Un ouvrage que j'ai lu dans les années 1968 dans ma quête d'information sur un phénomène historique qui modelait à l'époque nos représentations et nos rêves . Ouvrage sérieux , ni hagiographique , ni exagérément critique .A remarquer des cahiers d'images propres à enflammer les imaginations (comme les films d'Eisenstein)
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On ne peut attendre d'un appareil (l'administration) aussi déficient ni efficacité ni autorité. Il est un instrument de l'autocratie et, ce qui n'arrange rien, un mauvais instrument. Ses meilleurs agents, conscients de l'urgence qu'il y a à transformer ou, tout au moins, à amender la nature du pouvoir et à y associer les couches supérieurs de la population, s'avéreront totalement incapables d'en convaincre le tsar. Les projets les plus modérés de réformes se heurtent à son refus. Jusqu'à la veille de la révolution de 1917, le régime pratiquement demeurera égal à lui-même : l'arbitraire fera office de règle de fonctionnement et l'incompétence achèvera d'en précipiter la ruine.
169 - [Marabout université n° 136, p. 15]
Alexandre III (1881-1895) (...) revient à l'autocratisme le plus rigide. Quand il monte sur le trône, celui qu'un de ses dignitaires appelle tour à tour "l'idiot couronné" et "l'auguste imbécile" déclare, dans son célèbre manifeste du 28 avril 1881, que "dorénavant il ne discutera plus qu'avec Dieu les destinées de son Empire". Ce dialogue n'ayant pas donné tous les résultats qu'en attend le tsar, il choisit pour confident supplémentaire C. Pobiedonostsev qui incarne de manière presque pathétique l'esprit réactionnaire. L'empereur en fait son conseiller favori et c'est à son souverain que Pobiedonostsev confie cette pensée à laquelle l'histoire ne demeurera pas sourde : " Une révolution en Russie, le plus sanglant des bouleversements, est préférable à une Constitution". Faut-il s'étonner que la répression, qui avait été jusqu'alors, l'instrument de l'autocratie, en devienne, avec Alexandre III, la raison d'être ,
170 - [Marabout université n° 136, p. 16]
Nicolas II nous a laissé un journal qui en dit long sur les préoccupations réelles et sur son envergure. A côté de la mention des audiences qu’il accorde et des visites qu’il rend, on y trouve, plus longuement évoqués, les détails de sa vie de famille et, non moins minutieusement décrites, ses activités préférées : sports et jeux au grand air, qu’il s’agisse de se distraire avec ses chiens, d’équitation, de patinage ou, surtout, de chasse. A ce dernier propos, son journal énumère et précise le produit de ses battues. Là résidait sa véritable passion. L'incompréhensible, et fatal paradoxe, c’est que ce même homme ait eu, jusqu'à la fin de son règne, la prétention de diriger les destinées d’une grande puissance.
171 - [Marabout université n° 136, p. 17-18]
... ne souhaitait-il (Nicolas II) pas que le mot "intellectuel" soit rayé du vocabulaire ?
542 - [Marabout-Université n°136, p. 18]
En ce qui concerne la Révolution russe ,l'oeuvre n'étant point achevée ,il est,à la rigueur ,loisible de suspendre son jugement.Les dimensions qu'elle a eues ,les effets qu'elle a engendrés font en tous cas d'elle un des plus grands moments de l'histoire.