"exister, c'est différer", est-il inscrit en exergue de ce roman. Différer: être différent? C'est ce qu'est Ksusha, assurément. Différente, et son entrée dans l'existence, dans le monde réel, dans la société russe de ce début de XXIème siècle ne va pas de soi. Différer au sens de "reporter à plus tard"? c'est aussi de cela dont il est question, car Ksusha et Lounia s'aiment, mais lorsque deux femmes s'aiment à Saint Pétersbourg en 2014, il faut attendre, ou fuir, car rien n'est possible pour elles.
Ce roman raconte quelques années dans la vie de Ksusha: sa passion pour les mathématiques, la découverte de son homosexualité, le rejet par sa famille, la redoutable haine de la société et du gouvernement russes qui traquent et persécutent les homosexuels, l'amour intense et merveilleux avec Lounia qui va triompher de tous les écueils.
Les personnages sont bouleversants. L'écriture est remarquable, incandescente.
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J'adore ce livre. Tellement beau et poétique. Je l'ai fini très rapidement parce que j'étais tellement captivé. le style d'écriture est poétique, d'une beauté subtile. L'histoire de Ksusha montre la lutte LGBTQ+ en Russie, mais d'une manière intime, personnel, et émouvante. Très impressionnant. J'ai hâte de lire les prochains livres de cet auteur!
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La petite Nadiejda s'était rendormie. Ksusha les a regardées sen aller dans le couloir désert. Alors, elle a senti la paume de sa main s'ouvrir, accueillir la douceur, la chaleur, le chez-soi si bien connus, tellement nécessaires, abrités dans l'arrondi de la hanche de Lounia, dans la courbe ascendante de son flanc, et sa main a caressé cette résurgence puissante, précieuse, elle a retrouvé le trésor patiemment protégé du meilleur endroit du monde, et c'est ici qu'elle a su que sa décision avait été prise...
Tu vois, eux, ils ne se sont jamais demandé s'ils étaient capables d'élever des enfants ; ils n'ont jamais pensé à aller réclamer une dérogation a des psychologues ; il ne leur est jamais venu à l'esprit qu'ils privaient leurs enfants d'une vie heureuse. Et il ne viendrait jamais à l'idée de personne de les empêcher de se reproduire. Eux, ils sont plus acceptables que nous.