Oleanna

Oleanna est une pièce de théâtre en trois actes qui met en scène deux personnages : un professeur d'université et une étudiante. Dans le premier acte, le professeur, John, donne des conseils à l'élève, Carol, qui semble avoir des problèmes avec les cours de John. Dans les deux actes suivants, c'est Carol qui prend le dessus sur le professeur.
Une pièce de théâtre assez étrange, je ne m'attendais pas à ce retournement de situation surtout suite au premier acte qui m'avait apparu assez neutre. Peut-être visualiser la pièce aurait aider à comprendre les attitudes de John et Carol. Ca me permettrait de savoir si on a affaire à de l'abus ou de la manipulation. La discussion entre eux est interrompue par des coups de fil qui permettent de comprendre la situation personnelle du professeur.
A noter que deux fins sont possibles… selon l'endroit où est jouer la pièce.
(Trouvé grâce aux bibliothèques de Lyon qui proposaient des livres surprises (emballés) pendant les Quais du Polar… pourquoi celui-ci qui ne rentre pas dans la catégorie policier ?...)

Ce texte (non lu, mais vu joué) m'a rappelé les pires moments de mes 35 ans d'enseignement, les années 80, quand la "participation" était tentée, avec assemblée générale tous les vendredis où les élèves descendaient allègrement les cours et les professeurs, exigeaient qu'on leur laisse choisir les matières vues (mais comment choisir si l'on ne connaît pas). Comme Oleanna ils voulaient "passer" parce qu'ils avaient "acheté les livres", parce qu'ils bûchaient dans l'énervement, sans comprendre. Ici, la tête de l'étudiant est pleine de ses peurs, de ce que "doit" être un prof, de son incapacité à relativiser les gestes et les paroles. "Vous m'avez violée" lui lance-t-elle au visage, alors qu'il n'a que des gestes d'encouragements. On est à l'envers du "Cercle des Poètes disparus". "Je veux apprendre. Je ne comprends pas, expliquez-moi" Elle est à l'unif, parce que ce sera sa réussite sociale mais ne sais pas ce qu'est le travail universitaire; si le terme hystérique n'avait pas aussi mauvaise presse, je l'emploierais volontiers. Pour moi, ce texte a terriblement vieilli et correspond à une Amérique où il valait mieux , pour un homme, ne pas monter seul dans l'ascenseur avec une femme, ne pas la complimenter sur quoi que ce soit et surtout ne pas la regarder !C'est toujours le cas, d'ailleurs :(

Un professeur d'université reçoit dans son bureau une étudiante en difficulté qui pense avoir échoué à son dernier examen. Celui-ci lui propose un marché : il lui octroiera la note maximale si elle accepte de venir le voir régulièrement pour des cours particuliers. Devant cette proposition ambiguë, la jeune fille se rebelle et s'engouffre dans la faille, l'accusant publiquement de harcèlement. Une lutte sans merci s'engage, où les rapports de force et de classe sont pervertis par les désirs inavoués. Dans la suite du mouvement #MeToo, « Oleanna » annonce, à travers le face à face âpre et trouble entre un professeur et une étudiante, la chute de l'ancien monde, celui du patriarcat et des privilèges de classe, avec l'avènement d'une nouvelle forme de contestation. En ces temps de surveillance chirurgicale des comportements, il est pertinent de remettre à l'avant-plan ce récit qui cherche à créer une conversation autour de ce grand mouvement de dénonciation des harcèlements sexuels et psychologiques.

Glaçant !
Un huis-clos mettant en scène deux personnalités complexes, subtiles dont les dialogues sont affûtés à la perfection. Un face-à-face précis et vif qui sert une intrigue au cours de laquelle les inversions de rapports de force, la perversion et la manipulation sont tels qu'on ne peut qu'être captivé dès la première scène.

Je le relirai certainement pour savoir comment l'auteur a construit sa machination et écrit ses dialogues et semé les informations de manière à ce que le plan diabolique fonctionne aussi bien.