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3,69

sur 3171 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne me lasse pas de lire cet auteur que je trouve très moderne. Pierre et Jean raconte l'histoire de deux frères qui n'ont rien en commun, tant sur le plan physique – l'un est brun, l'autre blond – que moral. L'entente n'est déjà pas à son paroxysme et voilà qu'une visite du notaire va faire basculer les valeurs fraternelles : Jean, le cadet, hérite de tous les biens d'un ami de la famille. Pourquoi ? Pierre va se sentir lésé, à juste titre, et va essayer de comprendre la raison de ce legs. Et si le donateur, blond comme Jean, était en fait le père de ce dernier ?

Maupassant n'a pas son pareil pour décrire la vie et ses affres. de plus, il a un style qui ne vieillit pas. Pierre et Jean pourraient être deux personnes du XXIe siècle puisque rien n'a changé. On remarque que les ressorts dramatiques qui cassent les liens, qui désunissent les familles, sont les mêmes qu'aujourd'hui.
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1888, c'est l'année où Zola publie « le rêve »… Zola, pour beaucoup la référence de cette époque. Mais c'est également l'année où Guy de Maupassant publie « Pierre et Jean », son quatrième roman ; un petit roman écrit d'une traite durant l'été 1887…
Quel rapport, me direz-vous ? A part l'amitié qui lie les deux hommes, rien sans doute… Quoique… Si Zola place l'essentiel de ses « Rougon Macquart » dans le sud et à Paris, Maupassant place ses romans mais aussi ses nombreuses nouvelles en Haute Normandie, à l'époque, en Seine Inférieure ; mais la préoccupation est bien la même : décrire le monde qui les entoure avec un certain réalisme.
Dans « Pierre et Jean », nous sommes au Havre, à la fin du XIX ème siècle chez les Roland, père, mère, fils, fils… Les deux fils embrasseront, l'un la carrière d'avocat, Jean, le blond, le posé, et l'autre, Pierre, le brun, l'exalté, celle de médecin.
Tout irait pour le mieux si un ancien client de la bijouterie familiale, Léon Maréchal, ne décédait brusquement en léguant sa fortune à Jean. Une sourde rivalité s'installe entre les deux frères, puis le doute…

« Pierre et Jean », une oeuvre naturaliste, non seulement par l'intrigue sur fond d'hérédité légitime ou adultérine et les problèmes d'argent de la petite bourgeoisie provinciale, mais aussi et surtout par le cadre du roman : la Normandie portuaire : ses jetées, ses cafés... Ses marins…

Un superbe roman précédé d'une préface où l'auteur définit à son idée le roman, le roman réaliste, et le romancier…Un superbe roman, et probablement un de mes préférés de cette époque si riche par ailleurs.
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Quelle merveille inattendue! Pierre et Jean était destinée à être une courte lecture entre deux monstres, mais ça a finalement été une très bonne découverte.
L'intrigue, assez simple, nous amène dans les méandres psychologiques de Pierre, jeune homme diplômé de médecine, qui voit son frère cadet hériter d'une grosse fortune suite à la mort d'un vieil ami de ses parents.
Pourquoi Jean est-il l'unique héritier de cet homme célibataire endurci? Pourquoi lui, Pierre, le premier que cet homme a connu et aimé, ne lui a t-il rien légué? Et pourquoi ses parents et Jean semblent-ils trouver cet héritage normal alors qu'il est suspect pour ses amis? Quel atroce secret de famille cache cet héritage?

Comme toujours, l'écriture est incisive et belle. On suit les tourments du pauvre Pierre, jeune homme sanguin si différent de son frère, plus sensible et doux. Les descriptions du port du Havre et de la mer sont magnifiques de retenue, on entend le bruit des vagues contre la coque des bateaux, on aperçoit la lumière brumeuse du phare dans la nuit silencieuse.
Je n'ai jamais autant aimé Maupassant.
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Deux frères que tout sépare - le physique comme le caractère - et qui se jalousent en secret sans pour autant se détester : Pierre, un médecin de trente ans, et Jean, un avocat de cinq ans son cadet. Une rivalité constante mais relativement paisible, tempérée par leurs parents et une vie familiale bourgeoise et ordonnée, oppose depuis l'enfance Pierre, le violent, le rancunier, à son cadet d'un commerce plus agréable et plus doux.

