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sur 75 notes
François Mauriac (1885-1970), lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1926), membre de l'Académie française (1933) et lauréat du prix Nobel de littérature (1952) a été décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1958. Les Anges noirs est un roman de 1936.
Jeunes gens, Gabriel et les cousines Adila et Mathilde se fréquentaient lorsque contre toute attente, le beau jeune homme épousa Adila, triste laideron, coup dur à encaisser pour l'autre. Très vite décédée, sa femme lui laisse leur fils, Andrès, que Mathilde élèvera car Gabriel est volage autant qu'ambitieux, usant de ses charmes pour arriver à ses fins, et c'est à Paris qu'il tente de s'y employer grâce à Aline, prostituée ne manquant pas de ressources. Une vingtaine d'années plus tard, Gabriel aux abois, endetté et à la merci d'un chantage exercé par Aline, revient dans les Landes, au château de Liogeats, où vivent Mathilde, son époux malade et leur fille Catherine, ainsi qu'Andrès. Gabriel a un plan, faire hériter au mieux son fils du domaine et des terres appartenant au couple pour en tirer ensuite quelques profits…
L'intrigue est diablement complexe car si dans les grandes lignes il y est question d'héritage, s'y ajoute un acteur supplémentaire, l'abbé Forcas, un jeune prêtre moqué de tous au village, « il avait échoué : ni auprès des jeunes gens, ni auprès des vieux il n'avait trouvé le moindre accueil ». L'abbé a une soeur, Tota, femme mal mariée, maitresse secrète d'Andrès, mais que tout le village prend pour la concubine du pauvre prêtre !
Le roman est terriblement captivant car la lutte psychologique est âpre entre les uns et les autres. Tous se tiennent les uns aux autres, comme une chaine dont chaque maillon est un personnage dépendant du précédent ; magouilles, manigances, chantage, liens du coeur réanimés, trahison, un festival de rouerie mais aussi de naïveté coupable/bêtise… Au château tout le monde sait que Gabriel est dangereux, son passé en témoigne, certains craignent même pour leur vie, d'ailleurs un crime sera commis ! La lâcheté et l'appât du gain imposeront le silence à tous.
A tous, sauf à Gabriel qui ressentira le besoin irrépressible de confier ses péchés à l'abbé Forcas, les deux anges noirs ; noir de ses crimes pour l'un, noir de la soutane pour l'autre. Deux hommes que tout oppose a priori mais qui se comprendront in fine.
Je l'ai dit, l'intrigue est complexe, les acteurs nombreux et liés les uns aux autres par des liens de sang, d'amour, de haine, de profit, cette complexité psychologique m'a aussi fortement agacé parfois, exemples : Mathilde a jadis aimé Gabriel, aujourd'hui ce n'est plus le cas mais néanmoins pour lui elle va trahir pensant aider Andrès, de même pour Gabriel qui d'une certaine manière, manigance pour assurer l'avenir de son fils… La fin justifie les moyens dit le proverbe mais que répond la morale ? Un roman qui se lit comme un thriller, tant il est prenant.
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Les Anges Noirs/François Mauriac
Gabriel Gradère, fils du métayer des riches propriétaires Péloueyre, la cinquantaine, entame la rédaction d'une confession qu'il destine à l'abbé Forcas du village de Liogeats en Gironde à la frontière des Landes. Une confession dans laquelle il n'épargne personne, pas même lui-même. Il y relate les faits marquants de sa vie. Aujourd'hui, veuf d'Adila, ruiné, il vit à Paris dans un petit logement sordide, seul, encore harcelé par cette Aline qu'il a un temps aimé.
Il décide, pour régler certaines affaires et marier son fils Andrès à Catherine, la fille de sa cousine par alliance Mathilde, (la cousine d'Adila, cette cousine qu'il a jadis tant chérie) - (il faut que les terres restent dans la famille !) de retourner à Liogeats. Il retrouve alors non seulement les lieux de son enfance, mais aussi ce « cimetières de vivants préfigurant celui où ils finiront par se rejoindre tous, les bourreaux et leur victime, à l'entrée du village. »
Comme toujours chez Mauriac, la noirceur des âmes des personnages conduit à des situations très particulières où la révolte ou la résignation et le cynisme se conjuguent pour le malheur de tous.
Il n'y a pas de joie chez Mauriac : l'ambiance est sombre et tendue et la conspiration plane constamment. On parle à voix basse, on chuchote, on épie, on médit, on souffre, on attise la souffrance des autres. Jusqu'au crime.
Seule petite lumière, l'abbé Alain Forcas dont la bienveillance apporte un peu de baume dans ce dédale sordide.
Mauriac ainsi nous entraine avec talent et tact, dans un style toujours simple et fluide, à la frontière indécise du bien et du mal comme à son habitude : les rencontres entre Gabriel Gradère et Alain Forcas, sont les pages parmi les plus brûlantes de ce roman magnifique.
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Avec son nom et sa gueule d'ange, Gabriel a su séduire des jeunes filles, peut-être pas si innocentes que ça. La leçon apprise il ne cessera ensuite de jouer de ses atouts par parvenir à ses fins et mener la « grande vie ». Ici, il n'y a pas les bons et les méchants, mais chacun suivant ses désirs. Qui sait si en n'affectant pas de faux scrupules, Gradère n'est pas le plus clair des anges noirs de cette tragédie ?
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Quand les opposes se rencontrent celà fait un livre superbe, ou les personnages sont bien dresses et le suspense maintenu jusqu'à la derniere page.Un bon moyen de decouvrir l'oeuvre de l'auteur et de voir si vous accrocher au style et au phrase de l'oeuvre.
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Les Anges noirs est un roman écrit en 1936 par François Mauriac, prix Nobel de la Littérature 1952.

