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Entamer un roman de Maalouf, c'est déjà avoir la certitude de s'embarquer pour un beau voyage, dépaysant puisque ses thèmes de prédilection sont des récits d'Orient largement méconnus en Europe. Cette fois-ci, l'auteur dépoussière l'histoire de Mani, prophète qui a connu une ascension et une chute aussi fulgurante l'une que l'autre.

Né dans une secte d'inspiration chrétienne, Mani commence à prêcher à la sortie de l'adolescence et mêle dans sa doctrine christianisme, bouddhisme et zoroastrisme, syncrétisme qui lui attire les foudres des trois communautés. Bien qu'ayant peu d'adeptes, il se fait remarquer et reçoit la protection des puissants de l'empire sassanide, qui voient d'un bon oeil une religion capable d'unir un empire étendu, sans heurter les sensibilités religieuses de qui que ce soit.

Le personnage de Mani éveille bien vite les curiosités, surtout que Maalouf le peint comme un sage qui se préoccupe uniquement des actes sans se soucier de la forme. Priez qui vous voulez, du moment que vous faites le bien ! J'ai aussi apprécié de découvrir que c'était un artiste accompli, qui a notamment peint un livre entier pour expliquer ses idées, uniquement à travers des images.

Pour autant, j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher au Mani du roman. Peut-être la rareté des sources (presque tous les écrits manichéens ont été perdu aujourd'hui, on les connaît principalement à travers leur adversaire) a entravé Maalouf dans son écriture ; on a l'impression qu'il n'a pas voulu trop inventer les faits importants de sa vie, ni se tromper dans les grandes lignes de sa doctrine. Ça donne cependant un Mani assez inaccessible, coupé du monde qui l'entoure et qui reste constamment dans le flou au moment de prendre des décisions importantes. J'ai finalement été plus sensible aux personnages secondaires qui gravitent autour de lui et aux problèmes politiques de l'empire sassanide qu'au prophète.

J'ai apprécié le roman sur la partie culturelle et la curiosité qu'il peut provoquer, mais je trouve son personnage central un peu trop éthéré pour me marquer durablement.
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Nous sommes en Mésopotamie « à l'aube de l'ère chrétienne moins de deux siècles après la mort du Christ » sous le règne de Ardéshir puis celui de Shabuhr, le roi des rois de l'empire des Sassanides qui ont vaincu et chassé les Parthes.
Ici à Ctésiphon, Amin Maalouf nous livre la fabuleuse vie de Mani fils de Mariam et Pattig qui sera son fidèle disciple. Mani, prince Parthe, est le fondateur du Manichéisme, philosophie de la tolérance, ce prince, fut appelé très jeune par la voix de Dieu à rassembler les peuples. Ici à Ctésiphon on vénère Mithra, Nanaï, Nabu, dieu de la connaissance, Ahura Mazda et bien d'autres…
Un rêve, et toute une vie consacrée à ce rêve prêcher la bonne entente l'harmonie entre toutes les religions et les croyances. En homme sage il a su s'allier les plus grands. Ainsi il nous dit : « Moi, Mani, je suis venu apporter un message nouveau à tous les peuples. Je me suis adressé en premier aux Nazaréens parmi lesquels j'ai passé mon enfance et ma jeunesse. Je leur ai dit : écoutez la parole de Jésus c'est un sage et un pur, mais écoutez aussi l'enseignement de Zoroastre, sachez trouver la Lumière qui a rayonné en lui avant tous les autres, lorsque le monde entier baignait dans l'ignorance et la superstition. Si mon espoir prévalait un jour, se serait la fin des haines…
Je me réclame de toutes les religions et d'aucune.
On a appris aux hommes qu'ils devaient appartenir à une croyance comme on appartient à une race à une tribu. Et moi je leur dis : on vous a menti. En chaque croyance, en chaque idée, sachez trouver la substance Lumineuse et écarter les épluchures. Celui qui suivra ma voie pourra invoquer Ahura Mazda et Mithra et le Christ et le Bouddha…
Je respecte toutes les croyances, et c'est bien cela mon crime aux yeux de tous.
Nous savons tous qu'il a échoué, sinon, combien de vie auraient été épargnées !

