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EAN : 9782072472978
160 pages
Joëlle Losfeld (10/01/2013)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Dans son cinquième roman, la psychanalyste Alice Massat imagine un conte doucement féroce sur l'imposture des apparences.

Désormais chez Joëlle Losfeld après quatre livres publiés chez Denoël, Alice Massat, découverte avec Le ministère de l'intérieur en 1999, continue d'explorer avec ces Quatre éborgnés, l'empire des apparences dans un roman en forme de conte.

Derrière la fantaisie faussement naïve du conte, on admirera l'élégant détach... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
C'est un roman au style fluide, direct que nous propose Alice Massat, ce qui n'exclut pas la fantaisie, l'humour, et le jeu avec les mots. On a parfois l'impression d'être dans un film lorsqu'on lit ces phrases courtes, incisives, qui donnent à l'histoire un rythme permanent et une impression de récit raconté au plus près de l'action.

Point de fioritures donc dans le style, tout le contraire de ses personnages qui n'ont de cesse d'être obsédés par leur image, et d'en arriver à toutes les compromissions pour obtenir ce qu'ils souhaitent.

Leur nom est le premier signe de leurs personnalités compliquées, de leur fausseté ou de leur mégalomanie : Ugolin Doutre, Isidore Dumouflé, Jefferson Snick…

L‘histoire commence dans les locaux du groupe éditorial Scoop, hebdomadaire à grand tirage et son supplément trimestriel Glyphe, revue de prestige. Pour le bouclage des magazines, tout le monde s'affole et s'interroge sur un changement de une de dernière minute (les apparences , l'image encore …).

Le choix est crucial en effet : doit-on privilégier l'ego surdimensionné d'Ugolin Doutre l'écrivain qui vient de publier le Panopticon, un livre sur l'image, le regard ou bien le remplacer par un portrait d'Isidore Dumouflé, architecte à l'audace légendaire (bâtisses prétentieuses de pierres rouges) qui vient de perdre un oeil dans une agression perpétrée à travers l'oeilleton de sa porte ?

Au milieu de ces personnages sophistiqués, il y a Lune, simple stagiaire du journal, employée aux tâches subalternes. Elle n'a pas de siège, ni de bureau, elle fait les photocopies, le café. Elle apparait lorsqu'on la sonne, disparait quand on n'a plus besoin d'elle : elle est transparente, discrète, ne cherche pas à briller et elle nous repose de toutes les attitudes maniérées des autres.

Son compagnon, Gaspard Sand est photographe pour le magazine. Il décrypte l'image, il capte dans ses sujets une évidence que même leurs proches n'avaient pas vue.

Est-elle si transparente que ça, la petite Lune ? Pas sûr. Sous l'apparence d'une jeune fille sans histoire, se cache en fait un personnage énigmatique qui virevolte entre les acteurs de cette fable, tous extrêmement différents, mais tous reliés par des liens de domination, de dépendance, d'intérêt, de pouvoir.

Les quatre éborgnés pose de nombreuses questions sans tenter de les résoudre, il interroge en divertissant. L'auteure ne cherche pas à convaincre, elle n'est pas moraliste mais elle nous montre simplement, bien que de façon fantaisiste et originale, des êtres aux relations malsaines, dépendant en premier lieu de leurs propres vanités.

Paule DELPEUX (2013)
© Culture-Chronique
Lien : http://www.culture-chronique..
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un roman subtil et étonnant
par baillondom le 06/10/13
Un roman à histoire unique mais doté de multiples tiroirs et découpé par personnage, avec des chapitres qui se croisent et s'entremêlent dans un désordre apparent. Mais si cette confusion ajoute au mystère, les phrases courtes et le rythme enlevé évitent au lecteur de se perdre, le faisant glisser d'un personnage à l'autre, d'une rencontre à la suivante, sans avoir le temps de s'ennuyer ou de s'interroger vraiment. Nourri par une profusion de détails, parfois anodins, parfois essentiels, comme des pièces de puzzle qui donneraient forme à l'ensemble, l'affaire a pour cible et décor le microcosme artistique parisien contemporain.L'affaire et l'enquête qui nous sont racontées pourraient elles-mêmes n'être qu'un prétexte à une méditation, une variation, sur l'essence du regard, celui que l'on porte, que l'on surprend chez l'autre ou que l'on recherche, et sur cet organe de la vue qui le porte, celui des expressions comme "oeil pour oeil" ou "mon oeil" quand le doute s'immisce, ou celui que les victimes perdent définitivement. Durant la lecture de ce texte énigmatique, on s'interroge sur la complicité de l'héroïne qui semble mener l'enquête mais pourrait bien en être partiellement actrice voire instigatrice, sur ce qui se cache derrière l'assurance et l'ambition des autres protagonistes, sans trouver véritablement de réponses. Au final, le mystère de cette quadruple affaire est entretenu par l'auteur jusqu'à cette fin ouverte qui laisse bien des questions en suspens. A découvrir. DBL
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critiques presse (1)
LePoint
15 janvier 2013
La romancière et psychanalyste Alice Massat est culottée [...]. Elle fait bien : Les quatre éborgnés, son dernier opus en forme de conte philosophique contemporain, est empreint d'un charme ambigu.
Lire la critique sur le site : LePoint
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lune a vingt et un ans. Elle est étudiante en région parisienne. Depuis quelques années, comme beaucoup de gens de son âge, elle se demande quelle activité pourra convenir à occuper le reste de sa vie tout en lui assurant de quoi la gagner. Cette question l'a conduite à s'interroger sur les activités humaines en général, alors elle s'est inscrite en sociologie. Là, de fil en aiguille, en fonction des cours qu'elle a appréciés et des affinités avec les professeurs, elle se retrouve à préparer un mémoire de mastère sur les systèmes carcéraux en Europe dans la seconde moitié du vingtième siècle.
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Les grands sentiments dénaturent les tout petits. La matinée de Lune se déroule comme si elle était au cinéma. Elle assiste au spectacle de son existence, voltige autour des autres, croit lire dans leurs regards ce qu'ils ignorent d'eux mêmes. Pas un doute ne vient contrarier ce mercredi, ou faire tache dans ce ciel immaculé qui fonde un quotidien pourtant semblable à tous les autres, mis à part cette assurance tonitruante.
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