C'est avec plaisir que je retrouve
Ian Manook. J'avais lu en effet il y a quelques années sa série policière avec le commissaire
Yeruldelgger se passant en Mongolie. Série de trois, intrigue prenante, style alerte et vigoureux, descriptions non touristiques ni édulcorées donnant l'impression que tout cela a été écrit par un quidam du cru. Que non, petite recherche internet,
Ian Manook est un français bien de chez nous, origine arménienne quand même, trois quatre pseudonymes, pourquoi ?, de nombreux livres, un passé de routard. Avec un tel nom, j'imaginais un roumano-mongolo-afgan. Mais non. Soit.
Avec
A Islande, 1904, nous embarquons sur une goélette pour une saison de pêche à la morue, en Islande. Bien qu'imprégnée de
Pierre Loti, c'est une autre
histoire, une autre ambiance. Et avec le style Manook, nous approchons le quotidien de ces forçats de la mer, dormant sur des paillasses infestées de vermines d'urine et autres gracieusetés, pas de latrines, le sol suffit, labeur en toutes conditions d'insécurité, où la quantité de morues pêchées compte plus que l'homme. Qui l'eut cru pour qui ne savait pas.
Et pour parachever le tout car ce n'est pas de la littérature feel good, un naufrage près des côtes d'Islande, les Islandais ne sont pas des naufrageurs mais l'épave leur appartient.
Puis nous abordons, tranquillement cette fois ci, une autre
histoire.
Petite galerie de personnages :
Lequéré, un marin pêcheur, le bon, le brave, le juste, le rebelle.
Kérano. Un instit venu galérer marin pêcheur, on ne sait pourquoi, une gène plus qu'autre chose pour l'équipage, s'attire l'amitié et la protection de Lequéré.
Marie, bretonne, infirmière, venue prendre la tête de l'hôpital français bonne conscience de la France envers ces pauvres islandais qu'elle pille allègrement. Elle détrône du lieu Elisabeth, la religieuse, pour cause de laïcité.
Elisabeth, la religieuse détrônée en mal de dieu et d'amour.
Deux indigènes, un père et sa fille, pas plus islandais que vous et moi, ah si pour moitié pour la fille.
Un bon docteur danois et son épouse potiche.
Des sales types qui ne méritent pas que l'on s'arrête davantage sur eux.
Je vous laisse découvrir tout ce va arriver à tout ce grand monde. Les
histoires d'amour, les contemplations islandaises, les amputations et autres maladies, les réflexions existentielles, les projets porteurs de rêve.
A Islande, une première partie qui nous fait tomber des nues, puis plus classique un déroulé d'
histoires écrites à la Manook, c'est à dire, prenantes et vous maintenant sous pression.
Quelques remarques négatives, ce n'est pas interdit.
Les islandais, il y en a pas ou peu, sauf deux qui ne sont pas vraiment islandais.
Un manichéisme basique faisant craindre un décalage entre vérité historique et vérité d'auteur. Les armateurs, les riches sont tous des sales types et les pauvres pêcheurs l'inverse sauf ceux qui sont aussi des sales types.
Une première partie très détaillée puis une deuxième un peu trop lapidaire qui se termine en épilogue résumé.
Dieu qui en prend pour son grade. Pourquoi ne pas le laisser tranquille.
Enfin, à vous faire rougir à contrario, des tirades récitées par coeur de
Shakespeare et autres poètes dont certains qui me sont inconnus. Crédible, où l'enseignement était il particulièrement bon à cette époque ?
A part cela et ce que j'ai oublié, c'est très bien et bon vent à Manook, sous d'autres latitudes.