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EAN : 9782200353100
124 pages
Armand Colin (14/03/2008)
3.5/5   2 notes
Résumé :
Selon un scénario classique, décider, c'est se renseigner, concevoir, choisir et agir. Au moment où le développement durable est invoqué partout mais n'est jamais défini, il est urgent d'en proposer une grille de lecture. François Mancebo en fait une analyse critique en restituant sa popularité mais aussi en dégageant ses ambiguïtés. L'ouvrage présente des données, des expertises, des analyses d'enjeux et de conflits. Il éclaire ainsi l'action collective en matière ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
C'est une synthèse très rigoureuse et méticuleuse qui fait remonter les inspirations de la notion de "développement durable" à la Conférence des Nations Unies sur les Établissements Humains (CNUEH) de Stockholm de 1972. Il y est question de justice sociale, des ressources, d'efficacité économique et du milieu urbain. Les villes du nord étant confrontées à des problèmes de pollution et celles du sud à la pauvreté. le Programme des Nations Unies pour l'Environnement et le Développement (PNUED) est institué.

La conférence de Stockholm mène à celle de Vancouver de 1976, intitulée 𝐻𝑎𝑏𝑖𝑡𝑎𝑡 1. Elle ne prévoit pas de coopération entre États, ni au sein de la société civile. le "principe canadien" impose au contraire la souveraineté étatique.

En 1983 est créée la Commission Mondiale de l'Environnement et du Développement (CMED) pour la mise en place des principes de Vancouver. C'est le rapport de cette Commission, quatre ans plus tard, en 1987, intitulé 𝑂𝑢𝑟 𝐶𝑜𝑚𝑚𝑜𝑛 𝑓𝑢𝑡𝑢𝑟𝑒, qui fonde le développement durable, selon trois principes : de précaution, de participation des populations et de solidarité. La notion mène à deux interprétations : d'abord on développe l'économie pour avoir les ressources de mener les actions environnementales (approche néoclassique) ; ou bien, à l'inverse, on ne mène le développement économique qu'en tant qu'il ne nuit pas à l'environnement (approche écocentrée).

C'est pour rassembler ces points de vue qu'est organisé le premier 𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑇𝑒𝑟𝑟𝑒, à Rio, en 1992. C'est lui qui popularise la notion de développement durable en édictant 27 principes, incluant les ONG, la société civile, et en produisant trois conventions : sur la biodiversité, sur le changement climatique et contre la désertification. Elle édite aussi un 𝐴𝑔𝑒𝑛𝑑𝑎 21 (pour le XXIème siècle), particulièrement adressé, dans son chapitre 28 aux collectivités locales.

En 1993, l'Union européenne lance la 𝐶𝑎𝑚𝑝𝑎𝑔𝑛𝑒 𝐸𝑢𝑟𝑜𝑝𝑒́𝑒𝑛𝑛𝑒 𝑑𝑒𝑠 𝑉𝑖𝑙𝑙𝑒𝑠 𝐷𝑢𝑟𝑎𝑏𝑙𝑒𝑠 pour soutenir les collectivités locales qui s'engagent dans un 𝐴𝑔𝑒𝑛𝑑𝑎 21 local.

En 1994, est signée au Danemark la Charte d'Aalborg sur la promotion de la ville selon le développement durable, traduite en un Plan d'Action à Lisbonne, en 1996.

La même année, en 1996, à Istanbul, lors d'une seconde CNUEH (𝐻𝑎𝑏𝑖𝑡𝑎𝑡 2), dix ans après la première, est tiré un premier bilan mondial négatif de l'application des principes d'𝐻𝑎𝑏𝑖𝑡𝑎𝑡 1.

L'ONU fait, à la conférence 𝑅𝑖𝑜+5, le même constat négatif concernant les 𝐴𝑔𝑒𝑛𝑑𝑎 21. La raison serait que les principes sont trop généraux, les applications partielles et les interprétations innombrables.

En France, en 1999 et 2000, l'𝐴𝑔𝑒𝑛𝑑𝑎 21 inspire la Loi d'Orientation pour l'Aménagement et le développement durable des Territoires (LOADDT) et la loi Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU).