Amin Maalouf nous conte admirablement la vie de ce grand humaniste, peintre, médecin, philosophe cet homme sage, éclairé.
Passionnant, grandiose ce voyage dans la Perse antique !


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Comme Shams de Tabriz, fondateur du soufisme et de l'ordre des derviches tourneurs, Mani prône une foi ouverte et éclairée, en harmonie avec les autres religions. C'est d'ailleurs plus une spiritualité qu'une vraie religion (avec divinité, rite,...).
Mais comme souvent les esprits ouverts et tolérants, il fut victime de persécutions (surtout à la fin de sa vie) et connu l'oubli. Son enseignement fut dévoyé.
Amin Maalouf, avec son ses mots et son souffle poétique, ressuscite Mani, rétablissant au passage quelques vérités. Les choses pour lui n'étaient pas pour lui aussi tranchées que la doctrine qui survit veut le faire croire. Pour lui, chaque homme porte les Lumières et les Ténèbres. Libre à lui de choisir qui il veut servir.
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Amin Maâlouf retrace la vie tumultueuse d'un homme, parmi les hommes, «venu du pays de Babel, disait-il, pour faire retentir un cri à travers le monde», et ajoutant, avec le dépit de toute sa conscience naïve, «Au milieu de ces hommes, j'ai cheminé avec sagesse et ruse...»
Mais qui est ce personnage dont l'histoire semble se perdre dans la nuit des temps et dont le seul nom «Mani» demeure sur les lèvres pour exprimer, à l'emporte-pièce, une tendance gnostique souvent douteuse, et donc étrangère à l'authentique philosophie religieuse fondée sur la connaissance inspirée particulièrement du zoroastrisme, du bouddhisme et du christianisme? Cependant, sans entrer dans le détail de cette philosophie qui fit du personnage de Mani, en son temps, le messager de tous les défis t «le temps n'est que le fût où les mythes mûrissent» , «ses fidèles, observent notre auteur et les chroniqueurs chez qui, il a puisé abondamment, se jurèrent de ne plus l'appeler autrement que «Mani-Hayy», Mani le-Vivant. Termes devenus inséparables dans leurs récits comme dans leurs prières, au point que les Grecs n'entendront qu'un mot unique qu'ils transcriront «Manikhaios». D'autres disant «Manichaeus» ou encore «Manichée» (...) de ses livres, objets d'art et de ferveur, de sa foi généreuse, de sa quête passionnée, de son message d'harmonie entre les hommes, la nature et la divinité, il ne reste plus rien. de sa religion de beauté, de sa subtile religion du clair-obscur, nous n'avons gardé que ces mots «manichéen», «manichéisme» (...) Car tous les inquisiteurs de Rome et de la Perse se sont ligués pour défigurer Mani, pour l'éteindre. En quoi était-il dangereux qu'il ait fallu le pourchasser ainsi jusque dans notre mémoire?»
Amin Maâlouf, avec Les jardins de lumière ne fait pas seulement le récit des «aventures» de l'homme à la jambe torse, il en fait une passionnante analyse sociologique, et forcément très humaine, Mani est né dans un pays où les dieux sont nombreux, ont des yeux, des oreilles et une langue terrible. Ils sont sans âge et infaillibles, tout comme le sont aussi nécessairement leurs serviteurs, tels que Sittaï de Palmyre, le maître et guide des Vêtements-Blancs de la Palmeraie et qui se présente toujours en ces termes: «Je suis un chercheur de vérité!». Il sera «le voleur» de Mani qu'il arrachera «en douceur» à ses très jeunes parents. Mani est né d'un père nommé Pattig, portant «dans le regard une candeur enfantine», fils de la haute noblesse parthe, originaire d'Ecbatane, et de Mariam, une jeune femme dont la Médie est la patrie d'origine et qui appartient à la noble famille des Kamsaragan (dont plusieurs membres furent massacrés par les Romains), plus noble et plus ancienne encore qui fut associée au règne des Parthes.
