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Il faut vraiment rentrer dans ce bouquin pour passer outre l'invraisemblance de la présence d'un violon dans le crâne du récitant, difficile à admettre pour un cartésien comme moi. Mais finalement cette allégorie de la différence est très poétique et le combat mené par ceux qui ne veulent pas être considéré comme anormaux très touchant. Et puis il y a cette histoire d'amour qui fait penser à Boris Vian.
Dommage qu'il faille un fin car elle a toujours un petit goût d'inaccompli.
Mais c'est la preuve d'une très bonne histoire.
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Quand j'ai rencontré Gilles Marchand au Printemps du Livre du Montaigu, je ne le connaissais pas . Et il m'a parlé de son livre, de l'histoire de Stradi, né avec un violon dans la tête. Je n'avais pas besoin d'en savoir plus, il fallait que je le lise. Et grand bien m'en a pris car c'est à regret que j'ai refermé cette fable poétique et musicale.

Traiter la question du handicap avec autant de poésie était un pari difficile mais Gilles Marchand l'a largement gagné. Sur les lignes de la portée qu'il a dessinée, on trouve aussi une histoire d'amour et d'amitié. On y joue la vie, celle de Stradi, l'enfant dont on gomme le prénom pour le surnommer de sa différence, celui qui va devoir apprendre à vivre dans une société qui a du mal avec ceux qui sortent de la partition. Il est difficile de jouer dans l'orchestre quand on a un violon mais pas l'archet. Compliqué d'être compositeur quand on ne maîtrise pas l'instrument. 

L'écriture est merveilleuse, à la fois douce et forte, tendre et triste. Belle. Musicale. Une plume qui chatouille l'imaginaire, tantôt piano, tantôt fortissimo, en créant juste ce qu'il faut d'impossible pour servir son propos avec délicatesse et fantaisie. Tout est juste et bien dosé. Un funambule sur le sable, c'est une chanson dont on aime et les paroles et la musique.

