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Auto édité (01/01/2005)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Benjamin et Lakhdar sont deux jeunes à peine sortis de l’adolescence, en proie aux questions existentielles qui chahutent et stimulent leurs âmes tourmentées. Leur amitié est quasi-fusionnelle, jusqu’à ce que l’un d’eux déstabilise profondément l’autre par une double question jugée obscène : « Mais l’amitié, l’amour, tout ça… est-ce que ça existe vraiment, après tout ? »
En bousculant l’idéaliste sensible et émotif, l’intello désincarné et froid ne mesure pas... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je remercie Hervé Magnin pour sa confiance quand il me confie son livre, J'veux qu'on m'aime, pour lecture et avis.
Hervé Magnin est déjà l'auteur d'une vingtaine de livres, surtout des essais dans les domaines de la psychologie et des relations humaines. Il est aussi romancier, nouvelliste, sculpteur, musicien, cinéaste et scénariste. Personnellement je n'avais rien lu de lui avant de le rencontrer sur SimplementPro.
Ce roman est présenté comme une confrontation de points de vues, comme le récit d'une rupture entre deux amis fusionnels : Lakhdar, « un intello désincarné et froid », met à mal Benjamin, un « 'idéaliste sensible et émotif »…

Quand la couverture, toute en cri et en tension, en noir et blanc, très belle, véhicule une urgence à laquelle on ne peut rester insensible…
Quand l'affirmation du titre est aussi la première phrase du roman… dans un langage familier, presqu'enfantin…
Quand manifestement, l'auteur n'a pas peur de manier la répétition : « le monsieur en question semble satisfait de sa question. Il ne remet pas en question sa manie de poser des questions. Il n'est pas loin de vouer un culte au vocable ‘' question ‘' », « les sentiments du sentimental »…
Quand, dès les premières pages, il manie un langage soutenu, des dialogues percutants…
Quand je mesure la vastitude des sujets traités, existentiels ou de société… : l'amour, l'amitié, le besoin d'amour, l'intelligence, la communication, la responsabilité et la culpabilité, le respect, la gestion du stress, l'écologie, le refoulement, les neurosciences, les hypers, hypos et tabous, l'utopie, le rapport au corps et à la sexualité, le désir…
Quand les niveaux narratifs empruntent des styles différents : conversation à bâtons rompus, échanges de mails, narration omnisciente, messages à l'absent, cours magistral, débats d'idées, brainstorming…
Quand, enfin, le narrateur me prévient gentiment : « Aïe, aïe, aïe ! On n'est pas couché... », ma curiosité est aiguisée et je signe le pacte de lecture !

Seulement, voilà… En effet, cela s'annonce long à ce train-là : 293 pages au format PDF, plus de 550 mots par page, et du lourd, du réfléchi, du pesé, de l'argumenté, du controversé, de l'intellectualisé… le roman devient essai sur l'amitié, sur l'amour ; il faudrait prendre des notes pendant les débats, pas pour les départager les personnages, mais pour les suivre !
Les discussions sont émaillées de jurons, la narration est souvent métaphorique. Hervé Magnin veut capter l'attention de ses lecteurs… Il faut rester vigilant quand la métaphore qui clôt un chapitre annonce la scène réelle par laquelle commence le suivant…, ne pas se perdre en route, accepter de ne pas tout retenir.
C'est dense, lourd de sens. Il y a de la gravité, une forme de tragique dans l'échange entre les personnages.

