La maison des soeurs

Quand je sens la terre entre mes doigts, quand je découvre qu'un nouveau bouton s'est ouvert, quand le parfum d'une rose embaume, mes problèmes s'envolent tellement vite que je ne sais même plus pourquoi j'étais si contrariée quelques minutes plus auparavant!

“en ce qui me concerne, l’écriture a de toute façon atteint son but : écrire contraint à la précision”.
-Frances
(parle d’une introspection par l’écriture, ne pas se mentir à soi même)

Mais n'est ce pas le cas de chaque être? N'y a-t-il pas en chacun de nous quelque chose dont personne ne sait rien et qui peut-être ne se révèle que lorsqu'on baisse la garde? Dans un moment de grande tristesse. De désespoir. De mal de vivre. Ou bien d'amour.

Frances comprit que revenir et retrouver son passé étaient deux choses différentes. Elle ne pouvait pas remonter le temps.

De janvier à juin 1911

Jour après jour je me suis imprégnée de l'atmosphère de ce livre, des personnages, des événements. Au début j'y trouvais quelques longueurs et puis il m'est devenu indispensable d'en poursuivre la lecture chaque soir. Voici quelques jours que je l'ai terminé et dans la journée je pense que je vais en continuer la lecture... cela ne m'est jamais arrivé.
L'écriture de Charlotte Link, que je découvre, m'a attachée aux personnages, à la région du Yorkshire, à la maison, aux événements. Chaque soir je suis entrée dans le monde de ce livre avec délice, m'y installant sans retenue.

Elle avait renoncé à être mère, et cela avait fait d'elle une femme aigrie.

Deuxième partie

En été, les fleurs de mon jardin embaument. Je me réveille avec le chant des oiseaux, et l'hiver les écureuils viennent sur le rebord de la fenêtre de la cuisine pour grignoter les noisettes que je leur donne.

Vendredi 27 décembre 1996

Ils s'enfoncèrent chacun dans ses pensées. La maison était silencieuse, on n'entendait aucun bruit. Seul le crépitement des bûches qui brûlaient dans la cheminée troublait le silence.

Décembre 1916

Jeune homme blessé, marqué à jamais par les douloureux souvenirs de son enfance et de son adolescence brisées, Philip s'y entendait mieux que personne pour consoler son prochain. C'est cela qui aux yeux de Frances le rendait plus intéressant que les autres.

De janvier à juin 1911

Elle avait craint de passer à côté de la vie si elle l'épousait sans avoir auparavant exploré d'autres horizons. Aujourd'hui, elle pensait qu'il y avait des horizons qu'il valait mieux ne pas connaître. Elle découvrait la vie sous un de ses visages les plus laids. Le froid, la faim, une cellule sinistre, un seau puant dans un coin, une étouffante promiscuité auprès de quatre femmes avec lesquelles elles ne partageait qu'une même conviction, sinon rien. Une même conviction, ce n'était pas suffisant pour être les unes sur les autres vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Novembre-décembre 1910