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sur 1011 notes
Qui a tué mon père (2018) revient sur sa relation à son père, partiellement abordée dans son premier livre. Il dénonce les coupables, selon lui, de la dégradation de la santé de son père.

Avis de Théodore :
Edouard Louis nuance la relation à son père qui, dans son premier ouvrage, paraissait lisse et purement factuelle. Ici, ce père est humanisé à travers ce sacrifie par le corps pour faire vivre sa famille. 3/5

Avis de Gaultier :
J'ai lu avec beaucoup de plaisir Qui a tué mon père, qui semble approcher l'image du père d'une manière toute différente du premier ouvrage. 4/5

Moyenne : 3.5/5
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Un soir, devant une émission, je découvre l'éloquence d'un écrivain Français, Edouard Louis face à l'hypocrisie de la politique et de ses acteurs envers la France d'en bas, ces hommes et femmes qui triment tous les jours, dont les actes politiques ont toujours une conséquence pour leurs vies au contraire de la leur. J'ai apprécié cette logorrhée sensible, attaquant le Macronisme et cette déferlante arrogante, un jugement sans manichéisme, ce constat simple de ces politiciens au-dessus de la mêlée, d'avoir vécu dans l'urgence, d'être un homme perdu dans une société de violence, d'avoir pris la plume pour oser dire, se révolter au sens Camusien.
Ce jeune auteur semble susciter la polémique facilement, divisant à souhait le public, avec ses romans. Son enfance subit la violence, de son milieu qui absorbe cette agressivité sociétale, gangrénant petit à petit la vie des gens à la dérive comme son père. Ce troisième opus Qui a tué mon père est la continuité de ces deux précédents livres, autobiographique, s'attachant à la vie de son paternel et de leur relation. Son premier roman En finir avec Eddy Bellegueule, trace sa mutation, devenant Édouard Louis, le deuxième plus féroce, Histoire de la violence est une part noire de la vie de l'auteur, celui d'un viol et de son autopsie. Édouard Louis est un jeune érudit, fortement engagé, une mouvance politique de gauche très active, ses mots sont de la colère émotive.
En préambule, le narrateur est guidé, une mise en scène s'installe, pour une lecture différente, en visualisant ce monologue entre un père et son fils, l'un muet écoutant l'autre, le père devenant invisible, presque absent, un monologue nécessaire comme le dit Édouard Louis dans son roman.
« Je n'ai pas peur de me répéter parce que ce que j'écris, ce que je dis ne répond pas aux exigences de la littérature, mais à celles de la nécessité et de l'urgence, à celle du feu. »
Lettre au père de Kafka écrit en 1919 est une lettre non envoyée, publiée en 1952 à titre posthume, Kafka parle de sa relation conflictuelle et nébuleuse avec celui-ci, se considérant parasite d'être écrivain la nuit, même si ces deux livres sont complément opposés par leur style, par la force littéraire de Kafka, Édouard Louis dans son livre réussi à saisir l'indicible des mots, exprimant un père lointain, un homme fractionné par un père violent sans l'être, par ce fils différent, cet enfant maniéré chavirant du côté féminin pour l'occultant, cette honte invisible d'avoir un fils homosexuel.
Le livre s'introduit avec une idée de l'intellectuelle américaine Ruth Gilmore de sa définition du racisme très abrupte d'être «l'exposition de certaines populations à une mort prématurée. » Ce racisme Édouard Louis l'ouvre à sa propre existence comme l'homosexualité et la politique, insistant sur ses souvenirs d'enfance avec son père. Ce monologue entraine le lecteur dans les méandres de l'enfance de l'auteur, ses détours sombres d'une relation parsemé de silence, de regard transparent, de peur, espérant l'absence de son père, disant de lui, « faire l'histoire de sa vie, c'est écrire l'histoire de mon absence. » Au-delà de la violence sourde qui habite l'atmosphère et les âmes de cette famille, son père n'usera jamais de violence physique envers ses enfants, cadeau de son grand-père paternel qui l'était avec son fils.
