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4,31

sur 549 notes
[...]

L'écriture. L'auteur interpelle le lecteur, s'adresse à lui très souvent. On s'imagine autour d'une table, un verre de Martini (oui moi, mon péché mignon c'est le Martini, blanc de préférence) dans une main, des cacahuètes dans l'autre main, et très vite on pose tout pour être sûr de ne pas s'étrangler tellement on est captivé par les paroles de notre interlocuteur, par son ton, par sa façon de nous intégrer à ses mésaventures. C'est fascinant.

L'histoire. Un homme va être condamné à mort. Avant de se balancer au bout d'une corde, il se met à raconter ses années de prison, puis de cachot puis de camisole. La violence, la cruauté de ses geôliers n'a d'égal que sa détermination à placer l'esprit bien au-dessus de son corps. Ils s'attaquent à sa chair. Et bien il sera bien plus fort qu'eux puisqu'il parviendra à s'évader par la seule force de son esprit. Il va revivre ses vies antérieures et passer outre la souffrance de son corps.

Entre réalisme et fantastique, Jack London réussit à nous passionner pour sa vie en prison, et aussi pour ses vies imaginées, vécues, revécues, bref ! Il nous emmène dans un voyage dans le temps et dans l'espace avec une facilité déconcertante. On adhère à tout. On accepte de rencontrer Pilate, et donc d'apercevoir Jésus, on erre sur les routes de Corée avec la femme de sa vie, on l'observe en naufragé solitaire, on se cache avec l'enfant lors d'une attaque d'Indiens… C'est vivant, c'est enlevé, c'est profond, c'est ironique, c'est magique.

Ahmet Altan dans ses textes de prison écrivait : « Vous pouvez me jeter en prison, vous ne m'enfermerez jamais. Car comme tous les écrivains, j'ai un pouvoir magique : je passe sans encombre les murailles. »

Jack London (qui a aussi été emprisonné) le prouve avec ce roman extra-ordinaire.

C'est à la fois un roman qui dénonce l'univers carcéral et un roman d'aventures, un roman philosophique et une ode à la vie. Pour conclure, c'est un roman qui laisse des images inoubliables dans l'esprit du lecteur.

J'avais énormément aimé Martin Eden, j'ai été saisie par l'étrangeté et la qualité de ce texte-là (le dernier de l'auteur), je ne parviens pas à redescendre…
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Re-kikou zamis 🙃

Me revoilà partie dans de nouvelles aventures 🤗

LE VAGABOND DES ÉTOILES de JACK LANDON
Dans La préface de FRANCIS LACASSIN il y a cette lettre destinée à la mère de London,
seule lectrice à ne pas se méprendre quant à une conversation de l'auteur au spiritualisme fut sa mère. Pour lui éviter une désillusion pénible, le romancier lui laissa cette lettre

🌟MA CHÈRE MAMAN, VOICI TOUT L'ARGUMENT DE TON PARTI SELON LEQUEL SEUL L'ESPRIT PERSISTE TANDIS QUE LA MATIÈRE PÉRIT, JE ME SENS TRÈS COUPABLE DE L'AVOIR ÉCRIT CAR JE N'EN CROIT RIEN. JE CROIS QUE L'ESPRIT ET LA MATIÈRE SONT INTIMEMENT LIÉS QU,ILS DISPARAISSENT ENSEMBLE QUAND LA LUMIÈRE S'ÉTEINT.

TON FILS AFFECTUEUX

Je vous souhaite une belle fin de journée. J'entre dans le pénitencier.

