clins d'oeil de son intrigue,
Frédéric Lenormand offre à travers cette novella la possibilité de redécouvrir un chapitre méconnu de la vie mouvementée du grand philosophe... même s'il y ajoute un meurtre totalement fictif!
Lien :
https://books-tea-pie.blogsp..