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Editions Il est Midi (Autre)
EAN : 9782494282285
308 pages
AFNIL (24/10/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Ce récit débute par un « road movie » vers le sud de la France, se poursuit par un huis clos au sein d’un petit groupe de gens ordinaires, perturbés par la frénésie qui anime la société pour s’achever sur un drame climatique.

Le cœur du roman, c’est bien le tourbillon dans lequel nous sommes pris. Révolution technique, rupture des codes sociétaux, obsessions physiques, technologiques, financières, formatage de la jeunesse, violences, pression de la co... >Voir plus
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il s’attend chaque jour à prendre dans la figure une remarque perfide sur son absence d’activité, sur cette rémunération qui ne rentre plus, divisant par deux les ressources du foyer.
L’algarade est proche, il le sait. Comme pour se faire pardonner, il accompagne les enfants à l’école mais ils n’ont pas vraiment besoin de lui.
L’après-midi, il sort, il remonte les rues et les avenues, souvent absorbé dans ses pensées, se repère parfois grâce aux stations de métro. Son esprit s’arrête sur des agressions insignifiantes de la vie publique qu’il aurait traitées avec indifférence auparavant, des scooters qui surgissent sur vos talons au moment où on ne les attend pas, des gens qui vous bousculent presque sur les trottoirs, poussés par on ne sait quelle urgence. Il entre dans un grand magasin sans aucun projet d’achat et en ressort parce que tout l’agace, la ventilation, la musique à deux balles, les voix démagogiques qui poussent les clients à la consommation.
Il lui arrive de traverser une artère sans même regarder si le feu est encore vert, les automobilistes piaffent d’impatience, ça klaxonne de partout, le vacarme écrase les places et les rues, c’est une symphonie de Beethoven assommant un ballet endiablé de Béjart.
Il étouffe, l’atmosphère bouillonnante lui occasionne des éblouissements, un genre de vertige qui le rappelle à la dure réalité de la guerre urbaine, contre le temps, pour l’espace.
Le soir, il fait un compte rendu biaisé de ses errances à Nathalie, s’attribue des obligations qui n’en sont pas. Elle n’est pas dupe, elle attend la suite, elle veut bien croire leur médecin qui répète que la dépression est derrière lui, derrière eux, mais elle n’a aucune certitude. Comment sait-il, le gentil praticien, si son JC est encore au fond de la piscine ou s’il est en train d’amorcer une remontée ? Qui sait si un mal n’a pas pris la relève d’un autre ? Où le mène cette oisiveté ? Qu’est-ce qui grenouille dans sa tête ?
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Qu’il y eut des opinions divergentes voire opposées ne le gênait pas outre mesure du moment que tous se retrouvaient autour d’un même constat et se déclaraient prêts à sauter le pas. Il était enclin à passer l’éponge sur des réflexions flirtant avec les positions de l’extrême-droite ou de l’extrême-gauche, des jugements au couteau qui sentaient l’ancienne affaire des Gilets jaunes ou les relents de la pandémie. Des anti-machin et des pro-truc, il y en aurait dans cet équipage qu’il avait résolu de conduire vers l’inconnu mais il aimait cette idée d’un échantillon du corps social, avec leur histoire, leurs tribulations, leurs élans et au bout du compte leur besoin de branches auxquelles s’accrocher.

Ce qui perturbait JC, en revanche, c’était que la somme de leurs fragilités s’interpénétrait avec ses propres doutes : ai-je eu raison ? Et si je m’étais fourvoyé ? Ne me suis-je pas vu trop grand ? Après tout, je ne suis qu’un type ordinaire avec une vie ordinaire. Je n’ai pas le profil d’un intello pur jus, je n’ai pas été programmé pour être un leader d’opinion. Pour décortiquer les frasques de mes contemporains, je n’ai pas la légitimité des chercheurs en ceci ou cela que les télés poussent sur les plateaux, en rappelant leurs titres universitaires et leurs derniers ouvrages parus. Je ne suis pas un consultant appointé, rien qu’un quidam, un quidam qui étouffe, qui veut pousser un coup de gueule. Qui l’entendra d’ailleurs ? Quel écho lui donnera-t-on ? Les médias ont bien d’autres chats à fouetter, bien d’autres individus aux prétentions de Cassandre à convier à leurs effusions. Je ne suis pas la victime de je ne sais quelle chape de plomb qui leur ferait dire « ce type est un lanceur d’alerte, ouvrons lui en grand les portes de nos temples, il va prêcher la bonne parole ! ». Et pourtant, j’ai envie de crier à la face du monde : stop !!