Je suis touchée par ce témoignage. Ici Landon nous parle, nous crie la souffrance des prisonniers. Ce qu 'était les cachots, la camisole de force et l hypocrisie d autres hommes qui vendaient des mensonges pour sauver leur peau
Sauf que là ! C'était la pendaison
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J'avais bien lu la quatrième de couverture, et pourtant, quelle surprise ! Je ne m'attendais pas à être emmenée si loin, sur un tel terrain.
Ce qui m'avait poussée à lire ce roman, c'est l'univers carcéral, que l'auteur a lui-même connu. Et je n'ai pas été déçue. Les descriptions sont glaçantes, les prisons californiennes du début du XXe siècle étaient des lieux où toute humanité était déniée à ceux qui y étaient jetés.
Mais, si je savais que le personnage réussirait une sorte d'évasion mentale en se remémorant ses « vies antérieures », mais je ne m'attendais pas à un tel feu d'artifice ! A chaque fois, c'est un véritable récit enchâssé qui nous est offert, à travers des époques et des contextes les plus divers. Les descriptions sont précises, et les dialogues suffisamment longs pour nous faire oublier que cette histoire-là est parvenue au personnage principal dans une sorte d'état modifié proche de l'autohypnose.
C'est là que je risquerais un bémol dans mon appréciation : si l'auteur nous embarque dans une histoire hyper réaliste au début, je me serais attendue à un peu plus de crédibilité au niveau des remémorations des vies antérieures. Quoi, autant de détails, autant de précision ! Ces souvenirs sont aussi nets que la description de la prison.
Ce n'est qu'en lisant la préface de Francis Lacassin que j'ai appris que Jack London avait affirmé à sa mère ne pas du tout croire en la réincarnation, et qu'il avait profité de cette intrigue pour « recaser » des bouts de romans inachevés. Et pourquoi pas ? Il ne s'attendait peut-être pas à ce que certains lecteurs lui reprochent un manque de crédibilité dans cette histoire de vies antérieures, puisqu'il était évident pour lui que tout cela n'existe pas. Mais il nous a pourtant donné envie d'y croire …
Nous voilà donc avec un roman qualifié, à la fois, de réaliste et de fantastique. Mais, pour me faire hésiter, pour me faire douter de l'existence de la réincarnation, pour entretenir le malaise propre au genre fantastique, je persiste à penser qu'il aurait peut-être fallu introduire un minimum de doute, de flou, autour de ces réminiscences.
Mais ce n'est qu'un bémol. J'ai dévoré ce récit à nul autre pareil, j'ai lu plusieurs romans en un seul, oui, j'ai voyagé dans l'espace et dans le temps, à partir d'une seule personne enfermée dans l'espace le plus exigu qui soit. Et j'ai aimé ça.
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"Très peu d'hommes en ce bas monde ont été assez chanceux pour connaître des années durant la solitude du cachot assortie de la camisole de force. Là fut ma bonne fortune." (P. 267)
1913 : Darrell Standing est emprisonné et classé, par le directeur de la prison comme "irrécupérable" parce qu'il lui a expliqué qu'en travaillant autrement les résultats seraient meilleurs. En cellule après avoir été battu et torturé, il est pendu, pendant des heures par les pouces, les orteils effleurant le sol
Darrell Standing a été condamné à mort pour avoir tué le Pr Haskell, et dans l'attente de sa pendaison, il est enfermé à l'isolement. Là entre ces quatre murs il s'évade par la pensée et revit ses aventures, ses voyages sur les mers du globe...
Mais Darell est devenu la tête de turc du directeur de la prison, un vicieux, qui imagine toutes sortes de tortures morales et physiques pour mâter Darell, qu'il accuse d'avoir fait entrer de la dynamite....Il va jusqu'à l'enfermer pendant des jours et des jours, dans une camisole de force qui interdit tout mouvement au prisonnier...camisole dont il resserre périodiquement les liens...il ne manque pas de vice et d'imagination! Loin de là.
Darell n'oppose aucune résistance physique à ces tortures...il les met à profit pour s'évader de plus en plus par la pensée, et ainsi, il voyage parmi les étoiles, parvient à parler français sans s'en rendre compte, à réduire son rythme cardiaque...à devenir un autre en oubliant le temps, et ainsi à faire totalement abstraction de cette souffrance corporelle. Il a tant de souvenirs !
Sa force intérieure lui permet de retrouver une forme de liberté, de se détacher des contraintes matérielles et se transporter par la pensée, mentalement, à la fois dans le temps et les pays découvrant ainsi la Vie, avec un grand V, bien plus importante que la vie humaine.
Un roman très engagé contre la peine de mort, l'emprisonnement inhumain, la torture. une dénonciation du système carcéral américain...qui, confirme une fois qu'on a visionné les images de Guantanamo, qu'il n'a pas pris beaucoup de rides....
Un roman qui célèbre la résistance, la force de la volonté et des idées...une ode à la liberté.
Du grand art !

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La plume de jack London est belle et enveloppante, délicatement ciselée et terriblement même après traduction. Est-ce suffisant pour la définir ? Bien sûr que non.

Dans ce roman magistral, sorte de prolongement du Dernier jour d'un condamné, London fait montre d'une puissance évocatrice de grande qualité.
Mais ce texte n'est pas qu'un simple pamphlet contre la peine de mort. C'est une ode à la vie et à la liberté dans ce qu'elle de plus absolu, et ceux qui me connaissent savent à quel point cette thématique m'est chère.