« La violence nous avait sauvés de la violence. »
Beaucoup d'évènements dans l'enfance D'Eddy Bellegueule, souligne la difficulté de son géniteur à accepter sa différence, comme refusant de regarder le faux concert de son fils pendant le repas de Noël, d'avoir cette honte devant ses amis d'avoir élevé son fils comme une fille, qui jouait le rôle de la chanteuse. Mais dans la tension d'un père esclave des sous-entendus du qu'en-dira-t-on, lui qui plus jeune s'était déguisé en femme avec une jupe, versant une larme en regardant un opéra, refuse à son fils cette liberté d'être lui-même, cet enfant sensible subit les mots crus de sa mère qui au contraire de ce père pudique, lui assène des reproches oraux, frustrant cet enfant à le rendre violent dans la vengeance pour provoquer une altercation entre son frère et son père afin de punir sa mère de ses mots, ses maux blessants un coeur d'enfant rejeté de sa différence.
Il y a de la tendresse dans les mots d'Edouard Louis envers son père, il considère sa vie comme « une existence négative. » et s'inspire de la philosophie de Jean-Paul Sartre dans son livre L'Être et le Néant, affirmant cet adage glaçant « nous sommes ce que nous n'avons pas fait ». La pudeur de ce père aimant, maladroit, absent, buvant, se tuant au travail, une vie à l'écart du monde. Offrant à son fils des scènes qu'il n'oublie pas, comme faire le pilote de formule 1 en voiture pour faire plaisir à son fils, lui offrant le coffret du film Titanic, cette journée d'automne au bord de la mer, et de rouler sur les vagues.
Pour son père la violence est la vie, ce père en inertie lente vers un immobilisme, cristallise l'absence physique et l'invisibilité de son âme en berne depuis trop longtemps, usé par une violence sourde, de son accident de travail et des lois lestant encore plus le fardeau de son existence. Édouard Louis s'insurge dans cette troisième partie de la politique, des lois brisant des hommes et des femmes comme son père par des politiciens en émergence de leurs lois, dans leur vase clos, figés dans leur univers, citant ses noms, ces élus, ces politiques, nos élus…Comme « la loi de travail » sous François Hollande, forçant son père d'accepter de se briser le dos à des cadences inhumaines, sous Jacques Chirac, certains médicaments ne seront plus remboursés, comme ceux pour régulariser ses soucis d'intestins, lui détruisant son système digestif, sous Nicholas Sarkozy le RMI devenant le RSA, son père devient esclave du travail lointain, inadapté à son statut, sous Emmanuel Macron , il devient un fainéant terme qu'il a toujours combattu de toute ses forces. Édouard Louis des maux de son père, exprime le fossé abyssal de la classe politique et de ce peuple perdu.
« L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique. »
Qui a tué mon père est pour Édouard Louis un portrait de la France d'en bas, de ces gens asservit à la société par des hommes de pouvoir dominant, à la merci de lois les affaiblissant. A travers son père qu'il raconte par de souvenirs vivaces, Édouard Louis brosse une enfance de souffrance où la violence est présente partout, car pour son père la vie est synonyme de violence.
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Difficile pour moi de dire ce que je pense de ce livre. L'histoire me paraît exagérée à souhait et la fin me laisse complètement perplexe. Trop ancré dans une espèce d'idéologie de gauche complètement déconnectée de la réalité, j'ai l'impression d'avoir perdu mon temps. Enfin, il se lit très vite et facilement ce petit bouquin. C'est déjà cà!
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En retablier consciencieux, Édouard Louis, après un diptyque consacré à son chemin de croix familial "En finir avec Eddy Bellegueule" puis à sa Passion "Histoire de la violence", s'attaque à la prédelle du tableau. Il en dédie le premier panneau à son père, qu'il peint en miniature, à l'instar des commanditaires, minuscules orants représentés dans les volets des vieux retables.

