J'entame ma 3e lecture de ce livre passionnant... Pas tout à fait un livre de langue, pas tout à fait un essai théorique sur la langue, ce livre est quelque part entre les deux avec un petit plus, la découverte de la langue Chinoise, par une biologiste belge passionnée de médecine chinoise... L'étude de la façon de pensée des Chinois à partir d'un cours sur la langue, ces caractéristiques, la façon de combiner les mots, de construire des phrases, et la relation de la langue chinoise aux principales courants de pensée chinois... Un bon livre pour débuter quand on veux comprendre la culture du Chinois moyen, et pas seulement ce qui ressort d'une étude théorique, émaillé d'une expérience d'une occidentale qui découvre leur intérêt récent pour l'écologie, et pourtant en phase avec ce qu'ils ont oubliés pendant le communisme : le paysan en phase avec la nature, et une occidentale qui peine à ce faire comprendre, à cause des accents toniques et ressort du magasin avec le mauvais article... Un livre passionnant pour découvrir la Chine.
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Il n'a pas suffit au paysan chinois de savoir que l'angélique, la rhubarbe ou l'ail sont comestibles, mais il a aussi cru important de noter que les haricots préfèrent l'aneth et que les fraises se sentent à l'abri auprès des jeunes pousses de poireau. Oiseaux insectes petits rongeurs et grands prédateurs sont les hôtes des champs, c'est tout un réseau biotopique qui réclame l'attention de l'agriculteur. Les éléments de l'écosystème s'imbriquent les uns les autres, comme les pièces d'un grand puzzle où pas unes ne peut venir à manquer, sans quoi le système perd son fragile équilibre. La prospection géobotanique, science ancienne en Chine, est un autre exemple de l'observation minutieuse des associations présentes dans la nature.
Langue et pensée s'élèvent mutuellement. Quand on représente la langue chinoise ce sont sans aucun doute les caractères graphiques qui viennent à l'esprit. on peut même dire qu'ils sautent aux yeux, car ils frappent notre imaginaire par leur beauté, leur élégance, la symbolique dont ils semblent investis. La sonorité de la langue ne nous émeut guère. Elle semble étrange presque agaçante à force de nasiller, de susurrer, d'osciller. D'éminents sinologues ont même affirmé que " Le chinois n'est pas une langue, mais une écriture". Cela me laisse perplexe...
André Chieng raconte dans son livre que dans les années 1970 une chaîne française de grande distribution obtint de faire venir quelques unes des statues en terre cuite du gigantesque mausolée de Qinshi Huandi. Toute la France était en émoi, même la reine d'Angleterre estima que le déplacement jusqu'aux Galléries Lafayette se justifiait. Quel tollé lorsque l'on appris qu'il ne s'agissait pas de statues authentiques, mais de simples copies. La reine d'Angleterre annula immédiatement sa visite. Or la Chine, qui à l'époque, était moins au fait du terrain émotionnel de l'occident, n'y avait pas vu la moindre malice. Pour elle, "l'authenticité des œuvres ne revêtait pas la même importance qu'en Occident.
De fait, nombreux sont les patients qui, au bout de plusieurs années de divan, se sentent bloqués..., plus moyen d'avancer. Ils ont beau essayé en injectant plus de parole, de lapsus, de rêves, et d'argent, plus rien n'avance. Ils ont l'impression qu'ils ont fait le tour du problème, mais ils ne se sentent pas mieux pour autant, même "s'ils ont compris", affirment-ils. Dépités, ils s'en remettent à un authentique chaman des Andes au moins, sait apprivoiser le condor à la flute de Pan. On les comprend, car à toujours considérer l'inconscient comme un foutoir de nos refoulements et de nos frustrations, on finit par tourner en rond en se grattant le nombril, ce qui à la longue s'avère plutôt ennuyeux.
Le paysan aussi attend le bon moment pour semer, puis il compte sur la fertilité du sol pour que les graines se transforment et viennent à germer. Il ne fait plus qu'accompagner le processus de germination en prenant soin que les jeunes pousses ne soient pas envahies par les mauvaises herbes, et son champ se déploie zirande 自燃 的, "de soi-même." Nul paysan sensé ne penserait à tirer sur les tiges pour que les plantes grandissent plus vite, dit Mengzi, qui conclut " Ceux qui emploient des moyens violents font comme cet insensé qui arracha sa moissons pour l'aider à grandir. Leurs efforts ne sont pas seulement inutiles, ils sont aussi nuisibles."