Il est né à Mardibu, un village non loin de la ville de Ctésiphon, métropole du pays de Babel et résidence des rois parthes. Ici commence l'histoire de Mani. Notre auteur écrit: «L'histoire de Mani commence à l'aube de l'ère chrétienne, moins de deux siècles après la mort de Jésus. Sur les bords du Tigre s'attardent encore une foule de dieux. Certains ont émergé du déluge et des premières écritures, les autres sont venus avec les conquérants, ou avec les marchands.»
Dès lors, le roman va se développer comme une suite d'événements programmés montrant progressivement la naissance d'un être exceptionnel. Sa foi en l'homme sera sa priorité exercée comme un sacerdoce: sa raison de vivre. Il sera le peintre, puis le médecin, puis le prophète d'une société pour laquelle, il essaiera de construire un monde profondément humaniste. Cependant, son discours, sans cesse inspiré, s'enflamme, se précise: «...aux commencements de l'univers, deux mondes existaient, séparés l'un de l'autre: le monde de la Lumière et celui des Ténèbres. Dans les Jardins de Lumière étaient toutes les choses désirables, dans les ténèbres résidait le désir, un désir puissant, impérieux, rugissant. Et soudain, à la frontière des deux mondes, un choc se produisit, le plus violent et le plus terrifiant que l'univers ait connu. Les particules de Lumière se sont alors mêlées aux Ténèbres, de mille façons différentes, et c'est ainsi que sont apparus toutes les créatures, les corps célestes et les eaux, et la nature et l'homme... En tout être comme en toute chose se côtoient et s'imbriquent Lumière et Ténèbres. Dans une datte que vous croquez, la chair nourrit votre corps, mais le goût suave et le parfum et la couleur nourrissent votre esprit. La Lumière qui est en vous se nourrit de beauté et de connaissance, songez à la nourrir sans arrêt, ne vous contentez pas de gaver votre corps...»
Toutefois, de tels discours ne tarderont pas à provoquer l'irrémédiable. L'ignorance, le fanatisme, l'intolérance, la trahison, les excès du pouvoir, la haine, l'envie malsaine, tout cela et d'autres choses que toute une vie ne pourrait connaître, et même la vérité qui est dite et qui n'est pas bonne à dire, livrent au supplice des fers, tuent les rois et les princes, les dominateurs et les dominés, les croyants et les non-croyants, les fidèles et les infidèles... Bientôt «le fils de Babel» est banni, puis, il est arrêté et jeté dans une prison dans les quartiers de Beth-Lapat. le prophète est persécuté. Il subit un affreux martyre: «Une lourde chaîne scellée autour du cou, trois autres autour du buste, trois à chaque jambe, et trois encore à chaque bras...Sous le poids, sa vie allait s'épuiser goutte à goutte...Au vingt-sixième matin s'acheva le dernier acte de sa passion...C'était en l'an 584 des astronomes de Babel, le quatrième jour du mois d'Addar pour l'ère chrétienne le 2 mars 274, un lundi, la passion de Mani se confond depuis, avec la nôtre.»
Et Amin Maâlouf de conclure: «Ce livre est dédié à Mani. Il a voulu raconter sa vie. Ou, ce qu'on peut en deviner encore après tant de siècles de mensonge et d'oubli.» Pour l'auteur, comme pour nous, Les jardins de lumière constituent un témoignage fort et juste sur un espoir humain brisé par la haine et la sottise malfaisante des inquisiteurs de tous les temps.
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Voilà quelques années que je n'ai pas ouvert un livre de Maalouf, alors que tous les précédents ont été de réels coups de coeur. Des voyages dans le temps et l'histoire, de nombreuses sources de réflexion, une plume de conteur et d'essayiste remarquable, il était temps de replonger dans son univers, et c'est par le biais des Jardins de Lumière que vont s'opérer ces retrouvailles.