Difficile de se prononcer sur un roman très bien écrit mais qui date. On y retrouve cette atmosphère si particulière à Mauriac, mélange de secrets de famille, de religion omniprésente, de rédemption possible, de déchéance et de mésalliances.

C'est une fois de plus la mésalliance qui est à la source de l'intrigue du livre. le héros, à l'âme noire (mais susceptible de rédemption ?) entraîne avec lui dans sa chute toute une famille. le huis-clos dans le château est quasi insupportable. Les manigances des uns et des autres s'enchaînent rapidement et tragiquement jusqu'à ce que la vérité éclate.

A noter, le héros est confronté à un jeune prêtre tourmenté mais saint, dont j'ai bien aimé le personnage, et qui rappelle d'ailleurs un peu les figures de prêtres chez Bernanos.
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François Mauriac est un excellent romancier, mais sa chrétienté lui colle un peu trop à la peau et, parfois, l'empêcher d'aller jusqu'au bout des turpitudes humaines qu'il décrit pourtant à la perfection.

C'est le cas de ce roman où les ingrédients classiques de ses écrits sont présents, à savoir la province, un vaste domaine familial, un milieu très aisé, une famille qui se déchire, la cupidité et les intérêts, des personnages souvent peu sympathiques, et un drame qui couve. Tout cela est parfaitement abordé et tient en haleine.

Cependant, il y a un prêtre (extérieur à la famille), lui-même non dénué de certains tourments, mais qui lutte efficacement (grâce à la présence de Dieu…). Ce n'est pas que ce soit gênant en soi, c'est plutôt la récurrence de ce christianisme, assez prégnant dans ses romans, et plus encore dans celui-ci, qui donne l'impression que son oeuvre est perpétuellement influencé par la foi et qu'elle la bride.

En l'occurrence, alors qu'après un premier meurtre (d'une vieille catin alcoolique), on s'attend à ce que tout bascule dans un dénouement épouvantable, le personnage le plus pourri de cette famille (le meurtrier en l'occurrence) tombe malade, se réfugie chez le prêtre, est saisi par une foi vibrante (celle du charbonnier) et parvient (le prêtre en est certain) au salut par le regret de sa vie dissolue. Bref, la rédemption.

Or, cette rédemption (surprenante et peu crédible) gâche la fin du roman et empêche une autre fin dont la noirceur aurait été à la hauteur du reste (car, par ailleurs, noir c'est noir…).

