La maison des soeurs

-La plus grande erreur de ma vie a été d'épouser ton père, disait-elle.

Mai 1910

Depuis ma table de travail, devant la fenêtre, le regard porte loin sur les hautes land. Le vent glacé de décembre balaie les vastes étendues désolées, le ciel est chargé de lourds nuages gris et tumultueux.

Prologue
Yorkshire, décembre 1980

Il y a beaucoup de choses chez les hommes dont nous devrions nous inspirer, notamment leur façon d’utiliser la violence pour obtenir gain de cause. La plupart des grands changements ne se sont pas faits en douceur. Depuis la nuit des temps, les hommes ont recours aux armes pour obtenir ce qu’ils veulent. Et cela leur réussit. Montrons que nous avons retenu la leçon. Prenons nous aussi les armes ! Cessons de demander gentiment, battons-nous ! Il y aura d’autres combats de rue. Du sang va couler. On va nous jeter en prison. Nous continuerons quand même le combat. Et nous gagnerons !

La curiosité s’accompagnait d’un besoin malsain d’émotions et il n’y avait rien de cela chez sa locataire. Barbara était quelqu’un qu’animait un authentique et insatiable intérêt pour ce qui arrivait autour d’elle et pour les gens qui croisaient son chemin. Un intérêt qui allait jusqu’à vouloir également connaître les dessous d’une affaire, l’historique d’une histoire, quitte à déflorer le mystère et ainsi casser le ressort de l’intérêt.

On vit de l’espoir que le temps va s’arranger. Parfois cet espoir est mis à rude épreuve, au printemps surtout, quand l’hiver se refuse à prendre congé, comme un visiteur importun s’attarde dans l’entrée au lieu de se décider à passer la porte.

Elle s'efforça de refouler sa colère. Il ne lui paraissait pas correct d'éprouver de tels sentiments de haine à l'égard de sa sœur le jour de l'enterrement.

Elles formaient un étrange tableau, ces trois femmes dissemblables qu'un caprice du destin avait réunies autour d'une même table.

Mercredi 1er janvier 1997

-(...), c'est grave de ne chercher la responsabilité que chez les autres, parce que c'est comme ça que rien ne change. Quoi que Fernand ait fait, il ne l'a pas fait seul. Il fallait être deux pour ça.Un qui a fait et un qui laisse faire.

Mercredi 1er janvier 1997

Barbara se disait que lorsqu'elle aurait versé toutes les larmes de son corps, elle se rendrait peut-être compte que le destin venait en réalité de lui offrir une formidable chance de se construire une nouvelle vie.

Mercredi 1er janvier 1997

Peut-être qu'il existe des maisons dans lesquelles on ne peut pas être heureux.

Dimanche 29 décembre 1996