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Refaire le monde exige du temps, des soirées prolongées, des congrès interminables, des conférences internationales. Mais qu’en reste-t-il ? Des propositions, des adresses à tel ou tel, des rapports dont les destinataires ne peuvent ou ne veulent concrétiser les propositions.
JC ne peut ignorer que la tâche est immense, sans doute au-delà des capacités des cerveaux les plus performants. Et pendant ce temps, l’œuvre humaine, dans ses intentions les plus louables, comme ses pires desseins, ses combats légitimes et ses foucades improductives, continue de tourner. L’orchestre joue toujours quand le Titanic coule...
Treize individus issus des quatre coins d’un pays désormais minuscule, au bout du continent européen, ne sauraient changer le monde, à supposer même que par leurs qualités personnelles, leurs profils, ils soient un échantillon représentatif de l’humanité, ce qu’à l’évidence ils ne sont pas.
Ils ne se demandent même pas si leurs consciences réunies pourraient leur faire tenir un message réellement universel. Et allez parler de frénésie aux gens qui crèvent de faim ou qui fuient les bombes qui leur tombent sur la tête !
Et pourtant, ils sont là, ils m’ont suivi, ils sont entrés dans un engrenage, celui que j’ai enclenché par ma sollicitation, peut constater JC.
Ils avaient choisi le réseau par besoin d’écrire, l’écriture est une facilité, un substitut confortable aux paroles qui s’enflamment ou qui ont du mal à sortir. J’ai ouvert une brèche, je leur ai donné un parloir, ils l’ont utilisé, mais maintenant, il s’agit de prendre un mégaphone ! Je n’ai pas le droit de les décevoir. 
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Un mot, un seul, avait suffi à l’écroulement : retraite !
Un sale coup porté à des décennies d’humble dévouement à la cause des livres, une rupture de faisceau avec des collègues de travail immergés dans le même bocal de papier, des rayonnages omniprésents comme des statues qui vous toisent de toute leur hauteur, des clients fidèles ou ponctuels qui vous accaparent quelques minutes à la recherche d’une édition rare.
Un univers bien délimité, à l’écart des excitations de l’époque, de ses addictions, si ce n’était cet écran qu’il avait bien fallu accepter derrière le comptoir et ce damné logiciel avec lequel il avait fallu se familiariser si près de la fin. Un rythme paisible, ou plutôt une absence de rythme, juste cadencé par le tintement de la sonnerie au-dessus de la porte que personne ne s’était avisé de mettre au rebut au profit d’une plus moderne, des échanges à voix basse comme si les visiteurs n’osaient laisser transpirer quelque trouble passion ou partageaient avec les employés des secrets inavouables. Ce réduit à la vitrine triste, à l’arrière-boutique mal éclairée, était pour Emma une source de vie sans éclats, un filet d’eau silencieux arrosant ses journées depuis de longues années.
Au seul mot de retraite, prononcé par la propriétaire de la librairie devenue au fil du temps presqu’une amie, la source qui alimentait le quotidien d’Emma s’était tarie, son Rhône voisin s’était asséché comme une rivière du sud sous la canicule estivale.
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Le 15 avril 2019, JC se trouva brutalement confronté au sinistre rappel des flammes de l’enfer.
Notre-Dame de Paris brûlait ! Le 11 septembre, c’était un temple de la modernité qui était parti en fumée, voici qu’un feu, encore un feu, venait de prendre pour cible le génie des temps anciens.
Une cathédrale attaquée par un brasier, il fallait remonter encore aux archives des bombardements de la guerre. JC ne les avait pas vécus, ni la plupart des Parisiens qui se pressaient à présent sur le quai à côté de lui, dans la stupeur et l’affliction. « Paris brûle-t-il ? » aurait demandé Hitler, fasciné par cette ville qui lui échappait, qu’il voulait détruire faute d’avoir pu la conserver sous sa botte.
Non, Paris ne brûlait pas ce 15 avril, mais c’était le cœur de la capitale, ce joyau éclairant une île prise dans les bras de la Seine, qui s’était enflammée.
La Notre-Dame de Victor Hugo, celle d’Esmeralda et de Quasimodo, celle de Claude Frollo, incontournable visite empreinte de solennité pour des millions de visiteurs, joyau d’une trinité que le monde envie aux Parisiens, avec l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel. Un des cœurs de la chrétienté nationale, un symbole d’une architecture qui savait marier la grandeur des édifices conçus par des visionnaires et l’ouvrage ciselé par des artistes de la miniature, menaçait de se consumer.
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