C'est également, à mon sens, un texte philosophique, dans lequel London tâche de nous convaincre de la dichotomie entre le corps et l'esprit, à travers les voyages merveilleux que son malheureux détenu expérimente par l'esprit.
Plus encore, en grand virtuose, London, se permet un pas de côté presque ésotérique avec ce système de vies antérieures visitées par son condamné. Nous revoyons en accéléré l'évolution de l'homme depuis la nuit des temps, avant de constater à quel point celui-ci a finalement si peu évolué dans son rapport à l'autre et dans la gestions de ses pulsions violentes…

Cette lecture fut longue et parfois fastidieuse, je dois l'avouer, et je pense que je n'ai pas fait là le meilleur choix pour découvrir London. je l'ai compris un peu tard, poussée que j'ai été par mon influente progéniture qui, avide de musique rap et découvrant le clin d'oeil de Nekfeu à ce magnifique pavé, a su éveiller ma curiosité désormais contentée. Je ne regrette pas cette superbe expérience qui a su m'interpeller et secouer mes certitudes en matière de réalité.

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L'édition que j'ai date de 1978, et est présentée en deux tomes. Chacun a, en plus du récit proprement dit, plusieurs pages de documentation : sur la genèse du roman, mais aussi des témoignages. J'y reviendrai.

Le Vagabond des étoiles, c'est Darrell Standing. Un aventurier du temps et de l'espace que l'auteur fera voyager à travers l'Histoire, en un fabuleux périple fantastique.

Mais avant de nous entrainer parmi les étoiles, revenons au commencement :

Darrell Standing est un repris de justice, un prisonnier condamné à la peine de mort par pendaison.

Darrell est aussi le narrateur de ce récit, puisqu'il écrit ses « mémoires » avant le saut final, en 1913.

Huit ans auparavant, il était professeur d'agronomie à l'Université, jusqu'au jour où il commit un crime passionnel, en tuant un collègue. Il fut alors condamné à cinquante ans de prison à San Quantin, prison d'Etat en Californie. Mais un incident de parcours va finalement modifier sa peine en pendaison.

Jack London, à travers la plume de son héros, dénonce les conditions abominables de détention dans les prisons américaines. La maltraitance et les actes de barbarie commis à leur encontre sont insupportables et inadmissibles dans une société « civilisée », au début du XX siècle. Quels que soient les crimes de ces hommes, rien ne justifiait de tels comportements, et bien souvent les meurtres légalisés de leurs bourreaux.

En se basant sur les témoignages de prisonniers de cette prison, Jack London fera vivre à son héros l'enfer de la détention, et plus particulièrement celui de la camisole de force.

Enfermé dans une geôle du quartier d'isolement, Darrell Standing passera des années dans l'obscurité, la solitude et le silence. Régulièrement sanglé dans cette épouvantable camisole, il vivra mille souffrances et son corps en gardera les stigmates jusqu'à sa mort.

« Les hommes les plus intelligents sont souvent cruels. Les imbéciles le sont d'une façon magistrale. Or, les geôliers et les hommes qui me tenaient en leur pouvoir, du gouverneur au dernier d'entre eux, étaient des phénomènes d'idiotie. »

L'auteur donnera à Standing deux voisins de geôle : Ed. Morrell et Jake Oppenheimer, les deux prisonniers réels qui ont inspiré son histoire. Entre eux naitront des tas d'échanges silencieux, à coups de phalanges donnés contre les murs de leurs cellules.

C'est au cours de ces périodes interminables de camisole que notre héros va vivre des expériences de « petite mort », qui l'amèneront à s'évader de son corps meurtri et de voyager en toute liberté.

Le témoignage de Ed. Morrell rapporte qu'il a réellement vécu des expériences de décorporation. A chacun de se faire sa propre opinion là-dessus, mais qui peut vraiment juger du caractère plausible ou purement imaginaire d'un tel phénomène ? Lorsque le corps est au seuil de la mort, que la douleur devient insupportable, l'esprit cherche par tous les moyens à se préserver, et peut-être est-il capable de développer des capacités inaccessibles au commun des mortels.

« Vous mes concitoyens, qui tolérez tous ces chiens de bourreaux, vous qui les payez et leur permettez de ficeler en votre nom des malheureux dans la camisole de force, laissez-moi vous expliquer un peu de quoi il s'agit, car vous l'ignorez sans doute. Alors vous comprendrez comment à force de souffrances, je me suis, vivant, enfui de cette vie et, devenu maître de l'espace et du temps, j'ai pu m'envoler hors des murs de ma géhenne, jusqu'aux étoiles. »

La mort ou la folie, le choix est plutôt restreint… Ed. Morrell, et à travers lui Darrell Standing, ont eu recours à une sorte d'auto-hypnose, afin de commander à leurs corps de « mourir », et à leurs esprits de prendre le contrôle et de s'échapper.

