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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le récit commence par une description sur la vie à bord d'un bateau de pêche à la morue début du XXeme siècle dans les eaux glaciales d'Islande . Les conditions à bord de ces marins de Paimpol sont effarantes par leur dureté : absence totale d'hygiène , maladies, blessures, faim, froid , agressivité , peur etc ... La consommation d'alcool est encouragée pour supporter tout cela, de toute façon il y n'y a pas vraiment d'eau potable . La pêche est une lutte farouche contre les éléments marins , il faut attraper le plus de morues pour satisfaire les armateurs rapaces et espérer rapporter un peu d'argent au foyer.

Cela glace les sangs et on est plus proche du documentaire que du roman. Je n'avais jamais lu de descriptions aussi sordides mais que l'on veut bien croire véridiques , des conditions de vie de ces marins ...

Pendant ce temps là , en France, un ministre, Camille Pelletan décide au nom de la laïcité d'envoyer des infirmières remplacer les soeurs qui soignaient jusqu'à présent les français blessés ou malades dans un hospice islandais .

Ian Manook introduit ensuite et heureusement une partie plus romancée avec l'histoire de deux marins, de Marie, une jeune infirmière envoyée en Islande , d'une soeur danoise qui s'occupe de l'hospice et d'une jeune institutrice islandaise .

Si il est souvent question dans ce livre du beau roman Pêcheur d'Islande de Pierre Loti , et il existe une similitude entre les sentiments de solidarité et d'amour et les descriptions de la mer, on s'en éloigne largement par la réalité crue de cette pêche et de la misère de ces pêcheurs, par le ressentiment qu'ont les islandais de se faire voler leurs biens halieutiques , par la description assez exhaustive des différentes maladies et blessures qui affectent les hommes .

A chaque époque littéraire son style , celui de Ian Manook correspond sans doute mieux à ce qu'attend le lecteur d'aujourd'hui . Je l'en remercie .
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En 1900, partir pêcher la morue autour de l'Islande, c'est l'enfer sur mer ! Tant d'hommes sont partis de Paimpol pour ce voyage qui sera pour beaucoup sans retour, et les transformera en rien de moins que des forçats.

Ces expéditions maritimes de l'extrême vers cette île, les marins les appelaient « À Islande ». Ian Manook nous raconte une part méconnue de ces destins vrais, à travers une fiction.

Initialement, ce projet devait être un documentaire, un genre que propose régulièrement les éditions Paulsen. Ce récit de voyage s'est transformé en une fiction de voyage. Dans le temps. Et à travers une mer hostile et une terre exigeante.

L'auteur s'est basé sur des faits réels, et un environnement minutieusement reconstitué. Avec comme point d'appui, le destin d'une infirmière française venue mettre en place un hôpital laïc en Islande. C'est l'époque où le gouvernement français sépare les pouvoirs de l'Église et de l'État.

A ses côtés, l'écrivain va modeler plusieurs personnages forts, deux autres femmes de caractère, et quelques pêcheurs qui n'acceptent plus leur sort. Des personnages magnifiques, à la fois lumineux et en pleine phase de questionnements. Des gens qui tentent de sortir de leur condition, cherchent un sens à une vie qui n'est que labeur et extrême souffrance. Pour eux, et pour des autres qu'ils tentent de soulager à leurs manières.

D'une certaine façon, ce roman se rapproche beaucoup du précédent de Ian Manook, L'Oiseau bleu d'Erzeroum, avec cette forme de biographie romancée, qui permet de toucher le vrai du doigt tout en s'attachant à des personnages. Un pan de l'Histoire vu à travers leurs yeux, leurs douleurs, leurs amours, leurs sensibilités et les coups du sort.

Les deux longs premiers chapitres mettent dans l'ambiance. Attendez-vous à vivre cet enfer au plus près des marins. A ressentir l'horreur de leur travail, l'épouvante de leurs conditions de vie. On se retrouve littéralement plongé dans ce passé pas si lointain mais pourtant inimaginable, à croupir dans la crasse, côtoyer les maladies, pourrir sur pied dans d'atroces souffrances. Pour toujours plus de morues, qui valent davantage que la vie des hommes des mers.

