Dans une petite ville américaine sévit un tueur, de jeunes lycéens sont assassinés.
Le graphisme est entièrement réalisé au crayon, un minimum de traits, mais beaucoup de surfaces avec un jeu de nuances large, cela donne de grandes pages de gris, de noirs, aux surfaces tactiles et sensibles. Tout est à
fleur de peau, comme l'histoire.
L'action est centrée sur les adolescents, le tueur n'a pas de visage, il reste une émanation de la violence. À la manière de
Charles Burns,
Antoine Maillard décrit le malaise de la fin de l'adolescence, le goût du morbide et des expériences extrêmes, l'insouciance, la séduction, et une certaine violence. J'ai beaucoup aimé l'ambiance, lourde et glauque, je suis moins convaincu par les intentions de l'auteur. Veut-il nous centrer sur l'aspect thriller ou au contraire, sur le sujet de la fin de l'adolescence, cette frontière reste très nébuleuse. J'aime souvent y trouver quelques questions en suspens dans mes lectures, j'aime quand la symbolique s'immisce dans l'intrigue, et nous joue des tours, mais ici rien n'est clair. J'ai refermé le livre sur une impression d'avoir raté quelque chose et j'ai beau y penser, ça ne vient toujours pas.
le serial killer m'est apparu comme un fantasme de violence pour Daniel, mais sa présence paraît trop réelle et on tombe alors dans le thriller d'horreur au premier degré, un récit pour l'angoisse uniquement. C'est dommage, ça m'a freiné dans mon enthousiasme. La seule impression qui me reste, c'est celle d'un exercice de style d'une bande dessinée à la manière de
Charles Burns, plutôt réussi, esthétique et tendu, mais avec un déséquilibre entre l'aspect thriller, trop pesant à mon goût, et le drame psychologique.