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3,85

sur 849 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est grâce à mon amie babelionaute Nicolak que j'ai enfin remis les pieds chez Howard Phillips Lovecraft. J'ai fait la découverte de cet auteur en 1972 avec deux romans qui étaient parus aux éditions J'ai lu : l'affaire Charles Dexter Ward et Dagon un recueil de nouvelle. Il m'a fait naviguer ensuite à vue entre la folie et un imaginaire peuplé de monstres et de démons. Sa force de persuasion qui est aussi sa propre marque de fabrique, réside dans sa façon toute lovecraftienne de nous présenter et décrire ses monstres. Sans trop de détails, avec juste ce qu'il faut et de manière suffisamment précise, il sait nous faire peur jusqu'à nous empêcher d'éteindre avec sérénité notre lampe de chevet, une fois la lecture terminée.

Avec les montagnes hallucinées, j'ai eu pourtant un peu de mal à retrouver l'auteur de ma jeunesse. Si j'ai réussi à trembler une ou deux fois au détour d'un couloir, je n'ai pas retrouvé le côté immersif de l'écrivain fantastique. Les monstres était toujours là, l'aventure surnaturelle aussi, le héros scientifique et cartésien bien présent ; mais la sauce n'a pas pris et le soufflet est vite retombé. L'histoire avait pourtant bien commencée. Une expédition vers les terres australes avec géologue, biologiste et spécialistes de la survie en milieu polaire, qui partent ensemble étudier la faune et la flore antarctique. On se retrouvera bien vite avec un camp dévasté par une créature démoniaque, une fuite effrénée dans les solitudes glacées qui se terminera par la découverte d'une cité cyclopéenne ayant appartenue à cette fameuse race des Anciens, chère à Lovecraft.

On peut aussi se rassurer sur le style et la prose de notre ami Howard. Son écriture n'a pas pris une ride. Elle est toujours aussi fluide et permet de se tenir en haleine tout au long des 256 pages du roman. L'efficacité comme le rythme sont bien présents dans cette histoire. Si ses écrits restent sombres et angoissants, ils sont toujours aussi tranchants et puissants. Les personnages sont comme à leurs habitudes dans des situations sans espoir et vouées à l'échec. Enfin et sans surprise, on tombe sur le Necronomicon d'Abdul Alhazred. Souvent mentionné et jamais vu par le commun des mortels, le livre des grand Anciens est bien présent dans le scénario. On renoue ainsi pour notre plus grand plaisir avec les créatures extraterrestres sorties tout droit du cerveau enfiévré de cet écrivain qu'on dit maudit.

Vous l'aurez compris, si j'ai pu être légèrement déçu à la lecture des montagnes hallucinées, j'ai quand même retrouvé la patte de mon ecrivain hors du commun. S'il arrive que Les auteurs d'hier semblent moins percutants que ceux d'aujourd'hui, c'est souvent parce que nous devenons plus exigeants avec nos yeux de vieux lecteurs expérimentés. Je me replongerai certainement dans un autre Lovecraft, je pense qu'il a encore beaucoup de choses à nous dire et surtout à nous montrer. Il continuera toujours d'inspirer et d'effrayer les nombreux lecteurs de science-fiction comme de fantastique mais les autres aussi. Il est difficile d'imaginer pouvoir être un jour désabusé par un auteur de cet acabit.


« Il est absolument indispensable, pour la paix et la sécurité de l'humanité, qu'on ne trouble pas certains recoins obscurs et morts, certaines profondeurs insondées de la Terre, de peur que les monstres endormis ne s'éveillent à une nouvelle vie.»

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Aaah Lovecraft.. ça faisait un bail. Assez client de cet auteur, je ne connaissais pas ce court recueil de deux nouvelles, Les Montagnes Hallucinées et Dans L'abîme du Temps, écrites pendant l'entre-deux guerres.

Bon, je vais faire simple, direct, et vous épargner le suspense: c'est bien du Lovecraft.
Véritablement conquis par l'univers des textes de l'écrivain, je dois reconnaître que quand on en a lu un, on les a tous lus. Les histoires, le style, l'évolution du récit, les mythes... très peu de renouvellement... C'est le seul reproche que je peux lui faire, malheureusement pas des moindre.
Une fois qu'on le sait, soit on passe son chemin, soit on persiste, comme moi, car le charme continue d'opérer.