Sacré Mauriac !
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Un Mauriac peu connu, mais on ne peut s'y tromper: cette atmosphère sombre, cette province avide et sèche, ces êtres torturés, ces familles plombées par les intérêts, la lointaine dépravation parisienne, ces drames qui couvent, tout cela fait Mauriac, avec une élégance de plume qui tient ensemble tous ces éléments.
En introduction du roman la confession à un prêtre d'un homme beau et dépravé qui revient dans la famille adoptive qu'il a détruite donne le ton et le sujet : la confrontation entre le bien et le mal, entre ce prêtre torturé qui rappelle celui de Sous le soleil de Satan et ce Dorian Gray vieillissant lucide sur sa turpitude et qui en a trop fait pour pouvoir être sauvé.
Certains ont pointé la religiosité de ce roman, j'y vois plutôt une étude désenchantée de l'âme humaine incapable de dépasser ses désirs, ses intérêts et ses passions. A cela, tous les personnages sont condamnés : la cupide à la maladie, l'amante au dessèchement, le dépravé à la damnation.
Tous des anges noirs en effet, dans un roman sans soleil.

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Noir c'est noir, chantait le rocker…
Dans ces « Anges noirs », il n'y a pas que les anges qui sont noirs : l'atmosphère est noire, le temps est noir, les âmes sont noires...
Je parle sciemment des âmes, car c'est, dans ce que j'ai lu de François Mauriac, le roman où la religion tient le plus de place. Bien sûr, il y a Alain, le curé, mais tout est sous-tendu par le religieux dans ce roman de la bourgeoisie de campagne bordelaise où l'on parle plus facilement de regroupement de terres et d'intérêts que d'amour quand il s'agit de mariage.
Mieux. Il y aura un crime, de nuit, sous la bourrasque et la pluie battante, une fille de petite vertu, qui plus est, maître-chanteuse… le mal triomphant du pire, ou l'inverse… Je ne sais plus…
Un quasi huis-clos dans le château familial, une intrigue sombre, complexe, dans les rapports des uns et des autres. Une ambiance sombre, pleine de non-dits, de rancoeurs et de ressentiments, de jalousie, de cupidité. Bref, du Mauriac ; et pour faire passer le tout, ce style si délicieusement désuet que j'aime tant retrouver de temps en temps.
« Les anges noirs », un nouveau noeud de vipères ? littéralement, oui ; mais nettement moins bien réussi que « le noeud de vipères », le roman.
Coté bibliophile, ma bibliothèque s'honore du N° 53 sur ALFA NAVARRE de l'édition originale de 1936.
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Faute de pouvoir donne cinq étrons, je lui donne une étoile..
« Les anges noirs » est un roman d'un catholique fervent qui devrait pousser le lecteur vers la mécréance. L'intention de l'auteur semble être d'écrire l'histoire d'un pécheur qu'un curé héroïque s'arrache de l'enfer in extremis. En fait « Les anges noirs » raconte l'histoire d'un crapule peu intéressant qui commence comme séducteur et qui finit comme meurtrier. Ses forfaits risquent de compromettre les intérêts matériaux de sa famille de la bourgeoisie bordelaise. L'intervention du curé permet à la famille de travailler de concert afin de cacher le cadavre et de continuer leur vie hypocrite.


Je cherche depuis longtemps un deuxième roman de Mauriac au niveau de Thérèse Desqueyroux. « Les anges noirs » m'a déçu énormément.
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Un très bon moment de lecture. J'aime beaucoup François Mauriac et, heureusement, j'en ai encore plein à lire, dont des chefs d'oeuvre comme Thérèse Desqueyroux, le noeud de vipères ou Génitrix.
Mauriac est facile à lire et manie en même temps une langue classique. J'ai découvert des orthographes oubliées comme "kilog" ou "qu'ès aco".
L'histoire est simple, elle traite de la rédemption, des sentiments, de l'amour, de la haine. Je n'en dis pas plus. Mauriac, c'est une ambiance de vieille France qui tarde à mourir, qui s'accroche et montre les crocs. Il faut le lire comme le témoignage d'une époque révolue, pas si lointaine où les convenances, l'argent et la religion se débattent et broient les personnages.
Divin, si j'ose dire.
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