Tout d'abord c'est vraiment un livre très agréable pour les yeux : des photos d'une réelle beauté avec un grain qu'on a envie de caresser (sa mère est photographe), des dessins, des linogravures, des facs similés de ses chansons, c'est vraiment un livre picturalement très réussi. Toute cette iconographie participe à traduire l'univers de Lhasa. Celui du voyage, de la bohème, de la famille, des racines, l'amitié, celui de l'art, de la scène… Un voyage onirique, intérieur servi par un texte, sans emphase, sans ornement, juste une voix singulière, celle de la chanteuse qui dit son bonheur de chanter, d'être au monde.
Un texte à lire, à relire. Une petite pointe de mystère intraduisible, de ce mystère qu'on ne peut retranscrire que par la vibration musicale de la voix chantante. On aurait pu s'attendre à quelque chose de vraiment lyrique, et puis non… la parole est parfois nostalgique, elle se remémore l'enfance, la bohème entre Etats-Unis et Mexique, la vie rêvée d'une petite fille qui apprend bien plus sur la vie que ne peut le faire l'école… Parfois drôle, parfois révoltée, pudique aussi. Un des thèmes récurrents est celui du lieu : celui de l'enfance, celui qu'on a traversé, celui que l'on rêve, celui où l'on s'arrête… Il faut dire qu'elle est d'origine mexico-états-unienne, elle vit maintenant à Montréal, sa mère vit à Marseille, ses aïeuls viennent des quatre coins du monde, la terre semble être son pays… de là aussi son rapport aux langues qui sont aussi l'exil et la demeure du chant. Elle parle bien sûr de son rapport à la musique, de son histoire, des gens formidables qu'elle a rencontrés, de ce rêve qui entoure sa vie au quotidien.
Un livre à lire si on aime Lhasa, si on aime la chanson, si on aime l'art et l'idéal qu'on peut construire à travers ce mode de pensée, un livre à lire si on aime la vie.
« J'ai toujours des images de peintures en tête. Des images incroyables… J'aimerais avoir la capacité de les rendre, mais pour cela il faudrait que j'y consacre beaucoup plus de temps. D'ailleurs, chaque chanson a pour moi son univers visuel, ses couleurs. Ecrire une chanson c'est comme retrouver une trame, un fil magique qu'on suit, et ce sont ces univers visuels qui me guident. Quand je commence à perdre le fil, à devenir trop intellectuelle, je dois revenir à l'image de départ, lui faire confiance. […] Ecrire des chansons, ce n'est pas très difficile. Peindre non plus. C'est juste une question d'éteindre la télé ou l'ordinateur et d'aller s'asseoir avec une feuille blanche. » p. 74
Un très beau livre dans lequel j'aime me replonger en écoutant sa voix... Je me rends compte, à ce moment précis, combien me manque la présence de cette étoile filante...
Lien :
http://www.labyrinthiques.ne..