Ce livre annoncé comme un roman se présente en fait comme une biographie (fausse) de Zelda Fitzgerald, écrite à la première personne, affabulée par l'auteur en partant d'éléments réels et j'ai trouvé cette pratique assez gênante !
L'auteur offre sa vision à lui du couple Fitzgerald, mêlant réalité et fiction, et du coup, il est malaisé de distinguer le vrai du faux, ce qui n'est pas forcément gênant, dans la mesure où le récit rend compte de la fièvre des années 20, des excès de cette "génération perdue" selon la terminologie inventée par
Gertrude Stein, point de ralliement en France de ces américains venus noyer à Paris leur désenchantement suite au traumatisme de la 1ère guerre mondiale. Et l'on ressent parfaitement à la lecture le bouillonnement intellectuel mêlé à l'abus d'alcool, de drogues diverses et de plaisirs immédiats dont Scott et Zelda ont abondamment abusés.
Mais pourquoi donc affubler de faux noms des personnages réels ayant joué un rôle important dans la vie du couple, tel
Ernest Hemingway, rebaptisé, on se demande pourquoi, Lewis O'Connor ?
Et pire, s'exprimant du seul point de vue de Zelda, il donne une image tellement partisane de Scott Fitzgerald qu'on se demande quel crédit on peut apporter à cette accumulation de griefs contre un partenaire, au demeurant adoré ?
Scott est-il vraiment ce mari odieux ayant pillé les idées et les écrits de son épouse ?
Est-il vraiment cet être monstrueux ayant délibérément fait enfermer sa femme pour des raisons, au départ, principalement dictées par la jalousie ?
On comprend les affres de cette femme, ayant passé une partie de sa vie en hôpital psychiatrique, à remâcher d'amers souvenirs.
Mais il eût mieux valu, à mon sens, ne pas se référer à des personnes ayant réellement existé, et simplement délivrer cette confession fiévreuse, incantatoire et touchante d'un être humain, perdant peu à peu le sens du réel, cherchant sans cesse un but à sa vie par l'écriture, l
a danse ou la peinture, se raccrochant à sa jeunesse perdue, à son amour enfui, à ses illusions envolées, à sa beauté trop vite fanée..... ce portrait d'un être à la dérive.
Gilles Leroy a obtenu le prix Goncourt en 2007 grâce à ce roman. Il était en lice, entre autres, avec
le rapport de Brodeck de
Philippe Claudel, dont les qualités m'apparaissent infiniment plus remarquables !
Les choix du Jury peuvent parfois paraître bien discutables !