Heureusement, au bout d'une quinzaine de pages, le dépaysement est au rendez-vous, quand l'art de la métaphore sépare moralement et physiquement les personnages. Et puis, j'ai un faible pour le parler québécois !
Au moment où je risquais peut-être de m'assoupir, « l'exil amer et désespéré » de Benjamin au Québec me surprend. Je reprends goût au récit qui se subdivise en chassés croisés, en péripéties disposées en miroir, les deux amis vivant des évènements semblables à des milliers de kilomètres l'un de l'autre. J'ai fini par m'approprier cette rythmique originale qui fait qu'une situation vécue par l'un des deux jeunes hommes à la fin d'un chapitre est reprise au début du suivant pour l'autre qui vit un évènement similaire : ambiance, rencontres, anecdotes, détails, questionnement…
Tant pour Lakhdar resté en France que pour Benjamin qui taille la route au Québec, la suite du roman poursuit les questionnements. Lakhdar cherche à comprendre l'absent et reprend ses longues discussions avec ses proches et l'un de ses professeurs tandis que Benjamin va de rencontre en rencontre et semble semer son chemin de thèmes de réflexion dans l'esprit de ceux et de celles qu'il croise.
Arrivée seulement au tiers du livre, je comprends que Benjamin va vivre une expérience communautaire « empirique et pragmatique », idéale et utopiste aussi ; Lakhdar, de son côté, va opter pour une approche universitaire plus abstraite et scientifique dans l'étude des sciences humaines… Ainsi que le narrateur me prévenait au tout début, cette histoire va être longue et mon intérêt primordial s'émousse un peu : la tentation de sauter quelques paragraphes, une ou deux pages de temps en temps me vient à l'esprit… Toujours très sérieuse avec les services de presse, je laisse reposer un temps, pour reprendre ma lecture à tête reposée ; mais, prise par le temps pour rendre ma chronique, j'avoue avoir rapidement parcouru certains chapitres à partir de la moitié du livre.
Hervé Magnin a su anticiper les effets soporifiques de la longueur de son livre ; il sait ménager ses effets. Ainsi la régularité du chapitrage peut tout à coup être étrangement rompue quand chaque réplique d'un dialogue devient tout à coup un chapitre à part entière. Parfois, il nous gratifie d'un résumé fort bienvenu des discussions précédentes.

Le récit est étayé d'une intertextualité érudite et grand public à la fois ; Hervé Magnin convoque, par exemple, le mythe de Pygmalion ou de la boîte de Pandore, la référence à la pyramide de Maslow, la philosophie de Socrate et de Sartre et l'univers de Harry Potter ; parmi les écrivains cités, c'est avec plaisir que je retrouve des références connues qui me parlent particulièrement : Saint-Exupéry, García Márquez, Voltaire, Kipling, Thomas More, George Orwell, Daniel Pennac… Je reconnais également quelques paroles de chansons que je peux fredonner en lisant.
J'ai lu aussi dans ce roman une réflexion sur le langage, sur la communication, sur l'exaltation intellectuelle.

Essai romancé, roman initiatique, utopie, ce livre est assez inclassable. J'ai donc choisi de relever plusieurs citations pour essayer d'en donner l'ambiance et piquer la curiosité de celles et ceux qui les liront.
Par sa longueur et la densité du texte, J'veux qu'on m'aime s'adresse à des lecteurs avertis et courageux, prêts à se mettre au niveau des personnages qui rivalisent de précocité et d'intelligence, voire de mégalomanie pour certains, qui décortiquent tous les concepts, qui débattent de tout, cherchant à provoquer le fameux « flag ».
Je salue cependant un réel effort de vulgarisation didactique grâce à un certain art de la métaphore et de la répétition. Mais trop de métaphores nuit au charme de l'écriture, l'alourdit, la rend artificielle et c'est un peu dommage.

Je suis très impressionnée par ce roman, même si la constante mise sous forme de dialogues des pensées et des réflexions des personnages, posture maïeuticienne par excellence, n'était pas toujours aisée à suivre. Je salue la qualité de l'écriture, sa poésie, son humour parfois… Certains passages ou certaines situations dialoguées m'ont particulièrement plu, notamment dans le milieu universitaire ou à Topie.
J'aime assez les mise en miroirs en littérature et j'ai complètement adhéré au phénomène lourd de sens quand Lakhdar Ben Ahmi accepte de se faire appeler Ben par son Mentor car Ben qui signifie « fils de » est aussi le diminutif de Benjamin, son ami absent, ou encore quand Benjamin découvre le Lac d'Arts. Dans ce livre ou tout fait sens, chaque lecteur devra aussi trouver ses propres marques et s'y tenir pour éviter de se perdre ou d'abandonner sa lecture laborieuse.
J'ai apprécié la circularité de la narration, sur la durée d'une saison de printemps 2005, avec en filigrane, la même question sans cesse reformulée, quand le « besoin de recevoir écrase une authentique envie de donner ». C'est l'éternelle question du besoin d'amour et de reconnaissance : « pourquoi je veux qu'on m'aime ? », question maladroite, choquante, « foutument pertinente », … libératrice ? Il y a aussi la fuite comme réponse récurrente, une fuite à laquelle il faut donner un sens.
Les personnages sont attachants, travaillés, pas du tout stéréotypés ; malgré la longueur du récit, leur devenir importe et tient en haleine : rupture définitive, nouvelle fuite, retrouvailles, résilience ? Ne comptez pas sur moi pour divulgacher le dénouement !