À Hanovre, en 2000, après quatre réunions régionales (Turku, Sofia, Séville, La Haye) la charte d'Aalborg suit son cours : 600 villes et agglomérations sont signataires

À l'échelle mondiale, à New-York, en 2001, se tient la Conférence 𝐼𝑠𝑡𝑎𝑛𝑏𝑢𝑙 +5 : le bilan catastrophique amorcé à Istanbul se confirme : les migration ont paupérisé les villes du Nord, les initiatives de mise en place d'infrastructures ont pollué les ville du Sud. Les problèmes se sont étendus et la situation est pire. On tente de créer des indicateurs (134), mais ils paraissent innombrables, arbitraires et ne sont pas appliqués : l'Ue n'en garde que 70 ; en France, l'IFEN, 40 ; et le Royaume-Uni crée les siens.

Le tout mène au second 𝑆𝑜𝑚𝑚𝑒𝑡 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑇𝑒𝑟𝑟𝑒 à Johannesbourg, en 2002, décevant. Il n'a pas l'énergie et l'innovation du premier et ne mène qu'à de vagues déclarations. le livre datant de 2012, il n'évoque pas les ODD et la COP21. Peut-être ne s'est-il rien passé entre 2002 et 2012 ? Et, étrangement, il n'évoque pas non plus les quinze premières COP (COP1 à Berlin en 1995).

Quoi qu'il en soit la notion de "développement durable" est directement liée, à son origine, à la ville, à l'échelon local (il en sera différemment pour les ODD de 2015). Son manque d'efficacité serait lié à la difficulté de l'approche de la notion : entre économie et environnement ; une définition internationale (mondiale) lors de sommet où seuls les États sont représentés pour traiter les problèmes des villes ; sans indicateurs objectifs. Chacun fait comme il veut, à sa manière. de là, sans doute, l'insatisfaction exprimée.

****

La deuxième partie évoque trois axes de compréhension du développement durable : la notion de "gouvernance" (globale, locale) ; l'opposition entre durabilité faible et forte ; la différence entre qualité de vie et de l'environnement.

La notion de "bonne gouvernance" est anglophone. Anglaise d'abord, avec un hapax dès 1471 ; puis étatsunienne en 1937 pour affirmer la meilleure efficacité de l'entreprise devant le marché. Elle est reprise par l'administration britannique dans les années 80, "lorsque le gouvernement anglais met en place une série de réformes limitant le pouvoir des autorités locales, jugées inefficaces et trop coûteuses". Elle prend alors une connotation péjorative : on a recourt à la "bonne gouvernance" lorsque la corruption, l'inefficacité sont déplorées.

La France et de nombreux pays reprennent, puis la Banque mondiale et le FMI. "Dans les années 1990, la gouvernance désigne la capacité de la société à s'autoréguler". Au final, les définitions au début des années 2000 évoquent une contribution multiples d'acteurs pour l'administration (le contrôle, la gestion...). Assez flou, donc. Pour certains, c'est une manière de faire réaliser les prérogatives publiques par le privé (intégration de la société civile et des entreprises), pour d'autres, une "démocratisation" du "pouvoir". La notion paraît parfois très proche de celle d'"État". Ça me semble être surtout une manière de noyer les actions et la lisibilité des responsabilités en n'évoquant aucun modèle particulier de coopération. La "bonne gouvernance" ?= "ça se gère".

Il est remarqué que le terme de "développement" signifie à l'origine l'évolution d'un organisme et qu'il s'achève donc... par la mort. Que peut alors signifier un développement "durable", qui ne meurt pas ? et s'il faut comprendre qu'il est réputé éternel ? (ce qui serait contradictoire aussi bien avec la notion originelle de "développement" et celle de durabilité).

Le développement durable serait à entendre comme un consensus entre génération actuelle et génération future ; pays industrialisés et pays en développement ; besoin des êtres humains-préservation des écosystèmes. À mon avis, ici, se trouve une imprécision de la notion de "besoin des êtres humains", qui laisse à penser à une forme de nécessité - alors que la culture est un mode d'organisation qui s'étend largement aujourd'hui à des hypothèses, des conditions d'organisations, des principes, qui, plus que nécessaires, sont "contingents" (part d'héritage, d'arbitraire, d'habitudes...).

Quatre "capitaux" permettent d'aborder ce point : humain, social, financier, physique (infrastructure), eux-mêmes scindés entre capital naturel et construit. Mais le capital naturel est souvent ce qui est amené à être transformé ; et le capital construit être composé d'outil de transformation (machines...). Malgré les apparences, pas sûr que les notions se trouvent sur le même plan.

Justement, c'est que les notions de "durabilité faible" et "forte" mettent en évidence.

