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Rose-Marie Makino-Fayolle (Traducteur)
EAN : 9782742782048
190 pages
Actes Sud (02/03/2009)
3.66/5   147 notes
Résumé :
Première édition : 1991.
Une jeune femme se réveille en croyant entendre le chant d'une flûte.
Il n'y a pourtant que le silence que son mari a laissé derrière lui la veille en la quittant. Bientôt, elle perçoit le moindre chuchotement comme un hurlement, le moindre choc comme un cataclysme ; et elle s'égare dans l'assourdissant bruissement des réminiscences. Pour un magazine de santé, elle accepte de décrire ses symptômes, s'efforçant de trouver les mo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Une jeune femme que son mari vient de quitter souffre d'une étrange maladie : alors que tout est silencieux, elle entend en permanence dans sa tête des sons d'instruments de musique et le moindre bruit extérieur résonne douloureusement en elle. En dépit de nombreuses visites à l'hôpital, l'origine de son mal reste mystérieuse. Elle accepte de raconter son expérience à un magazine de santé et est irrésistiblement attirée par le balais des doigts du du sténographes, aérien et sensuel. Commence une relation mystérieuse et subtile entre les deux personnages qui tissent des liens....

Quel plaisir de lire Amours en marge de Yoko Ogawa ! L'auteur signe là un de ses meilleurs roman, et nous entraine dans son univers si particulier fait de subtilité, de nuances et de sentiments.

La qualité première de Yoko Ogawa est de maîtriser à la perfection la gamme infinie des sentiments qu'elle appose sur ces personnages. L'histoire d'amour entre les deux personnages n'est pas de celles qui semble évidente. On sent que les deux personnages, unis par le hasard, peuvent séparés aisément par les aléas de la vie. L'amour n'est dans ce livre qu'un lien ténu prêt à se rompre qui unit deux personnages, ignorant tout l'un de l'autre mais attirés l'un vers l'autre par une attraction confuse, basée sur des choses qui semblent presque insignifiantes (le mouvement des doigts du sténographe...). Yoko Ogawa traduit la fragilité des sentiments humains et la difficulté que l'on rencontre à aller vers l'autre pour mieux le connaitre.
A aucun moment la femme ne semblera comprendre le sténographe qui reste mystérieux. Cette distance en dépit de la relation que les deux personnages entretiennent est marqué par l'usage permanent par la narratrice du mot sténographe pour désigner cet homme qu'elle ne connait pas et que d'ailleurs elle ne nomme jamais nommément.

C'est d'ailleurs ce qui fait le talent de Yoko Ogawa, qui en nous mettant face à des personnages qui se dévoilent par une focalisation à l'extrême sur des détails, nous permet de comprendre ce qui motive ces personnages, tout en laissant une large part de choses suggérées et non dites qui laissent un lecteur dans un état d'incertitude permanent. Cet état, loin d'être frustrant constitue, à mon sens, le plus grand facteur d'intérêt de l'oeuvre de Yoko Ogawa : les métaphores et suggestions de l'écrivain obligent le lecteur à faire travailler son imagination pour découvrir le sens caché des actions en appendice insignifiantes de ces personnages d'allure désespérément lisse, qui cachent des significations profondes.

Ce qui étonne positivement dans le texte, c'est la maitrise maximale du schéma narratif de Yoko ogawa, qui traite avec talent d'un thème délicat : celui du souvenir, de la manière dont il peut être conservé. L'auteur nous montre que la mémoire, suite de souvenirs épars, est défaillante. Les hommes sont incapables à la fois d'entretenir des amours entiers mais aussi de se souvenir de leur vie. le personnage principal ne vit telle pas le fil de sa vie après le choc du départ de son mari par cette maladie qui lui fait entendre des sons éphémères et multiples qui suggèrent le vaste écho informe des souvenirs ? Son attirance pour les doigts du sténographe ne vient elle pas du fait que ces doigts capturent des instants de vie ?
Cette interprétation de la manière dont l'homme veut se souvenir mais n'y parvient jamais est remarquable .
Au delà de l'acte du souvenir, Ogawa questionne le pouvoir de l'homme à laisser un souvenir durable. L'auteur semble nier une quelconque capacité de l'homme à faire cela. Les lieux sont déshumanisés et ne semble qu'être des espaces ou les personnages se meuvent, plongés dans leur états d'âme. La présence de l'univers hospitalier, symbole de la déshumanisation est d'ailleurs récurrente chez Yoko Ogawa. Même dans ses rapports à l'autre, l'homme ne semble pas capable d'imposer son souvenir à l'autre. L'impossibilité d'une relation durable entre les deux personnages semble faire écho à cette dimension. En dépit d'échanges de réflexion, les deux personnages restent étrangers l'un à l'autre.