Que dire en conclusion ? Ma critique est à la fois élogieuse et mitigée, argumentée mais beaucoup trop longue, à l'image de ma lecture…
Voilà un livre pour lecteur averti et courageux… C'est très intéressant, mais plutôt indigeste !
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le puceau rougit, se croyant flagué :
- Je n’avais pas fait le lien mais vu que j’ai chaud aux oreilles et que j’ai les mains moites, il y a peut-être lieu de le faire. Je suis surpris de constater le décalage entre mon aisance intellectuelle à disserter sur le sujet en général, et cette gêne énorme que je ressens quand il s’agit de parler de moi et de mon rapport à la sexualité́.
- Transgressons gaiement, jeune homme !
- Gaiement ? Je ne sais pas si le terme introduit bien le sujet. Gay ? Je me suis longtemps demandé si je ne préférais pas les hommes aux femmes. Je dois même vous avouer qu’à un moment, je me suis demandé si je n’étais pas amoureux de vous.
- Qu’est-ce qui vous a amené́ à vous poser ces questions ?
- Le peu d’attirance que j’avais pour les filles. Mais comme je n’étais pas plus attiré par les garçons, je ne me suis pas trop pris la tête là-dessus. Sauf pour Benjamin.
- Vous étiez attiré physiquement par votre ami ?
- Je ne crois pas. Enfin, je l’aime tellement que j’avais parfois envie de le serrer dans mes bras, surtout quand il était malheureux. Mais j’avais une trouille terrible de bander.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas. Je suppose que j’ai un hypo sur l’homosexualité́. En fait, cette peur m’a surtout empêché́ de vivre pleinement les rares moments de tendresse que nous avions ensemble. Notre complicité était presque totale. Dommage qu’elle était parasitée par une rivalité́ quasi-fraternelle. Si vous saviez comme il me manque. Mais où il est, ce con de frère ?
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Quels sont mes désirs ?
Désirs
Vouloir
Motivation
Quête de sens
Paix
Harmonie
Ma place dans la société́
Connais-toi toi-même !
Comprendre
Sérénité́
[…]
Ce que je ne veux pas :
gâcher ma vie
Souffrir
Faire du mal aux gens que j’aime
Je veux comprendre le pourquoi de mes échecs
Je veux pouvoir ne pas les reproduire
Je veux construire des maisons solides en commençant par les fondations
je veux construire des relations solides, équilibrées et durables avec Tristan, Sophie, et tous les gens que je vais rencontrer dans ma vie
Je veux faire la paix avec mon passé
Je veux pardonner à ce con de Lakhdar et à cette salope d’Amina.
Je veux me réconcilier avec ce connard qui est censé́ me servir de père je veux faire le deuil de la disparition de ma mère
[…]
je veux arrêter de chialer comme un môme je veux être un adulte
Je veux arrêter de fuir
Je veux qu’on m’aime
Je veux comprendre pourquoi ce désir me fait souffrir
Pourquoi j’ai tant besoin d’être aimé ? et pourquoi ne pas l’être, est-il si dramatique ?
Je veux qu’on m’aime je veux qu’on m’aime je veux qu’on m’aime
[…]
Je ne suis plus très sûr de ne plus vouloir pleurer je ne sais pas bien ce que je veux
J’aimerais savoir ce que je veux
J’aimerais connaître mes désirs
Je désire savoir mes désirs
Je désire écrire une belle charte de mes désirs, au prochain solstice d’hiver.
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- Tu crois qu’ils nous aiment, nos pères ?
- Quand j’ai quitté́ la France, j’en étais à me demander ce que ça veut dire, aimer. Amour, aimer sont des mots qu’on utilise beaucoup depuis le plus jeune âge. J’aime ma mère, ma femme, mes enfants. J’aime le chocolat, le cinéma.
