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Je découvre, malheureusement trop tard, la plume et l'esprit de Bertrand Maris dans cet essai consacré à notre société libérale mondialisée vue au travers de l'oeuvre de Michel Houellebecq.

L'auteur y fait référence à de nombreux économistes prestigieux et à leurs concepts dans une structure facile d'accès : l'individualisme, l'entreprise, les consommateurs, le travail et la fin de l'espèce.

Même si cet essai pourtant rédigé par un économiste n'a pas eu pour moi la même force qu'un essai de Jean-Claude Michéa avec lequel il partage pourtant quelques convergences au niveau des analyses tout en ayant une qualité d'écriture supérieure, il permet pourtant de redécouvrir certains romans de Houellebecq sous un angle nouveau et invite à s'aventurer dans la bibliographie de l'économiste.
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Je ne sais pas ce qui m'a pris de lire ce petit ouvrage alors que je n'ai lu qu'un roman de Michel Houellebecq. Peut-être pour mieux comprendre Houellebecq ?
Il est évident qu'un romancier qui situe ses romans dans la période contemporaine va plonger ses personnages dans les grands courants de son temps. Mais il est aussi vrai que par rapport à nombre d'auteurs Houellebecq s'attache assez fortement à tout ce qui y phénomène de société pour nous peindre le mal-être, la dépression, le désespoir des individus. du coup, comme chez Balzac ou Zola le contexte économique ne peut qu'être très présent. En tout cas la plume de Bernard Maris est agréable à lire et ouvre un angle intéressant sur l'univers anxiogène de Houellebecq. Je pense que ce n'est qu'une clé de lecture parmi d'autres, et que si Houellebecq est antilibéral, il est aussi très nettement anti-libertaire, ce qui ne relève absolument pas de la grille de lecture proposée ici. On peut aussi prendre cet ouvrage dans l'autre sens, c'est à dire pour expliquer l'économie à la lumière des personnages des romans de Houellebecq. de ce point de vue, c'est un peu faible, Bernard Maris explique bien moins ses propos que dans son anti-manuel d'économie où il illustre ses dires par de larges extraits de textes de théoriciens économiques.
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Houellebecq saisit le malaise économique, le désenchantement contemporain, l'individualisme, le monde de l'entreprise, du marché de l'art, la consommation insatiable, l'organisation du travail mieux que les économistes selon Bernard Maris. La littérature qui s'inscrit dans la durée a souvent mieux traité les thèmes économiques, sociologiques, psychologiques que les spécialistes de ces mêmes disciplines.
Bernard Maris retrouve dans l'oeuvre de Houellebecq des thèmes analysés par de grands économistes : Marshall, Shumpeter, Keynes, Marx, Fourier, Malthus si ce n'est que les économistes restent froids, abstraits, campés sur une vision théorique tandis que l'oeuvre de Houellebecq sait que l'homme n'est pas rationnel, n'obéit pas à des modélisations et que l'application de théories libérales atomise la société, la déshumanise, détruit le collectif, crée de l'incertitude, de l'anxiété, de la violence, de l'angoisse.
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Etant données les circonstances tragiques liant l'auteur et le sujet de ce petit livre - l'assassinat du premier le jour de la sortie du roman du second le 7 janvier 2015 -, sa lecture ne peut que provoquer un petit quelque chose au niveau de la poitrine chez quiconque a plus d'humanité que de cynisme. Mais bien sûr tout cela n'est pas une raison pour ne pas en faire une (saine) critique.

Houellebecq économiste est un essai séduisant dans son principe, bien écrit et plutôt bien documenté pour un pamphlet. Mais qui m'a laissé sur ma faim sur l'essentiel : le fond de l'analyse économique de l'oeuvre houellebecquienne.

