AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782815910453
176 pages
L'Aube (21/08/2014)
2.75/5   4 notes
Résumé :
François Hollande arrive à l Élysée avec des idées simples de non-ingérence dans les affaires africaines, de refus de toute connivence avec les chefs d État rétifs à la démo­cratie et avec la volonté d ignorer les dictateurs africains. Mais les crises malienne et centrafricaine l obligent à changer radicalement de posture... et les interventions de l armée française se dessinent dès à présent comme le principal succès du début de ce quinquennat.

Après... >Voir plus
Que lire après Les Guerres africaines de François HollandeVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Les opérations Serval et Sangaris ont déjà donné lieu à de nombreuses publications. L'ouvrage de Gregor Mathias répond à un besoin : replacer les interventions françaises au Mali et en Centrafrique dans leur contexte politique. Professeur associé à Saint Cyr, auteur d'une thèse de doctorat en histoire soutenue l'an passé à Toulouse sur la politique de pacification pendant la guerre d'Algérie, l'auteur, qui a contribué aux ouvrages collectifs du centre de recherche des écoles de Coëtquidan sur ces deux opérations, n'était pas le moins bien placé pour écrire cette synthèse.

L'interventionnisme de François Hollande en Afrique est triplement paradoxal. Premier paradoxe : François Hollande a changé de posture depuis son arrivée à l'Élysée troquant la non-ingérence pour l'interventionnisme. Deuxième paradoxe : ses interventions répétées l'inscrivent dans la continuité de celles de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, en Libye ou en Côte d'Ivoire. Troisième paradoxe : la force de caractère, voire l'aventurisme dont l'hôte de l'Élysée a fait preuve en décidant par deux fois l'engagement des troupes françaises en Afrique contraste avec la pusillanimité qui lui est reprochée en politique intérieure.

Gregor Mathias nous explique ces paradoxes et les relativisent.
A son arrivée à l'Elysée, François Hollande ne connaît pas l'Afrique. Autour de lui pas de « Monsieur Afrique », ni de visiteur du soir : le continent est traité par la cellule diplomatique de l'Élysée comme n'importe quelle région du monde. Un vieux fond d'antimilitarisme et d'anticolonialisme le conduit à tenir un discours de défiance à l'égard des interventions militaires. Telle est d'ailleurs la ligne suivie en décembre 2012 lorsqu'il reste sourd aux appels à l'aide de François Bozizé en Centrafrique .
Mais cette position va évoluer sous le feu des événements. Au Nord-Mali, la conjonction d'un mouvement indépendantiste touareg (MNLA) et d'un islamisme militant (AQMI, MUJAO, Ansar Eddine) menace d'exploser sous le double effet de l'affaiblissement de l'Etat central à Bamako et de l'arrivée d'hommes et de munitions de Libye. La crainte d'un Sahelistan se renforce qu'avait déjà identifiée Alain Juppé début 2012 et contre laquelle François Hollande, Laurent Fabius et Jean-Yves le Drian vont mobiliser les forces françaises début 2013. Idem fin 2013 en Centrafrique où la guerre civile dégénère entre la Séléka et les milices anti-balakas. Dans les deux cas, les États africains sont incapables de restaurer l'ordre – cette faillite de l'État est l'un des indices les plus désolants de l'échec de la politique de coopération française depuis les indépendances. Dans les deux cas, les organisations régionales et leurs forces d'intervention (la Misma au Mali, la Misca en Centrafrique) ne suffisent pas. C'est à la France d'intervenir, dans des conditions juridiques parfois douteuses – au Mali, le président par intérim adresse à Paris, sous la dictée de l'ambassadeur de France, une demande d'intervention – au risque de nourrir la critique d'une politique néo-colonialiste.
Gregor Mathias et Jean-Louis Triaud dans son éclairante préface ont raison de souligner que ces guerres « ne sont pas le fruit d'un grand projet, mais le résultat de la nécessité » (p. 23). On se tromperait en croyant que François Hollande s'est métamorphosé en chef de guerre depuis son arrivée à l'Élysée. Pas plus hier qu'aujourd'hui la politique africaine n'a abandonné la ligne définie par Lionel Jospin à l'époque de la disparition du ministère de la coopération : ni ingérence, ni indifférence. Les opérations Serval et Sangaris constituent des réponses ponctuelles à des situations isolées et n'ont pas vocation à se généraliser partout sur le continent.
On se tromperait tout autant en imaginant que cette évolution résulterait d'une prise de pouvoir des militaires aux sommets de l'État français. Sans doute le général Puga, qui fut le chef de l'État-major particulier de Nicolas Sarkozy avant d'être celui de François Hollande, est-il un conseiller d'autant plus respecté que ses états de service sont impressionnants. Sans doute aussi, les militaires entendent-ils administrer la preuve de l'efficacité de leur outil au moment où leur budget est remis en cause. Pour autant, l'armée française est suffisamment républicaine, suffisamment légitimiste, suffisamment respectueuse de l'autorité civile pour s'interdire de développer une politique d'influence.

A la fin du livre, les opérations Serval et Sangaris apparaissent pour ce qu'elles sont : « des guerres subies plus que des guerres choisies » (p. 23) que le chef de l'État a décidé de mener, non pas pour mettre en oeuvre une politique néo-conservatrice honteuse qui se refuserait à dire son nom, mais pour faire face à l'urgence des événements. Et François Hollande l'a fait d'autant plus volontiers que l'usage de la force armée sur les théâtres extérieurs est une décision politiquement rentable : assurée du soutien de l'opinion publique et de la classe politique, elle renforce sa stature de chef de l'État à un moment où son autorité sur le front économique et social est remise en cause.