Un héritage inattendu et vécu par Pierre comme une incompréhensible injustice fait soudain basculer cet équilibre précaire : pour quelles obscures raisons M. Maréchal, un vieil ami de la famille récemment décédé, laisse-t-il à Jean - et à lui seul - la totalité de ses biens, un legs considérable, une véritable fortune ? le choc est rude pour Pierre qui n'en ressent d'abord qu'une “pesanteur d'âme”, “un petit point douloureux”, “quelque chose comme une graine de chagrin” - avant que ne se déverse en lui toute la haine et toute la rancune de son tempérament naturellement violent et soupçonneux… Un déferlement, un cataclysme, qui emportera tout sur son passage.

"Pierre et Jean" fait partie des romans dits “réalistes” De Maupassant qui s'attache ici à décrire au plus près la réalité des émotions, des situations et des paysages : réalités de la jalousie et de la haine - et de leurs mécanismes ; réalités cachées sous les masques trompeurs de la petite-bourgeoisie un peu trop lisse et des familles un peu trop sages ; réalités enfin d'une ville - Le Havre - retranscrite dans toute la vérité de son effervescence portuaire, de son paysage urbain, de sa campagne normande et de sa vie provinciale.

L'art De Maupassant se déploie ici à plein, qui sait rendre à merveille les ressorts psychologiques de personnages aux sentiments palpables, hauts en couleurs et parfaitement incarnés, les émotions cachées et les secrets coupables, et l'écriture superbement maîtrisée De Maupassant ajoute encore au plaisir de lecture de ce roman qui compte - au même titre que “Bel-Ami” - au nombre de ses chefs d'oeuvre. Un grand texte et un grand classique, absolument indémodable, et une référence de la littérature française.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
[Challenge solidaire 2019 - Des classiques contre l'illettrisme]
[Challenge Hommage à NOTRE-DAME de PARIS]
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Pierre et Jean sont deux frères qui ont grandi dans une famille de la bourgeoisie normande. Ils habitent désormais au Havre.
Le père, M. Roland, ancien bijoutier parisien, voue un amour inconditionnel pour la mer, la pêche en bateau et c'est cette passion qui a amené la famille a déménager pour s'établir sur ces côtes normandes si belles et si apaisantes.
Pierre et Jean, ce sont deux prénoms qui sonnent comme l'enfance insouciante, désinvolte, une fratrie qui a grandi au sein d'une famille aimante et protectrice.
Le temps s'écoule ainsi, dans une sorte de joie affable, un peu innocente, protégée des tracas du monde.
Le bonheur est là dans l'amour naissant entre Jean le cadet et Mme Rosémilly jeune veuve de vingt-trois ans, voisine des Roland.
Guy de Maupassant n'a pas son pareil pour décrire de belles scènes familiales et champêtres dans une manière réaliste, des repas qui s'éternisent, une partie de pêche en mer, au loin les paquebots qui frôlent l'horizon tandis que des bateaux de pêche longent la jetée, regagnent le port, les soutes pleines de poissons. Tel un peintre impressionniste, l'auteur procède par petites touches savamment dosées et nous enchante dans un récit qui démarre comme la légèreté bucolique d'un pique-nique en pleine campagne.
La mère est heureuse, riante, sensible aux attentions les plus simples, appréciant à sa juste valeur ce bonheur potache qui ne fait de mal à personne et qui dégringole comme un soleil venu du ciel sur une clairière…
Qu'importe si le père n'a pas inventé le fil à couper le beurre, est un peu balourd surtout à la fin des repas, le digestif aidant…
C'est ainsi que nous nous attachons à ces personnages ordinaires, posés dans ce paysage qui habille désormais leur univers.
Deux frères, c'est la complicité, la différence et l'altérité… Ici Pierre et Jean sont différents autant que peut l'être le jour et la nuit. Jean est blond, tandis que Pierre est brun, mais la différence ne se limite pas aux frontières du physique. Leurs caractères également sont différents et peut-être aussi ce qui sommeille dans le tréfonds de leur âme. Ils ont cependant en commun l'ambition d'avoir réussi leur rêve professionnel. Pierre est médecin et Jean s'apprête à se lancer dans une carrière d'avocat…
Guy de Maupassant en veut-il au bonheur des familles heureuses ? Voici que dans sa palette de couleurs il vient jeter une petite ombre, comme cela, presque insignifiante. Elle pourrait d'ailleurs prendre la couleur du bonheur, prolonger cette joie qui existe déjà et qui coule comme un long fleuve tranquille… Un jour, la famille Roland reçoit la visite du notaire pour les informer d'une bonne nouvelle : Léon Maréchal, un très bon ami de la famille perdu de vue depuis leur départ au Havre, vient de décéder et lègue tout son argent à … Jean. Jean oui, le cadet… Pourquoi Jean et pourquoi pas Pierre l'ainé, celui que Léon Maréchal, l'ami de la famille prenait sur ses genoux avant la naissance de Jean ? Pourquoi Jean et pourquoi pas les deux frères tant qu'à faire ?
Pourtant, les parents ne voient le mal nulle part et au contraire, accueille l'événement comme un signe supplémentaire qui vient se conjuguer à leur bonheur. Pour eux, toutes les planètes semblent alignées et la perspective d'un mariage à venir s'invite alors sous les meilleures auspices.
