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sur 2878 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un petit classique pour le challenge solidaire 2021. Inspirée d'un crime passé aux Assises auxquelles a assisté un jeune Mauriac, l'histoire imagine les raisons ayant conduit une femme de bonne famille à empoisonner son mari. Empoisonnement manqué, son époux ayant témoigné en sa faveur, elle avait été condamnée à une très courte peine de prison.
A la sortie des Assises ayant abouti à un non lieu, Thérèse Desqueyroux retrace sa vie passée, sa jeunesse dans la lande, son attachement à cette terre, ses pins, son mariage décidé dès le plus jeune âge avec le fils Desqueyroux afin de réunir deux grandes parcelles, d'unir deux familles de propriétaires terriens.
Trop intelligente, trop avide de connaissances, elle a eu du mal à s'adapter à une vie maritale vide de sens, même avec la naissance de sa fille. le poids des conventions, l'absence de lien créé dans cette famille l'ont rendue spectatrice, même si un temps elle a accepté ce respect des conventions lorsque sa belle soeur a osé vouloir vivre une histoire d'amour avec un proscrit pour sa famille.
On pourrait condamner son geste, mais Mauriac réussit à nous faire compatir. le vide de son existence l'a fait atteindre ce point de non retour. Non condamnée pénalement pour sauver la réputation de la famille, elle devra vivre en recluse.
Une belle histoire, moins tragique que d'autres sur le même thème.
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François Mauriac (1885-1970) est lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie française (1926), membre de l'Académie française (1933) et lauréat du prix Nobel de littérature (1952). Il est décoré de la Grand-croix de la Légion d'honneur en 1958.
Dans les années 20 François Mauriac s'intéresse aux meurtrières et empoisonneuses, collectant informations et documents sur diverses affaires qui firent grand bruit à cette époque comme le cas de Violette Nozières par exemple. de ce terreau l'écrivain va créer Thérèse Desqueyroux qui parait en 1927.
Le roman débute par la sortie, par une porte dérobée du palais de justice d'une petite ville de province du Sud-Ouest, de Thérèse Desqueyroux qui vient d'obtenir un non lieu pour tentative de meurtre par empoisonnement de son mari. Pour son avocat et son père venu la chercher afin de la raccompagner chez son époux, sa culpabilité de fait pas de doute. Une longue partie du récit, toute la durée du trajet entre sa sortie du tribunal et son retour au domicile conjugal dans une autre ville, est un monologue de Thérèse Desqueyroux cherchant à mettre en mots ce qui s'est passé afin de l'expliquer à Bernard, son mari. Mise au point pour lui, comme pour elle, car la tentative d'homicide n'était pas préméditée, l'occasion s'est présentée et elle n'a pas résisté, cédant à une fatalité inexorable.
Après avoir fait défiler toute sa vie en pensée pour tenter d'expliquer l'inexplicable et construire son discours, Thérèse arrive au terme de son voyage de retour mais elle n'aura pas l'occasion d'avoir une discussion franche avec Bernard, aussitôt elle est consignée dans sa chambre avec interdiction d'en sortir, ses repas lui étant apportés par une domestique.
A la fin du roman, Bernard accompagne sa femme à Paris et la « libère », la relâchant dans la grande ville comme on ferait d'un animal sauvage qu'on n'a pas su apprivoiser. Bernard ne saura jamais pourquoi se femme a tenté de le tuer et Thérèse est libre. Mais ne reste-t-elle pas néanmoins une femme perdue ? La fin ambiguë laisse la porte ouverte à toutes les interprétations.
François Mauriac excelle à dépeindre ces villes de province où la pression des convenances étouffe les êtres. Ne vivent que ceux qui se plient aux contraintes, que ce soit par faiblesse, par lâcheté ou bien par manque d'imagination, les autres doivent fuir ou bien se rebeller mais quelle est leur chance de réussir ? le père de Thérèse tout comme les Desqueyroux sont de petits notables de province, sans imagination et tout imprégnés du poids des convenances, tout ce qui peut faire tort à leur réputation doit être étouffé. La tentative de meurtre de Thérèse n'échappe pas à ce raisonnement et Bernard ira même jusqu'à faire un faux témoignage pour innocenter sa femme afin que l'honneur familial ne soit pas terni. Cette même famille qui condamnera Thérèse à la réclusion dans sa chambre, avec comme seules exceptions, la sortie à la messe du dimanche au bras de son mari et les réunions nécessitant sa présence pour conserver au couple l'image de la respectabilité.
Thérèse n'est pas de cette espèce, inconsciemment elle sait qu'elle n'est pas faite pour ce genre de vie, sans pour autant savoir réellement à quelle existence elle voudrait se vouer. Mariée avec Bernard « selon le voeu des deux familles », elle aurait souhaité de la légèreté, une vie intellectuelle, lui n'a que la rusticité provinciale à lui offrir. Très vite elle va sombrer dans l'indifférence que même la naissance d'un enfant ne réveillera pas, « n'éprouves-tu jamais, comme moi, le sentiment profond de ton inutilité ? Non ? » s'interroge-t-elle. Cette chape de plomb qui pèse sur ses épaules n'est plus supportable, pourquoi faut-il que « les femmes de la famille aspirent à perdre toute existence individuelle ». Quand le hasard offrira une porte de sortie à Thérèse, son mari malade prend des médicaments qui surdosés peuvent lui être fatals, sans réfléchir et presque inconsciemment, elle ne cherchera pas à infléchir le cours du destin.
Roman de l'ambiguïté, Thérèse a tenté de tuer son mari, mais pourtant elle ne nous est pas antipathique, c'est plutôt Bernard son mari et toute la société qui ont le mauvais rôle, et les dernières lignes du livre nous laissent dans l'incertitude sur l'avenir de cette femme qui porte en elle les germes de la modernité, nous sommes en 1927, indépendance d'esprit et besoin de liberté, sans que ce soit formellement exprimé.
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Portrait d'une femme enfermée dans un schéma destructeur où rien dans sa vie ne peut être source de rebondissement pour s'octroyer une un regard enthousiaste. Sa seule issue sera de rompre, et de partir en exil seule.
… Contente de l'avoir lu… pour savoir.
Maintenant, je l'ai lu et peux le dire… ! Pas grand-chose de plus.
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Livre, roman, plaidoirie ou inquisition ?
Serait ce l'un de ces intitulés ou bien ce titre se résumant à un état civil qu'il faut se contenter de lire ?
Aux pages noircies, un caractère se dessine.