L'histoire que nous allons suivre est celle de Mani, dont vous ne connaissez peut-être pas l'existence, comme moi il y a peu, mais qui a donné son nom au manichéisme et ses dérivés. Nous sommes dans l'empire Perse, deux siècles après la naissance de Jésus, plongés dans une stabilité religieuse, militaire et politique que nous soupçonnons assez précaire... de sa prime enfance jusqu'à son avènement, nous serons dans les pas de notre personnage principal, l'accompagnant dans son périple qui lui fera traverser tout l'empire, et dans ses rencontres, parfois royales.

La plume de l'écrivain est toujours aussi envoûtante, et ses histoires toujours enchanteresses. Les préceptes de Mani y sont largement développés, poussant régulièrement le lecteur dans des réflexions philosophiques et métaphysiques, sans rendre le récit trop lourd. le voyage vaut la peine d'être vécu, nous emmenant dans le quotidien de royaumes perdus et de cités oubliées, dans leurs heures les plus grandioses, comme dans les plus sombres. Une plongée également dans l'art de l'époque, la peinture et la musique, notamment, y occupent des places prépondérantes.

Un voyage haut en couleurs, ne ménageant que peu notre matière grise, mais qui garde une atmosphère légère et poétique. Un personnage mystique assez incroyable, quasi biblique, que l'écrivain aura su rendre abordable tout en lui conférant une certaine aura de mystères, propre à tout bon prophète qui se respecte. Dans un cadre fantastique, qui, comme souvent, m'aura appris pas mal de choses sur les dynasties de ce siècle, leurs rapports géopolitiques, et la cohabitation des différents cultes en présence.
Maalouf a, une nouvelle fois, répondu à toutes mes attentes. Il faut vite qu'un de ses opus revienne garnir ma PAL, je me sens plus serein quand j'ai un de ses bouquins à portée de main. Malheureusement, et c'est le contrecoup, on se rend systématiquement compte, en les refermant, que le monde est bel et bien devenu fou.
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Je sais pas vous, mais moi j'aime bien ces petits étonnements, en forme d'énigme parfois, que la vie nous donne ici et là.
Ainsi ce livre, je l'avais acheté dans une brocante l'été dernier et ne l'avais encore pas ouvert. Et puis voilà… ma fille va dans les prochains jours, nous donner un troisième petit …. Il va me prénommer … Mani… le moment était venu, avec une émotion toute singulière, d'ouvrir ce livre….

J'avoue avoir un peu peiné au début car cette histoire se situe au IIIe siècle et je suis très peu familiarisée avec le Moyen-Orient antique, loin s'en faut, mais le talent de conteur de l'auteur m'a prise par la main.
C'est une belle histoire, et cependant, en refermant le livre, j'avais une première impression de pas assez, pas assez de détail sur ce Mani, pas assez de détail sur sa pensée, … que voulez-vous, je suis de mon siècle, il me faut du prédigéré, du prêt à penser…..
Bon, comme je suis du signe du taureau, je possède l'estomac qui va avec et digère lentement mais vaillamment. Donc voici le principal de ce bol alimentaire.

M'apparaît en fait que cette belle histoire s'inscrit bien dans la nôtre ou du moins pose question à la nôtre. En premier lieu me frappe le fait que nous utilisons quantité de mots dont nous ignorons bien souvent le sens réel ou exact et l'origine, voire nous nous en moquons, ce qui ne nous empêche pas de nous indigner dès lors que pointe l'ombre d'une menace d'en modifier l'orthographe… voilà qui signe notre dilettantisme, ou pour le moins notre paresse.