Il y a du talent plein les pages alors allez-y, tournez-les, prenez-en plein les yeux, la tête et les oreilles.
Mais méfiez-vous, je crois que le violon de Stradi est contagieux, parce qu'en refermant ce livre, je l'entendais encore.
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Ce livre m'a été recommandé par de nombreux lecteurs et même si le pitch "Stradi naît avec un violon dans la tête" me semblait vraiment loin de ce que j'aime lire, pour moi, aimer la littérature c'est accepter de se remettre en question et donc de bousculer mes habitudes, mes goûts littéraires. Je lis essentiellement de la littérature américaine, beaucoup de romans noirs mais je sors régulièrement, volontairement de ma zone de confort. Parfois, cela fonctionne magnifiquement comme avec leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, qui se déroule pourtant très loin de l'Amérique et du nature writing ! Parfois, moins et là c'est le cas.
Je n'ai vraiment rien à reprocher à ce livre, j'ai même pris plaisir à le lire et n'ai eu aucune difficulté à le reprendre et à le finir. le propos est original et beau, il est très bien écrit et beaucoup de citations sont à retenir. Il a une vraie portée littéraire et je ne me suis jamais sentie "escroquée" ou manipulée comme avec l'alchimiste de Paulo Coelho par exemple. L'histoire de Stradi, qui nait avec un violon dans la tête et aspire juste à vivre comme tout le monde est une belle histoire. Les propos de l'auteur sur la différence sont justes, tolérants, avec la note d'humour et de décalage qui permet d'éviter le ton sentencieux et la leçon de morale. C'était ma crainte principale et rien de cela dans ce livre. Pas de philosophie à deux balles !!!
Alors ce qui n'a pas fonctionné pour moi et m'a empêché d'entrer complètement dans la tête de Stradi est vraiment le thème même du livre. Je ne suis jamais parvenue à y croire. Je crains d'être une incorrigible réaliste et de ne pas savoir oublier le réel pour entrer vraiment dans une fable. Je le regrette mais je ne peux jamais me laisser totalement embarquer même si le talent de l'auteur et sa sincérité sont ici incontestables.
En tout cas, Gilles Marchand a une très belle plume et un univers bien à lui. Je le lirai donc avec plaisir de nouveau cet auteur, en espérant un roman moins onirique donc davantage fait pour moi.
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Après le succès d' "Une bouche sans personne" dans lequel Gilles Marchand abordait déjà la notion de handicap, l'auteur persiste et signe dans "Un funambule sur le sable" publié en 2017 aux Editions Forges de Vulcain.
p. 43 : " J'étais un enfant avec un surnom. Je n'étais rien et je devins Stradi. Comme quelqu'un qui aurait un super-pouvoir."
Stradi oui.... comme Stradivarius, le violon ! A sa naissance, les médecins apprennent aux parents que leur bébé va bien, mais qu'il a une particularité singulière : il a un violon dans la tête. Une intervention chirurgicale d'ablation de ce violon n'est pas envisagée dans un premier temps.
Surprotégé par une maman, professeur de littérature, et un papa inventeur, il lui est impossible d'être scolarisé les premières années de sa vie. Pendant dix ans, chaque mois, une infirmière lui prodigue une infiltration via l'oreille afin de stabiliser son état. Ces soins se révèlent particulièrement douloureux et traumatisants pour lui.
p. 112 : " J'étais plongé dans mes rêveries lorsque maman a frappé à la porte : "C'est l'heure. Ton infirmière est là." J'avais oublié. Nous étions le 25. Telle était ma vie, j'avais à peine le temps de m'envoler que j'étais obligé de redescendre brutalement sur terre. Mon rendez-vous avec la douleur allait balayer tout ce que la journée m'avais offert. "
Alors quelle joie pour Stradi lorsque les médecins donnent enfin leur feu vert pour qu'il intègre une scolarité normale ! Enfin normale....tout ne va pas être si simple...
p. 38 : " Mon arrivée à l'école n'a pas été aussi facile que je l'avais espéré [...] C'est au niveau de l'adaptation sociale que les difficultés sont apparues. N'ayant pas fréquenté l'école maternelle, je n'avais pas le mode d'emploi de la vie en société. "
Malgré un démarrage somme toute compliqué, Stradi va se lier d'amitié avec Max, un autre enfant handicapé. Ensemble ils vont apprendre à surmonter les difficultés liées à leurs différences.
Et Stradi va faire une rencontre qui va bouleverser sa vie. Elle se nomme Lélie. de leur complicité va naître au fil du temps les prémices d'une magnifique histoire d'amour. Mais le jour où celle-ci décide de présenter Stradi à ses parents de manière officielle, il ne pourra réfréner la mélodie de son violon. Destabilisés dans un premier temps, ses parents finissent totalement effrayés lorsque Stradi entre en conversation avec les oiseaux dans le jardin. Ils décident donc de séparer les amoureux en envoyant leur fille le plus loin possible !
Le hasard de la vie va les réunir de nouveau. Mais comment construire une vie de couple lorsque l'on a un violon dans la tête ? L'amour peut-il surmonter toutes les épreuves ?
p. 243 : " Je demandais simplement une vie normale tout en culpabilisant à l'idée que cette vie normale pour moi impliquait une vie anormale pour la femme qui la partageait."
A la fois poétique et fantaisiste, sensible et pudique, Gilles Marchand aborde avec brio la notion de différence et sa perception par une société toujours plus exigeante.
Bref, je suis conquise !
p. 353 : " A vrai dire, je me suis toujours senti comme un funambule. J'ai avancé dans cette société en prenant mille précautions. Légèrement au-dessus, un peu au-dessous ou complètement à côté, je ne sais trop où, mais jamais en son sein. Je me suis maintenu en équilibre tant bien que mal, sachant que je pouvais chuter à tout instant. J'aurais pu considérer mon violon comme un don de la nature mais il était trop lourd à porter. J'ai avancé dans la vie comme un funambule sur le sable, avec un don que je ne pouvis pas utiliser, empêtré et maladroit. "
Lien : https://missbook85.wordpress..
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Quand on a beaucoup aimé un premier roman, c'est avec une impatience teintée d'une once d'inquiétude que l'on attend le suivant. Et j'ai tellement aimé "Une bouche sans personne" qu'il me semblait improbable que Gilles Marchand fasse mieux. Femme et lectrice de peu de foi !!! Ce deuxième roman réunit d'étourdissante manière tout ce qui me fait aimer la littérature ! Une histoire où l'imagination habille de mille éclats la réalité la plus douloureuse. Une histoire inouïe, qui en filigrane laisse entrevoir toutes les émotions du monde. Des personnages qui restent éloignés de tout stéréotype mais parviennent à nous faire capter l'apprentissage de la différence, cette venue au monde qui décale l'existence de ceux qui l'éprouvent. Une écriture qui joue de toutes les ressources langagières pour exprimer, imager, expliquer, décrire, révéler...
Avec son violon dans la tête, Stradi devient le petit frère de ceux qui n'entrent pas dans les cases parce que celles-ci sont trop étroites et qui, du coup, se fabriquent un compartiment singulier qu'ils habitent de tous leurs rêves, de toutes leurs tristesses et de toutes leurs colères. Un compartiment grand ouvert sur ce monde qui les étiquette définitivement par manque d'imagination ou d'empathie ou des deux.
Il y a du bonheur à lire "Un funambule sur le sable", une sorte de joie indicible à découvrir ce que les mots sont capables de faire naître lorsqu'ils sont choisis et agencés avec tant de sensibilité et de virtuosité. du bonheur et comme des ondes de réconfort qui traversent les pages pour s'incruster juste là où la vie palpite en vrai.
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Avec Un Funambule sur le sableGilles Marchand signe un texte original sur les thèmes de la différence et du handicap. La fantaisie, l'émotion et la réflexion y sont indissociables. Différents genres littéraires s'y côtoient : le conte, la fable, le roman d'apprentissage avec un arrière-goût de roman sentimental et quelques passages qui pourraient s'apparenter à de la science-fiction.
Avis aux amateurs de Boris Vian : ce livre est pour vous.
Ce n'est pas une littérature vers laquelle je vais spontanément il faut bien le reconnaître. J'ai du mal à m'attacher aux personnages. Mais dans le cas présent j'ai pris du plaisir à lire les quelque 400 pages. On se laisse happer malgré soi par la magie du style.
J'ai en effet tout particulièrement apprécié la fluidité de l'écriture, la présence constante de références musicales et littéraires. Ce texte est une vraie réussite car Gilles Marchand sait traiter de la différence de manière extrêmement originale.
Je vais d'ailleurs lire son premier roman Une Bouche sans personne. Incontestablement, et beaucoup l'ont dit avant moi, un auteur à retenir pour l'avenir.
Une dernière chose à ajouter sur Un Funambule sur le sable : j'adore la première de couverture. Il est impossible de ne pas la remarquer lorsqu'on la voit dans une librairie. Elle est à elle seule une envie de lecture.
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J'étais tombée littéralement sous le charme du premier roman de l'auteur, Une bouche sans personne. Dans Un funambule sur le sable, Gilles Marchand récidive dans sa façon magnifique d'écrire sur la différence, avec poésie, délicatesse et folie douce.