- C’est pas pareil d’aimer des choses ou des personnes.
- Pourtant, tu vois qu’on utilise le même verbe pour les deux.
- Pas en anglais !
Déjà̀ prodigieusement doué́ dans sa langue maternelle, Tristan avait de solides rudiments d’anglais. Benjamin maitrisait moins bien cette langue apprise au collège et si peu pratiquée. Le petit bilingue développa :
- Love et like, c’est pas pareil.
- C’est vrai. C’est une nuance appréciable dans cette langue. En français, on a bien quelques nuances aussi. Apprécier, estimer, affectionner...
- Goûter, adorer...
- Chérir, vénérer...
- Préférer...
- Tous ces mots précisent comment on aime. On invente même des mots pour exprimer mieux ce qu’on veut dire.
- Oui, c’est des mots-logismes.
- Presque, Tristan ! Il est très joli, ton néologisme. Ces inventions sont là pour faciliter la communication, pour enrichir le langage.
- Maman, des fois, elle me dit « Je t’amore, mon Titi ! »
- C’est mignon comme tout.
- Hey, Benjamin ! Pourquoi on checkerait pas dans mon livre préféré́.
- Tu as un livre d’amour préféré́ ?
- Oui, un de mes livres préférés, c’est le dictionnaire de la langue française.
- Je n’avais jamais pensé qu’un dictionnaire pouvait être un livre d’amour.
- Ben, si je l’aime, moé !...
- Vu comme ça, on peut dire que c’est un livre d’amour, puisque tu l’aimes.
- Et pis, en plus, il va nous dire ce que ça veut dire, aimer.
- Ok, regardons !
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Puis, il proposa la parole à qui voulait la prendre. C’est Steve, le doyen de Topie, qui commença :
- Ça parait que il est un bon garçon. Il a faim, c’est bon. Sa idéale est grande. Ça doit faire attention aussi pour framer sa révolution.
- Tu veux-tsu dire qu’il peut nous donner de la misère avec l’anarchie ?
- Non, comme nous autres, il est un idéaliste. Mais il est jeune alors peut-être il faut être aware avec ça et faire attention le cadre.
Shirley intervint :
- C’est un ticul de vingt ans. C’est bon pour la gang. C’est du sang neuf. Ça va nous shaker un peu. On peut s’endormir aussi si on nous bouscule pas.
- Ok ! » dit Steve. Je dis pas le contraire. Même, mon avis est favorable. Je juste dis que faire attention. That’s it ! Et pis, y est cute, le frog !
Régent réagit :
- Aweille Steve, j’espère que t’as pas checké juste ses foufounes, tabaslouche !
- Non. Pas seulement, les fesses ! Il a les beaux yeux aussi. T’es-tsu jaloux, darling ?
[…]
Régent joua son rôle en demandant à Mike de trancher :
- Est-ce que malgré́ qu’il a ce défaut, tu es favorable ou non à son intégration ?
- Je crois c’est bien faire expérience avec Benjamin. Mais je pense comme Steve que nous devons être aware. Anyway, il y a la probation période. Le risque vaut bien.
- Merci Mike. Il reste Brad, Sophie et moé. Qui va ?
Sophie proposa du regard à Brad, de commencer. Toujours aussi laconique, le coureur des bois dit simplement :
- C’est bon. Je suis pour Benjamin. Y est smart.
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- J’ai l’impression que vos flags sont des avatars justiciers du ‘’ Connais-toi, toi-même ! ‘’ de Socrate. Mais la maïeutique n’est pas hostile à la compassion et la douceur. Bien au contraire ! C’est précieux de se connaître. Ce qu’on découvre sur soi peut déplaire, certes. Mais la découverte doit précéder l’acceptation de soi, quel que soit ce qu’on découvre. Faute de quoi, cette curiosité́ est un enfer.
- Ma vie est un enfer passionnant .
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