Sous les aspects anodins d'une bonne nouvelle, cette annonce va se transformer pourtant peu à peu en élément perturbateur… Je vous laisse imaginer tout ce qui passe par la tête du frère ainé et forcément la différence physique, la blondeur de Jean devient suspecte…
La rivalité fraternelle qui couvait sans doute, insidieusement, se découvre petit à petit entre les deux frères, comme une évidence…
Peintre des paysages et des personnages, cet héritage, cet argent qui tombe du ciel, va révéler bien des choses dans les caractères bon enfants des membres de cette famille unie, bien sous tous rapports. C'est comme si brusquement la mer s'était mise à s'agiter, la terre peut-être a alors tremblé, le trou normand fait des vagues. Les familles heureuses ont-elles aussi des secrets de famille qu'il serait honteux de révéler ?
C'est un roman en trompe-l'oeil, à chaque page je me demandais où l'auteur m'entraînait. Il faut toujours se méfier de l'eau paisible, de la Normandie sereine où Emma Bovary imagina elle aussi la courbe fugitive d'un bonheur éperdu que le destin infâme transforma en cauchemar fatal. La force du roman tient à son ambiguïté sans cesse renouvelée comme la vague qui se jette sur le rivage. Il n'est sans doute pas anodin de voir dans le paysage océanique qui berce, qui tangue, qui bouscule aussi ce roman, un élément majeur dans la dramaturgie du récit qui va, grandissante. Cependant, il est traversé aussi par la lumière éblouissante d'un fils pour sa mère.
J'ai été admiratif de l'écriture De Maupassant, qui, sans effet, vient tranquillement déployer pas à pas son histoire de manière magistrale, dans le dédale des encombrements du hasard et de la futilité des jours lisses. C'est grandiose.
La violence enfouie d'un drame familial se dessine alors, creusant ses chemins comme des galeries souterraines.
C'est un récit réaliste de la métamorphose, comme un paysage qui se transforme sous nos yeux, en nous laissant à chaque page le soin d'être apprivoisé par un doute léger, qui grandit, tremble en nous, qu'on efface de temps en temps d'un revers de main.
C'est fin, c'est cruel, c'est du grand art, c'est l'abîme qui s'ouvre, égratignant au passage l'image de la sacrosainte famille et il n'y a sans doute pas de hasard si Maupassant figure dans mon panthéon littéraire parmi mes écrivains préférés du XIXème siècle.
XIXème siècle, certes mais Maupassant est intemporel dans sa manière de nous offrir ce texte si moderne par bien des aspects. Famille, je vous aime !
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Guy de Maupassant est surtout célèbre pour ses nouvelles si bien ciselées, si percutantes. Il n'a écrit que très peu de romans et "Pierre et Jean" est l'un de ceux-ci. L'action comme très souvent se déroule en Normandie. Pierre et Jean ce sont deux frères qui vont être séparés par un terrible secret de famille. La tragédie n'est pas loin... L'histoire est forte. le texte magnifiquement bien rédigé. Et Guy de Maupassant fin psychologue dépeint merveilleusement bien les protagonistes. Un grand livre De Maupassant. Un excellent roman moderne pour l'époque où régnait une bourgeoisie pudibonde.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Les grands romans policiers ne peuvent être réduits à des romans policiers ; les grands romans d'anticipation ne peuvent être réduits à des romans d'anticipation ; et les grands romans psychologiques, tels que "Pierre et Jean" ne peuvent être réduits à des romans psychologiques. Il y a toujours mille choses en plus, une richesse infinie dans ces grands romans, qui ne peuvent être réduits ainsi.
Que "Pierre et Jean" soit une étude psychologique, soit ; qu'il ne soit que cela, je le nie.
Car il y a beaucoup de choses dans "Pierre et Jean" : l'étude psychologique, l'étude de moeurs et tant d'autres choses. C'est un roman noir et cruel, en un sens ; il nous permet de découvrir les tourments psychologiques d'un personnage, décrits avec puissance par un Maupassant au sommet de son art.
La construction du texte, très habile dans la succession des scènes, la symbolique complexe et discrète de l'oeuvre sont également admirables ; mais, pour ma part, ce qui me plaît, ce qui m'enchante plutôt, ce qui fait de ce roman à mes yeux un chef-d'oeuvre, c'est la langue, c'est le style, c'est la façon d'écrire De Maupassant, si juste et si simple à la fois.
Grâce à ce style, on trouve dans toutes les pages un authenticité et une couleur locale merveilleuse.
Et c'est ce style, si évocateur, si simple et si juste, et si travaillé, qui me vient en mémoire lorsque je pense à "Pierre et Jean".
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Une histoire très simple, oyez, oyez : une famille de la moyenne bourgeoisie, le père, commerçant retraité un peu balourd, la mère, très mère poule, et deux fils aussi dissemblables que possible, tant au physique qu'au moral. Et voilà que Jean, le plus jeune, hérite seul de la fortune d'un ami de ses parents !
De quoi se poser bien des questions, ce dont ne se prive pas Pierre, le fils aîné, médecin en quête d'un cabinet, qui va peu à peu être envahi par le dépit, laisser éclater sa jalousie et ses soupçons quant au passé de sa mère.