Un des meilleurs romans de Yoko Ogawa, qui fait montre d'une réelle maitrise stylistique. Un livre qui nous questionne et nous attire de manière intrigante, en nous plongeant dans un univers subtil et incertain sous des apparences d'immobilité et de lenteur.
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« J'ai l'impression qu'un trou invisible s'est échappé dans un coin de ma mémoire, qui laisse s'échapper en sifflant ce qu'elle contient. C'est un peu douloureux »

Et moi, j'ai l'impression que je suis restée enfermée dans ce roman à l'ambiance nostalgique et limpide. J'y goûte encore sa douceur, son odeur du passé ; je partage encore avec les personnages évanescents la mélancolie et la grâce.

Que dire, sans trop dévoiler ?
C'est un roman très poétique mettant en scène une jeune femme ayant des bourdonnements dans les oreilles, et c'est arrivé au lendemain du départ de son mari. Bourdonnements ? Oui…et non. Car elle les compare au son d'un violon, la ramenant à ses 13 ans, quand elle était amoureuse d'un garçon jouant toujours le même air de violon.
Suite à son hospitalisation pour les problèmes en question, un journaliste réunit quelques personnes ayant souffert de problèmes d'audition pour recueillir leur témoignage. Et à cette réunion assiste Y., le sténographe. La narratrice sera captivée par les doigts de cet homme qui est capable de retranscrire en signes mystérieux et hypnotiques les conversations…
S'ensuivra une plongée dans sa mémoire, salutaire.

« Je pense que mes oreilles sont à la recherche de choses sans épines. Elles ont soif de souvenirs qui reçoivent la caresse de l'écoulement du temps, dont toutes les ronces ont été enlevées, de souvenirs doux au toucher qui ne trahissent jamais, de souvenirs qui n'égratignent pas et ne provoquent pas de douleur. Je crois que mes oreilles ont été blessées beaucoup plus que je ne le pensais ».

Ce roman délicat m'a ravie, comme les autres de l'auteure, Yoko Ogawa. J'adore la littérature japonaise qui allie force et fragilité. Tout en nuances, ce roman nous emmène en dehors de notre monde trépidant pour nous faire apprécier la neige, les vieux hôtels chargés d'histoire, les petits musées privés pleins de charme, et les amours en marge.
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Douceur et poésie sont une fois de plus les premiers mots qui viennent à l'esprit en lisant Yoko Ogawa.
Ici on évolue dans une atmosphère onirique.
La narratrice est une jeune femme qui à la suite du départ de son mari, rencontre des troubles auditifs. Lors d'un témoignage qu'elle donne pour un magasine de santé, elle va être fascinée par les doigts du sténographe. de cette fascination va naître une relation amoureuse, relation tout en douceur, pleine de pudeur.
Bien que très poétique, l'étrangeté de l'histoire m'a quelque fois déroutée et je n'ai pas totalement adhéré. J'ai préféré "la formule préférée du professeur" ou encore "parfum de glace".
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Une jeune femme se réveille un beau matin au son d'une flûte.
Mais il n'y a pas de flûte.
Il n'y a que le silence laissé par son mari qui vient de la quitter, son absence, le vide, et c'est alors que le bruit le plus infime devient assourdissant.
Etrange maladie dont souffre la narratrice, qui nécessitera plusieurs hospitalisations avant qu'elle l'apprivoise et apprenne à vivre avec : "Au contraire, je m'étais habituée aux replis de mes oreilles comme à un chandail bien chaud porté depuis longtemps.".
Au cours d'une interview pour un magazine de santé, elle rencontre un sténographe et tombe amoureuse de ses mains : "Mais lui, son unique particularité, c'étaient ses doigts. Rien d'autre ne m'attirait.".
Une étrange relation se noue alors : "Les doigts seuls existaient entre nous, et tout le reste, les mots, les lèvres et les sourires, était inutile.", focalisée sur les mains du sténographe et son silence résultant de son activité d'écriture, et les oreilles hyper-sensibles de la narratrice qui ne souffrent aucun bruit.

Comme d'habitude chez Yoko Ogawa, c'est étrange du début à la fin, cela flotte dans une atmosphère surnaturelle, dans une réalité qui s'évapore, où les personnages ne sont pas sûrs d'avoir vécu un évènement ou d'avoir été dans un lieu et sèment alors le doute dans l'esprit du lecteur.
C'est dans un style poétique et métaphorique que l'auteur raconte cette histoire.
A la beauté des mots se mêle celle du Japon, d'une atmosphère à la fois étrange et apaisante, une sorte de cocooning littéraire qui enveloppe le lecteur d'une certaine tiédeur.
Mais au-delà de cette atmosphère, Yoko Ogawa traite dans ce roman, son premier n'ayant publié jusque là que des nouvelles, d'un thème récurrent dans son oeuvre : la mémoire et tout ce qui s'y rapporte : les sensations, les souvenirs notamment.
La chute est dans un sens inattendue car durant tout le récit le lecteur s'interroge et cherche où veut en venir l'auteur, mais dans un autre elle est aussi attendue car trop de détails interpellent ce même lecteur qui finit par avoir des doutes et se rend compte que quelque chose ne tourne pas rond dans cette belle histoire à la limite du conte de fées.
J'ai tout de même ressenti quelques passages de flottement au cours de ma lecture, l'auteur passant pour la première fois de la nouvelle au roman.
Cela se ressent dans ce récit, qui s'apparente presque à une longue nouvelle plutôt qu'à un roman.