Comme souvent donc, c'est du récit, uniquement. Zéro dialogues. Sous la forme d'exutoire ou d'avertissement, le principal protagoniste relate une aventure effroyable qu'il escomptait, dans un premier temps, taire à tout jamais.
Le champ lexical de l'épouvante est surexploité, les entités cauchemardesques sont souvent déjà connues du lecteur averti, et - très important - il n'oublie pas de mentionner une bonne douzaine de fois le Nécronomicon, rassurez-vous.

Je fais dans la caricature (désolé pour les fans) mais je dois reconnaître que bizarrement, la recette fonctionne quand même. La grande force de Lovecraft, c'est la puissance de suggestion.
Avec des descriptions souvent très précises, il laisse le cerveau du lecteur faire la plus grosse partie du boulot. La mécanique s'enclenche et, personnellement, je m'égare souvent dans ma lecture, mon cerveau trahissant mes sens pour rejoindre mon imagination, dans des mondes sordides et torturés.

Autre point fort, lui non plus pas des moindres, c'est la qualité de ces histoires, tout simplement.
Difficile de résumer des nouvelles sans tout gâcher. Celles qui nous concernent aujourd'hui se passe respectivement en Antarctique et en Australie, sur les traces de ruines immenses hors du temps, et des créatures qui les ont jadis habitées. On fricote avec la folie tout le long de ces 250 pages. La question est de savoir si il s'agit de celle du personnage principal ou celle de l'auteur (celle du lecteur?), mais cela joue efficacement sur l'atmosphère du recit.

Moi qui ai toujours eu du mal avec les nouvelles, quelle mauvaise idée j'ai eu que d'apprécier cet auteur... Pas totalement sûr de moi, mais Lovecraft n'a jamais rien écrit d'autre, et je me damnerais volontiers pour lire un bon gros roman de ce monsieur.
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Je n'avais encore rien lu de Lovercraft avant de lire ce court roman. Je voulais en apprendre plus sur la créature appelée Shoggoth.

Cette histoire est étiquetée terreur mais je n'ai rien lu de bien effrayant ou d'angoissant comme dans le livre Stargate SG1 : Permafrost de Sally Malcom (cela se passe en Islande mais peu importe) qui m'a bien fait flipper.

Dans la bibliothèque où je travaille nous avons beaucoup de livres sur l'histoire de l'exploration de l'Antarctique et jusqu'à la découverte de la civilisation des Anciens tout à l'air plausible et bien documenté d'un point de vue scientifique. J'ai bien envie de ressortir une carte de l'époque pour retracer leur voyage.

J'ai trouvé la rencontre avec le Shoggoth un peu décevante et cela manquait de dialogues (il n'y en a pas ^^). Par contre, l'auteur a éveillé ma curiosité et j'ai bien envie d'en apprendre plus sur le mythe de Cthulhu et le fameux Necronomicon.
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Que dire qui n'ait déjà été dit sur ces Montagnes Hallucinées, tout comme sur Lovecraft, dont j'aime bien la plume, certes, mais sans accrocher chaque fois à fond à tout ce qu'il écrit.
Plonger dans un univers scientifique et tomber nez à nez avec l'irrationnel et la folie est une approche originale, encore que depuis le temps que celui-ci est sorti, on a une impression de déjà vu, qui ne devrait pas être, les autres étant arrivés bien après l'écriture de ces nouvelles. Mais je l'avais déjà lu à l'époque et trouvé ça nouveau, donc je maintiens mon expression "approche originale".
Hormis ceci, les termes scientifiques peuvent rebuter le lecteur lambda, tout comme les interminables descriptions, mais l'auteur a voulu se montrer très précis et personnellement, ça m'a intéressée. Ce qui manque un peu, c'est le rythme et l'action, fatalement.
Malgré tout, nos propres peurs ressortent et l'angoisse nous étreint parfois sur certains passages, mais certains devront s'accrocher pour faire l'impasse sur le reste, car ce livre n'est pas du tout immersif.
Vous l'aurez compris, je reste donc sur un avis mitigé, je l'ai moins apprécié en l'ayant relu qu'à l'époque où je l'ai découvert. Peut-être qu'il est certains textes pour lesquels il serait préférable de rester sur notre impression première, l'impatience de la découverte, un regard neuf donc, et surtout avec 20 ans de moins et une tonne d'autres lectures entre deux.
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Lovecraft poursuit, dans ces deux nouvelles, le mythes des Anciens et du Nécronomicon. Une partie de son génie réside dans l'art subtil de disséminer des informations factuelles en même temps que des informations purement fictionnelles. Au point que, souvent, on se fait prendre au piège de sa toile et qu'on imagine aisément ces Anciens dominant le Monde à une époque des plus reculée. le plus difficile est donc de réussir à se projeter dans cette époque inconnue ou les références géologiques et temporelles sont légion (encore une fois il faut récupérer ses vieux livres d'Histoire-Géo). La seconde nouvelle, «Dans l'abîme du temps», m'a beaucoup plu également tant le suspens y est présent, difficile de lâcher le livre avant la fin. Lovecraft nous emporte sans peine avec lui dans les entrailles de la terre et réussit avec maîtrise à nous perdre entre science fiction et réalité. Il est aisé de comprendre la tentation de partir à l'assaut des bibliothèques dans l'espoir d'y trouver un exemplaire du Nécronomicon ;)
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En 1838, Edgar Allan Poe publie son unique roman : Les aventures d'Arthur Gordon Pym. Un récit d'aventure menant au pôle sud.

