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EAN : 9782296121997
84 pages
Editions L'Harmattan (27/04/2010)
2.25/5   2 notes
Résumé :
Didon, Reine de Carthage semble avoir été, chronologiquement, la première des sept tragédies de Christopher Marlowe (1564-1593). Au contraire des six tragédies suivantes, elle aurait été représentée, non dans un théâtre londonien, mais dans le Collège où l'auteur l'aurait écrite, l'un des plus prestigieux : Cambridge. Tenue par une partie de la critique pour sensiblement inférieure au reste de son œuvre, elle n'en a pas moins l'intérêt, le mérite, tout en étant fidè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Après Docteur Faust et Tamerlan, c'est ma troisième pièce du tragédien Christopher Marlowe, quelque peu éclipsé par son contemporain William Shakespeare. L'homme n'a à son actif que sept tragédies, mais c'est parce qu'il meurt à 29 ans seulement, dans une échauffourée d'auberge. Je l'ai découvert dans le film Shakespeare in Love et ai immédiatement eu envie de le lire.

Didon, Reine de Carthage, est la première de ces tragédies. Elle s'inspire évidemment du mythe et de la version qu'en fait Virgile dans L'Énéide. J'en ai lu la seule traduction que je connaisse, qui, selon le traducteur à qui le livre donne la parole, est plus une adaptation en alexandrins fidèle à l'esprit de l'ensemble plutôt qu'une retranscription parfaite (différence de métriques entre les langues, paraît-il).
Un résumé rapide ? Énée, qui a fui Troie en flammes avec quelques compagnons, s'échoue sur les rives de Carthage, récemment fondée par Didon. Celle-ci fait très bon accueil aux naufragés. Mais rapidement les héros humains redeviennent les jouets des Dieux qui voient ici une de leurs dernières occasions de jouer les marionnettistes. Didon « tombe » passionnément amoureuse d' Énée qui le lui rend bien. Mais le destin du Troyen est d'aller fonder une nouvelle Troie en Italie et il se doit de partir. Didon pète les plombs, refuse de laisser partie son amant, supplie, s'enflamme, s'effondre.

Les Dieux sont très présents dans la pièce. Jupiter, Vénus, Cupidon, Junon, Hermès ont leurs scènes. Ce sont Vénus, mère d'Énée, et Cupidon, son fils et donc frère d'Énée, qui tirent le plus fermement les ficelles humaines. Cupidon n'est guère que le bras armé de sa mère qui, franchement, ne réfléchit pas et crée la catastrophe à force de vouloir aider Énée. Incitée par une Junon sournoise, elle ensorcèle Didon et le Troyen et les rend amoureux fous, mais en même temps elle pousse son fils à partir pour l'Italie (pas le choix, ordre de Jupiter). Elle provoque ce tiraillement du héros traduit par ces paroles de la déesse : « Qu'il puisse un jour prochain partir pour l'Italie, A moins que de Carthage il ne devienne roi » (Acte II Scène 1).

Cependant la véritable héroïne est bien Didon. C'est une femme de pouvoir indépendante que construit Marlowe. Elle est reine de Carthage qu'elle a érigée après avoir quitté la Phénicie. Elle refuse jusqu'à présent de se soumettre à un prince, comme le Iarbas de la pièce, et de risquer de perdre les rênes de son pays. Alors que l'ensorcellement commence, on la voit lutter pour y résister : dans la superbe scène 1 de l'acte III, Didon fait montre d'une valse hésitation en demandant à Iarbas tour à tour de rester et de partir, comme si l'homme était une balle de tennis. Même enchainée par cet amour artificiel, elle refuse aussi longtemps que possible de se déclarer et garde sa dignité. Mais les Dieux sont trop puissants et elle vivra de façon pathétique le départ d'Énée.

La fin macabre est beaucoup trop précipitée, qui voit le suicide successif de trois personnages : Didon ayant perdu Énée, Iarbas ayant perdu Didon et Anna, soeur de Didon, ayant perdu Iarbas. Tout cela en une page. Pas le temps d'une longue tirade : un trait pour chacun et c'est terminé. Vraiment pas terrible.
Mais d'autres scènes valent le coup, comme l'expression du carnage de la chute de Troie, longue et poignante (Acte II, scène 1).

En conclusion : une bonne pièce, quoique pas exceptionnelle, qui a l'avantage de remettre en avant un mythe passionnant et donne envie de lire l'Énéide.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
JUNON (elle découvre Ascagne, fils d’Énée, endormi dans un antre):
Voici mon ennemi, le bâtard d'un bâtard,
Celui dont se réjouit, hélas, le faux Destin,
Héritier favori de la Fatalité,
Cet horrible lutin où ma fureur s'épuise,
Où ma divinité ne trouve que disgrâce.
Mais j'en vais à présent décider autrement,
Du registre du Temps je ferai table rase,
Ascagne ne sera l'ultime espoir de Troie
Ni celui de Vénus dans sa tendre jeunesse;
Quoi qu’en dise le ciel, je me ferai justice,
En empestant la terre avecque son cadavre.
(Acte III, Scène 2)
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ÉNÉE :
Achate, c'est ma mère, hélas, qui vient de fuir ;
Ses pieds en mouvement me la font reconnaître.
Reste, gente Vénus, ne laisse pas ton fils !
Cruelle, pourquoi donc m'abandonner ainsi,
Ou si souvent tromper mes yeux d'une ombre vaine ?
Pourquoi ne pas parler, tous deux, main dans la main,
Nous contant nos malheurs en termes familiers ?
Mais te voilà partie, et je demeure seul,
Assourdissant les airs de mes gémissements.
(Acte I, Scène 1)
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Didon jette les yeux sur moi comme des ancres pour empêcher mes nefs de larguer les amarres.
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Video de Christopher Marlowe (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Christopher Marlowe
Walter a recueilli chez lui son ami Christopher Marlowe, laissé pour mort après une rixe. Dans le manoir au bord de la falaise, le poète en sursis rencontre Jane, l?épouse de son hôte. Entre ces deux insoumis naît une passion rare. Les corps et les esprits s?unissent dans un élan charnel et artistique, un amour hanté par la création et l?urgence du temps qui reste.
'D?innombrables soleils' est à la fois une plongée dans l?intimité de deux amants, l?évocation d?un des poètes les plus fascinants de l?Angleterre élisabéthaine, et un vibrant hommage à la littérature. Porté par une écriture incandescente, le quatrième roman d?Emmanuelle Pirotte fait la preuve de son talent inclassable, se jouant de toute frontière littéraire.
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