AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,71

sur 802 notes
Le livre débute avec la découverte d'un massacre dans un petit village isolé de la Suède. Dix-neuf personnes ont été tuées à l'arme blanche. Vivi Sundberg est chargée de l'enquête, et la juge Roslin s'y intéresse également car les parents adoptifs de sa mère font partie des victimes. A partir d'un ruban rouge retrouvé sur les lieux, elle piste un Chinois filmé par une caméra de surveillance. Commence alors une histoire à ramifications multiples, entraînant la juge et les lecteurs du côté de Pékin, à l'approche des jeux Olympiques. La recherche remonte également à l'époque (1867) où des Cantonais étaient envoyés aux Etats-Unis comme esclaves sur les chantiers. Puis l'essentiel du propos se déplace vers l'Afrique d'aujourd'hui où les Chinois deviennent les nouveaux colonisateurs, transplantant leurs paysans et leurs ouvriers pour cultiver les terres, exporter les matières premières et s'installer durablement. 
Le roman policier devient alors une complexe leçon de géopolitique qui n'a plus grand-chose à voir avec une fiction. Certes, on ne cesse de répéter, à juste titre, que ce genre est ancré dans le réel, qu'il livre comme un miroir de la société contemporaine, mais la fiction doit rester le point d'appui. Si Mankell retombe sur ses pieds pour boucler une conclusion plus "policière", le Chinois reste un livre bancal en dépit de son savoir-faire et de ses louables principes. 
Commenter  J’apprécie          190
Ce livre est un drôle de bâtiment construit sur de drôles de fondations.
D'une part la Suède pays natif d'Henning avec un portrait d'une Suède pas vraiment touristique, au sud du lac Hansesjön, avec "ses fermes désertes, ces villages isolés tombant en ruine, parfois sauvés in extremis par des Allemands et des Danois qui transformaient les maisons en résidences de vacances",
D'autre part sur les convictions du jeune Henning vis à vis de ce qu'a été la Chine pour lui comme pour certains autres de la même génération, sur ce régime qui a pour certains été l'espoir ... puis les désillusions :
"A l'époque, je m'étais laissé attirer comme une mouche par un morceau de sucre dans une secte qui me promettait le salut. On ne nous encourageait pas au suicide collectif à l'approche de l'apocalypse, mais à abandonner notre identité individuelle au profit d'une ivresse collective, où un petit livre rouge avait remplacé toute réflexion".

Ce drôle de bâtiments a été construit en Afrique, pays d'adoption d'Henning, pays qu'il a vu évoluer avec une présence de plus en plus oppressante de la Chine. Je lui laisse la parole car il expliquera beaucoup mieux que moi ce qu'il a vu et ce qu'il a voulu décrire :
"Le roman que je viens d'écrire s'appelle «le Chinois». Depuis quelque temps, je suis effrayé de voir comment les Chinois se comportent en Afrique. Ils me font l'effet de nouveaux colonisateurs, ce qui m'est d'autant plus pénible que j'ai grandi dans l'idée que la Chine aidait les pays africains à se libérer. Et si j'ai écrit ce livre, c'est parce que sur ces agissements je sais des choses que l'on ignore généralement. J'ai vu les Chinois à l'oeuvre, au Mozambique et ailleurs en  Afrique. La Chine a un problème de surpopulation rurale. Ses 200 millions de paysans ne cessent de s'appauvrir, et un jour ils risquent de se révolter et de «prendre la Bastille», c'est-à-dire de s'attaquer au Parti communiste. Les dirigeants chinois envisagent donc d'exporter le problème et de transplanter en Afrique les paysans les plus pauvres (pas moins de 4 millions d'entre eux!) pour qu'ils y cultivent la terre. C'est une forme terrible de colonisation, et c'est exactement ce qu'ont fait les Portugais autrefois au Mozambique.
On peut faire subir n'importe quoi aux pauvres. Et, bien sûr, les dirigeants du Mozambique tireront de cette politique chinoise un profit financier. Dans les années 1960, pendant mon adolescence, la Chine jouissait d'un immense prestige. Mao était parvenu à nourrir 1 milliard d'habitants. Mon prochain livre a donc aussi pour objet ma propre désillusion. Il y a cinq ans, la Chine a fait une donation au Mozambique, et en a profité pour y envoyer sa propre main-d'oeuvre. Une rumeur a bientôt couru selon laquelle ces travailleurs chinois maltraitaient leurs homologues africains déjà sur place, mais le scandale a été étouffé. Cet incident a été pour moi un déclic: je me suis lancé dans des recherches en Chine et en Afrique qui ont abouti à ce livre."