Maupassant, en un roman très court, décrypte avec une précision d'horloger les méandres les plus sinueux de la pensée humaine, en l'occurrence celle du frère aîné, ardent, violent, velléitaire, obsédé par l'héritage dont a bénéficié son frère, se perdant en supputations diverses et se laissant emporter par d'incontrôlables émotions.

Maupassant nous conte tout cela de façon éblouissante. Et le lecteur de dévorer avec passion cette prose précise, qui analyse implacablement les errements de l'humain et restitue avec une remarquable économie de moyens et une justesse parfaite les tourments de l'âme, sans omettre les petitesses et les travers de la classe sociale dont il se fait l'analyste.

Ouvrage intemporel donc, tant le fonctionnement de l'homme du 21ème siècle est semblable à celui du 19ème !
La technologie a certes beaucoup évolué,
mais l'être humain reste indécrottablement le même, toujours soumis aux diktats de ses passions.
Et Maupassant est grand !
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Près de mille contes et nouvelles pour seulement six romans, mais quels romans!
Si le génial créateur du "Horla" et de "La Parure" maîtrisait comme personne l'art de brièveté, et celui, plus exigent encore, de la chute, force est d'admettre qu'il fut également un romancier de talent, capable d'injecter dans ses romans la force et l'intensité, la fulgurance qu'il mettait dans ses nouvelles. Ce trait si caractéristique est peut-être encore plus manifeste dans "Pierre et Jean" que dans les autres romans de Guy de Maupassant, peut-être parce que l'histoire de ces deux frères -plus Caïn et Abel que Castor et Pollux- est plus courte que celle de Jeanne ou de Georges Duroy ou parce qu'elle fut écrite d'une seule traite et fiévreusement (je n'imagine pas que Guy de Maupassant ait pu l'écrire sans fièvre!) pendant l'été 1887...

"Pierre et Jean" est un roman complexe et cruel. Un roman qui se lit comme il a dû être écrit, dans l'ardeur, l'exaltation. Sous tension. Un roman dont on est soulagé de tourner la dernière page. Il y a trop de non-dits dans ce coin de Normandie. Trop de rancoeurs et une violence sourde aussi.

