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3,69

sur 3171 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Pierre et Jean", court roman de Guy de Maupassant narre l'histoire de deux frères que sépare et oppose une sombre affaire de famille, l'adultère d'une mère aimée de chacun d'eux. Jean le fils adultérin hérite seul de la fortune léguée à sa mort par un ami de la famille avec qui sa mère madame Roland a entretenu une liaison secrète. Leg discriminant et suspect pour son frère Pierre, médecin de son état qui commence une petite enquête et convaincu de la culpabilité de sa mère, nourrit de noirs dessins de vengeance envers elle et son frère, ce galeux d'où pourrait venir tout le mal. Tout finira bien heureusement car dans les familles de la bonne société havraise où tous s'observent, on sait étouffer ce genre de scandale qui peut ruiner la réputation d'une famille de bien.
Ce roman catalogué de naturaliste traite de deux thèmes. D'abord d'un secret de famille dont on sait combien il peut être ravageur dans un milieu attaché aux convenances sociales. Il traite ensuite de la rivalité entre deux frangins que tout pourrait rapprocher, qui nous sont sympathiques, mais que les tourments de la jalousie, le poids des règles sociales sinon religieuses, un sentiment de persécution et de trahison de la mère aimée, viennent empoisonner une vie familiale, rangée, respectable selon toutes les apparences, et qui peut basculer dans l'opprobre générale, si jamais le secret s'ébruitait, si jamais Pierre menait ses menaces de vengeance à exécution. Mais Pierre qui n'est pas un mauvais bougre, ne veut pas la mort de sa pécheresse de mère, et peut-être se refuse encore moins d'endosser le rôle du traitre par qui le scandale arrive. Il décide de s'éloigner pour longtemps de sa famille, de quitter le Havre en s'embarquant comme médecin sur un transatlantique. Et Jean le frère adultérin, fruit du péché, pourra convoler en justes noces avec madame Rosemilly, jeune et charmante veuve dont il a le béguin et qu'il poursuit à longueur de pages de ses assiduités.
Néanmoins cette affaire finalement étouffée, n'est pas sans laisser des traces qui accusent une mère rongée par le remord, qui par son silence avait réussi jusqu'à présent à sauver les meubles et préserver les apparences d'une respectabilité, tout en trouvant auprès de son amant une affection sincère que son paillard de mari, grossier et sans éducation, indélicat à son encontre, ne lui avait jamais manifesté.
Drame de la solitude d'une mère qui n'est sans rappeler le suicide d'Emma Bovary victime de ses rêves de bonheur, drame que provoquent les vénéneuses et hypocrites pesanteurs de la bonne société havraise, la morale puritaine d'une société corsetée par les convenances. Drame aussi d'une sorte de gémellité biblique, de la rivalité entre deux frères qui s'observent et dont la jalousie naissante et obsessionnelle de l'un peut les pousser tous deux, dans une détestation crescendo, à des actes de violence irréparables.
La morale est sauve, tout rentre dans l'ordre, Jean le fils adultérin, le falot de la fratrie, se marie avec madame Rosemilly qui programme déjà des enfants, il ouvre un beau cabinet d'avocat grâce au legs, Pierre panse ses blessures et voit du pays, monsieur Roland le mari est un cocu heureux car il n'y a vu goutte, madame parvient difficilement à se racheter une conscience ... et la petit vie provinciale reprend tranquillement ses droits. Ce qui peut rassurer le lecteur amateur de happy end.
Guy de Maupassant signe ici, avec pour cadre le Havre, ses ruelles nocturnes, sa jetée, la pluie, les bateaux, la mer ... une étude sévère, précise et sans compromis, qui déborde la scénographie d'un drame familial que génère de misérables petits secrets qui viennent généralement pourrir la vie des générations futures et fabriquent des névroses cousues main, pour remplir le bol alimentaire des disciples de Freud. Il met surtout le doigt sur un mécanisme que René Girard appelle la rivalité mimétique, avec à la clé une victime expiatoire en la personne de madame Roland dont la faute est d'avoir entrenu dans le secret un adultère, une relation amoureuse qui lui apportait une affection légitime dont son mari la privait depuis trop longtemps. Pour notre bien être, Maupassant ne poussera pas plus loin cette logique dans de sanglantes extrémités, ainsi que dans une dramaturgie racinienne. Mais qu'il est difficile d'aimer, qu'il est difficile .... rappelle la chansonnette de Gilles Vigneault qui pourrait conclure ce roman.
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Deux frères que tout oppose, rivaux en tout, se trouvent traités avec injustice par le sort : l'un devient riche, l'autre doit se débrouiller. La jalousie de l'autre le conduit à fouiller dans l'histoire familiale pour se rendre compte que le frère préféré, celui qui est aimé de tout le monde, est le fruit d'un adultère commis par sa mère. Voilà, résumée en peu de mots, une intrigue qui ne passionnerait pas, si Maupassant ne savait rendre avec talent et sobriété les angoisses, les obsessions et les tourments de ses personnages. Même l'histoire de l'adultère, qu'un romancier plus conformiste, comme son ami Zola, aurait fortement condamnée, tourne à l'avantage de la mère infidèle, dans un plaidoyer magnifique qu'elle prononce pour elle-même en fin de volume, où elle clame le droit et la liberté des femmes d'aimer qui elles veulent. On sort de ce roman meurtri par les injustices de la vie : les uns ont tout, amour, fortune et beauté, les autres n'ont rien, et il n'y aucune morale à tirer de tout cela. C'est du pur Maupassant.
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" Pierre et Jean" est le quatrième roman de Guy de Maupassant, écrit à la fin
du XIXe Siècle et c' est durant l' été 1887 qu' il fut écrit d' une seule traite .
L' auteur a devancé le récit , en écrivant une préface où Guy de Maupassant
expose sa vision du roman naturaliste qu' il propose de définir comme une
étude psychologique .
Ce roman traite plusieurs thèmes à la fois : le mensonge , l' infidélité
conjugale , l' adultère ,enfant illégitime , la petite bourgeoisie et ses tares ,
l' hypocrisie sociale .
le début du livre s' ouvre sur une partie dr pêche en mer avec la
la famille Roland composée du père Roland, la mère Roland et les deux fils,
Pierre , l' aîné et de Jean, le cadet .Y assiste aussi Rosemilly, une jeune
veuve, voisine des Roland.
Au début la famille paraissait unie et sans problèmes .
Mais un jour, à la mort d' un ami à Paris, Léon Maréchal , le notaire arrive
et déclare que Maréchal lègue toute sa fortune à Jean !
Ce dernier détail sera l' élément déclencheur de la zizanie au sein de
la famille Roland .
Pierre envieux et jaloux de son petit frère va se poser beaucoup de
questions sur cette donation faite à son frère et de laquelle il est exclu :
trouvera-t-il la réponse à ses questions ?