Qu'on est loin des récits glorieux de marins bien éloignés de la dure réalité ! Mer et terre hostiles pourraient faire perdre toute humanité. Elle est sauvée par la grâce de belles âmes, que l'auteur va rassembler pour construire une histoire et raconter un pan de leurs vies entrecroisées.

Comme pour son livre sur le génocide arménien, la noirceur de ces existences touche au coeur parce qu'elles sont au plus proche de la réalité passée. Un roman autant historique et social que fictionnel, en somme.

On sort enrichi d'une telle lecture. A découvrir ce qu'était ce début du XXème siècle, à travers un autre prisme. A côtoyer des personnages bouleversants. Et des contrées qu'on ne voit nulle part ailleurs.

Ian Manook fictionne le réel, raconte le passé à travers des âmes, sans rien édulcorer de la dureté de leurs vies. Cette virée À Islande laisse des traces. le genre de lecture atypique et inclassable, profondément humaniste.
Lien : https://gruznamur.com/2021/1..
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« Autour du navire, des masses d'eaux veinées d'écume se dressent et s'affrontent, sumos furieux qui se ruent l'un contre l'autre. C'est plus qu'un combat. le fracas des flots devient terrifiant. C'est une rixe, un pugilat. Des déferlantes jaillissent du ventre de la mer, chevaux d'écumes cabrés jusqu'à hauteur des huniers. Les premiers paquets de mer s'effondrent sur le pont et assomment les hommes détrempés. C'est une tempête de nord-est, l'ouragan boréal des sinistres légendes, et la peur tord les tripes des hommes dès qu'ils le comprennent. »

Ian Manook a l'art des démarrages tonitruants.

Embarquée sur le Catherine, une goélette de Paimpol, j'ai été bousculée, malmenée, éreintée, tourmentée par une séance de pêche à la morue dantesque suivie d'une tempête tout aussi effroyable. Des premiers chapitres très impressionnants qui propulsent le lecteur dans l'enfer de ces campagnes de pêche à haut risque, où l'homme semble bien impuissant face à la fureur des éléments. Les conditions de vie à bord sont tout aussi épouvantables entre promiscuité, crasse, odeurs pestilentielles, maladies et manque de sommeil. On sent que l'auteur maîtrise son sujet, tout est décrit avec minutie en utilisant de nombreux termes spécifiques à la navigation et à la pêche. Les spécialistes apprécieront.

Un début de roman très réussi mais c'est non sans un certain soulagement que j'ai pu poser le pied sur les terres islandaises en compagnie de Lequéré, Kerano et les autres. L'Islande apparait alors comme un havre de paix avec ses vallées pastorales, ses petites maisons de tourbe perdues dans les collines, ses sources d'eaux chaudes et ses fjords majestueux. Ian Manook capture magnifiquement bien les lumières, les couleurs et les détails de ces paysages uniques et spectaculaires.

« Au-dessus d'eux, la bruine s'est teintée d'un halo lumineux, blanc d'abord, puis d'un jaune pâle de plus en plus chaleureux et évanescent à mesure qu'ils progressent. Quand ils émergent soudain du brouillard gris qu'ils ont traversé, tout s'illumine de nouveau dans le paysage. de vieux sommets usés et enneigés sur leur gauche, quelques affleurements montagneux de roches sombres roussies de mousse sur leur droite, et rien devant eux qu'une vaste mer de nuages. Kerano est sidéré par la beauté de ce paysage d'îles éparses sur un océan de brumes. »

J'ai été par contre moins captivée par l'histoire à Bùdir. En se basant sur des faits réels, Ian Manook nous décrit l'envers du décor de la pêche dans les mers islandaises en cette fin du XIXème. Comme souvent malheureusement, on découvre donc que l'appât du gain d'une minorité se fait aux dépens des pêcheurs contraints de risquer leur vie pour un salaire misérable. Des conditions de vie précaires, inhumaines et révoltantes.
Mais le récit semble parfois hésiter entre roman et documentaire. C'est particulièrement perceptible dans les dialogues qui ne paraissent pas toujours très naturels. L'histoire et les personnages perdent alors en finesse et en émotion.