Le Vagabond des étoiles nous fera alors vivre une extraordinaire épopée qui contraste avec l'enferment et l'immobilisme de la prison.

Parmi ses incarnations passées, il sera par exemple un petit garçon de neuf ans, durant la migration et la conquête de l'Ouest des États-Unis, un esclave Danois devenu soldat de la Légion Romaine, engagé auprès de Ponce Pilate, au temps de Jésus, ou encore un marin échoué sur un îlot rocheux, et bien d'autres encore.

De simple misérable à Roi respecté, il vivra d'innombrables vies, et connaitra l'évolution de l'Humanité, depuis les temps préhistoriques les plus reculés, jusqu'à l'époque moderne. Il en tirera des leçons spirituelles et philosophiques qui le conforteront dans l'idée de la supériorité et de l'immortalité de l'esprit sur la matière.

« Il n'y a pas de mort absolue. L'esprit est la vie, et l'esprit ne saurait mourir. Seule la chair passe et meurt et, par l'effet de fermentations chimiques, se transforme et se dissout pour renaître ensuite, comme une matière malléable, sous des formes nouvelles, diverses, et éphémères qui, à leur tour, périront pour renaître encore. L'esprit seul souffre et continue à se reconstruire à travers des incarnations successives, sans fin jusqu'à ce qu'il atteigne la lumière. »

Le but de l'auteur était en premier lieu d'alerter les gens sur les abominations qui se déroulaient derrière les murs épais des prisons.

Aujourd'hui, dans les pays occidentaux, les choses ont changé, mais qu'en est-il dans d'autres parties du monde ? Certains pays n'ont pas vraiment d'affinités avec les Droits de l'Homme, et à l'heure même où j'écris ces lignes, combien d'êtres humains sont en train de vivre mille supplices ?
Pour eux, il est encore temps d'ouvrir les consciences et d'agir.

Le Vagabond des étoiles est un très beau roman, empreint d'humanisme et de liberté. C'est un roman qui marque durablement, un roman inoubliable.