“ J'étais quelque part entre l'enfant normal et l'enfant handicapé. Il n'existait pas de case pour les gens comme moi. La nature ne m'avait pas prévu, la société ne m'avait pas prévu, la médecine ne m'avait pas prévu et mes camarades ne m'avaient pas prévu. Ils devaient apprendre une nouvelle règle. ”

Le style reconnaissable de l'auteur lui a déjà valu d'excellentes critiques et son premier roman fut même primé. C'est encore une fois dans une réalité poétisée que la différence est décrite au quotidien. Ici, le narrateur, surnommé Stradi, naît et grandit avec un violon dans la tête. Il nous explique comment la musique s'emballe parfois, comment cette musicalité est perçue par son entourage et par tous, qu'ils soient adultes ou enfants. Nous évoluons avec ce personnage intelligent et sensible, enrobés dans son optimisme, dans ses moments de tristesse, dans ses envies de normalité mais aussi avec les atouts que son originalité lui offre : la rêverie, la magie, la spontanéité, la liberté, un monde dans lequel il parle aux oiseaux.

“ S'ils avaient trouvé ça « mignon » au début, j'ai assez vite perçu que mes conversations avec les oiseaux n'emballaient pas mes parents. Pour eux, il s'agissait de jeux d'enfants qu'il allait bien falloir cesser si je voulais avoir une chance d'aller à l'école. C'était un peu comme si je parlais à des meubles ou à un ami imaginaire. Des objets à plumes avec qui il était impossible d'entrer en communication. Ils ne pouvaient pas envisager que j'avais de véritables conversations, si bien que je pris l'habitude de ne plus en avoir devant eux, afin de leur épargner une inquiétude inutile. ”

Mais évidemment rien est facile puisque l'humain se méfie de l'originalité, il la dédaigne même parfois. Sauf Lélie. Cette jeune femme qui fait tourner la tête de notre musicien de la vie, qui fait vibrer ses cordes et envoler les notes. Un quotidien pas toujours si simple mais emprunt de joie et de drôlerie. Lélie a su apprivoiser cet homme au violon, ou peut-être est-ce l'inverse. Elle a su écouter son coeur, aller au-delà des a priori et des fortes réticences de ses parents. Alors Stradi est heureux, Stradi est amoureux comme jamais. Car, comme tout ce qu'il vit et entreprend, il le fait avec passion.