"Qui a tué mon père" est simplement bouleversant. Poignante élégie qui ose les mots jusqu'alors tus, les gestes jusqu'alors avortés, cette courte offrande au père convoque les larmes. le "J'accuse" final, d'une saine brutalité, adressé à toute une cohorte de nantis -ceux qui nous gouvernent*-, redonne sa dignité à un homme sensible mais caparaçonné dans ses apriori de classe.

Pour ce fils et son père, il aurait suffi de presque rien... lire entre les mots, deviner les gestes, pour qu'ils se soient dit "Je t'aime".

Magistral.

*L'absence de point d'interrogation dans le titre dit assez bien que les coupables seront désignés.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Après "En finir avec Eddy Bellegueule" et "Histoire de la violence", Edouard Louis continue son oeuvre engagée sur la classe ouvrière dont il est issu, à travers ce dernier roman qui évoque la relation avec son père. Une relation brutale, faite d'incompréhension.
A travers ce récit intimiste qui prend aux tripes, l'auteur interroge l'influence des conditions de vie sur les choix et comportements de son père. Pouvait-il agir autrement?
Mais l'auteur de s'arrête pas à ces réflexions sociologiques et va plus loin dans son analyse en nommant les responsables politiques de ces injustices sociales. Pas de doute, "Qui a tué mon père" n'est pas une question mais un réquisitoire contre ces hommes politiques qui depuis 2006 ont adoptés des mesures détruisant les plus vulnérables.
Ce pamphlet contre la classe dominante est efficace, direct et poignant servit par une écriture d'une grande force et d'une rare intensité.
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Encore un roman qui prend le lecteur et ne le lâche pas avant la fin. En peu de mots (petit roman de 85 pages) on est plongés encore une fois, comme dans En finir avec Eddy Bellegueule, dans un milieu pauvre où la honte des différences est encore plus forte.
Le père qui se voir retirer tout doucement ses aides sociales, par les différents gouvernements successifs, le fils qui n'ose parler librement de ce qu'il est, de ses affinités, et tout cela dans un climat qui passe du rire aux larmes et des coups de gueule en coups de gueule, de déception en dignité.
A vous de trouver qui a tué le père : Moi j'ai trouvé et je dis bravo à l'auteur d'oser…
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Edouard Louis avait chamboulé le monde littéraire avec En finir avec Eddy Bellegueule en 2014, relatant son enfance dans un petit village de Picardie. Une enfance violente et rude, jugée par certains improbable en ces temps, mais pourtant bien réelle…


Son second ouvrage, moins remarqué, Une histoire de la violence, relate son viol et sa tentative d'assassinat, un soir de décembre 2012.

Dans son dernier né, Qui a tué mon père, il écrit une longue lettre à son géniteur, en reconstruisant son histoire et leur relation en évoquant ses souvenirs.

Edouard Louis s'inscrit dans un schéma littéraire autobiographique. Les événements relatés dans Une histoire de la violence ont fait l'objet d'une procédure judiciaire. L'avocate de Réda, l'homme accusé du viol, expose sa théorie sur l'auteur : son oeuvre littéraire prendrait le pas sur la réalité. Alors fictions ou véritables confessions sans faux semblants, ni pudeur ? Nul ne le sait et c'est ce qui fascine…

Il est troublant de lire les ouvrages de Edouard Louis et Qui a tué mon père n'en fait pas exception. Entre dénonciation de la rudesse de la société face au travail à risque et souvenirs de sa relation houleuse et compliquée avec son père, ce livre est autant une autobiographie qu'une nouvelle sur un fait de société actuel. Il cite à l'intérieur même du roman son premier ouvrage, En finir avec Eddy Bellegueule, insérant par là même le caractère non fictionnel de l'oeuvre.

Un auteur atypique dans le paysage de la littérature contemporaine, qui s'inscrit tout de même dans la lignée des auteurs qui utilisent leur vie comme matériau premier pour construire leur univers littéraire.

