Autobiographie imaginaire dans un contexte historique, aventures tellement connues qu'il n'est pas nécessaire d'y revenir, roman vraisemblable bien qu'inventé.
Alors, au lieu de s'intéresser à l'imaginaire d'
Amin Maalouf, mieux vaut revenir sur cette fin du XV · siècle dans l'Espagne musulmane, et en particulier 1492, l'année où les rois catholiques décident de financer les expéditions de
Christophe Colomb, et l'année également de la reconquête du dernier bastion andalou/ musulman : Grenade.
Cela, après 8 siècles pendant lesquels l'Espagne a bénéficié des progrès venus de l'Orient : l'eau, l'adduction d'eau, les tapis, les chaussures, les piscines dans les jardins où se reflètent le ciel, les jardins dessinés comme le ciel avec les 4 points cardinaux, les orangers, les épices….et la poésie, la philosophie, la médecine, Averroès, Ibn Kaldoum,
Maimonide.
Grenade, avec l'Alhambra construit tardivement, représente le paradis, et la phrase
"Donne-lui l'aumône, femme, car rien n'est plus triste dans la vie que d'être aveugle à Grenade" se suffit à elle même.
Bref, la reconquête après tout ce temps ne peut se faire que par paliers, les rois catholiques ne sont pas si bêtes : d'abord, expulser les juifs, puis promettre aux musulmans (les occupants de père en fils depuis des générations)qu'aucun mal ne leur sera fait ( très fin, puisqu'en même l'Inquisition fait son boulot). Ils construisent une ville : Santa Fé aux abords de Grenade, et commencent à interdire l'arabe et à le remplacer par le castillan. En cet hiver 1492, la neige isole le centre la ville, et c'est la famine, les rats et les pillards. Puis les esclaves non arabes doivent retrouver leurs terres d'origine, des accords secrets sont passés entre le dernier sultan, Boabdil qui brade sa ville pour son profit. Sa mère qui a pourtant manigancé en sa faveur lui dit la phrase célèbre « pleure comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme ». C'est lui, le dernier des Abencérages décrit par
Chateaubriand.
Puis la décision des vainqueurs tombe : se convertir ou s'exiler, partir en laissant richesses et famille. Les convertis le regretteront, car Isabel, la reine catholique décrète rapidement que se convertir peut être un simulacre, et qu'en plus , si l'on n'est pas catholique de naissance, d'une certaine façon on ne peut pas le devenir, chacun doit prouver son « sang pur » devant l'Inquisition.