C'est après avoir regardé sur ARTE, une série allemande intitulée "Bauhaus", qui raconte en quelques épisodes, et à travers le récit de Walter Gropius, l'histoire de cette école d'Art, de ce mouvement artistique, que j'ai repensé à l'autobiographie d'Alma
Mahler "
Ma vie", achetée et lue il y a plus de 10 ans, J'ai été très étonnée de la manière dont
Alma Mahler est présentée dans cette série. Elle a été l'épouse de Walter Gropius, le fondateur et directeur de cette école, et elle y apparaît acariâtre, arrogante et dominatrice, ce qu'elle fût par certains aspects, mais il manquait tout de même l'essentiel. C'est pour cette raison, que je me suis dit qu'il fallait tout de même "rendre justice" en quelques mots à cette égérie et à cette femme assez incroyable. "
Ma vie" est un livre passionnant. On y découvre une femme exceptionnelle.
Alma Mahler tire, dans son autobiographie, le bilan mouvementé de sa vie. Sa vocation : la musique. Depuis l'âge de 9 ans, elle composait, jouait du piano. Par amour pour les hommes qui ont traversé sa vie, elle a sacrifié cette vocation. Malmenée, tyrannisée, violentée psychologiquement, notamment par Gustave
Mahler (de 20 ans son aîné qui l'avait coupée du monde, de sa famille, de ses amis) et après la mort de ce dernier, par le peintre
Oskar Kokoschka, un jaloux maladif, agressif. Son mariage avec Walter Gropius a été un échec. A peine mariés, il a été appelé au front de la Première Guerre Mondiale et ont été séparés pendant des années. Elle écrit, quand il rentre pour une permission de quelques jours : "l'homme qui était mon mari et à côté de qui je dormais, m'était un inconnu". C'est à ce moment là qu'elle rencontrera le grand amour de sa vie, celui avec qui elle passera le reste de sa vie : l'écrivain autrichien
Franz Werfel, qu'elle finira par épouser en 1929. Elle écrit à propos du mariage : "Le mariage, cette tyrannie sanctionnée par l'Etat, m'est suspect et je lui préfère l'union libre".
Alma Mahler était donc une femme éprise de liberté, d'indépendance, qui avait tout sacrifié (et notamment son art, la musique) pour se tenir à l'ombre des "grands hommes" de sa vie. L'intérêt de cette autobiographie réside aussi, bien évidemment, dans la découverte de Vienne dans les années 1900 et de l'ambiance artistique qu'il y régnait : peintres, musiciens, écrivains, tout un foisonnement intellectuel et artistique. En plus d'être une artiste, une musicienne, elle a aussi une très belle plume et c'est un vrai régal de lire les mots d'Alma
Mahler qui nous raconte sa vie, ses émotions, ses amours, ses frustrations et dont on soupçonne quand même qu'elle ne révèle pas tout et que parfois elle savait exactement ce qu'il fallait dire et ce qu'il fallait taire. Et comme
Roland Jaccard l'écrit dans la préface : "Ce texte s'offre comme un continent à défricher, à déchiffrer. L'explorateur doit lire entre les lignes, surprendre une contradiction, dévoiler un soupçon de mensonge". C'est un voyage en "Almanie" qui nous est proposé dans ce texte.