Alors nous voilà avec ce drôle de livre, est ce un roman, un polar, une enquête journalistique ... un peu tout ça à la fois.
Le récit est bien fait, juste ce qu'il faut de surprise, de retournement de situation pour nous appâter jusqu'à la fin...
Au travers d'une fiction, Henning nous interpelle au delà du monde réel depuis qu'il est passer de l'autre côté, il nous interpelle au travers de la littérature pour que nous n'oublions pas d'être vigilant sur ce qui est en train de se passer sur un continent que nous apercevons de notre balcon !
Commenter  J’apprécie          50
Le roman débute par une enquête policière un peu bâclée sur un massacre perpétré dans un village suédois au début de l'année 2006. Vivi Sundberg chargée de l'enquête arrive au village de Hesjövallen, situé dans une vallée encaissée au bord d'un lac bordé d'épaisses forêts. Les journaux titrent "Tueries dans le Hälsingland", "Crime atroce. La police sans piste", "Nombre de morts inconnu. Une tuerie". Une juge habitant le quartier résidentiel de Kjellstorp, à l'entrée nord de la ville de Helsingborg s'aperçoit que cette folie meurtrière ne s'était pas abattue sur un village quelconque : c'était l'endroit où sa mère y avait grandi. Elle y avait été placée dans une famille d'accueil, les Andrén parce que ses parents étaient malades et alcooliques. A partir de là et de lettres retrouvées dans les papiers de sa mère, la juge commence à s'intéresser à l'enquête et mieux mène sa propre enquête pour finalement arriver à la vérité ! L'auteur nous aide beaucoup dans cette quête en nous baladant en Chine profonde fin 1800 puis de Canton en Amérique pour la construction de la voie de chemin de fer dans le désert du Nevada. Ensuite retour en Chine où va la juge et aussi un passage en Afrique noire, au Zimbabwe et un peu à Londres pour finir. Et c'est passionnant jusqu'au bout. En fait je résume drastiquement l'intrigue au plus sec mais il faut lire entièrement le livre pour se laisser entraîner par la philosophie politique mondialiste de l'auteur.
Commenter  J’apprécie          31
Bien construit. Agréable lecture.
Commenter  J’apprécie          10
Qu'est-ce que ce livre m'a barbée ! J'ai vraiment failli le lâcher, mais bon, ça se lit assez facilement tout de même en sautant des phrases voire des paragraphes, et puis j'avais envie de savoir comment toutes ces histoires s'imbriquaient les unes dans les autres pour parvenir au dénouement final. Je ne sais pas si c'est ça qu'on appelle des longueurs, mais cette énergie déployée à nous conter par le menu la genèse de cette histoire aux dimensions internationales a fait que je me suis ennuyée ferme.
Pas un bon polar, pour moi.
Commenter  J’apprécie          71
Un polar très bien construit : on trouve en Suède des assassinats particulièrement nombreux et sanglants dans un petit village isolé. Naturellement la police ne trouve aucune piste, mais une juge se trouve mêlée par ses origines à des victimes et elle entame certaines recherches qui la conduiront en particulier à Pékin et à Londres.
L'auteur nous entraînera aussi à un long et douloureux périple en Chine, puis dans l'Ouest américain et encore au voyage de retour par l'Europe vers la Chine. C'est un roman passionnant.
Commenter  J’apprécie          10
Des crimes absolument terrifiants, une mise en scène hallucinante c'est toujours ainsi qu'ont démarré la plupart des romans de Henning Mankell et « le Chinois », dernier opus de l'écrivain suédois ne déroge pas à la règle. Dans le nord de la Suède, un mystérieux assassin a décimé tout un village. Au total ce ne sont pas moins de 19 personnes qui ont été massacrées à l'arme blanche. C'est ainsi que démarre l'enquête que mène la juge Birgitta Roslin en marge des services de police pour découvrir la raison pour laquelle les parents adoptifs de sa mère, qui font partie des victimes, ont été ainsi assassinés. D'un peuple exploité à la superpuissance qu'est devenue la Chine, Birgitta Roslin découvrira différents aspects de ce pays devenu un acteur incontournable de la géopolitique mondiale autour duquel un frère et une soeur s'entredéchirent jusqu'à la mort pour conduire la destinée de cette nation.

Exit donc Kurt Wallander et ces enquêtes de longues haleines qui mettaient en relief les travers d'un pays que l'on avait pour habitude de dépeindre comme le modèle idéal de société. L'auteur s'était déjà émancipé en nous livrant une enquête menée par la fille du célèbre commissaire, Linda Wallander, dans « Après le Gel ». Il avait fait une seconde tentative avec « le Retour du Professeur de Danse » où le personnage central, Stefan Lindmann, demandera une mutation à Ystad où il aura une relation avec Linda Wallander. Dans ces deux tentatives d'émancipation, il y avait quelque chose de très « wallanderien » aussi bien dans les personnages que dans la structure de l'histoire, chose que l'on ne retrouve absolument pas avec le dernier roman de Mankell qui s'est définitivement affranchi de son personnage culte, ce qui est à saluer.

