Que la plume de
Carole Martinez est belle ! Cette autrice a le talent pour manier les mots et les sensations au point qu'en finissant ma lecture, plus qu'avoir lu un livre, c'est le sentiment d'avoir vécu une expérience sensorielle qui reste. Ce roman est très intéressant, il coule comme une rivière à plusieurs affluents : on suit d'abord la vie de Lola, héroïne boiteuse tirée à quatre épingles qui réalise la différence entre bonheur et satisfaction au début de l'histoire, mais en même temps on suit celle de l'autrice, qui parle à la première personne de sa rencontre avec son personnage en mêlant autobiographie et fiction, ainsi que celle d'Inès Dolorès, l'une des aïeules de Lola, dont le coeur empli de secrets griffonnés sur des bouts de papier s'est mystérieusement déchiré. Plusieurs époques, plusieurs personnes, plusieurs cultures dansent ainsi ensemble au cours du récit : de l'Andalousie des années 30 à la Bretagne actuelle en passant par la Première Guerre mondiale.
J'ai beaucoup apprécié découvrir toutes ces petites vies tissées, les personnages deviennent vite attachants et leur rapport aux roses fascinant. En effet, en magistrales secondes protagonistes aux côtés de Lola, les roses prennent une place croissante au cours de l'histoire ; d'abord symboles de liberté et charmantes, elles deviennent ensuite de vénéneuses égéries, étouffantes, transformant radicalement l'atmosphère du récit. le rapport à la sexualité, par ailleurs, que j'avais trouvé quelque peu particulier dans
La Terre qui penche, était ma foi mieux maîtrisé par l'autrice ici et ne dérangeait pas la lecture. Je reste cependant un peu sur ma faim quant à la fin de l'histoire, surtout de l'histoire d'amour qui émerge au fil des pages : je m'attendais à quelque chose de plus apothéotique, mais malgré tout, ce livre est à lire si vous aimez les romans imbibés de poésie et de symboles.