La première égalise les capitaux construits et naturels : ce qui est naturels peut disparaître, peu importe, du moment que des solutions de substitution existent. le principe est de savoir faire entrer le capital naturel dans la comptabilité en fonction de la valeur des "servies" rendus. On comprend ici toutes les fois qu'il est question, dans les rapports économiques - mais aussi politiques - sur le développement durable, des "services" rendus par la nature (les abeilles qui font du miel...). Ici, tout est économique ; l'économie prime sur "la vie". On compte sur les innovations à venir pour corriger les problèmes du présent. Et comme les générations futures produiront plus de valeur que les actuelles (puisque les technologies seront plus développées), on peut "pousser" un peu les consommations actuelles (les pertes, dans l'avenir, seront de moindre valeur relative). C'est la position (hors texte) des néolibéraux, des néoconservateurs, de beaucoup de climato-sceptiques.

Pour la durabilité forte, on estime que tout n'est pas compensable, que certains dégâts sont irrémédiables, que le "vivant" ne peut pas être mis dans l'économie, etc. On fait l'inverse : plutôt que de "tirer sur la corde" en tablant sur les solutions qu'apporteront ceux qui ne sont pas encore nés, on se limite plutôt maintenant pour éviter l'irrémédiable. Comme écrit l'auteur, c'est le seul "développement durable" qui puisse avoir un sens.

On se rend compte ici que depuis le début il est question de "durabilité" alors que les expressions anglaises sont "weak" et "strong sustainability". Pourquoi et comment s'est faite la traduction de "sustainability" en "durabilité" ? On ne saura pas ici.

Mais la difficulté commence quand on essaie de savoir ce qui est "dans les limites du raisonnable" et ce qui entre dans l'"excès". Les écolabels et quotas (de pêche) sont là pour tenter de fixer des repères. Problèmes, les écolabels sont déclaratifs, bénévoles, font l'objet de trafics, ou de pression sur les producteurs, invités à les payer plutôt que les distributeurs ; et les quota sont l'objet de négociation incessantes et impliquent que l'on ait une connaissance complète des ressources, des fonctionnements des écosystèmes, des effets sur l'environnement des prélèvement effectués...

On en vient à se demander ce que signifie "naturel" puisque dès que l'être humain nomme, c'est qu'il prend conscience, et donc, conceptualise, importe dans le système de sens qui lui est propre, le langage, la culture. À mon avis, ici, la réflexion commence à se faire un peu trop théorique et s'éloigne des réalités politiques, biologiques et comportementales (économiques) car, en vérité, il ne s'agit pas tant de se demander si les parcs naturels ne seraient pas en réalité artificiels que de se demander jusqu'où l'être humain doit (nécessité) organiser le vivant : l'être humain utilise pour une intention particulière ce qui l'entoure, ce qui signifie que le "naturel" n'évolue pas par lui-même, n'existe plus "en soi" ou "par soi". Et c'est là, sans doute, que la tendance humaine à tout vouloir contrôler devient "gênante" (dangereuse en fait) : chaque fois qu'une culture a voulu tout contrôler, donc se fermer aux autres, ce sont des catastrophes qui surviennent (guerre, meurtres, saccages, etc.). Mais ce n'est pas dit ici. On regrette en effet qu'il ne soit jamais question que de l'être humain, de ses calculs, de ses points de vue, de ses concepts, de ses besoins, de son bien-être ; et jamais rien sur la vie, le vivant.

****

La troisième partie pénètre un peu plus profondément encore dans la forêt dense de l'abstraction en tâchant de rendre intuitive la différence entre la qualité de vie et la qualité de l'environnement. Ce n'est pas inintéressant, loin de là. Il est mis en évidence l'extrême difficulté d'aborder de l'extérieur, de loin, ou, tout simplement, au profit des autres, sans leur demander leur avis, les conditions de vie des populations - en l'occurrence, dans le but, ici, de mettre en place le développement durable. On sort des questions portant sur la nature, pour s'intéresser aux ressources et au "bon usage" des ressources.

Les éléments de réflexion sont abordés par les exemples : aux États-Unis, les surfaces de pelouse dépassent celles de n'importe quelle culture et sont très consommatrices d'eau (et d'argent pour la payer). Est-ce un bon usage ? Il se trouve que si la pelouse est mal entretenue, la population se sent mal. le gazon coupé à cinq centimètres est une marque de socialité, d'"inclusion". Gare à qui oublie de tondre la pelouse.

En région parisienne, les populations ne supportent pas de trouver des bouteilles ou des détritus à l'entrée de la forêt de Maurepas et trouvent aussi que c'est pénible de devoir porter les déchets dans les endroits prévus. Qui a pensé à limiter les déchets ? Personne. le principal est que les déchets soient portés par autrui ailleurs, où ils deviendront on se moque bien quoi. Est-ce un bon usage des produits consommés ?