"Amours en marge" est un roman de Yoko Ogawa dans la veine de son oeuvre générale qui mérite que le lecteur s'attarde dessus pour en saisir toutes les subtilités et s'imprégner de l'univers si particulier mais si beau de cette auteur.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Dans ce premier "long" roman, Yôko Ogawa entraine le lecteur dans le labyrinthe des souvenirs .

Une jeune femme , lorsque son mari la quitte, entend des sons étranges : flute ou violon qui emplissent son esprit et la coupent de la réalité sonore du monde .

Après plusieurs séjours dans une clinique spécialisée, elle est sollicitée par un magazine avec d'autres patients pour raconter son expérience de malade et lors de cet interview elle fait la connaissance de Y. un jeune sténographe et tombe amoureuse du ballet de ses doigts transcrivant l'entretien .

S'en suit une amitié amoureuse où le jeune homme note, à l'occasion de leurs rencontres , sur des carnets les impressions sonores et les souvenirs de son amie qu'il classe ensuite chez lui.

Comme dans l'Annulaire, on retrouve ce besoin de classer et de ranger les souvenirs dans des tiroirs bien étiquetés , ces tiroirs sont ceux également de notre mémoire qui s'ouvrent souvent de manière inconsciente , réminiscence en l'occurence de musique entendue dans l'enfance et qui revient lors d'un événement perturbateur .

J'ai vraiment eu l'Impression au cours de ma lecture que les mots se déposaient délicatement comme sur la neige en flocons légers, même la façon de lire s'en ressent, on retient les mots , la respiration ralentit, les sons apparaissent assourdis et le temps est suspendu ...
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Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
- Je me demande pourquoi on met le parfum derrière les oreilles ? questionna Hiro à la cantonade.
- Eh bien...
- N'est-ce pas parce que c'est l'endroit le plus secret de tout le corps ? répondis-je. Ce genre d'endroit secret convient parfaitement au parfum. Si on a une tâche ou une cicatrice de brûlure derrière l'oreille, personne ne s'en rend compte, n'est-ce pas ? Je crois même que personne ne sait exactement comment c'est derrière ses propres oreilles. Et le parfum a beaucoup plus de charme s'il émane d'un endroit abstrait que l'on ne peut pas déterminer avec précision. Ce serait assez inquiétant si du parfum débordait des yeux à chaque battement de paupières
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C'est une question de sentiment. Si je transcris rapidement un mot plein de sentiment, l'émotion qui s'est répercutée dans l'atmosphère en même temps que la voix est instantanément enfermée dans ce mot pendant que mon stylo se déplace. C'est comme pour un fossile. Bien sûr, quand l'émotion est belle il n'y a pas de problème. Mais les sentiments échangés aujourd'hui pendant la table ronde débordaient de hargne et de bassesse. Mes doigts sont blessés par les mots autant que par les hommes.
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- La particularité du jasmin n'est pas dans ses fleurs ni dans ses feuilles, mais dans son parfum. Et en plus, pas dans la senteur elle-même mais dans la manière dont il sent.
- La manière dont il sent ?
- Oui. On ne peut le sentir que chaque soir à une heure déterminée. En général à partir de huit heures et pendant à peine une heure. On peut toujours avoir envie de le sentir dans la journée, c'est impossible.
- Il y a les belles-de-nuit qui ne sont odoriférantes que la nuit, les belles-de lune qui ne fleurissent que les nuits de lune, c'est mystérieux que les odeurs sachent l'heure, n'est-ce pas ?
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J'aurais voulu si possible détacher mes oreilles de leur support , en examiner soigneusement chaque élément, les brosser là où il y avait de la poussière et là où elles étaient ternies, les frotter avec un chiffon propre . Et j'aurais voulu plonger ma main à la source de ce bruit, cachée entre les replis les plus délicats.
J'ai fait glisser ma main gauche entre mes cheveux pour toucher mon oreille gauche. Elle était glacée comme une tranche de fromage oubliée dans une chambre froide.
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Lorsque l'homme est confronté à un grand malheur, l'équilibre de ses sentiments se rompt
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