Elle me pose aussi la question de la communication, celle surabondante et cacophonique de notre siècle où nous avons tellement de moyens de communication, d'opinions, de voix qui s'expriment, sans pour autant réussir à nous entendre clairement, et pour finir ne plus nous entendre tout court, alors qu'en ces siècles lointains des voix isolées, sans aucun moyen pour les porter, parvenaient à traverser des contrées peuplées de déserts et qui plus est à faire des adeptes capables de perdurer des siècles ?

Et puis il parle de l'inutilité des empires et des guerres auxquelles il ne voulait en rien être associé « Il y avait des complaisances qu'il ne s'accordait pas, même par le biais commode des astres et des augures »… mais aussi et surtout de beauté et de lumière, sources de connaissance…

Et question aussi bien sûr, aujourd'hui brûlante, de la tolérance, de l'acceptation de l'autre dans sa foi et ses croyances, car ce Mani prêchait que l'homme n'appartient finalement pas à une seule religion mais que toutes lui appartiennent « Je respecte toutes les croyances, et c'est bien cela mon crime aux yeux de tous »… N'est-il pas en cela aujourd'hui comme hier un messager de paix entre les hommes ?

Au final, une double découverte, celle de Mani, et celle de l'auteur de ce beau récit qui a éveillé ma curiosité pour ce personnage singulier et son époque.