Lire Edouard Louis c'est faire l'expérience de mots dures, francs et sans concessions. Mais c'est aussi repousser plus loin les limites entre fiction et réalité. Un thème cher à notre société ces dernières décennies…

Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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Un livre court, efficace, allant à l'essentiel et construit en trois parties. Dans la première Edouard Louis campe le décor et présente son père, dans la seconde on prend conscience de la misère et de la violence, enfin, dans la troisième on assiste à la mise à mort sociale de son père par les politiques. le propos est juste, fort, brillant, la langue est riche et le style assuré. Un livre magnifique, qui est à la foi un essais sur les rapports père fils et un pamphlet contre la politique libérale qui broie les hommes.
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Dans ce court récit, Édouard Louis livre de manière éparse les souvenirs qu'il a de son père. C'est à la fois un livre de réconciliation avec celui qui apparaissait dans son ouvrage précédent "En finir avec Eddy Bellegueule" comme un être violent, autoritaire, homophobe. C'est également un réquisitoire politique contre les gouvernements qui, à travers les différentes réformes sociales entreprises ces dernières décennies, ont participé au déclin de son père. Au delà de l'émotion qui se dégage de l'histoire, le lecteur est marqué par le contraste entre l'énumération de certaines décisions gouvernementales (passage du RMI au RSA, "déremboursement" de médicaments) et les conséquences concrètes qu'elles engendrent pour le père, sur sa santé, son emploi. Ici réside toute la force et toute la violence de cet ouvrage.
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🖤 « Hollande, Valls, El Khomri, Hirsch, Sarkozy, Macron, Bertrand, Chirac. L'histoire de ta souffrance porte des noms. L'histoire de ta vie est l'histoire de ces personnes qui se sont succédé pour t'abattre. L'histoire de ton corps est l'histoire de ces noms qui se sont succédé pour le détruire. L'histoire de ton corps accuse l'histoire politique. »

🖤 Récit personnel, confessions intimes, Édouard Louis nous raconte son père, la relation qu'il a entretenue avec lui. Récit d'abord autobiographique, l'auteur y intègre ensuite une analyse politique pour identifier l'origine d'une souffrance, les raisons d'une pauvreté dont le père n'a jamais su s'échapper et qui ont vraisemblablement condamné la famille à une vie plus que modeste, dictée par le manque et rythmée par l'impossibilité d'en sortir.

🖤 Selon Édouard Louis, il semblerait qu'il soit impossible de s'extirper de sa classe sociale. C'est ainsi qu'il fait le portrait de son père, un homme qui dans sa jeunesse a refusé de rentrer dans des cases, qui a refusé de suivre les codes et qui s'est nourri de ses rêves pour, au final, s'embourber dans une vie de pauvreté et de galère, à contempler la vie à laquelle il aurait pu prétendre mais que ses erreurs l'ont empêché d'avoir. Alors la frustration, la colère, la violence, décuplées par l'alcool.

🖤 La faute à qui ? Qui a tué ce pere ? Outre les coups du sort et la malchance, ce sont nos belles têtes pensantes qui ont contribué à l'annihilation de ce père, nos dirigeants qui ne comprennent pas les problèmes et les galères du peuple et qui, pire, les y condamne : Sarkozy, El Khomri, Macron (entre autres). Dans un élan de courage et de vertu, Louis nomme ces hommes et femmes, et plus encore, désire que dans le monde, leurs noms soient connus. Il parle du Laos, du Congo et de la Chine : je doute que les habitants de ces pays ne soient pas déjà impactés par des problèmes plus graves que ceux énoncés par l'auteur. Cette ambition soudainement devenue vanité me dérange.

🖤 le problème de toute cette argumentation réside pour moi dans le fait que l'auteur est sa propre antithèse : s'il a réussi à dépasser les préjugés et échapper au destin qu'on lui réservait, pourquoi son père n'aurait pu le faire ? Et pourquoi faire de son cas une généralité, une vérité universelle ? Il se demande qui a tué son père : si tel est le cas, ce que je ne rejette pas, pourquoi le décrédibiliser, l'employer comme cobaye d'une idéologie personnelle et le tuer une seconde fois, en place publique ? Il est du linge sale qu'il faudrait laver à l'abri de certains regards, par pudeur et décence.
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