Tout part d'une rencontre avec une lectrice espagnole. Il existe une coutume en Espagne. Quand une femme sent la mort venir, elle se confie sur des morceaux de papier qu'elle bourre dans un coussin en forme de coeur brodé. C'est la coutume du coeur cousu titre d'un des premiers romans de
Carole Martinez. L'auteure choisit dans
Les roses fauves de mêler fiction et réalité pour donner un roman original presque magique.
Lola est la guichetière de la poste dans ce tout petit village de Bretagne. Elle vit seule au milieu de son grand jardin qu'elle bichonne avec amour. Lola n'est jamais tombée amoureuse. Elle se l'est interdit car elle boite. Issue d'une longue lignée de femmes espagnoles, elle conserve jalousement les coeurs cousus de ses aïeules dans sa grande armoire avec l'interdiction de les ouvrir. Mais quand une écrivaine en mal d'inspiration débarque dans la vie de Lola, les coeurs se mettent à nue et celui de Dolorès est enfin ouvert…
Carole Martinez choisit de se mettre en scène sous les traits d'une auteure en mal d'inspiration qui voit en Lola une source inépuisable. Les deux femmes vont devenir amies et lorsque la narratrice trouve les coeurs cousus cachés dans l'armoire de Lola, c'est l'occasion de découvrir le passé de Dolorès, une lointaine aïeule espagnole. le roman est construit sur une alternance de temps: le présent avec Lola et l'auteure, le passé à travers la lecture des petits bouts de papier contenus dans le coeur blanc de Dolorès.
On plonge alors dans une Espagne faite de fantaisie, d'érotisme, d'odeurs sensuelles. Une Espagne où les femmes ont la curieuse habitude (ou malédiction) de faire des enfants avec des hommes presque morts.
Carole Martinez envoûte son lecteur avec ses histoires dignes des contes. On ne sait plus où est le vrai, où est le faux. La magie se déploie sous nos yeux à l'image de ces roses à l'odeur fauve qui miment la naissance à la vie de Dolorès.
C'est une écriture merveilleuse. Il faut se laisser embarquer dans cet univers et croire un peu en la magie.
Carole Martinez emboîte les histoires les unes dans les autres: celle de Lola qui n'a jamais apprivoisé son corps bancal, celle de Dolorès qui butine les hommes comme un papillon, celle de ces femmes du village qui tricotent en s'échangeant des ragots sur une chaise. le secrets se dévoilent au fil de la plume.
Carole Martinez prend son lecteur par la main et l'entraîne pour le perdre dans un monde fait de sensualité, d'odeurs enivrantes, d'histoires merveilleuses.
Les récits s'enchâssent, se répondent. L'arrière petite-fille Lola est un lointain écho de son aïeule Dolorès, sorte de Belle au bois dormant qui va au-devant de son prince charmant. J'ai adoré me perdre dans ces méandres de contes, de récits et de secrets de famille.
Osez vous laisser guider par l'odeur entêtante ce ces « Roses fauves » et laissez-vous happer par le plume merveilleuse de
Carole Martinez.
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