M. Roland était bijoutier autrefois. La vieillesse et l'aisance financière venues, lui et son épouse quittent Paris pour s'installer au Havre où l'ancien boutiquier prend plaisir à jouer les navigateurs et à taquiner le poisson. Capitaine du dimanche nantis aux beaux jours de pêche de sa femme, point trop laide encore pour son âge, et de ses deux fils: Pierre et Jean.
Jean est brun, Pierre est blond.
Le premier est sec, nerveux, emporté; le second est un tendre, un doux, un peu trop sage peut-être, indolent sans doute.
Jean est un médecin insatisfait. Pierre un avocat serein.
Les deux frères s'opposent et ne s'entendent pas: le feu et l'eau, le trèfle et le carreau. Moins Castor et Pollux qu'Abel et Caïn; Tybalt et Mercutio.
Malgré ces irréconciliables différends, la famille parvient à conserver un semblant d'unité: en mère attentive, Mme Roland y veille et elle ne s'en sort pas si mal, même lorsque qu'une charmante veuve s'invite dans le tableau et la partie de pêche familiale, accentuant au passage la rivalité fraternelle. Elle ne s'en sort pas trop mal jusqu'à la visite du notaire qui va faire éclater l'orage. Ce dernier vient en effet annoncer à la famille que Léon Maréchal, un ami parisien et depuis longtemps perdu de vue, vient de mourir en léguant toute sa fortune à Jean.
Dès lors, l'inimitié larvée, tapie entre les deux frères éclate, croît et tourmente, empoisonne de son venin le cours de la vie des Roland. C'est l'avènement d'une jalousie dévorante et destructrice qui ne laisse plus de répit à Pierre qui erre sur le port brisé, mauvais.
Pourquoi Jean? Pourquoi Jean et pas lui? C'est inexplicable, incompréhensible... A moins que... Oui, peut-être... Mais non, c'est trop brutale, c'est trop atroce! Et pourtant... A moins que Jean ne fut le fils de Maréchal... Il n'y a pas d'autres raisons, si?
Dès lors Pierre ne connaîtra plus aucun répit et il fera de la vie de sa mère, cette femme qu'il aimait tant, un enfer jusqu'au moment où il pourra tourmenter son frère à son tour.
Et puis, partir peut-être, prendre la mer et disparaître.

"Pierre et Jean" est un roman réaliste, naturaliste même, d'une stupéfiante efficacité et qui s'y prend à merveille pour sonder les affres de l'âme humaine. Les pages consacrées aux tourments de Pierre, qui n'ont pas été sans me rappeler "Le Horla", sont douloureuses et magnifiques à la fois. En à peine deux-cent pages, Maupassant parvient à sculpter des personnages complexes et poignants qui nous bousculent, qui interrogent aussi la notion de famille et fraternité, le rapport au père et à la mère... Hamlet n'est pas si loin quand Pierre - qu'on croit d'abord détester avant de le regarder avec une infinie compassion- torture sa mère, non pas pour la question de l'héritage finalement, mais parce qu'elle a trahi son père, le lui rendant lui aussi insupportable. Et pour Pierre, comment ,dès lors, se sentir chez lui parmi les siens, comment?
Et par ailleurs, comment ne pas s'apitoyer sur cette mère au supplice et à la vie gâchée? Comment ne pas s'attendrir sur l'amour que ne cesse de lui porter Jean?
Même M. Roland, naïf à en pleurer (ou à en rire!) attise un rien de compassion au coeur de cette intrigue déchirante...mais pas autant, cependant que M. Marowsko. Lui, allez savoir pourquoi, il m'a brisé le coeur.










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Maupassant livre ici son quatrième roman et le moins qu'on puisse dire c'est qu'une fois commencé il est dur de le lâcher.

On fait donc la connaissance de Pierre et Jean, deux frères que tout oppose. L'un est blond, l'autre brun, ils ont des caractères radicalement opposé et puis quand un jour un ami de la famille lègue sa fortune a Jean, c'est un fossé qui se creuse entre les deux frères. Pierre va devenir obsédé par cet héritage, jusqu'à déterrer un secret de famille qui fera tout voler en éclat : "Il souffrait affreusement de ne plus l'aimer, de ne plus la respecter et de la torturer."

L'écriture de Maupassant est très agréable et n'a pas prit la moindre ride. Il décrit a merveille ses deux personnages, toutes leurs émotions et c'est un véritable plaisir de lecture.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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