Ortiz général sans dieu ni maître

Un témoignage très intéressant pour qui s'intéresse de près à la révolution et à la guerre en Espagne initiée dès juillet 1936. Moins célèbre que Durruti ou Federica Montseny, Ortiz est cependant l'un des ténors du mouvement libertaire espagnol. Après avoir participé à plusieurs soulèvements antérieurs aux événements de juillet, Ortizq devient commandant de la 25ème division, sur le front d'Aragon, après avoir conduit une colonne de secours partie de Barcelone pour enrayer la progression des séditieux fascistes. La clarté de ses positions et de ses engagements, son implication dans les opérations sur le terrain ne lui ont pas valu que des amitiés dans son camp, que ce soit chez les Staliniens, et même dans les organes dirigeants de la CNT. Dès le milieu de l'année 1937, le gouvernement de la République prend prétexte de malversations, d'abus de pouvoir, d'implication dans un soi-disant trafic d'argent, pour l'écarter du commandement et le mettre, comme on dit "au placard". Sa vie est menacée et explique son exil forcé avant même la fin des opérations militaires. Tout ceci n'est bien entendu qu'une manipulation (les conseillers militaires soviétiques furent redoutables dans leurs interventions). Les auteurs du livre font une étude détaillée de cette affaire, histoire de montrer le caractère diffamatoire des accusations qui furent portées contre lui. La fin du livre raconte les combats menés aux côtés de la Résistance, de la France libre, l'exil et la misère. Curieux, pour un homme que les organes de la République avaient qualifié de voleur et de trafiquant, accusé d'avoir volé le mystérieux "trésor de l'Aragon", de finir sa vie dans de telles conditions... !
J'ai trouvé ce récit solidement documenté et fort intéressant. Les éditions du Coquelicot font un super travail pour remettre dans la mémoire collective les souvenirs de cette époque à la fois si prometteuse et si tragique.