Une personnalité se profile, lentement, méthodiquement comme tous ces gestes, ces intentions qui, insidieusement se sont installée dans cette vie, cette âme.

D'une vie de province, étouffée par le regard de tous et de personne, ces silences plus bavards que les marches de l'église; Thérèse, une de ces âmes, celle du village, de la ferme de là-bas.

Thérèse Desqueyroux, femme mariée, accusée d'un meurtre, un assassinat. Celui de son mari avec qui elle s'unit et comprend alors son dédain et rejet total de cet être dont elle a fait son mari.

Par son talent, l'auteur nous dessine le portrait psychologique de cette femme à la fois coupable et victime.

Perdue en elle même au milieu des autres, l'auteur nous présente son personnage comme une inculpée face à son jury, celui que le lecteur deviendra tout au long de cette lecture.
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Ce roman m'est tombé entre les mains un peu par hasard. le film sortait, les affiches fleurissaient les murs du métro parisien, et une amie a eu l'idée de relire son exemplaire. On en parle, je lui avoue ne l'avoir jamais lu, et paf, elle me le prête, arguant qu'il est tout petit et que je trouverai bien à le caser parmi tous les autres livres qui m'attendent. C'est un classique que je ne connais pas, il est effectivement tout petit, il passe en haut de la pile et je l'ouvre sous peu.
La première partie du roman est un monologue de Thérèse qui est sur le chemin du retour, après avoir obtenu un non-lieu du tribunal pour la tentative d'empoisonnement sur son mari Bernard. Père, avocat, mari, toute la famille la sait coupable. Dans sa tête, Thérèse se prépare donc aux explications qu'elle devra fournir à Bernard, pour qu'il comprenne ce geste qu'elle a eu.
Elle ne niera pas son crime mais tentera d'expliquer comment elle a pu en arriver là. Son acte n'est pas, n'a jamais été prémédité. Elle se sent prisonnière d'une vie qui n'est pas la sienne, qu'elle regarde comme détachée d'elle-même. Elle est indifférente. Seule son enfance sonne comme une période heureuse. le reste de sa vie a été dicté par les convenances et ce qu'on attendait d'elle. Au point qu'on sent de la jalousie pour sa belle-soeur Anne qui ose, elle, vivre une passion et se rebeller face au mariage que tente de lui imposer sa famille. le côté monstre du personnage ressort dans certains traits de caractère : impossible de trouver du plaisir, d'être une mère aimante, de compatir ou de jouir de la joie d'autrui.
Une fois face à son mari, l'auteur retourne à une narration extérieure, accentuant le poids que les conventions vont faire peser sur Thérèse, broyant l'individualité, reniant toute vie en elle. Pourtant, le lecteur sent petit à petit que Thérèse n'est peut-être pas la seule à blâmer de cette situation car Bernard ne l'a guère aidée, n'aura pas été à l'écoute de sa femme. Tout est fait pour qu'elle ressente encore davantage cette sensation d'enfermement qui la perturbe si fort. Et cet enfermement va devenir physiquement réalité.
Si ce roman est très intéressant sur le plan social et sur la condition de la femme, j'ai eu du mal à ressentir ce qui oppresse tant Thérèse. Un regard actuel sur cette situation est forcément déviant car nous sommes aujourd'hui, nous femmes, plus libres, moins obligées par la société. Pouvant se subvenir à elle-même, une femme n'est plus guère contrainte au mariage et confinée dans son rôle d'épouse et de mère. La société aurait peut-être plus facilement pardonnée à Thérèse son geste si elle avait agi par passion. C'est aussi ce qui manque pour que le lecteur moderne s'attache à elle.
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Le roman s'ouvre juste après l'acquittement de Thérèse Desqueyroux pour l'empoisonnement de son mari. La jeune épouse se livre à un long monologue intérieur pendant tout le trajet à destination des Landes, pour rejoindre Bernard dans sa propriété.