Toujours en région parisienne, à l'inverse du gazon étatsunien, des parcs et espaces verts, très proprets, ont été créés ici ou là : les populations sont tristes et regrettent leurs vieux terrains vagues : c'est que les adolescents y trouvaient une liberté qui leur est refusée dans le nouvel espace guindé et que les adultes se sentent isolés des autres quartiers par ces étendues vides et neutres. Est-ce un bon usage de l'espace ?

L'espace, en effet, une fois qu'il est utilisé en un usage particulier, devient un lieu. Il faudrait donc se concerter pour définir les usages de l'espace pour en faire des "lieux".

Et il faut différencier la qualité de l'environnement (les pelouses aux États-Unis) de la qualité de vie (les terrains vagues en région parisienne). La notion de développement durable intègre les aspects sociaux du bien-être qui ne peuvent se décréter partout de la même manière et de l'extérieur avec le seul soucis de la qualité de l'environnement.



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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Utilisé pour la première fois en 1471 en Angleterre, [la notion de 𝑔𝑜𝑜𝑑 𝑔𝑜𝑣𝑒𝑟𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒] a été ressuscité[e] en 1937 par l’économiste Ronald Coase pour avant l’hypothèse que l’entreprise est plus efficace que le marché pour organiser certains échanges […] À la fin des années 1980, la notion est importée dans l’administration publique, lorsque le gouvernement anglais met en place une série de réformes limitant le pouvoir des autorités locales, jugées inefficaces et trop coûteuses. Les termes de « gouvernance locale » et de « gouvernance urbaine » apparaissent pour qualifier de nouveaux comportements, supposés vertueux, des gouvernements locaux britanniques. La terminologie, sinon la démarche, est reprise par nombre de pays européens, dont la France. Vers la même période, le concept fait également son apparition dan les relations internationales. La Banque Mondiale et le FMI introduisent le terme de 𝑔𝑜𝑜𝑑 𝑔𝑜𝑣𝑒𝑟𝑛𝑎𝑛𝑐𝑒 […] L’accent est is sur l’efficacité de gestion et la lutte contre la corruption. C’est pourquoi, lorsque le terme se popularise il le fait sur un constat d’incapacité des gouvernements à mettre en pratique les politiques, face au refus de certains groupes sociaux à reconnaître leur légitimité […] Dans les années 1990, la gouvernance désigne la capacité de la société à s’autoréguler […] En résumé, la gouvernance dénonce le modèle politique traditionnel qui confie aux seules autorités politiques la gestion des affaires […] Les autorités publiques voient leur rôle modifié : d’interventionnistes, elles deviennent animatrices et régulatrices. La gestion de l’action repose sur un processus de négociation permanent entre des intervenants hétérogènes. Il doit permettre de dépasser les intérêts conflictuels pour, éventuellement, parvenir à un consensus […] Pour certaines, elle est un instrument au service de la libéralisation des échanges dans la mesure où elle limite le rôle des gouvernements. Pour d’autres, elle est une voie ouverte à la démocratisation du fonctionnement étatique et aux initiatives locales.
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En 1972, la communauté internationale se réunit à Stockholm, dans le cadre d’une conférence des Nations Unies. Une déclaration de principes et un plan d’action qui prévoient l’établissement d’un Programme des Nations Unies pour l’Environnement et le Développement (PNUED) y voient le jour. Les questions des ressources disponibles et de leur renouvellement, ainsi que le souci de justice sociale et d’efficacité économique, préfigurent le développement durable. Cette approche porte le nom d’écodéveloppement. Assez rapidement, le milieu urbain dont sont issus les mouvements de contestation focalise l’attention. Les préoccupations des villes du Nord s’imposent : lutte contre les pollutions, reconstruction du tissu social. Ces préoccupations sont assez diffrentes de celles du Sud, où domine l’urgence en équipements de base, essentiellement sanitaires.