Me reste à découvrir maintenant, notre petit Mani, nouveau rayon de joie dans ma vie, dans quelques jours…. plaît au ciel.
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Un livre magnifique qui vous prend et ne vous lâche plus. Relu après 15 ans, il prend une dimension très actuelle et plus grande encore. Je suis d'accord avec les intervenants: quand vous commencez à lire Maalouf, vous ne pouvez vous arrêter que lorsque vous avez tout lu. Même son ouvrage tout d'érudition "les croisades vues par les Arabes", plus difficile à lire est d'un intérêt essentiel. Les croisades de nos livres scolaires sont bien loin...!
On se dit en lisant ce livre que l'on aurait aimer échanger quelques paroles avec Mani. Il nous est rendu sympathique par l'auteur et on l'aime tout au long du récit.
"La vérité est une maîtresse exigeante; elle ne tolère aucune infidélité, toute la dévotion lui est due, tous les moments de ta vie sont à elle." Paroles magnifiques prononcées à l'intention de Pattig, père de Mani , par Sittaï maître à penser de la palmeraie des "Vêtements blancs" ,où Mani, enlevé à sa mère supporta, au côté de son père, une rigueur et une étroitesse d'esprit qui ne lui convenait pas, et ce durant dix huit ans, avant de partir , suivi par son père et ses fidèles amis, sur les chemins en "messager " de la bonne et belle pensée , jusqu'en Inde, pour tenter d'unifier les religions, toutes étant respectables selon Mani, zoroastrisme, christianisme, bouddhisme..., lui admirateur de Bouddha, Jésus, Zoroastre...
Je ne suis pas d'accord avec un intervenant qui dit que ce livre n'est qu'une biographie. La deuxième lecture permet de découvrir la pensée de Mani, alors que la première s'intéresse surtout à l'histoire elle-même. Chaque phase prononcée par le fils de Babel est une sentence à méditer longuement. Mani avait le verbe concis. Une phrase résume bien la pensée du "messager":"En toute chose et en chacun de nous se côtoient Lumières et Ténèbres."
Une réplique de Shahbuhr, roi des rois sassanides, ami et disciple de Mani décrit bien l'esprit du "messager":"Que tes paroles sont soumises, Mani, et que tes pensées sont rebelles."
Et si Mani était parvenu à Rome , comme dit un intervenant, où il avait de nombreux disciples, la face du monde en eût peut-être été changée en une époque de balbutiement du christianisme ?!
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Qui dit manichéisme oppose le principe du bien et celui du mal.Le terme manichéen est employé aujourd'hui dans un sens péjoratif. Comment Mani, fondateur de cette philosophie tolérante et humaniste qui visait à concilier les religions, nommé en son temps(III° siècle) le Bouddha de lumière et l'apotre de Jésus a t il pu être trainé dans la boue,haï,rejeté,torturé, supplicié,tué et surtout comment sa doctrine à priori bonne a t elle pu tomber dans l'oubli et mener au bûcher les cathares qui y adhéraient?
Voilà le message que Amin Maalouf, auteur de "Léon l'africain" de "Samarcande"(prix des maisons de la presse 1988) et du "Rocher de Tanios" (prix Goncourt 1993) essaye de diffuser dans ce livre.Un fanatisme que l'auteur dénonce, lui le libanais déchiré dans son propre pays.
Entre roman et légende son récit nous mène sur les bords du Tigre, dans les jardins d'Ishtar à l'aube du christianisme. Une ère nouvelle s'ouvre alors de par le monde, une ère où les apôtres de Jésus parcourent les chemins pour répandre la bonne nouvelle, celle d'une nouvelle religion qui puise son essence dans l'amour de l'autre.
Mani,enlevé à sa mère dés l'âge de quatre ans par son père et élevé dans la secte stricte des vêtements blancs qui restreint plutôt que d'élargir la vision des êtres et des choses, n'aura de cesse après sa découverte de l'art mural et de l'écoute de la voix divine(celle des jardins de lumière) qui s'adresse à lui, que de diffuser les paroles de Thomas, disciple de Jésus. Sa jambe torse ne l'incommode pas et il guérit.Il a le don et veut plus que tout faire reculer les ténèbres dont il pressent la force.Mais il perturbe l'ordre établi et active par là même la haine de ceux qui le jalousent. Cette histoire vécue, relatée avec beaucoup de poésie est une fable qui nous interpelle car nombreux sont les bons bannis pour le seul fait d'être hors normes et d'avoir essayé de faire entendre leur voix et leur pensée différentes sous prétexte qu'ils les estimaient valables.A méditer!
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"Les jardins de lumière" (Ed.: le livre de poche, n°9516), une perle offerte par Amin Maalouf. On ne présente plus cet auteur à qui on doit, notamment, "Les identités meurtrières" ou "Les croisades vues par les arabes"...
Une fois de plus avec sagesse, il nous propose, ici, une biographie (romancée) de Mani (peintre, médecin et prophète du 3e siècle de notre ère) dont le mode de pensée a donné son nom au manichéisme... Mais sait -on vraiment ce qu'il disait? A quoi il invitait? Vers quelle sagesse il voulait pousser ses pas? Mani avait tellement bien mis le doigt sur les dysfonctionnements des croyances d'alors qu'il s'est mis à dos toutes les religions de son époque. Sa vision a été jugée dérangeante, trop tranchante, sans nuance et donc simpliste au point de ne pouvoir tenir la route face aux fondamentaux des doctrines qu'il bousculait.
Hé oui, la sagesse a toujours la vie dure face aux vies et croyances repliées sur elles-mêmes!

Avec son élégance de style, la lenteur apparente de son écriture qui permet à la pensée du lecteur de percoler de l'esprit au coeur, Amin Maalouf nous invite à entrer dans une vision humaniste du monde qui chercherait à concilier les différentes religions plutôt que les opposer. D'une brûlante actualité, il nous introduit dans à un travail d'ouverture sur nos racines et nos fondements philosophiques.

A lire, à partager ... à distiller dans nos quotidiens!
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Amin maalouf nous fait voyager à chacun de ses textes. Cette fois ci, il nous embarque avec lui au III ème siècle, en Mésopotamie découvrir le personnage de Mani.
Mani? Je ne le connaissais pas et je suis ravie de faire cette lecture qui a été très instructive.
De ce nom aujourd'hui il ne reste que "manichéen" et "manichisme", de ce personnage mal compris, qui ne voulait que répandre paix et amour, il ne reste qu'un souvenir.
Souvenir ravivé de manière splendide par maalouf. Grâce à ses mots tracés avec poésie et délicatesse.
Laissez vous emporter par ce récit, vous ne serez pas déçus.
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