Cette critique a été publiée dans le numéro 252 de la revue "Afrique contemporaine" de l'AFD
Lien : http://www.cairn.info/revue-..
Commenter  J’apprécie          210
Le livre est arrivé, bien emballé, merci Babelio et Masse critique.

Je dois bien reconnaître que le livre figurait au rang des outsiders dans le Masse Critique de septembre. J'ai toujours (par goût et par formation) aimé la géopolitique. Il est donc grand temps de remettre à jour mes connaissances africaines.

Etant profane en la matière, j'ai bien du mal à formuler une critique en bonne et due forme. En ce qui concerne la forme, d'ailleurs, c'est bien monté. La structure est nette, la langue directe et fluide. Cela se lit comme un article de presse. C'est bien documenté, les références abondent. A un tel point que l'on peut avoir l'impression que le livre n'est que la collation de toutes les sources disponibles. Un coup d'oeil auxdites notes permet de vérifier qu'il n'en est rien et qu'il y a un vrai travail de recoupage, découpage derrière le récit.

J'ai dit "structure nette" et en effet, l'auteur passe (dans des sections bien structurées et distinctes) du Mali à la Centrafrique en montrant bien les différences, les oppositions, les clés et les réponses apportées (militaires ou diplomatiques). On regrettera (moi, en tout cas) que le rôle du Tchad (divergent dans les deux cas) ne soit pas approfondi. Mais l'auteur en parle quand même (dur d'ignorer cela).

Que dire de plus? Il y a 3 parties inégales. La première parle des opérations militaires proprement dites, sur le terrain. Elle est bien documentée et m'a réellement appris des choses en montrant toutes les connexions entre les groupuscules, les tribus, les chefs de guerre (et à qui ils doivent rendre des comptes). Cela permet de comprendre que les choses sont loin d'être finies. La deuxième partie aborde la question de la politique française. Bien conçue, elle pose le problème et évoque des lendemains qui ne vont pas chanter. Mais il manque pas mal d'informations sur l'origine et sur les tenants et aboutissants des actions et positions politiques françaises. le présupposé est que Nicolas Sarkozy a commis bien des bourdes, mais ce n'est pas documenté. Cela m'a posé quelque problème. La troisième partie est de loin la moins satisfaisante, alors qu'elle devrait apporter les solutions et la vision pour le futur... il s'agit des politiques africaines. Et en plus, la question de la République centrafricaine est très peu traitée, l'auteur se concentrant sur le Tchad. Cette troisième partie est la moins originale aussi, car les sources extérieures sont très nombreuses. On est dans une collation de textes et de sources (ce n'est pas mal en soi, mais cela n'apporte rien de neuf, ou si peu).

Au final je suis resté sur ma faim. Et les quelques pages de conclusions, où l'auteur retrouve sa plume incisive ne m'ont pas comblé. Il m'a manqué des projections, une vision du futur où l'auteur se serait vraiment "mouillé" en nous présentant SA vision des choses.

Bref, une lecture en demi-teinte.
Commenter  J’apprécie          60
J'ai découvert à travers ce livre un univers qui m'étais jusque là inconnu. J'ai apprécié d'avoir un regard curieux pour toutes ces informations, tractations, machination qui se jouent dans les hautes sphères de l'état. Les militaires ont une part importante dans ces décisions et même si je ne suis pas toujours d'accord avec les choix politique, ce livre m'a apporté quelques éclaircissements sur les obligations diplomatiques à tenir. Toutefois j'avoue que ma lecture a été un peu chaotique du aux très nombreux sigles utilisés, noms de groupements africains qu'il m'a fallu resituer régulièrement, et aussi aux annotations de l'auteur qu'il faut aller découvrir en fin de livre. Je doute également de la neutralité de l'auteur sur la longueur du livre mais cela ne dérange pas trop le lecteur pour peu d'avoir l'esprit libre et non engagé.
Commenter  J’apprécie          20
Livre qui présente les actions de répression orchestrées par françois Hollande en Afrique. Personnellement, j'ai appris beaucoup de chose notamment sur la politique extérieure à la france. Après, je ne suis pas convaincu par ce livre et je ne le recommanderais pas un ami si ce n'est pour se faire un avis critique sur la politique extérieur dont on entend jamais parler
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (1)
NonFiction
03 novembre 2014
Avec Les guerres africaines de François Hollande, Gregor Mathias nous invite à comprendre comment se construisent les décisions de la politique africaine de la France actuellement, en particulier concernant les déclenchements des opérations Serval (à partir de janvier 2013) au Mali et Sangaris (dès décembre 2013) en République centrafricaine.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Aujourd'hui, François Hollande, en dehors de quelques bonnes paroles de nos amis, se trouve extrêmement seul. Il s'aperçoit, au moment où il a déja commencé l'opération, que finalement ce qu'il avait prévu ne marche pas, comme au Mali.
Michèle Alliot-Marie n'hésite pas à considérer que le chef d'état est "un amateur" en matière de diplomatie et de Défense.
Commenter  J’apprécie          50
Les militaires [français] se sont toujours approvisionnés à Decathlon ou au vieux Campeur en chaussures de marche, de sport, en sacs à dos et en matériel divers. (p. 96)
Commenter  J’apprécie          70

Video de Gregor Mathias (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gregor Mathias
Mali, Centrafrique: deux guerres subies par la France.
autres livres classés : géopolitiqueVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (9) Voir plus




{* *}