Avec « le Chinois », nous nous plongeons dans un autre type d'intrigue qui sont peut-être à mettre en lien avec les romans « blancs » de l'auteur qui s'ingénie désormais à mettre en lumière les travers d'un ordre mondial cynique. On reprochera peut-être quelque défaut dans la structure de l'histoire avec ce retour dans le passé qui nous dévoile le noeud de l'intrigue au beau milieu du roman. Henning Mankell n'a peut-être pas le talent d'un Arnaldur Indridason pour ce type d'enquête qui nous plonge dans le passé historique d'une nation. On regrettera également le manque de profondeur du personnage principal qui apparaît plus lisse et plus terne que les personnages précédents de l'auteur. Peut-être faudra-t-il plusieurs romans pour que l'on découvre les aspérités de Birgitta Roslin afin que l'on puisse s'attacher à cette juge suédoise atypique.

Malgré ces défauts, « le Chinois » a le très grand mérite de mettre en relief les enjeux fondamentaux d'un pays qui est encore en pleine mutation et dont les défis nationaux virent aux défis planétaires avec en toile de fond la convoitise de ce continent que l'auteur affectionne tant : L'Afrique !

« le Chinois » dénonciation géopolitique haletante et inspirée, avec ce culte des ancêtres qui flirte vers la folie et qui ensanglantera les paysages enneigés de la Suède.
Commenter  J’apprécie          10
A Hesjövallen, petit village au centre de la Suède, non loin de la Mer Baltique, 19 personnes sont massacrées à l'arme blanche en une seule nuit. La police qui arrive sur les lieux n'a jamais rien vu de tel. Très peu d'indices sur place et les enquêteurs pensent rapidement qu'il s'agit de l'oeuvre d'un fou. Pour Birgitta Roslin, juge à Stockholm, tout est trop bien organisé pour que ce soit le fait d'un esprit malade. Avec comme seul indice, un ruban rouge chinois, Birgitta se lance dans une enquête qui prend ses racines loin dans le passé.

Après deux lectures de Mankell, je me suis lancée dans le chinois - qui est le 1er roman post-Wallander. On va dire que j'ai aimé presque tout le roman... tout le début, l'implication de Birgitta, sa situation personnelle, son lien avec des victimes, son couple vacillant, ce massacre stupéfiant sur des villageois sans histoire, est très prenant. Ensuite l'auteur nous emmène sur La route de Canton, dans le passé, suivre l'histoire de San, Guo Si et Wu, trois frères en exil, partis de leur village natal, en 1863... On finit même par se retrouver en Amérique au moment du far west et en Chine aujourd'hui... Oui Henning Mankell nous fait voyager, aussi bien dans le temps que sur la planète. Tout finit par s'emboîter parfaitement à la fin du roman ! Par contre, j'ai eu un gros moment de vide à partir du moment où Birgitta arrive en Chine. Et plus, je lisais, et plus je me rendais compte que j'avais un problème avec ce pays et ces habitants...
Lien : http://revoir1printemps.cana..
Commenter  J’apprécie          40
Sans Wallander, cette enquête nous entraine plus loin que d'habitude, avec des personnages moins plan-plan que d'habitude...
Ce que j'appréciais chez Wallander, c'était qu'il avait des problèmes simples, très crédibles parce que très partagés.
Ici, le personnage central sort de la normalité tant par son passé que par les événements vécus lors de l'enquête qu'il poursuit.
Et, comme dans "Les chiens de Riga" du même auteur, je trouve le style moins efficace dans des registres plus spectaculaires, plus extrêmes.
Il reste pour moi l'auteur des romans du "Maigret du Nord" et là on a l'impression que Tintin n'est pas loin.
Malgré tout une lecture facile et agréable, parfaite dans une langue étrangère que vous souhaiteriez approfondir.
Commenter  J’apprécie          90
Quelle plaisir de retrouver la plume de Mankell ! J'avais ce livre depuis 4 ans dans ma bibliothèque mais je repoussais toujours sa lecture car je préférais la série Wallander. Quelle erreur !
C'est plus qu'un polar car j'ai eu l'impression que le massacre des gens de ce petit village était plus un prétexte pour ce qui suivait. J'ai particulièrement apprécié la partie ou on se retrouve avec San le chinois par qui tout arrive finalement. J'ai aimé aussi la dualité de l'ancienne Chine incarnée par Huong et de la nouvelle Chine incarné par le frère de celle-ci.
Bref , un excellent moment de lecture que je recommande chaudement.
Commenter  J’apprécie          10




Lecteurs (2681) Voir plus



Quiz Voir plus

Henning Mankell et Kurt Wallander

Deux hommes sont retrouvés morts sur un canot, exécutés d'une balle dans le cœur. Les corps sont identifiés : des criminels lettons d'origine russe liés à la mafia.

Meurtriers sans visage (1994)
Les Chiens de Riga (2003)
La Lionne blanche (2004)
L'Homme qui souriait (2005)
Le Guerrier solitaire (1999)
La Cinquième Femme (2000)
Les Morts de la Saint-Jean (2001)
La Muraille invisible (2002)
Avant le gel (2005)
L'Homme inquiet (2010)

10 questions
227 lecteurs ont répondu
Thème : Henning MankellCréer un quiz sur ce livre

{* *}