Le vrai souci ici est que Maris se fait plus royaliste que le roi en appuyant le propos antilibéral de Houellebecq, qui est chez lui, au sens du libéralisme économique - l'aspect qui intéresse ici Bernard Maris -, sans doute moins central que la critique de la pensée libertaire, et de la libération des moeurs et des normes sociales de manière générale. Cette pensée libertaire, si elle est implicitement évoquée au passage de la critique du consumérisme, n'est jamais distinguée en tant que telle dans cet essai. . Sans doute parce que Maris souscrit à la libération des moeurs... et donc “oublie” la critique du libéralisme sexuel chez Houellebecq, qui est pourtant centrale dans son oeuvre, dès Extension... et qui est clairement l'un des fils rouges de l'ensemble de ses romans. Alors vous allez me dire que le bouquin parle d'économie et pas de social... Ce à quoi je vous répondrai "Certes, mais le libéralisme au sens économique n'est jamais abordé séparément, comme un objet critiqué chez Houellebecq".

Bref, Bernard Maris fait une interprétation hémiplégique, de gauche, marxiste, donc économisante, de l'oeuvre de Houellebecq : sans doute de la même façon qu'un réactionnaire pourrait faire une interprétation hémiplégique de droite de son oeuvre en négligeant par exemple toute sa description du monde du travail, mais en insistant sur le fait religieux et une certaine vision conservatrice de la société.

On sent donc bien que Maris, au delà de Houellebecq, a en son agenda caché la volonté d'en découdre sur un mode quasi marxiste avec le capitalisme et le libéralisme. Alors même, rappelons-le, que Houellebecq est loin, malgré le titre de son premier roman, de défendre de près ou de loin des positions marxistes... ou des positions politiques quelles qu'elles soient ! Et si l'opinion de l'auteur lui-même est de plus en plus difficile à cerner au fil des romans, les opinions exprimées par ses personnages en matière d'économie deviennent aussi de plus en plus variées. Et j'ai bien du mal à voir dans les derniers romans de Houellebecq le marxisme sous-jacent relevé par Maris.

Au fil des pages apparait donc l'impression un peu gênante que l'oeuvre de Houellebecq se fait manipuler par Maris.

Nous ne sommes donc clairement pas face à un essai littéraire, mais "juste" économique, et surtout: économique-de-gauche-anticapitaliste. On aurait donc aimé, quitte à conserver ce parti pris - qui me parait comme vu plus haut au moins discutable - plus d'éléments soutenant l'affirmation que l'économie n'est pas une science, que tous les économistes dits libéraux (j'imagine qu'il entend par là “classiques”, “autrichiens”, etc.) sont des charlatans, qu'il n'y a pas de vérité en économie... Façon déguisée, évidemment, de considérer que l'économie ne peut être une discipline rationnelle, mais qui se fonde sur des valeurs, et se doit donc d'être soumise à la "volonté générale"... donc à l'Etat.

Apprécions tout de même la jolie plume de Bernard Maris, qui fait de la lecture de ce petit livre un assez bon moment. Et d'ailleurs, n'est-ce pas là principalement ce que l'on peut attendre a minima d'un pamphlet dont on n'approuve pas la thèse ?
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Une attaque justifiée de la bullshit économique. Donne le goût de relire Houellebecq.
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Cette mise en perspective économique de l'oeuvre de Houellebecq est intéressante bien que je n'ai pas lu tous les romans cités. Bernard Maris tragiquement disparu convoque de grands noms de la pseudo science économique pour présenter une critique du libéralisme omniprésente dans le discours et de l'auteur et de son sujet...Cet essai très accessible se lit d'une traite en moins de deux heures...
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Ce livre a eu une seconde vie.

Sa première vie creusait son sillon comme son auteur qui intervenait dans les médias avec un certain succès, les réparties de celui-ci dans les débats faisaient mouche, sa gouaille du sud emportait l'adhésion.