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L'histoire, assez simple, est l'occasion pour Maupassant de nous distiller son sens du détail, sa force de récit. Je suis toujours happé par son écriture implacable et la manière sans concession avec laquelle il développe ses personnages. Peu sont épargnés, pour ne pas dire aucun.

Avec ce Pierre et Jean, Maupassant nous amène à réfléchir sur la nature humaine. Pourrait-on envisager un monde où l'on ne jalouserait pas son voisin, son ami ou même son frère ? L'homme court après des désirs toujours insatisfaits (on rejoint la thématique principale de Bel-Ami), et envie toujours le bonheur et la réussite de son prochain, dans une société basée sur la compétition entre individus. Difficile d'imaginer un autre monde quand on songe que l'espèce humaine est la seule dont les désirs ne correspondent pas aux besoins réels. Contrairement à l'humain ; les animaux, qui ne sont pas à son contact, ne s'affament pas volontairement ou ne se gavent pas en période d'abondance. Il en est de même pour les nourrissons, un bébé ne se gave jamais de lait et ne jeûne pas. En grandissant, une fois que le désir a pris le pas dans le développement de l'homme, il en devient esclave à tout jamais, telle semble être la leçon De Maupassant.
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Pierre et Jean est juste sublime. Il se lit vite, très vite, même s'il ressemble aussi à une nouvelle que j'ai lu de lui, mais pour le coup moins travaillée et vue sous l'angle du père et non du fils. le texte est court, simple, il n'y a jamais un mot ou une phrase inutile et surtout, il explore comme dans ses autres chefs-d'oeuvres, l'âme, les doutes et toutes les alternances de sentiments. Pourtant une oeuvre à la troisième personne. C'est vraiment le génie De Maupassant. Bref, un auteur que j'adore et maintenant pas que pour ses nouvelles
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C'est la deuxième oeuvre De Maupassant que je redécouvre et mon coup de coeur pour son style se poursuit. D'autant plus qu'il s'agit ici d'un roman, plus long que des nouvelles, qui m'a permis de m'immerger et d'apprécier davantage.
C'est l'histoire de deux frères qui se déchirent, et plus largement d'une famille qui vole partiellement en éclats, le tout dans le décor enchanteur d'une belle Normandie de bord de mer. Une atmosphère dans laquelle l'auteur nous plonge avec délice et poésie. Ce que j'ai surtout aimé c'est le talent frappant De Maupassant à nous dépeindre les sentiments humains avec tant de justesse, de subtilité et de réalisme.
On va suivre Pierre dans la découverte d'un secret de famille le concernant, on le suit dans ses tourments intérieurs, ses doutes, ses colères, sa faiblesse, son enfermement dans ses propres rancoeurs... On s'attache presque à lui, on aimerait qu'il soit capable d'avouer ses vrais sentiments de solitude à sa famille, à leur pardonner. On suit aussi les sentiments de Jean et de leur mère et le désarroi de ceux-ci face à la dureté de leur frère et fils.
C'est un roman sans gros rebondissements, sans véritable action, l'essentiel est axé sur la psychologie et les relations familiales, et ce avec brio.
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J'avais lu cet ouvrage quand j'étais étudiante, je viens de le relire pour l'étudier en classe.
La trame de l'histoire est simple, les personnages sont dès le début proches de nous lecteurs, car ils vivent une vie ordinaire.
J'ai apprécié les nombreuses et magnifiques descriptions de la belle Normandie, la plume De Maupassant ici m'a transportée !
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Bon, je confirme... J'aime Maupassant. Quelle belle écriture ! On suit la psychologie des personnages, surtout celle de Pierre, frère malheureux de Jean. Il dit tout en peu de mots. Tout de la bassesse de l'homme, mais aussi de sa grandeur, de son sacrifice. Une plongée dans la nature humaine. Dommage du peu, j'en reprendrais bien une petite part.
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Les Roland étaient bijoutier à Paris. A la pension de monsieur, ils sont venus s'installer au Havre. Leur passion, naviguer et pêcher depuis leur bateau « la Perle ». Des deux fils, l'ainé Pierre est médecin. Jean de cinq ans son cadet est avocat. Rien ne les confond, ils sont très dissemblables, physiquement et de façon comportementale.

