Et les femmes se sont levées : Portraits de résistantes alsaciennes et lorraines

Je suis heureuse d'avoir lu ce livre paru en 2021. Il est découpé en 17 courts chapitres qui racontent les faits de résistances de plusieurs femmes alsaciennes ou lorraines durant la guerre 40-45.

Contrairement au reste de la France qui sera envahi, l'Alsace est annexée à l'Allemagne dès le début de la guerre, elle fait, de force, partie du Reich. Il y a donc une « nouvelle frontière » longeant les Vosges qui sépare les deux pays. C'est cette « frontière » que de nombreuses personnes vont essayer de passer pour fuir le régime Nazi ou l'incorporation de force (en effet, les pertes importantes sur le front russe vont amener les nazis à incorporer de force les jeunes hommes alsaciens sous peine de représailles sur leurs familles). Et pour passer cette frontière, ces personnes ont besoin d'aide, de passeurs, de réseaux, d'abri, de nourriture et parfois même de faux-papiers. C'est là que nous découvrons ces 17 femmes en action : chacune à leur manière, elles accueillent, cachent et nourrissent au péril de leurs vie tous ceux qui se présentent. Elles les acheminent par les forêts et les cols vosgiens jusqu'en lieu sûr. Ce sont des femmes mariées ou de toutes jeunes filles, elles sont commerçantes ou femmes de garde-chasse, certaines étaient guides scoutes, d'autres religieuses. Elles ne font pas partie de réseaux officiels mais il leur semble juste impossible de ne rien faire, de ne pas s'investir, de ne pas aider ceux qui leur demandent de l'aide.

Malheureusement, elles finiront toutes par être dénoncées un jour ou l'autre, parfois même par un voisin, un sympathisant nazi, ou par un anonyme ou par un ami sous la torture. Et à partir de là, leur destin sera très différent : certaines seront arrêtées et torturées (au camp de Vorbruck-Schirmeck), d'autres sont de suite envoyées en Allemagne pour être jugées par un tribunal Allemand ou en NN (Nacht und Nebel : destinés à disparaître sans laisser de trace). La plupart connaîtront les camps de concentration, comme Ravensbrück. Elles seront décorées après-guerre, à titre posthume pour certaines d'entre elles.
Le livre consacre également un court chapitre à la résistance au sein de l'université de Strasbourg déplacée à Clermont-Ferrand, les Allemands ont fini par trouver que cela dérangeait et sont venus arrêtés tous les Alsaciens présents soupçonnés de résistance ou de sentiment anti Allemand.

Pour chacune des courtes biographie, j'ai été choquée, révoltée, par le passage mentionnant la dénonciation. A chaque fois, je me demandais comment cela a pu être possible et si les coupables avaient été jugés. Un seul chapitre donne le nom du dénonciateur et indique qu'il a été jugé et condamné après-guerre. Tandis que le directeur du camp de Schirmeck, Karl Buck, un homme violent travaillant avec la Gestapo sera condamné à mort, mais ne fera que 10 ans d'emprisonnement avant de finir ses jours tranquillement chez lui.

Ce livre m'a fortement intéressée pour plusieurs raisons : le côté historique, sa présentation en courts chapitres, son choix de ne présenter que des femmes, et des femmes « de tous les jours », son côté édifiant et vrai qui remet les choses à leur juste place. Par contre, j'ai regretté que certains chapitres ne contiennent que très peu d'informations, l'auteure n'ayant pas toujours trouvé de témoins proches encore vivants.