Comme cet autre polar islandais que j'ai attaqué et rapidement abandonné, l'accroche de celui-ci, très réussie, nous propose de suivre les pas d'Hannah, une écrivaine de « vraie littérature » en mal de succès d'édition qui va se lancer dans la rédaction d'un polar en moins d'un mois pour répondre au challenge d'un confrère, auteur de polars à succès qu'elle exècre!
Pour ce faire et sur les conseils de son éditeur enthousiaste, elle accepte de s'exiler en Islande, chez l'habitant(e), histoire de se consacrer exclusivement à l'écriture.
Accueillie à l'aéroport par Ella, une sexagénaire dynamique qui ne parle ni le danois, ni l'anglais, voici notre écrivaine propulsée à l'autre bout de l'île dans une bourgade coupée du monde, dans un décor peu propice au dilettantisme, mais favorable à l'écriture.
Jusque-là, tout va bien. Et comme pour ma dernière tentative de thriller danois, (avortée au premier tiers), c'est après que ça se gâte!
La mise en abîme du polar dans le polar démarre avec la mort suspecte du neveu de la logeuse et là on comprend que cet événement va constituer le source d'inspiration d'Hannah, l'écrivaine curieuse, obstinée, pleine d'humour, intelligente, vive mais très auto dépréciée et alcoolique…
Malheureusement, le polar dans le polar dont on nous livre quelques extraits en italique s'avère fort peu convaincant. Quant au polar lui-même, nourri des informations qu'Hannah tire de ses laborieux échanges avec Ella ( qui ne parle pas mais écrit le danois, avec des phrases dont les verbes sont à l'infinitif) , son intrigue est poussive, fragmentaire, et a bien du mal à maintenir l'intérêt du lecteur. l'amateur de "vraie littérature" découvre alors au fil des chapitres, une Hannah plus fouineuse que curieuse, plus entêtée qu'obstinée, lourdaude, imprudente, impulsive tendance écervelée, très 1er degré, fort mal embouchée et toujours très alcoolique!
En fait, c'est un peu comme une publicité mensongère:
la plume supposée "excellente" de l'écrivaine, puisqu'en temps normal, elle écrit de la « vraie littérature » destinée à un public qui sait lire entre les lignes et donc à petit tirage, cette plume qu'on attend brillante, qualitative, nous sert en réalité pas mal de longueurs, avec zones d'ombre entretenues artificiellement par le mutisme obstiné des protagonistes, avec rebondissements improbables et passages sans grands relief, servant de prétextes à une romance lesbienne, apparemment chère au coeur de l'autrice, mais pas forcément utile au récit.
J'ai lu jusqu'au bout, retenue par le style décalé, parfois drôle, l'autodérision du ton, que j'ai bien apprécié et aussi pour voir comment l'autrice allait argumenter et développer cette opposition « vraie » littérature et littérature "bas de gamme" qui est l'élément déclencheur de l'intrigue.
La démonstration n'est franchement pas convaincante et j'ai fini par me demander si l'autrice avait les moyens de ses ambitions.
Jenny Lund Madsen, scénariste et militante pour la reconnaissance LGBT dans l'audiovisuel, dont c'est le premier roman, est sans doute promise à un grand avenir…………….. sur Netflix.
Mais Netflix, est-ce du vrai cinéma ?