Le mobile du meurtre par empoisonnement reste flou jusqu'à la fin et la psychologie du personnage éponyme reste le plus grand intérêt de ce roman qu'on oublie assez vite.
Disons que Thérèse Desqueyroux, de par sa duplicité savamment disséquée par le narrateur omniscient, son honnêteté et sa dimension sulfureuse de femme blasée par le mariage, est malgré tout un grand personnage romanesque que Francois Mauriac n'a cessé de réutiliser dans son oeuvre.
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Je l'ai lu il y a des années mais il ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable . J'ai souhaité le relire; c'est un classique mais la plume de l'auteur m'a laissé de marbre . Tant pis.

Je ne sais pas ce que je pense de Thérèse. La condition de la femme était horrible, difficile et le côté rebelle de Thérèse ne l'aidait pas dans cette famille qui décidait tout, pour elle et pour la gente féminine.

Elle a voulu empoisonner son mari et a bénéficié d'un non-lieu grâce au témoignage de celui-ci. Elle évite la prison… vraiment ?

A vous de voir si vous voulez découvrir ce classique et allez voir les avis positifs pour vous donner envie 😄… plutôt que le lien 😌
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148 pages dont la première moitié m'a laissée de marbre et plutôt ennuyée, la seconde un léger sursaut d'intérêt…

Thérèse n'a pas choisi son mariage, l'époque qui veut ça, on se marie pour les terres, surtout dans les petits villages, donc elle n'aime pas son mari.
Thérèse serait-elle en avance sur son temps ? Elle se voudrait libre, libre de faire ce qu'elle veut, parler de plein de sujets mais voilà elle est marié à Bernard homme taciturne qui s'intéresse plus à la chasse qu'à Thérèse.
Malgré tout cela je n'ai pas ressenti d'empathie pour elle, j'ai trouvé l'écriture très froide, distante.
L'auteur s'est inspiré d'un procès qu'il a suivi dans sa jeunesse.
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François Mauriac s'inspira pour écrire ce roman de l'affaire Canaby : Henriette-Blanche Canaby fut accusée en 1905 d'avoir voulu empoisonner son mari, Émile Canaby, courtier en vins bordelais alors endetté.

Mauriac assista à son procès en cour d'assises de la Gironde le 25 mai 1906, au cours duquel elle fut condamnée pour faux et usage de faux (fausses ordonnances pour se procurer auprès de pharmaciens de l'aconitine et de la digitaline, sans compter l'arsenic qui entrait dans la composition de la liqueur de Fowler qu'elle donnait à son mari en grande quantité).

Son époux témoigna en sa faveur pour sauver les apparences de ce couple de la bourgeoisie bordelaise qui faisait ménage à trois avec Pierre Rabot, un riche rentier. Ainsi, malgré le mobile possible d'Henriette-Blanche Canaby (toucher une forte indemnité au titre de l'assurance-vie souscrite par son mari et refaire sa vie avec son amant) et sa culpabilité criminelle assez évidente, l'accusation de tentative d'empoisonnement fut rejetée et l'épouse fut condamnée à 100 francs d'amende et 15 mois de prison, peine qu'elle n'effectuera pas en totalité.

L'intrigue de Thérèse Desqueyroux reprend en grande partie cette affaire. Comme Henriette-Blanche Canaby, Thérèse Desqueyroux va falsifier des ordonnances et donner à son mari de fortes quantités des mêmes médecines, le rendant très malade.

Comme Emile Canaby, Bernard Desqueyroux va disculper sa femme, témoigner en sa faveur pour préserver l'honneur de la famille et leur petite fille, qui doivent demeurer sans tâche.

Si Emma Bovary a tant compté dans la vie de Gustave Flaubert, Thérèse Dessqyeroux a beaucoup compté dans celle de François Mauriac car il reviendra à de nombreuses occasions sur ce personnage qui apparaît régulièrement au détour de ses romans parus les années suivantes.

La justice, c'est une chose. La vengeance, c'en est une autre. Thérèse a voulu empoisonner son mari, elle a échoué, et le scandale a été étouffé : on ne joue pas avec l'honneur d'une famille si respectable.

Mais ce qui se passe après, c'est bien pire que toutes les condamnations. Son mari se fait son juge, son bourreau, et décide de la séquestrer purement et simplement. Il ne peut pas la supprimer, il ne peut pas non plus la souffrir. Il peut en revanche l'enfermer.

Ce sera l'occasion pour Thérèse de penser à son geste, puisque de toute façon elle n'a plus que ça à faire…

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J'avais beaucoup aimé le film avec Audrey Tautou mais le livre m'a déçue. La forme m'a un peu déconcertée et je n'ai pas réussi à éprouver de l'empathie pour Thérèse. Ce roman d'une criminelle qui ne comprend pas son geste m'a ennuyée alors que l'adaptation m'avait touchée. Je ne saurais dire précisément ce qui manquait au roman pour saisir l'essence de l'héroïne. Une lecture ratée pour moi en tout cas.
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