7 janvier 2015, Bernard Maris est assassiné par les bouchers islamiques. Houellebecq son ami qui vient de publier Soumission comme une ironie de l'histoire est en quelque sorte rattrapé par l'actualité. et son oeuvre présentée alors sera interrompue, et l'oeuvre de Bernard Maris en trouvera bénéfice

Ca fait drôle d'ailleurs de lire la bio de Bernard Maris et d'y voir : assassiné ! Comme si nous étions des siècles en arrière.

Et bien ce Houellebecq économiste va voir ses ventes décupler rendant ainsi hommage à son auteur.

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Si vous êtes fan d'Alain Minc ou si vous êtes abonné à l'hebdomadaire Challenges passez votre chemin.
L'idée au coeur de l'ouvrage : Houellebecq a saisi notre triste univers quotidien cent fois mieux que tous les prix Nobel d'économie réunis. Une lecture très accessible (n'essaie à aucun moment d'être plus fin ou plus malin que le lecteur). 150 pages lues d'une traite en deux heures.

Peut-être un titre plus approprié serait Houellebecq anti-économiste car le romancier « utilise et détruit la pensée économique », il « vous vaccine contre l'économie.
Bernard Maris nous rappelle que les économistes ne se sont pas contentés de notions comme l'offre et la demande, le PIB, la courbe de chômage. « Un prix Nobel, Gérard Debreu, expliqua que le grand enjeu des sociétés tenait à la durée de vie des très vieux : fallait-il les débrancher plus tôt, pour faire des économies de Sécurité sociale, ou les maintenir à tout prix dans les limbes du trépas, pour créer des emplois de jeteurs de couches usagées ? » p 19. Ben, avec ce niveau du débat, c'est facile de les surclasser.

Quant à MH, grâce à ses antennes et à sa sensibilité, il capte l'air du temps, il anticipe les états d'âme de ses congénères – contrairement aux économistes.
Ce livre de Bernard Maris est une lumineuse diatribe, un génial pamphlet. Chapeau pour l'ironie mordante.

Extraits :
« Malthus avait raison. L'homme avait voulu épuiser la nature et il est mort épuisé. » p133

A place de la vie sociale, les économistes ne voient « qu'un univers de transactions généralisées' qui débouchera sur ce que déteste MH : le bonheur quantifiable ». P39

« Si la souffrance des héros de Dostoïevski est liée à la mort de dieu, celle des héros de Houellebecq naît de la violence perpétuelle du marché. » P48. Son personnage récurent n'est pas l'ouvrier, mais le cadre qui s'emmerde.
« L'incertitude et l'angoisse furent les meilleurs barreaux des camps. Bruno Bettelheim, survivant, [ ] se pose la question : comment, avec si peu de moyens, les gardiens arrivaient à maintenir l'ordre dans les camps ? Pourquoi [ ] n'y avait-il pas de révoltes ?
Et la réponse de Bettelheim est lumineuse, elle est la même de celle de Houellebecq pour la société de l'argent : les gardes n'avaient de cesse d'infantiliser les hommes en les maintenant perpétuellement dans l'incertain, le risque, l'indéterminé. Ils brisaient tout lien de causalité autorisant l'action. [ ] Tantôt une action était récompensée, tantôt la même action était punie. Observer et réagir, pour un prisonnier, devenaient impossible et, dès lors, l'instinct de conservation était impitoyablement brisé. Ne savoir que ce que ceux qui commandent vous autorisent à savoir est la condition du petit enfant ou de l'esclave ». p66