C'est cette oeuvre qui a beaucoup marqué et inspiré Howard Phillips Lovecraft (ainsi que d'autres auteurs comme Jules Verne) pour l'écriture de ces Montagnes hallucinées, un court roman d'exploration scientifique en Antarctique.

Le professeur Dyer et toute son équipe partent donc pour les terres australes, leurs esprits scientifiques motivés par les récentes découvertes des précédentes explorations et la perspective de nouvelles trouvailles dans cette terre désolée mais apparemment riche d'un passé recouvert par les glaces.
Dotée d'une solide organisation et pourvue d'un matériel de pointe, l'expédition de Dyer s'installe rapidement et commence sans tarder ses recherches grâce notamment à de nouvelles techniques de forage.
L'un des scientifiques, le professeur Lake, biologiste, se sépare du reste de l'équipe car il est persuadé de faire une découverte révolutionnaire dans une région inexplorée.
Et alors que Lake découvre en effet des trésors impensables, de hautes montagnes jusque-là inconnues pointent leurs cimes menaçantes sur un horizon incertain.


D'une manière très lovecraftienne, le récit est narré à la première personne (par le professeur Dyer) et rend compte des événements terrifiants s'étant déroulés pendant l'exploration, afin de tenter de décourager une autre expédition prête à se lancer dans la même aventure.
Lovecraft, au travers de son homme de science, pose son récit de manière très minutieuse, avec coordonnées géographiques et données scientifiques.
On est d'emblée accroché par ce témoignage faussement véridique qui nous immerge dans l'installation du camp et des premières découvertes.
Puis Lovecraft use de son talent pour faire monter la pression, l'inquiétude grandissante, l'incursion de l'innommable qu'il arrive à rendre peu à peu palpable malgré sa conception hors du commun.

Les nombreuses références aux légendes impies, aux peintures de Nicolas Roerich et aux manuscrits sacrilèges tel que le Necronomicon appuient le récit de mystères et d'une peur liée à ce qu'inspirent ces sombres archives occultes. Mais malheureusement, ces références alourdissent le récit par leur trop grande répétition.

Pourtant, l'ambiance est unique.
Perdu dans cette contrée désolée avec Dyer et ses hommes, à lutter avec les tempêtes et le climat, se sentant aussi misérable qu'eux, entouré de ces hautes montagnes à la promesse de terreurs sur le réveil, le lecteur est
dérouté, placé devant l'inconnu dans tout ce qu'il a de plus aberrant.
Lovecraft arrive à nous narrer un passé incroyable, tellement fascinant, immense et grandiose, là où l'humanité ne croyait pourtant rien trouver ou alors qu'elle n'avait même pas eu l'audace d'imaginer.


Les montagnes hallucinées mérite son statut de récit légendaire, qui marque à coup sûr le lecteur. La talent de Lovecraft fonctionne encore une fois, même sur un format plus long que ses habituelles nouvelles.
Malgré les répétitions, il est impossible de ne pas se laisser embarquer dans cette expédition, aux côtés du professeur Dyer et de son assistant, Danforth, qui reviendront profondément marqués de leur périple...


