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EAN : 9782246142522
278 pages
Grasset (06/02/1985)
3.34/5   75 notes
Résumé :
Face à face, un criminel au visage séduisant et un prêtre de campagne privé de charme. Tout les oppose : et pourtant, François Mauriac fait se rencontrer ces deux Anges noirs entre les pages brûlantes d'un roman qui célèbre l'amour et la rédemption.
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Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,34

sur 75 notes
Noir c'est noir, chantait le rocker…
Dans ces « Anges noirs », il n'y a pas que les anges qui sont noirs : l'atmosphère est noire, le temps est noir, les âmes sont noires...
Je parle sciemment des âmes, car c'est, dans ce que j'ai lu de François Mauriac, le roman où la religion tient le plus de place. Bien sûr, il y a Alain, le curé, mais tout est sous-tendu par le religieux dans ce roman de la bourgeoisie de campagne bordelaise où l'on parle plus facilement de regroupement de terres et d'intérêts que d'amour quand il s'agit de mariage.
Mieux. Il y aura un crime, de nuit, sous la bourrasque et la pluie battante, une fille de petite vertu, qui plus est, maître-chanteuse… le mal triomphant du pire, ou l'inverse… Je ne sais plus…
Un quasi huis-clos dans le château familial, une intrigue sombre, complexe, dans les rapports des uns et des autres. Une ambiance sombre, pleine de non-dits, de rancoeurs et de ressentiments, de jalousie, de cupidité. Bref, du Mauriac ; et pour faire passer le tout, ce style si délicieusement désuet que j'aime tant retrouver de temps en temps.
« Les anges noirs », un nouveau noeud de vipères ? littéralement, oui ; mais nettement moins bien réussi que « le noeud de vipères », le roman.
Coté bibliophile, ma bibliothèque s'honore du N° 53 sur ALFA NAVARRE de l'édition originale de 1936.
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Un Mauriac peu connu, mais on ne peut s'y tromper: cette atmosphère sombre, cette province avide et sèche, ces êtres torturés, ces familles plombées par les intérêts, la lointaine dépravation parisienne, ces drames qui couvent, tout cela fait Mauriac, avec une élégance de plume qui tient ensemble tous ces éléments.
En introduction du roman la confession à un prêtre d'un homme beau et dépravé qui revient dans la famille adoptive qu'il a détruite donne le ton et le sujet : la confrontation entre le bien et le mal, entre ce prêtre torturé qui rappelle celui de Sous le soleil de Satan et ce Dorian Gray vieillissant lucide sur sa turpitude et qui en a trop fait pour pouvoir être sauvé.
Certains ont pointé la religiosité de ce roman, j'y vois plutôt une étude désenchantée de l'âme humaine incapable de dépasser ses désirs, ses intérêts et ses passions. A cela, tous les personnages sont condamnés : la cupide à la maladie, l'amante au dessèchement, le dépravé à la damnation.
Tous des anges noirs en effet, dans un roman sans soleil.

