«
le quai des brumes » est une réflexion sur la vie des bas-fonds de la France. Comme tel, il fait partie d'une très grande tradition littéraire français. On pense aux « Misérables » d'Hugo, aux « Les Rougon-Macquart » de
Zola, aux « Scènes de la vie de bohème » de Murger, à « L'Insurgé » de Valles, à « Mes Amis » d'Bove et surtout à «
Notre dame des fleurs » de
Jean Genet. Au dix-neuvième siècle on présentait les couches populaires de la société avec un ton romantique; elles constituaient une classe révolutionnaire. Au vingtième siècle, elles étaient plutôt de la canaille.
«
le quai des brumes » est carrément une oeuvre du vingtième siècle. Les protagonistes principaux sont quatre perdants-nés et une guidoune entreprenante. Ils se rencontrent par hasard par une nuit brumeuse et se quittent le matin. Trois courent rapidement à leur. le quatrième décider de s'engager pour un nouveau terme dans l'armée qui est une autre forme de mort. La prostituée va d'une triomphe à l'autre et devient la "reine de la rue". Elle a énormément de sympathie pour un des hommes qui se meurent mais la seule chose qu'elle peut faire pour l'aider c'est de s'occuper de son chien après son décès.
Mon plus grand problème avec ce roman est que je ne crois pas que
Mac Orlan voit le monde tel qu'il est. J'accepte la notion qu'il y a des prostituées compatissantes. Par contre, j'accepte difficilement l'idée qu'il y en a qui menent des vies triomphales.
Dans la tradition de la littérature qui décrivent les damnés de la France, je trouve que «
le quai des brumes » est un roman de trop. Cependant,
Mac Orlan semble comprendre qu'il a très peu à dire. Sagement il nous donne un roman court et efficace qui n'abuse pas de la patience du lecteur. Néanmoins c'est un roman seulement pour ceux qui s'intéressent au mouvement surréaliste dont
Mac Orlan faisait partie.