C’est pourquoi, dans la continuité de Stockholm, se tient en 1976 à Vancouver la première Conférence s Nations unies sur les Établissements Humains ainsi nommée Habitat 1. La charte qui en résulte s’inquiète de la protection de l'environnement en milieu urbain. Elle alerte également du risque de ségrégation sociale et de pauvreté accrue. Ce faisant 𝐻𝑎𝑏𝑖𝑡𝑎𝑡 1 expose, avant l’heure, des questions qui formeront la trame du développement durable. Toutefois, elle ne prévoit pas de participation de la société civile : seuls les États sont appelés à agir. C’est à cette occasion qu’est formulée la doctrine du principe canadien selon laquelle [http://www.cidce.org/pdf/mondialisation.pdf] : « Conformément à la Charte des Nations Unies et aux principes du droit international, les États ont le droit souverain d’exploiter leurs propres ressources selon leur politique d’environnement et ils ont le devoir de s’assurer que les activités exercées dans les limites de leurs juridictions ou sous leur contrôle ne causent pas de dommage à l’environnement dans d’autres États ou dans des régions ne relevant d’aucune juridiction nationale.
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Les tenants d’une durabilité faible (𝑤𝑒𝑎𝑘 𝑠𝑢𝑠𝑡𝑎𝑖𝑛𝑎𝑏𝑖𝑙𝑖𝑡𝑦) considèrent que capital naturel et capital construit peuvent être substitués l’un à l’autre de manière quasi parfaite. […] La durabilité faible se définit alors par la règle selon laquelle la somme du capital naturel et u capital construit doit être maintenue constante. […] Cela revient à n’accorder aux biens que la valeur des services qu’ils rendent et non une valeur d’existence. Le progrès technologique est censé générer en permanence des solutions aux défis environnementaux posés par l’accroissement de la production de biens et de services. […] La destruction d’écosystèmes fragiles, l’envahissement urbain, la surexploitation de ressources non renouvelables sont acceptables dès l’instant où des procédés de remplacement existent. Le rapport entre génération s’exprime ici comme dans une sorte de marché. Chaque génération a le droit de se favoriser un peu par rapport à la suivant et chaque génération peut faire un certain taux d’escompte par rapport à toutes les générations futures. Néanmoins, le taux d’escompte ne devrait pas être trop grand. Or il n’existe pas de mécanisme permettant d’allouer efficacement des ressources dont on estime mal la valeur, et les marchés existants sont impuissants à juge de la valeur future de ces ressources.
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S’il est un terme possédant le singulier privilège de recouvrir, sous les apparences du consensus, les oppositions les plus tranchées, c’est bien celui de « naturel ». Étymologiquement, nature vient de 𝑛𝑎𝑡𝑢𝑟𝑎 (« action de faire naître », de 𝑛𝑎𝑠𝑐𝑖, « naître »). […] Dans le domaine du développement durable, deux acceptions dominent […] :
_ Dans un premier sens, celui de l’état de nature cher à Rousseau, il juxtapose l’idée de nature comme puissance créatrice et celle de nature comme objet de contemplation […] Ici, la « nature », opposée à l’ « art » et à la « technique », désigne le monde tant qu’il n’a pas été transformé par l’homme.
_ Dans un second sens, la nature désigne l’ensemble du monde matériel, perçu parce qu’organisé par la pensée. Pour Galilée, la nature est avant tout un « livre écrit en langage mathématique » et les phénomènes naturels y sont régis par des lois. La nature est alors le champ qui s’étend devant la science et sur lequel l’ingéniosité de l’homme s’exerce, selon l’expression de Descartes, jusqu’à « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Elle ne consiste pas en sensations, mais en un ensemble de problèmes théoriques soumis à notre entendement. En ce sens, la nature n’existe que transformée par l’homme et le regard qu’il y porte.
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On retrouve cette relation, où la qualité de vie est associée à l’ordre et à la propreté, opposé au désordre stigmatisé comme « contre-naturel », dans le véritable culte voué au gazon aux États-Unis. Là, certaines communes n’hésitent pas à consacrer 70% de leurs budgets à l’arrosage et à l’entretien de leurs gazons. La pelouse y désigne le pouvoir. Elle ceint les édifices gouvernementaux, religieux et culturels. Le gazon bien entretenu est progressivement devenu, de manière consensuelle, un élément essentiel de qualité de vie en tant que signe d’appartenance communautaire ; jusqu’à l’excès. Il y a en Amérique 65 millions d’hectares de pelouse, soit une superficie supérieure à celle occupée par toute autre culture du pays, blé et maïs compris. […] Maintenu à cinq centimètres de hauteur, le tapis de verdure devient vite le terrain d’entente de voisins sachant respecter cette convention tacite ; pas de clôture ni de barrière. La pelouse est un signe d’appartenance à une communauté et à ses normes. Partant, elle est aussi signe d’exclusion : une maison à la pelouse pelée est un « territoire étranger » et signifie que l’homme qui l’habite est exclu ou s’exclut lui-même. »
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