Un notaire rend visite à la famille Roland pour annoncer qu'un monsieur Maréchal est décédé et a fait de Jean son héritier. Qui est ce monsieur ? Pourquoi Jean est l'unique héritier ? Toute la famille se réjouit de la nouvelle alors que Pierre qui prend mal l'évènement cherche à savoir pourquoi.

« Quand on parlerait d'un fils Roland on dirait : Lequel, le vrai le faux ? » C'est une réflexion qui hantait l'esprit de Pierre.

Du temps de Paris, Maréchal était un ami de la famille, Depuis, il ne s'est plus montré. Sa photo est exposée au salon puis brusquement retirée. Pierre cherche à savoir pourquoi. A force d'insister, la mère sort le portrait et Pierre voit une ressemblance marquante entre monsieur Maréchal et Jean.

Jean reçois sa famille dans l'appartement qu'il occupera pour sa profession et son couple Il épousera la veuve Rosémilly. Après la réception, Pierre est en colère, il crie en annonçant à Jean qui est son véritable père. La maman dans la pièce d'à côté entend tout et avoue la vérité à Jean. Dès ce moment la vie ne sera plus possible avec Pierre. Trouverons-t-ils une solution ?

L'auteur dégage, avec talent, la philosophie de faits courants de notre société. Maupassant use de dialogues entre les personnages qui rendent vivant l'évolution de l'histoire, le lecteur s'y intègre au point de se trouver parmi les personnages. Fine écriture que celle De Maupassant !

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Ce court roman est une petite merveille. Une construction parfaite, un français de haute tenue, un vocabulaire de grande précision, une intrigue solide, et qui ose s'aventurer - ici avec une infinie délicatesse - sur un sujet faisant partie du quotidien, mais pourtant tabou: un fils - la trentaine - , suite à la nouvelle selon laquelle son frère va hériter de la fortune d'un ami de ses parents, réalise que sa mère a peut-être commis, dans le passé, des infidélités, et par conséquent que son deuxième fils ne serait pas issu de son mari légitime, père du premier fils bien entendu. La naissance de ce soupçon, sa maturité, la confrontation avec cette réalité, le dialogue avec son frère pour l'en informer: nous sommes là au coeur d'un drame familial; il nous est narré avec un talent sans égal. Ce livre est, semble-t'il, utilisé par certains enseignants pour montrer à leurs élèves comment un roman est construit: c'est un excellent choix (même si certains de ces professeurs peuvent se trouver un peu embarrassés avec le sujet lui-même ...). Donc, nous sommes là face à un bijou littéraire. Avec d'autres oeuvres - "Une vie", particulièrement - Maupassant a atteint l'excellence. Avec Pierre et Jean nous sommes à nouveau en présence d'une véritable pépite.
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