J'ai lu tous les romans de
Carole Martinez. le premier, [
Le Coeur cousu] offert par ma mère dès sa parution, fait partie de mes plus beaux souvenirs de lecture. J'ai attendu les suivants avec impatience et crainte aussi (celle d'être déçue) et, si j'ai aimé les lire, je n'ai jamais retrouvé le même tourbillon de lecture. Alors, quand j'ai appris la parution de ce livre, et que j'ai entendu qu'il avait été inspiré par le premier, je l'ai acheté dès que je suis passée devant une librairie. J'ai cependant attendu encore un peu avant de le lire, toujours cette peur d'être un peu déçue, d'autant que les deux derniers ne sont pas, à mon avis, à la hauteur du premier. Mais j'ai fini par me lancer.
Et tout commence par la quatrième de couverture. Moi qui aies plutôt tendance à les décrier, ici, elle fait partie intégrante du livre et prépare le voyage. Elle ne résume pas tout à fait le début de l'histoire, mais raconte comment l'autrice est tombée, après l'écriture de son premier roman, [
Le Coeur cousu], donc, un livre dont elle a souvent dit qu'elle n'aimait pas le titre, qu'elle n'avait d'ailleurs pas choisi elle-même, sur une tradition d'un petit coin d'Espagne où les femmes, se sentant mourir, réunissent tous leurs secrets dans un coeur qu'elles cousent avant de le confier à leur fille aînée qui doit le conserver mais surtout pas l'ouvrir.
On sent bien, donc, la filiation entre le premier roman et grand succès de
Carole Martinez et ce nouvel ouvrage. Pourtant, le livre s'ouvre sur une scène en Bretagne, puis arrive le « je »,
Carole Martinez elle-même s'invite dans le roman. Ce n'est pas ce à quoi l'autrice nous avait habitué… Et ce n'est qu'en début : tout le livre n'est qu'un savant jeu de mises en abyme, de miroirs réfléchissants à l'infini.
Je ne peux en dire plus sur l'histoire sans risquer de gâcher le plaisir de la découverte, mais je peux dire que je me suis laissée happer par cette lecture, je me suis prise au jeu et je n'ai pas boudé mon plaisir.
Atypique dans l'oeuvre de
Carole Martinez, ce livre reprend pourtant tous ses thèmes favoris, pêle-mêle : les femmes fortes, les destins familiaux, le réalisme magique, l'exil. C'est donc à la fois un terrain familier et un roman très original. Je pense qu'il vaut mieux avoir lu [
Le Coeur cousu] pour apprécier pleinement ce livre, et qu'il vaut mieux aimer les livres dans lesquels les auteurs jouent avec leurs lecteurs et les lecteurs se mettent eux-mêmes à jouer avec le texte.
Ce livre ne plaira pas à tout le monde, mais pour moi, cela a été un vrai moment de plaisir gourmand, de jouissance littéraire. Je reste émerveillée par la façon dont
Carole Martinez a su se renouveler tout en restant elle-même, j'en redemande !