Un roman que j'ai beaucoup aimé pour son côté complètement immersif dans le monde de la pêche et pour ses très belles descriptions de paysages, un peu moins en revanche quand il devient plus documentaire.
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Encore un récit sur les pécheurs de Paimpol, ces forçats de la mer.
Comme Kerano, l'instituteur, qui s'engage pour une campagne de pêche en mer d'Islande après avoir lu et cru Pierre Loti, je me devais de lire celui-ci.
Lequéré, fort de ses 10 campagnes, le prend sous son aile car, très vite, Kerano est dépassé par les conditions de travail éreintantes, les conditions de vie, d'hygiène épouvantables qui règnent à bord, les mauvais coups que lui font ses « camarades » et pour finir une vilaine blessure à la main que le capitaine se fait fort d'ignorer.
Au-delà de cette évocation, c'est aussi à l'occasion du naufrage de la Catherine de rencontrer les Islandais, les vrais, quoique…
En confrontant par des dialogues les intérêts et convictions des uns et des autres on découvre l'opposition entre les autorités françaises qui envoient Marie Brouet, infirmière, seconder le médecin sur place, évinçant ainsi les religieuses qui ont toujours pris en charge les malades sur l'île mais aussi les naufragés, les équipages malades. Elle, investie de sa mission républicaine, pleine de certitudes se doit représenter le nouvel Etat laïc, vs soeur Elisabeth, qui pleine de dévouement réalise que le sort des pécheurs est conditionné par les interdits alimentaires de consommer de la viande près de deux cents jours par an. Eilin, l'institutrice, confronte la soi-disant générosité de l'Etat français qui dote l'île d'un hôpital mais oublie de préciser qu'il pille littéralement les eaux islandaises. Et que dire des armateurs qui calculent jusqu'au moindre millimètre de cambuse abominable pour faire toujours lus de bénéfices, de ces capitaines qui acceptent les conditions scandaleuses qu'on impose aux hommes.
Ce récit a le mérite d'être très réaliste. Sur fond d'histoires d'amour, il expose la triste réalité des forçats de Paimpol dont le sacrifice est magnifié dans l'imaginaire populaire et par Pierre Loti, lui-même.
Pour autant, j'ai adoré « Pécheur d'Islande » et ce sont Yann Gaos et Gaud qui m'ont touché au coeur.
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Quel que soit le pseudonyme adopté par Patrick Manoukian selon la localisation de son nouveau roman, le talent est toujours là. Encore plus dense, plus évocateur …Plus cruel aussi, et tellement réaliste. Une nouvelle fois, la scène d'ouverture est époustouflante : c'est la marque de fabrique de l'auteur … le naufrage d'une goélette drossée sur la côte sud-est de l'Islande, comme si vous y étiez …

Avec des personnages particulièrement attachants : Corentin Lequéré, marin plus sage que son capitaine, Kerano, l'instituteur qui s'est engagé pour éprouver la vie des pêcheurs d'Islande après avoir lu le chef-d'oeuvre de Pierre Loti, Arthur, qui cache son origine française car il n'a jamais voulu quitter cette ile isolée qui subit régulièrement les tremblements de terre. Les femmes sublimes aussi : soeur Elisabeth, responsable danoise depuis 7 ans des marins naufragés, Marie Brouet l'infirmière, envoyée de Paris pour laïciser l'hôpital français dédié à la santé des marins blessés, Eilin, la jeune et belle institutrice islandaise qui cite dans le texte les poètes, français et anglais.