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François Mauriac (1885-1970), lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1926), membre de l'Académie française (1933) et lauréat du prix Nobel de littérature (1952) a été décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1958. Les Anges noirs est un roman de 1936.
Jeunes gens, Gabriel et les cousines Adila et Mathilde se fréquentaient lorsque contre toute attente, le beau jeune homme épousa Adila, triste laideron, coup dur à encaisser pour l'autre. Très vite décédée, sa femme lui laisse leur fils, Andrès, que Mathilde élèvera car Gabriel est volage autant qu'ambitieux, usant de ses charmes pour arriver à ses fins, et c'est à Paris qu'il tente de s'y employer grâce à Aline, prostituée ne manquant pas de ressources. Une vingtaine d'années plus tard, Gabriel aux abois, endetté et à la merci d'un chantage exercé par Aline, revient dans les Landes, au château de Liogeats, où vivent Mathilde, son époux malade et leur fille Catherine, ainsi qu'Andrès. Gabriel a un plan, faire hériter au mieux son fils du domaine et des terres appartenant au couple pour en tirer ensuite quelques profits…
L'intrigue est diablement complexe car si dans les grandes lignes il y est question d'héritage, s'y ajoute un acteur supplémentaire, l'abbé Forcas, un jeune prêtre moqué de tous au village, « il avait échoué : ni auprès des jeunes gens, ni auprès des vieux il n'avait trouvé le moindre accueil ». L'abbé a une soeur, Tota, femme mal mariée, maitresse secrète d'Andrès, mais que tout le village prend pour la concubine du pauvre prêtre !
Le roman est terriblement captivant car la lutte psychologique est âpre entre les uns et les autres. Tous se tiennent les uns aux autres, comme une chaine dont chaque maillon est un personnage dépendant du précédent ; magouilles, manigances, chantage, liens du coeur réanimés, trahison, un festival de rouerie mais aussi de naïveté coupable/bêtise… Au château tout le monde sait que Gabriel est dangereux, son passé en témoigne, certains craignent même pour leur vie, d'ailleurs un crime sera commis ! La lâcheté et l'appât du gain imposeront le silence à tous.
A tous, sauf à Gabriel qui ressentira le besoin irrépressible de confier ses péchés à l'abbé Forcas, les deux anges noirs ; noir de ses crimes pour l'un, noir de la soutane pour l'autre. Deux hommes que tout oppose a priori mais qui se comprendront in fine.
Je l'ai dit, l'intrigue est complexe, les acteurs nombreux et liés les uns aux autres par des liens de sang, d'amour, de haine, de profit, cette complexité psychologique m'a aussi fortement agacé parfois, exemples : Mathilde a jadis aimé Gabriel, aujourd'hui ce n'est plus le cas mais néanmoins pour lui elle va trahir pensant aider Andrès, de même pour Gabriel qui d'une certaine manière, manigance pour assurer l'avenir de son fils… La fin justifie les moyens dit le proverbe mais que répond la morale ? Un roman qui se lit comme un thriller, tant il est prenant.
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Gabriel Gradère est le fils d'un ancien métayer devenu homme d'affaires d'une famille de la bourgeoisie landaise. Enfant, aussi intelligent que mignon, il exerçait son charme sur tout un chacun et a gardé tout au long de sa vie cette faculté de séduction. Il était familier de propriétaires voisines, les soeurs du Buch, dont chacune avait une fille, Adila, âgée de dix-huit ans quand Gabriel en avait douze et Mathilde, un peu plus jeune que lui. La première, très pieuse et d'une grande charité, adorait Gabriel. Après avoir fréquenté le petit séminaire, celui-ci s'inscrit à la faculté de lettres de Bordeaux, sans en suivre les cours. Il entretient une liaison avec Adila, bien que cette dernière soit devenue obèse et asthmatique, et tente de la persuader de réclamer à sa mère la part de la fortune paternelle. Après la naissance de leur fils Andrès, Gabriel se marie avec Adila, bien que la perspective d'une vie commune avec celle-ci lui fasse horreur et qu'il soit attiré par sa cousine Mathilde, elle-même éprise de lui , qui, par dépit, épouse Symphorien Desbats, son aîné de vingt ans. Après la mort d'Adila, Mathilde recueille Andrès et le chérit plus que sa propre fille. Avide de possessions terriennes, Symphorien se propose d'annexer à ses biens deux métairies, propriétés d'Andrès. Gabriel, qui résidait à Paris, revient au pays pour défendre les intérêts de son fils. Il est conduit à tuer Aline, une ancienne prostituée avec laquelle il avait mené une vie délictueuse et débauchée, qui le faisait chanter et dont Symphorien avait réclamé la présence en pays landais pour se débarrasser de Gabriel. Ce dernier, qui a déjà transmis le récit de sa vie à l'abbé Alain Forcas, lui confesse son crime.

Ce roman, très sombre, est beaucoup plus explicitement empreint de religiosité que les oeuvres antérieures de Mauriac et, à mon avis, pas entièrement réussi. Il est assez peu vraisemblable que Gabriel, avant même le meurtre d'Aline, fasse parvenir à l'abbé Forcas un cahier narrant son existence, qui constitue le prologue du livre. On croit comprendre que ces deux êtres incarnent le mal et le bien, l'oeuvre glissant ainsi du réalisme au fantastique. Les motivations des personnages ne sont pas aisément perceptibles, mis à par l'attrait de l'argent et la soif de possessions. L'auteur semble avoir une vision très pessimiste du mariage, aucune des unions des protagonistes - celle de Gabriel et d'Adila, celle de Symphorien et de Mathilde, celle, projetée, d'Andrès et de Catherine - n'étant caractérisée par un amour ou même une affection réciproques.
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Périlleux sujet que celui du combat entre le bien et le mal, auquel s'attelle François Mauriac dans "Les Anges noirs"...

Chez son personnage principal, Gabriel Gradère, il semblerait que le second ait vaincu...

Gabriel a toujours offert au monde une gueule d'ange propre à séduire tous ceux qui l'ont approché, et à créer l'illusion que le bon Dieu pouvait lui être donné sans confession. Il a vaguement hésité, d'ailleurs, adolescent, à rejoindre les rangs de ceux qui consacrent leur vie au "tout-puissant", mais cette vocation n'a pas survécu longtemps à l'appel du tourbillon du monde, à l'attrait que le jeune homme exerçait sur les femmes.
Et il faut bien dire que le coeur de Gabriel n'est guère à l'unisson de son angélique physionomie, dont il joue avec ruse, pour manipuler à l'envi son entourage.

