Recevoir un livre est toujours un plaisir et découvrir un nouvel auteur toujours aussi excitant.
Je tiens donc à remercier Babelio, pour leur concours « Masse Critique », et la maison d'édition « Il était un ebook » de m'avoir permis de lire «
Infernus, petit recueil de nouvelles de Pol Matheys, auteur belge de la région de Namur.
L'objet est mince (une centaine de pages), tient facilement en main et s'orne d'une couverture qui ne pourra qu'attirer les fans de littérature fantastique.
L'auteur est lui-même féru de fantastique et ses nouvelles présentées ici en couvrent les mythes les plus populaires : loups-garous assoiffés de sang, fantômes revanchards, sorcières cruelles. Rien de bien original me direz-vous. Exact, mais le fait de placer ses intrigues en des endroits bien connus des lecteurs belges tels Namur, Orval, Durbuy ou Bruges ajoute un « plus » bien sympathique.
Question lecture j'avoue avoir été un peu étonné, voir perturbé au début. En effet, les récits sont courts (voir très courts !) et comportent de très petits chapitres eux-mêmes découpés en paragraphes bien séparés les uns les autres. Cela m'a fait penser au découpage d'un script de film, ce qui n'est pas toujours facile (plaisant) à lire. Ceci dit, on s'y fait vite et cela n'enlève rien au plaisir de la lecture.
Il n'y a pas de temps morts, on est directement plongé au coeur de l'action. Donc ne vous attendez pas à un développement de la psychologie des personnages ou à des descriptions bien léchées : l'auteur va droit au but, sans fioritures ni éléments inutiles. Dommage diront certains. Peut-être, mais ce style d'écriture m'a furieusement rappelé les nouvelles de
Jean Ray publiées chez Marabout («
Les contes noirs du Golf », «
Les contes du whisky ») que je dévorais dans ma jeunesse.
Il m'est impossible de résumer les 11 nouvelles de ce recueil car certaines sont vraiment trop courtes. Je vais donc donner mon avis sur celles qui m'ont le plus marqué.
« Les thériantropes »
Une histoire de lycanthropes au coeur du Namurois rurale. L'auteur ne dévoile rien sur les origines des monstres mais se plait à nous décrire leurs préoccupations primaires : se nourrir et assurer leurs descendances. Certaines scènes sont bien gores et la fin, glauque à souhait, mériterait sa place dans un bon film d'horreur où le Happy End n'est pas privilégié.
« Les spectres de Châtillon »
Une vengeance à travers les siècles, de facture assez classique mais le fait de placer les évènements dans
L Abbaye d'Orval ajoute une dimension magique car, pour ceux qui l'on déjà visitée, les souvenirs se mêlent aux phénomènes lugubres décrits. de plus, prendre des scouts âgés de 17 ans comme personnages m'a fait penser (oui, encore une fois !) aux nombreux films d'horreur du style « slasher » dans lesquels les ados payaient le prix de leurs péchés par une mort violente. A lire en dégustant une bonne trappiste… d'Orval of course !
« Revenant électrique » est l'histoire d'une vengeance d'outre-tombe d'un mari cocufié. J'ai particulièrement apprécié la scène de la baignoire et celle de l'exécution finale. Visuellement elles rendent merveilleusement bien.
« La fée du logis »
Récit d'un fantôme qui ne supporte pas que traîne la vaisselle dans l'évier ! Ça commence gentiment et la situation prête à sourire… puis, sans crier gare, le sourire se fige et le cauchemar s'installe. Ceci dit, si l'auteur a le numéro de cette fée… j'ai toujours détesté faire la vaisselle !
« Malleus Maleficarum »
La plus longue des nouvelles, basée sur la légende d'Ellezelles qui connut vers 1610 une chasse aux sorcières qui se termina par la mise à mort de 4 femmes accusées de commerce avec le Malin. J'ai particulièrement aimé le ton et le rythme, mais cela est sûrement dû au fait que l'auteur a eu le loisir de développer son intrigue et ses personnages.
En conclusion j'ai apprécié ce recueil plutôt original. le fait que les nouvelles soient courtes peut-être handicapant car elles ne permettent aucun développement plus approfondis. le procédé des « flash-back » dans quasi toutes les nouvelles peut également se montrer assez répétitif. Ceci dit leur lecture m'a immédiatement fait penser aux histoires de « The Twilight Zone » ou « Tales from the Crypt » : un ou plusieurs personnages dans une situation bien définie, ça tourne mal, ils doivent faire face. Simple mais efficace.
On sent que l'auteur est fan de cinéma fantastique. Par exemple, la nouvelle « La péniche fantôme » renvoie immédiatement au classique de
John Carpenter « The Fog ». Flagrant et jubilatoire à mes yeux !
Alors oui j'ai apprécié cette lecture et je suis vraiment impatient de lire un roman complet de Monsieur Matheys, histoire de voir sur quels sombres chemins il peut nous entrainer.
Pour le plaisir d'avoir lu ce livre avec une bonne bière artisanale en accompagnement : 7/10.