On conçoit difficilement aujourd'hui la condition des marins qui « mèquent » la morue au péril de leur vie, dans des navires mal conçus, où la cargaison a plus de prix que leur vie, où les blessures impliquent souvent de terribles séquelles …

J'y ai appris par exemple ce qu'est une poulaine – non, il ne s'agit pas d'une chaussure médiévale – pas encore obligatoire sur les navires de cette époque … Je ne vous fais pas un dessin.
On y trouve des tas de termes techniques et autant de raisons de périr sans un cri dans l'eau en furie parsemée de blocs d'icebergs arrachés aux glaciers par la terre instable, pour un salaire de misère mais cependant plus attractif que ce qui attend les paysans restés à Paimpol - la rapacité des armateurs – parfois des marins enrichis – la condition d'esclaves de ces héros contraints de se dépasser pour fournir l'extraordinaire quantité de poissons que la religion catholique impose par ses centaines de jours annuels de carême …

Car le propos politique n'est pas absent de ce roman. On le voit effleurer à juste raison … tout comme l'émotion, à chaque page. Scènes de violence ordinaire, paysages sauvages, personnages émouvants … On se représente parfaitement l'ambiance de cette année 1904 sur cette île où les sagas et légendes restent prégnantes, avec ses grandeurs et ses combats …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Chronique de Serial Lecteur : le billet de Jean Luc
Je connaissais Ian Manook à travers ses différents polars. J'avais toujours été moyennement séduit par ses personnages mais là avec ce dernier roman historique je me suis pris une grande claque !
Ian Manook dans ce roman fait place à des héros méconnus du début du 20eme siècle, en l'occurrence ceux qui embarquaient pour la pêche à la morue dans les eaux dangereuses et glaciales de l'Islande.
Il décrit le folklore islandais, les paysages volcaniques dangereux, mais aussi les conditions de travail ou plutôt de vie des pêcheurs de Paimpol embarqués à bord de goélettes insalubres.
Il y a bien sûr tout un côté romanesque mais Ian Manook ne nous entraîne pas dans une histoire fleur bleue , bien au contraire …
Pour moi , une magnifique histoire où j'ai redécouvert cette fois-ci, un auteur que je croyais connaître !
Une très beau roman historique qui m'a fait découvrir tout un pan de l'histoire maritime où l'on est à mille lieux du roman de Pierre Loti (Pêcheurs d'Islande), mais bien plutôt dans un monde cruel et sans pitié.

Lien : https://collectifpolar.fr/20..
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« -  Au banc, fainéants.
Lequéré est un solide gaillard de vingt-cinq ans. Avec dix campagnes « à Islande », comme on dit à Paimpol, une comme mousse, une comme novice et huit comme pêcheurs, il sait reconnaître le ton sans appel d'un capitaine au bord de la colère. Il enfile sa vareuse et chausse ses sabots-bottes. Il les a choisis bien plus grands qu'à sa pointure, sur les conseils de son père avant que la mer ne l'emporte. A cinq kilos par pied, mieux vaut pouvoir les déchausser au plus vite si tu tombes par dessus bord, avait-il dit. Une histoire à couler droit debout vers les fonds sombres , les pieds lestés , comme un voyou puni dans un mauvais port. »

Voilà l'ambiance ..

Nous sommes en 1904, Corentin Lequéré et ses camarades ont embarqué à bord du Catherine, pour une nouvelle campagne de pêche à la morue dans les eaux froides ( de trois à cinq degrés) au large de la côte islandaise. Les deux premiers chapitres du livre de Ian Manook nous immergent (presque au sens propre !) dans ces eaux tumultueuses, sous le blizzard d'hiver qui secoue et malmène la goélette qui « empeste le sang et la saumure » et dans le travail harassant des pêcheurs. Vous saurez tout sur la pratique de la pêche hauturière et la vie à vingt-quatre sur un bateau de pêche au début du siècle dernier !

La suite du récit nous emmène sur la terre ferme, dans le petit port de Fáskrúdsfjördur et son tout neuf « Hôpital français d'Islande » et nous y ferons connaissance avec Marie, jeune infirmière paimpolaise, Elisabeth, religieuse danoise des Oeuvres De Mer, Eilin, institutrice islandaise et son père Arthur, et les marins pêcheurs malades ou naufragés ... toute une galerie de portraits bien campés, dans de superbes paysages islandais que Manook connaît bien et qu'on aimerait bien visiter un jour !