Le début du récit met en scène un Gabriel vieillissant mais toujours séduisant. Il subit les conséquences de sa roublardise et de la vie dissolue qu'il a mené, ces deux dernières décennies, à Paris. Endetté, empêtré dans une sombre affaire de chantage, il regagne sa terre natale des Landes. Il y retrouve notamment Andrès, le fils naturel qu'il eut avec Adila du Buch, l'une de ses premières "victimes". Mathilde, la cousine de cette dernière, a élevé le garçon à la mort de sa mère.
Ils sont loin, les jeux et la complicité enfantine du trio naguère formé de Gradère et des deux cousines du Buch... Mathilde, pragmatique, et ravalant l'affection qu'elle éprouvait pour Gabriel, a épousé Symphorien : une histoire d'intérêt commun, de terres et de forêts qui s'unissent, avec sans doute plus d'harmonie que les êtres. le couple a eu une fille, Catherine, devenue une jeune femme au physique ingrat, que l'indifférence maternelle a aigri.

Tout ce petit monde cohabite dans le château familial, dans une atmosphère lourde de ressentiments, de méfiance, de désir de vengeance et de cupidité...

Face à ce panier de crabes, placé là par l'auteur comme un pendant à la duplicité qui régit les actes des occupants du château, se dresse la figure d'Alain Forcas. Ce jeune prêtre récemment installé dans la paroisse est la risée du village. Conspué, harcelé, depuis qu'il a accueilli chez lui celle que ses concitoyens ouailles n'ont jamais cru être sa soeur, il endure les brimades et la malveillance en silence.

Pourquoi Gabriel Gradère a-t-il choisi d'adresser à cet homme de dieu qu'il ne connait pas la confession écrite de ses crimes, de ses manquements ?

"Les Anges noirs" est un roman sur lequel plane une sourde tension. L'auteur y assemble des personnages dont la plupart ont comme point commun d'être mal aimés, avec pour résultat une accumulation explosive de frustrations et de détresses. Cet entrelacement de destins malheureux confère au récit sa densité, et le rend très prenant.
J'avoue moins d'enthousiasme concernant la conclusion de l'intrigue, sur fond de rédemption et de pardon, où il est question d'homme bon prenant sur lui le péché et la souffrance de celui qui s'est égaré... Ce qui m'a finalement surtout intéressé dans cette lecture, n'est pas la finalité de la lutte entre le bien et le mal orchestrée par l'auteur. C'est d'avoir cheminé le long des sentiers tortueux de la complexe psychologie humaine... peu importe le vainqueur !
Lien : http://bookin-inganmic.blogs..
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il s’était mis à genoux, les mains jointes sur le cahier ouvert. Ses mains faites pour consacrer et pour absoudre touchaient cette page où, entre chaque ligne, courait le trait léger qu’y avait gravé l’ongle de Gradère. Le desservant priait sur cette écriture criminelle. Dans un effort d’obéissance, il rappelait à son esprit l’enseignement du séminaire. Personne n’a de soi-même que le mensonge et le péché, c’est un don de Dieu que d’aimer Dieu et son amour nous récompense de ce que son amour nous a donné. Mais si c’est Lui qui commence pour le bien, c’est nous qui commençons pour le mal. Chaque fois que nous faisons le bien, Dieu opère en nous et avec nous ; chaque mauvaise action, en revanche, n’appartient qu’à nous. Pour le mal, nous sommes en quelque sorte des dieux…
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Il observait la jeune fille, étique, et qui serrait frileusement autour de son corps fluet une robe de chambre pareille à celle de sa mère, taillée dans la même laine marron. Ses cheveux épais et ternes étaient nattés en deux tresses et, tirés en arrière, découvraient le front bas : une Landaise de la petite race des volailles noires, particulière à ce pays. sa mère l'observait avec inquiétude.
-Avoue que tu t'amusais à nous écouter ?
Catherine souleva un peu ses épaules. Elle fixait le bout de sa sandale trouée d'où jaillissait son gros orteil et tripotait le ruban fané d'une de ses tresses.
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Mathilde se sentait légère, délivrée. Elle ne souffrait pas. Le monde rayonnait. La vie avait un goût délicieux, une odeur oubliée… Elle comptait sur elle ne savait quoi ; elle attendait le lendemain. Cet homme lui avait inoculé l’espérance.
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Dans les familles, pour sauver le patrimoine, on est souvent obligé de conclure les unions les plus étranges...
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Elle considéra les arbres autour d'elle, comme s'ils étaient morts. Les haies, la barrière, la prairie, tout avait un aspect de mirage, l'irréalité des souvenirs. "Ne plus tenir à rien", quel sens prennent ces simples mots, à certaines heures, pour certains êtres! On a ouvert les mains, on a lâché la branche, on ne tient plus à rien.
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