Puis il y a Max, son ami différent comme lui, à un détail près. La différence se voit chez Max puisqu'il boîte, pas comme Stradi pour lequel le violon est caché dans sa tête. Alors ces deux copains d'école ne vont plus se quitter, ils vont se comprendre, ils vont plonger dans un univers musical omniprésent, une évasion aux notes parfaites de God only knows des Beach Boys.

De l'enfance à l'âge adulte, nous suivons donc ces trois personnages entiers dépeints sous la plume délicate de l'auteur. Les courts chapitres défilent et les émotions restent. Même si le tempo allant crescendo et le final époustouflant de Une bouche sans personne me l'a fait légèrement préférer à Un funambule sur le sable, j'ai tout de même vraiment adoré ce dernier pour toute la douceur qui s'en dégage du début à la fin. Les personnes qui n'accrochent pas à la fantaisie préféreront sans aucun doute celui-ci qui est plus tendre, plus régulier dans les sentiments qui émanent des chapitres, et beaucoup moins loufoque. Mais dans tous les cas, c'est sans contexte un véritable plaisir de retrouver cette poésie magique qui raconte la différence et l'originalité comme personne, et qui dépeint si justement les relations humaines et la société en général.

“ La société dans son ensemble n'attendait et ne désirait qu'une seule chose de moi : que je sois comme tout le monde. Depuis des années, je me battais pour m'adapter à cette société qui m'avait toléré. Mais cette société faite par des hommes et des femmes n'était pas quelque chose de naturel. La société avait décidé que l'on pouvait manger des vaches et des veaux mais surtout pas de chat, elle avait décidé que les hommes pouvaient avoir plus de responsabilités que les femmes, qu'il était normal qu'il y ait des riches et des pauvres, que l'on devait vouvoyer un adulte mais que ces derniers n'étaient pas tenus de vouvoyer un enfant. La société avait établi tout un tas de règles mais n'avait rien prévu pour les gens qui n'étaient pas capables de les suivre pour des raisons indépendantes de leur volonté. Elle les acceptait mais ne leur donnait pas une réelle chance à part celle de rester bien sagement assis sans trop déranger et surtout, surtout, sans oublier de lui dire merci. ”

En bref, ce roman est une nouvelle réussite de Gilles Marchand qui confirme ses talents de conteur. À mi-chemin entre le réel et l'imaginaire, il détient plus d'une corde à son violon et c'est avec émotions, poésie et délicatesse que nous plongeons dans le monde spontané, imagé et musical des personnages, confirmant que la normalité peut tout à fait se mélanger à l'originalité si tant est qu'il faille faire une différence, mais appuyant également sur la difficulté de choisir entre rester soi-même ou renoncer à tout ce qui fait notre personnalité et notre être.

“ À vrai dire, je me suis toujours senti comme un funambule. J'ai avancé dans cette société en prenant mille précautions. Légèrement au-dessus, un peu au-dessous ou complètement à côté, je ne sais trop où, mais jamais en son sein. Je me suis maintenu en équilibre tant bien que mal, sachant que je pouvais chuter à tout instant. J'aurais pu considérer mon violon comme un don de la nature mais il était trop lourd à porter. J'ai avancé dans la vie comme un funambule sur le sable, avec un don que je ne pouvais pas utiliser, empêtré et maladroit. ”

Lu dans le cadre de la Masse Critique de Babelio. Un grand merci à eux ainsi qu'aux Éditions Aux Forges de Vulcain pour cette belle lecture !
Lien : https://ducalmelucette.wordp..
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Voici un livre dont il n'est pas facile de parler tant il véhicule d'émotions différentes.
C'est un conte, empli de joie, de douleur, de fantaisie, de déception et d'optimisme. le tout servi par une écriture aérienne, toute en délicatesse.

Un conte qui parle de ces différences qui font que certains sont rejetés, mal intégrés dans une société qui vous formates dés la naissance.
C'est ce qui arrive à Stradi, qui doit son surnom à ce violon qui est dans sa tête et qui grandit avec lui. Qui grandit et qui joue de ses cordes en permanence. Pas facile alors d'avoir une vie ordinaire.

Mais Stradi est tout sauf ordinaire et il est bien décidé à vivre dans cette société qui le rejette. Et si la douleur fait partie de son quotidien, son optimisme et son humour vont lui permettre de traverser bien des épreuves.

Et puis il y a l'amitié, avec un autre garçon, Max, "différent" lui aussi et surtout l'amour, avec Lelie. Et ces deux personnes là seront sa boussole, son encrage qui vont lui faire aimer la vie envers et contre tout.