Inspiré de faits et de personnages réels , extrêmement bien documenté, le roman dresse un tableau très dur mais très réaliste de la vie de ces « forçats de la mer » : embarqués non par vocation mais par nécessité, pour faire vivre une famille nombreuse que la terre ne suffit pas à nourrir, ils pêchent dans des conditions terribles, parqués sur des bateaux insalubres et pestilentiels, soumis au froid, à l'humidité, à la promiscuité, au manque de sommeil, à l'alimentation déséquilibrée , aux blessures et maladies. Sans compter l'alcool, distribué largement pour faire oublier le reste et maintenir les rendements pour l'armateur ! On est très loin des beaux et fiers Islandais décrits par Loti dans Pêcheurs d'Islande....

L'épopée de la grande pêche, des rencontres attachantes en terre d'Islande, une réflexion sociale et environnementale, des paysages magnifiques, de vieilles légendes islandaises, il y a de tout dans ce dernier Ian Manook et on se laisse embarquer dans l'aventure avec grand plaisir.

Un roman à conseiller à tous ceux qui aiment les romans à trame historique et sociale, que la Bretagne enchante et que l'Islande fait rêver !

Et pour ceux qui voudraient en savoir plus, voir à quoi ressemble «  en vrai » un sabot-botte ou une goélette , on peut visiter ( comme l'a fait Manook d'ailleurs ) le musée « Mémoire d'Islande » à Ploubazlanec, près de Paimpol, et s'attarder aussi au « Mur des disparus » qui perpétue la mémoire de toutes les goélettes disparues corps et biens en mer d'Islande.
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Islande, années 1900. Chaque année, de nombreuses goélettes quittent Paimpol pour la pêche à la morue dans les eaux froides d'Islande. Les conditions de travail et d'hygiène imposées sur les bateaux, totalement déplorables, mettent régulièrement en danger la santé et la vie des pêcheurs : naufrages, accidents, maladies mortelles, malnutrition, alcoolisme... de fait, leurs souffrances est la dernière des préoccupations des armateurs, exclusivement occupés à optimiser le rendement des "campagnes".

Pour nous raconter ces existences de sacrifice et de misère, Ian Manook, de son vrai nom Patrick Manoukian, également journaliste, convoque un personnage digne et révolté : Corentin Lequéré, simple marin qui a pourtant l'étoffe d'un capitaine. Avec lui, on découvre la vie à bord puis, dans un second temps, sur l'île d'Islande, pays de volcans et de glaciers, de sources chaudes et de mousses chamarrées.

Si le travail de recherche qu'à fait l'auteur pour retranscrire ce contexte historique et ces vies sacrifiées est formidable 🤓 , les deux histoires d'amour – des bluettes ! – m'ont laissée un peu dubitative 🤨 Peu importe, Ian Manook a su m'embarquer et me faire découvrir un monde !
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L'auteur n'est pas du genre à raconter des bobards. Il se renseigne avant de coucher sur le papier les aventures vécues ou imaginaires de personnages aux destins peu courants. Ici, L Histoire a rendez-vous avec nous. Dans les fjords de de l'Est de l'Islande, les conditions de vie sont liées à la rudesse du climat et au travail nécessaire pour celles et ceux qui ont choisi d'y vivre, ou échoué là pour des raisons qui leur appartiennent. La pêche à la morue bat son plein en ce début de 20ème siècle, les armateurs affrètent des goélettes pour affronter les mers froides au près des côtes islandaises, eaux poissonneuses dont la morue est la principale ressource. Les conditions de travail des marins pêcheurs mélangent l'esclavage à la supposée grandeur du métier, mirage exploitée par des patrons sans scrupules. Ian Manouk nous fait vivre la vie de ces hommes et de ces femmes, infirmières ou religieuses qui partagent le privilège d'alléger les souffrances de ces ouvriers de la mer. Marie Brouet est l'une d'entre elles, se voit offrir un poste richement doté afin de mieux bouter l'Église et servir de symbole à l'État laïque dans ces terres hostiles.
Le propre de cet auteur est de nous faire partager le sort de ses personnages, le tout dans un souci de véracité jamais démenti.
Le pari est réussi, les femmes et les hommes aiment, souffrent et meurent sous nos yeux.
Je suis passé dans ce lieu où l'hôpital dont il est question a été transféré de l'autre côté du fjord, où le cimetière dont on voit les croix est le symbole de la cruauté de conditions de travail digne du Moyen-âge.
Le décor naturel est grandiose et âpre.
A lire
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C'est avec plaisir que je retrouve Ian Manook. J'avais lu en effet il y a quelques années sa série policière avec le commissaire Yeruldelgger se passant en Mongolie. Série de trois, intrigue prenante, style alerte et vigoureux, descriptions non touristiques ni édulcorées donnant l'impression que tout cela a été écrit par un quidam du cru. Que non, petite recherche internet, Ian Manook est un français bien de chez nous, origine arménienne quand même, trois quatre pseudonymes, pourquoi ?, de nombreux livres, un passé de routard. Avec un tel nom, j'imaginais un roumano-mongolo-afgan. Mais non. Soit.