La nouvelle "Dans l'abîme du temps" complète ce livre.
Assez longue, elle raconte les étranges rêves ou souvenirs (là est toute la subtilité) du professeur Nathaniel Wingate Peaslee, suite à une amnésie de plusieurs années.
Un récit formidable où, à l'instar de celui des Montagnes hallucinées, le protagoniste est confronté à d'incroyables révélations concernant une civilisation inconnue, immémoriale. On y croisera d'ailleurs le professeur Dyer sur une autre terre désolée et antique.
L'imagination de Lovecraft y déploie un luxe de détails tout droit sortis de ses idées les plus folles et nous happe encore une fois avec délice dans une histoire inoubliable.
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Aujourd'hui, je vous parle de Les montagnes hallucinées» de HP Lovecraft et c'est aux Éditions J'ai Lu .
Je m'attaque enfin à cet auteur incontournable qui a su imposer son univers fantastique.
*****
Je ne vous cache pas que cette lecture m'a semblé difficile à appréhender, la faute notamment à de nombreuses descriptions qui ont pour but, bien sûr, de nous expliquer ce que ces scientifiques ont pu observer lors de leur expédition afin de nous aider à nous approprier ces faits. Des faits cauchemardesques qui ont fini pour certains à leur faire perdre la raison, et pour d'autres, la vie.
Des descriptions très précises donc qui ont pour vocation de nous représenter ce monde dangereux qui nous est totalement étranger. Vous arriverez toutefois à vous immerger si tant est que vous êtes bien concentrés. Lovecraft alterne toutefois sa narration descriptive avec des faits et des événements terrifiants, histoire de nous tenir éveillés.
Je pense que l'univers fantastique de Lovecraft peut être hautement addictif si toutefois le lecteur maîtrise quelques pans du Necronomicon (ce qui n'est pas encore mon cas), l'auteur y fait d'ailleurs référence à de multiples reprises.
J'ai beaucoup pensé aux écrits de Jules Verne et de Sir Arthur Conan Doyle qui avaient également tout deux leur propre univers et qui ont su les enrichir avec de nombreux récits d'aventures ou fantastiques. Ces histoires nous donnent le sentiment que ces auteurs sont en avance sur leur temps et qu'ils ont des connaissances sur des technologies ou des mondes qui nous sont totalement inconnus. À croire qu'ils ont été initiés à des secrets. (C'est mon côté complotiste qui parle)
Pour en revenir à ce livre, Lovecraft décide de nous faire toutes ces révélations afin de nous préserver d'un éventuel, mais bien réel, danger si l'Homme persiste à vouloir faire des expéditions dans ce coin reculé de notre planète qui abrite ces monstruosités venues d'ailleurs. Des êtres bien supérieurs à nous (les Hommes) et contre lesquels nous n'avons aucune chance de survie. Ce récit prend donc la forme d'une confession afin de nous mettre en garde et de nous préserver de tous ces dangers.
Au final, même si je n'ai pas pleinement maitrisé la teneur de cette histoire, je vais continuer de découvrir les oeuvres de cet auteur.
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Que dire sur les montagnes hallucinées ... On y suit le récit du géologue William Dyer qui relate une expédition scientifique en Antarctique où il a découvert un terrifiant secret. Afin de décourager d'autres expéditions futures, il revient page après page sur son expérience et nous livre, petit à petit, ses découvertes, ses angoisses et surtout, son secret.

J'ai eu quelques difficultés au début à m'accrocher au style particulier de Lovecraft, que je découvrais pour la première fois, mais avec un peu « d'acharnement », je m'y suis habituée et j'ai plongé pleinement dans cette expédition au coeur de l'Antarctique.
Il y a deux aspect à cette histoire, un aspect très scientifique pleins de descriptions, de découvertes,… et un aspect plus oppressant, angoissant. de plus, on découvre beaucoup de détails sur la mythologie des Anciens, race qui, il me semble, revient souvent dans les récits de Lovecraft.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Il y a un schéma classique des nouvelles de Lovecraft. Un personnage, consciencieux et scientifique se retrouve confronté à un événement inexplicable. Toutefois le personnage rumine tant qu'il peut pour trouver une explication rationnelle, mais à la fin il abdique le plus souvent dans la terreur. Pourquoi ? On pourrait dire que ce travail de trouver une causalité au phénomène mystérieux, de le faire rentrer dans une tentative d'organisation du monde c'est le rendre explicable et possible. Et là advient la terreur, le phénomène invraisemblable a une place dans une représentation rationnelle du monde, bien que cette place soit à l'écart, puisque le phénomène signifie la possibilité de quelque chose de terrifiant et défaisant la représentation rationnelle (ainsi la météorite dans La couleur tombée du ciel).