Un livre qui fait du bien, et que j'ai refermé le sourire aux lèvres. Alors merci à son auteur, Gilles Marchand pour ce doux moment passé en compagnie de Stradi, de Max et de Lelie.

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Mon premier est "une bouche sans personne", mon deuxième est "un funambule sur le sable", paru il y a quelques jours, mon tout est un écrivain de grand talent. Oui, j'ose l'avouer, je voue une grande admiration et un profond respect à Gilles Marchand, auteur talentueux.

Je n'avais pourtant pas classé son premier roman parmi mes préférés. Certes, j'avais beaucoup apprécié le thème abordé, certes j'étais tombée sous le charme de son écriture. Mais le diable se cache dans les détails et justement dans ces détails j'y avais retrouvé des moments douloureux de ma vie. Mais là, j'ai dansé sur le sable au son d'un violon, joué les funambules derrière un Max qui traînait sa jambe, souri et même ri aux mots tricotés au point de riz par Gilles Marchand, je me suis réjouie des progrès de Stradi… oh ! mais suis-je bête, je ne vous ai encore rien dévoilé de l'histoire racontée.

Que dire de ce roman ? Je pourrais dire Ô dieu bien des choses en somme, et même sans varier le ton : par exemple, tenez, je pourrais dire qu'il s'agit d'une histoire de différence. Stradi, le narrateur, est un enfant né avec un violon dans la tête. Oui, c'est très étrange et le corps médical semble sans voix devant un tel phénomène. Max, lui, est porteur d'un handicap physique, il boîte. Alors forcément visible ou invisible, la différence change le regard des autres. Mais ces deux-là vont se construire avec cette différence et en faire une force et comme le dit l'auteur : "Les vrais héros ne sont pas ceux qui ont des super pouvoirs, mais ceux qui en sont dénués et qui continuent à avancer." Je pourrais dire aussi qu'il s'agit d'une histoire d'amour entre Lélie et Stradi, qu'il s'agira bientôt d'une histoire de paternité. Mais je n'aurais dit qu'une infime partie de ce que représente cet ouvrage.

J'aurais oublié de vous parler de la poésie jamais absente, de la tendresse présente à chaque détour de phrases, de la gravité tempérée d'humour, de cette tolérance qui rejaillit sur tout. J'aurais oublié de vous dire l'optimisme, la bienveillance, l'absence de préjugés. J'aurais oublié de vous parler du monde magique de Gilles, de ce charme dont il saupoudre ses écrits, de sa fantaisie, des expressions avec lesquelles il jongle. J'aurais oublié de vous faire écouter la bande son qui accompagne le roman, et m'a enchantée, des Beach Boys à Colette Renard en passant par Gainsbourg et Dire Straits ou encore l'aigle noir de Barbara. J'aurais oublié de vous dire l'importance de la littérature, toujours là, en embuscade. J'aurais oublié de vous narrer les facéties de l'auteur qui subrepticement trouve un interstice pour glisser dans sa nouvelle histoire le titre de son précédent roman. J'aurais oublié de relater l'imaginaire porté à son paroxysme sans jamais perdre de vue l'essentiel du propos.
Tout est subtil, gracieux, musical, à la fois léger et profond et tellement, tellement beau.
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Le lecteur ne connaitra pas son vrai prénom : il se fait appeler par son surnom ou plutôt, non, même pas : le diminutif de son surnom ! On l'appelle « Stradi », pour « Stradivarius », parce que c'est ça qui le définit : il a un violon dans la tête.
Le personnage de Gilles Marchand évolue dans un drôle de monde, un monde à la Boris Vian ou à la Mathias Malzieu : un monde où les jeunes couples achètent des demi-chiens, où les chercheurs fous partent vivre en Grammairie centrale et où l'on vient emprunter des idées comme on emprunterait des livres. Mais dans ce monde parallèle, s'il est possible – quoique rare – d'avoir un violon dans la tête, cela est source d'isolement social – surtout si, grâce à ce violon, on se met à parler aux oiseaux…
Si ce roman est une jolie métaphore du handicap, moteur ou mental, il dépeint également un univers très singulier et vivant. Les descriptions épousent les sentiments du personnage principal à la manière d'une peinture expressionniste et le récit oscille constamment entre réalisme et merveilleux. le ton est tantôt grave – l'isolement de Stradi et de son ami Max, notamment, est décrit avec beaucoup de justesse – tantôt franchement drôle. le livre se lit assez vite, malgré quelques longueurs dans la deuxième partie. Je trouve néanmoins que l'épilogue aurait mérité d'être approfondi…
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