Avec A Islande, 1904, nous embarquons sur une goélette pour une saison de pêche à la morue, en Islande. Bien qu'imprégnée de Pierre Loti, c'est une autre histoire, une autre ambiance. Et avec le style Manook, nous approchons le quotidien de ces forçats de la mer, dormant sur des paillasses infestées de vermines d'urine et autres gracieusetés, pas de latrines, le sol suffit, labeur en toutes conditions d'insécurité, où la quantité de morues pêchées compte plus que l'homme. Qui l'eut cru pour qui ne savait pas.
Et pour parachever le tout car ce n'est pas de la littérature feel good, un naufrage près des côtes d'Islande, les Islandais ne sont pas des naufrageurs mais l'épave leur appartient.

Puis nous abordons, tranquillement cette fois ci, une autre histoire.
Petite galerie de personnages :
Lequéré, un marin pêcheur, le bon, le brave, le juste, le rebelle.
Kérano. Un instit venu galérer marin pêcheur, on ne sait pourquoi, une gène plus qu'autre chose pour l'équipage, s'attire l'amitié et la protection de Lequéré.
Marie, bretonne, infirmière, venue prendre la tête de l'hôpital français bonne conscience de la France envers ces pauvres islandais qu'elle pille allègrement. Elle détrône du lieu Elisabeth, la religieuse, pour cause de laïcité.
Elisabeth, la religieuse détrônée en mal de dieu et d'amour.
Deux indigènes, un père et sa fille, pas plus islandais que vous et moi, ah si pour moitié pour la fille.
Un bon docteur danois et son épouse potiche.
Des sales types qui ne méritent pas que l'on s'arrête davantage sur eux.

Je vous laisse découvrir tout ce va arriver à tout ce grand monde. Les histoires d'amour, les contemplations islandaises, les amputations et autres maladies, les réflexions existentielles, les projets porteurs de rêve.

A Islande, une première partie qui nous fait tomber des nues, puis plus classique un déroulé d'histoires écrites à la Manook, c'est à dire, prenantes et vous maintenant sous pression.

Quelques remarques négatives, ce n'est pas interdit.
Les islandais, il y en a pas ou peu, sauf deux qui ne sont pas vraiment islandais.
Un manichéisme basique faisant craindre un décalage entre vérité historique et vérité d'auteur. Les armateurs, les riches sont tous des sales types et les pauvres pêcheurs l'inverse sauf ceux qui sont aussi des sales types.
Une première partie très détaillée puis une deuxième un peu trop lapidaire qui se termine en épilogue résumé.
Dieu qui en prend pour son grade. Pourquoi ne pas le laisser tranquille.
Enfin, à vous faire rougir à contrario, des tirades récitées par coeur de Shakespeare et autres poètes dont certains qui me sont inconnus. Crédible, où l'enseignement était il particulièrement bon à cette époque ?

A part cela et ce que j'ai oublié, c'est très bien et bon vent à Manook, sous d'autres latitudes.
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