Bonne lecture.
Lien : https://lebouddhadejade.blog..
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Darell Standing est condamné à mort. Depuis sa cellule, il parvient se rémorer et à revivre ses vies antérieures, depuis la préhistoire au XVIIIème siècle.
Je connais Jack London pour être un écrivain engagé, et je dois dire que sur ce point là je n'ai pas été déçu ! Il nous explique en détail ici ses idées contre la peine de mort et surtout contre les condition de détention drastiques, sujets qui ont le mérite pour le lecteur d'aujourd'hui d'être, hélas, toujours d'actualité (mais je ne ferai pas de politique...)
Les réminiscences de ses vies antérieures sont en fait des sortes de nouvelles qui n'ont que peut de rapport avec le contenu du récit de la vie du prisonnier dans sa cellule ; si j'en ai adoré certaines, je suis passé assez vite sur d'autres...
Sinon j'ai trouvé que les tentatives de philosophie qui étaient présentes tout le long de l'oeuvre ne présentaient pas de grand intérêt finalement, c'est-à-dire que son argumentation pour montrer la supériorité de l'esprit sur la matière s'appuie sur le récit du narrateur qui, étant fantastique, fait que son argumentation est faible si on veut de la vraie philo.
Pour conclure (et malgré ma critique qui, se voulant objective n'a pas voulu faire trop d'éloges à Jack London que j'aime beaucoup), j'ai pris beaucoup de plaisir à lire le vagabond des étoiles qui se laisse lire facilement, et excepté certains passages dont j'ai parlé, j'ai pas lâché le bouquin !
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Plaidoyer pour la liberté ! Réquisitoire contre la peine de mort !
@Jack London prouve une fois de plus son immense talent d'écrivain et s'attaque cette fois ci aux mauvais traitements infligés aux détenus dans les prisons américaines.
C'est du fond d'une cellule d'isolement dans la prison de St Quentin que le grand Jack nous fait voyager et réfléchir sur notre condition d'Homme. L'esprit est plus fort que la mort, Darrell Standing en est persuadé et c'est ainsi qu'il résistera aux tortures infligées par le directeur de la prison et par ses sbires.
Darrell revit ses vies antérieures : comte sous Louis XIII, enfant dans une caravane de pionniers au Far West, marin anglais marié à une princesse coréenne au XVIème siècle, homme des cavernes, naufragé sur une île déserte ou soldat attaché à Ponce Pilate lors du procès de Jésus. @le vagabond des étoiles est un grand et passionnant roman d'aventures, un hymne à la liberté empli de phrases d'une beauté inouïe.
« Qui se soucie des fleurs, quand elles fleurissent toujours ? Mais, quand l'hiver rigoureux a pris fin, quand le soleil chasse au loin les longues nuits, quand les premières fleurs brillent à la surface de la neige fondante, alors, alors seulement, l'âme et nos yeux ne cessent de regarder... »
C'est aussi un grand cri de colère contre l'inhumanité et la bêtise des hommes.
« Non, je n'ai aucun respect pour la peine capitale. Et ce n'est pas seulement une mauvaise action pour les chiens pendeurs qui l'exécutent, moyennant salaire. C'est une honte pour la société qui la tolère, et paie pour elle des impôts. »
Après le merveilleux @Martin Eden, voici un autre chef-d'oeuvre de Jack London qui entre par la grande porte dans mon panthéon personnel !
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Il ne faut pas prendre ce roman pour ce qu'il n'est pas, c'est une oeuvre d'imagination, j'y vois même une célébration de l'imagination, une allégorie des moyens d'évasion par l'imagination. le côté prise de position sociale contre la peine de mort, les cellules d'isolement et tout le traitement indigne des prisonniers, est plus faible, caricatural. Jack London n'est pas Albert Londres, il n'écrit pas des reportages mais des romans, il est excessif, outrancier, il inverse les valeurs, bref il fait ce qu'il veut.
Et il se lâche complètement dans cette histoire de métempsychose. Comme le fait remarquer le narrateur lui-même, cette histoire est forcément décousue. Darell Standing raconte son enfermement dans les célèbres prisons de San Quentin et Folsom en Californie. Il est contraint de porter une camisole de force, des fois pendant plusieurs jours de suite, et grâce à l'un de ses codétenus, il apprend une forme d'autohypnose qui lui permet de détacher son âme de son corps et de « voyager » dans ses vies antérieures. Chacune de ses vies est l'occasion de raconter une nouvelle aventure. Quatre d'entre elles sont plus développées : l'une se passe pendant la conquête de l'Ouest vers 1850, une autre juste avant, une sorte de robinsonnade, une autre lors d'une expédition en Corée au début du dix-septième siècle, la dernière pendant la Semaine Sainte en l'an 33… Mais il fait aussi une incursion jusqu'aux âges préhistoriques.
Ce qui est dommage, je trouve, c'est que Jack London a laissé un peu de côté le fil narratif. On apprend qu'à la fin ce qui a conduit l'honorable professeur d'agronomie Darell Standing en prison. Dès le début, il évoque une « colère rouge » qui ne l'a jamais quitté au cours de toutes ses vies, ce qui laissait envisager une explication, mais ce n'est pas vraiment le cas, ou trop rapidement. J'ai l'impression que Jack London s'est emmêlé les pinceaux au milieu de toutes ces histoires. Il a manqué de psychologie et s'est laissé porter par sa riche imagination. Un roman divertissant mais qui part dans tous les sens sans aboutir nulle part.
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Par la force de son esprit, un condamné à mort s'évade. Car Darrell Standing n'est pas un prisonnier comme les autres: c'est un cartésien, un scientifique doué d'une volonté hors norme.
On alterne description de l'enfer carcéral - un de ses sujets de prédilection - et échappatoire psychique sous forme d'abord de souvenirs, puis de rêves et enfin de quête de vies antérieures ou “aventures rétrospectives”.
Jack London nous délivre de bout en bout son message: l'esprit l'emporte sur le corps, jusqu'à affirmer que « la matière est la grande illusion ». Seul l'esprit perdure et se transmet.
On est indulgent avec l'auteur pour ses développements sur cette théorie de multiples vies antérieures qui lui font s'incarner en homme robuste et de caractère dans tous les scénarios d'aventure évoqués: le fougueux chevalier français Guillaume de Saint-Maure, Jesse le garçon courageux émigrant vers la Californie, Adam Strang l'anglais devenu dignitaire de l'empereur de Corée, Ragnar Lodbrog le viking devenu romain et bras droit de Pilate à Jérusalem, et enfin Daniel Foss l'américain naufragé des mers du Sud.
On notera qu'il n'est pas allé jusqu'au bout de son principe: une vie antérieure féminine.

Une fois de plus avec Jack London, l'écriture est simple et limpide. C'est un beau récit, un peu désuet, un peu fou et quelque peu misogyne, mais une formidable ode à la force de l'imagination.
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