« Marx détestait Malthus, parce qu'il avait découvert la célèbre loi de la baisse tendancielle du taux de profit, liée à la concurrence. Au bout de la concurrence, le profit est nul. [ ] A la baisse tendancielle du taux du profit, ajoute MH, correspond la baisse tendancielle du désir : cette société ne sait plus comment attiser le désir, exciter le sens. » P125
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Logorrhée Marxiste
Apposer le nom de houellebecq dans un livre n'en fait pas un grand livre mais par contre il garanti une visibilité. Visibilité que ne méritait pourtant pas ce livre qui tente de percer le mystère Houellebecq à travers une analyse économique de son oeuvre.
L'auteur tout au long du livre s'évertue à travers des extraits de livres à faire de Houellebecq un pourfendeur du libéralisme, là on peut êtres à peu près d'accord, mais il tente aussi de le faire passer pour un bon gros gauchiste ce qui est loin d'êtres évident même si ses "amis" le son pour la plupart.
Bref un énième ouvrage à la logorrhée marxiste, qui plaira sans doute à de vieux prof de gauche lecteur de Charly Hebdo et convaincu d'avance. Comme d'habitude, aucune solution ne seras proposée, rien que du constat.
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Houellebecq a des millions de lecteurs. Parmi eux, il faut en distinguer au moins un: Bernard Maris. De tous les ouvrages que ce grand et regretté penseur assassiné nous laisse, celui-ci me sidère particulièrement. On ne sait en effet ce qu'on doit admirer le plus: la modestie du commentateur ou l' intelligence de son analyse. Avec quelle élégance l'économiste Bernard Maris s'efface-t-il derrière l'écrivain Houellebecq, pour le pousser en pleine lumière et lui décerner d'autres lauriers, lauriers qu'on ne lui accordait certes pas en première intention comme on le verra plus loin. Bernard Maris connait intimement les rouages du néo-libéralisme. Il a lu avec une attention extrème l'oeuvre de Michel Houellebecq, et il s'enthousiasme de reconnaître dans l'art de l'un la parfaite radiographie du premier.Ainsi non seulement cet écrivain est grand parce qu'il sait " parler de la mort, de l'amour et du malheur", mais il est à ce jour unique, parce qu'il sait comme personne surprendre "cette petite musique économique, ce fond sonore de supermarché qui de ses notes lancinantes et fades pollue notre existence, ces acouphènes de la pensée quantifiante…" Mais plus encore, il illustre dans les ressorts dramatiques de son oeuvre les théories de "la secte" des économistes, ces gens qui se reconnaissent à ce qu'ils savent toujours se justifier après coup de n'avoir rien prévu de ce qui arriva, qui prétendent scientifique leur discipline " qui ne parvient même pas à faire des pronostics vérifiables", ces apôtres de la quantification, des dites lois de l'offre et de la demande, ces mortificateurs des valeurs humaines d'entraide et de générosité, ces aiguillonneurs de la pulsion de mort du capitalisme.
Les personnages de Houellebecq sont des désarrimés ou des asservis volontaires, infantiles et infantilisés par la peur de ceux qui les maltraitent, les appâtent et les rudoient, comme les petits nazis en herbe rudoyaient et maltraitaient jusqu'au viol le petit pensionnaire des Particules élémentaires. Enfants perdus devant l'incertitude généralisée ( du travail, du couple, de la famille, mais aussi de la pérennité des objets (obsolescence programmée) qui disparaissent dès lors qu'ils en maîtrisent l'usage et le maniement. Enfants appâtés par des désirs fabriqués et entretenus par une pluie incesssante d'objets dont l'usage est incompréhensible à qui n'est pas encore adonné à leur consommation, mais qui deviennent très vite une espèce de nécessité pour rester dans les rouages des services, prestations, ouvertures de droits, inscriptions dans la plupart des actes de la vie civile.. Houellebecq va encore plus loin: de ce triste visage de notre monde, il déduit l'avenir et la fin de l'humanité, à partir d'une démarche logique à peine forcée, il nous livre l'inévitable conclusion .
Là où le personnage de l'écrivain Houellebecq peut le plus nous surprendre, dans l'hommage (le mot n'est pas trop fort) de Bernard Maris, c'est dans les valeurs qui in fine se dégagent , a contrario de l'horreur économique et néo libérale: la bonté, l'amour des femmes et la valorisation du travail.
Surpris? Si vous l'avez déjà lu, cela mérite une relecture. Si comme moi vous ne l'avez pas lu.. faites comme il vous plaira.En tout cas, je vais tenter l'aventure.
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