Les montagnes hallucinées ne déroge pas à ce schéma, l'aspect terrifiant en moins. En effet, l'aspect « conscience rationnelle » y est particulièrement développée, cela mettant à distance le lecteur de l'action. Lovecraft donne des éléments à caractère physiologique, anthropologique et historique concernant le peuple des Anciens. La perception du narrateur sur les Anciens passe d'une certaine crainte à une observation anthropologique. Observation qui lève bien des mystères, allant même à une sorte de pitié envers ce peuple disparu. Ce qui déclenche la terreur d'un des personnages n'est donc pas un de ces Anciens, mais une de leur créature, les shoggoths (créatures se présentant comme étant un amas de cellule pouvant prendre n'importe quelle forme, dont l'extraterrestre de The Thing de Carpenter s'inspire largement). Ce n'est pas par hasard que la terreur est insufflée par une créature multiforme, incarnant d'une certaine manière le chaos.

Le shoggoth, et cette idée de chaos qu'il charrie, vient perturber la rumination de la conscience scientifique. Il y a surement une tentative de la part de la science de vouloir atteindre un certain savoir total sur le monde. En tout les cas les personnages de Lovecraft désirent obtenir ce savoir (avec tous les aspects transgressifs que cela comporte). Mais devant cette prétention se dresse l'innommable phénomène qui fait sauter la représentation rationnelle. Là où le personnage, le sujet s'adonnant à la science (donc tentant de découvrir quelques secrets de l'univers) et faisant son enquête, le shoggoth, la météorite, Nyarlathotep, la musique d'Erich Zann, Cthulhu, la reconnaissance de son écriture dans un parchemin perdu au fond d'une cité antique, tout cela met un point d'arrêt dans la conscience. Là où le sujet pensait finir son voyage, il trouve quelque chose qui vient le diviser, lui faire accepter ce qui lui semblait inacceptable. Il en va de même avec l'inconscient. Celui-ci montre bien au sujet que ce qu'il entreprend peut se solder par un échec du rationnel, et ce qui apparait comme irrationnel a malgré tout une fonction, celle de montrer que ce que croyait vouloir le sujet n'est pas ce qu'il veut en réalité. Les nouvelles de Lovecraft illustrent à leur manière que le sujet de la science n'échappe pas moins à cette division que la plupart des sujets peuvent expérimenter, celle de l'inconscient/conscient.
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Encore peu habituée aux livres audios, je peux quand même apprécier la justesse de la voix et du ton de ce lecteur contrairement à d'autres (essayez les Harry Potter et vous comprendrez vite ce que je veux dire 😵).
C'est mon premier Lovecraft, absolument pas mon genre du tout du tout (concrètement, tout ce que je n'aime pas et que je fuis), mais comme je ne veux pas mourir bête (ok, que je suis têtue avec un fort esprit de contestation), je devais essayer ce monument de la SF au moins une fois dans ma vie.
Je n'ai pas détesté d'ailleurs, c'était assez spécial, comme une sorte de fascination malsaine qui m'empêchait de paniquer complètement et en même m'attirait inexplicablement. Team flipette quand même, j'étais parfois au summum de mon angoisse littéraire, la fin m'a légèrement tétanisée et j'ai presque guetté ce foutu bruit (team flipette j'ai dis hein).
La narration grave et lente aide à développer cette sensation de frayeur permanente qui poursuit le lecteur jusqu'au bout. C'est le narrateur parfait pour sublimer l'écriture prodigieuse de ce monument de la science-fiction angoissante. Lovecraft est un maître conteur de l'horreur. le niveau d'écriture est absolument délicieux avec un vocabulaire à la fois enrichissant et accessible.
La construction du récit est brillante, le rythme est croissant, d'abord écrasé par le côté rébarbatif de l'expédition scientifique en préparation, puis l'inconnu, les découvertes, l'étrange, l'horreur et l'angoisse omniprésente du moment où la petite équipe de sauvetage atterri dans le paysage polaire. le froid et l'horreur nous saisissent immédiatement, la frayeur s'installe et très clairement, les musiques d'interludes entre les chapitres sont beaucoup trop bien choisies.
On a beau savoir en écoutant le récit que c'est de la science-fiction imaginée, une partie du cerveau ne peut s'empêcher un "et si...?" qui laisse un petit fond d'angoisse entre deux écoutes, et que dire de la dernière ligne du récit qui prolonge le malaise au delà du roman.
Lovecraft a ce talent saisissant de savoir s'insinuer hors des pages pour marquer les lectures, les mémoires et c'est la toute la puissance de ce génie du genre.
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