L'été où tout a fondu

Un roman qui tient ses promesses.
Après le remarquable et époustouflant « Betty », Tiffany McDaniel confirme son immense talent d'écrivaine dans cette histoire à la fois envoutante et bouleversante.
Un jour d'été 1984, dans la petite bourgade de Breathed, Ohio, le procureur Autopsy Bliss lance un défi à tous les criminels qui seraient tentés de sévir dans sa juridiction en faisant paraître une annonce dans le journal local, invitant le diable à venir lui rendre visite. le lendemain, c'est sous l'apparence d'un gamin noir aux yeux verts, vêtu de guenilles, qui se fait appelé Sal, qu'il va se manifester. Fielding, le fils d'Autopsy, sera la première personne qu'il rencontrera. Ils ont le même âge, 13 ans, et vont devenir amis. Mais la question de la nature et de l'origine de ce jeune inconnu va exacerber les esprits de ce village et la chaleur infernale qui les accable n'arrangera rien car il ne faut parfois pas grand-chose pour bouleverser un équilibre précaire et ils ignorent que le malheur n'a pas besoin du diable pour frapper…
C'est écrit à la façon d'un conte. Mais tout n'est que métaphore. On retrouve le thème du racisme dans la représentation du diable par un jeune noir, diabolisation d'une couleur de peau, celui du « coming out » et du sida, celui du tribunal populaire qui juge sur les apparences et jamais à partir de preuves, celui du panurgisme des membres d'une société qui ont besoin d'un leader à idolâtrer et derrière lequel se cacher...
Le roman de Tiffany McDaniel est une critique de la société américaine dans un style onirique, tout en suggestion, avec intelligence et finesse. C'est une grande leçon d'humanisme où elle démontre que la violence de certaines idées est plus meurtrière que certaines violences physiques.
C'est remarquablement bien écrit. Il y a un réel talent, des idées, beaucoup d'imagination et de poésie. On est une fois de plus sous le charme de la plume de Tiffany McDaniel. Elle semble être la digne héritière de Joyce Carol Oates ou de John Irving avec un style qui lui est propre, qui séduit le lecteur.
A découvrir absolument si ce n'est pas déjà fait !
Traduction de François Happe.
Editions Gallmeister, 473 pages.

Quel choc !

C'était le temps idéal aujourd'hui pour poursuivre et finir L'été où tout a fondu. Chaleur étouffante et silence dans le jardin... Toutes les conditions étaient réunies pour que je profite au mieux de ma lecture et pour que mon coeur se mette à fondre.

Je devrais lire plus souvent les auteurs américains. Ils ont quelque chose d'indéfinissable qui me parle et qui me touche. Une saveur particulière qui mélange réalisme et lyrisme, Histoire et fable, monstruosité et beauté.

Tiffany McDaniel fait partie de ces auteurs talentueux qui parviennent à capter et à ensorceler ses lecteurs.
J'avais beaucoup aimé Betty mais ce roman est encore plus prenant. Il ne m'a pas happée dès le début mais sa force s'est imposée peu à peu à moi et je n'ai pu m'en détacher.

Je ne vous ferai pas un résumé mais je citerai juste cette phrase qui en dit long sur cette histoire.
" Défendre le diable, ça veut dire défendre ce qu'il peut y avoir de bien dans le mal. "
C'est sur cette notion complexe de bien et de mal que repose ce roman. Personne ne détient la vérité en la matière. On se laisse tellement porter par notre éducation, par les normes sociales et par les préjugés qu'on en oublie souvent l'essentiel et d'écouter son coeur.
Lors de L'été où tout a fondu, la tolérance et la bienveillance auront bien du mal à l'emporter sur le racisme en tout genre et les conséquences en seront plus souvent dramatiques.

Un roman noir aux couleurs flamboyantes !

Durant l'été 1984, le procureur Autopsy Bliss, préoccupé depuis longtemps par la lutte entre le bien et le mal, a une idée étrange : publier dans le journal local une annonce où il invite le diable à se présenter devant sa porte. Fielding, le fils du procureur croise devant le tribunal, un jeune garçon noir âgé de treize ans, Sal, qui affirme être le diable et avoir répondu à l'annonce.

Autopsy l'invite dans sa maison, lui présente son épouse, qui ne sort jamais de chez elle car elle a peur de la pluie, et son fils aîné Grand. Ce jeune garçon est étonnant, par ses connaissances, donnant parfois l'impression d'avoir eu plusieurs vies ce qui sème le désarroi dans la petite ville de Breathed, chacun y allant de sa théorie. Pour le procureur il s'agit probablement d'un adolescent fugueur et aidé du shériff, il va recenser tous les enfants de cet âge portés disparus.

Nous sommes en été, et une vague de canicule s'abat sur la région, échauffant les esprits. Dès que survient un évènement un peu étrange, tous les soupçons se portent sur le diable bien évidemment. Par exemple, une femme enceinte fait une chute alors que Sal lui a simplement demandé s'il pouvait toucher son ventre… tous les habitants ont les yeux braqués sur la santé de la jeune femme et c'est forcément Sal qui l'a poussée…

Avec la canicule et ses conséquences difficiles sur la vie de chacun, tout risque de déraper à chaque seconde, les humains ont besoin d'un bouc émissaire c'est connu, et sous les prêches d'un messie autoproclamé, commencent des incantations, des rituels sur fond d'un racisme latent qui tout à coup est exacerbé, savamment entretenu…

La famille Bliss a bien accueilli Sal et tout se passe bien chez eux, comme deux mondes totalement opposés jusqu'à ce que tout explose…

Tiffany McDaniel a choisi de laisser la parole à Fielding, devenu vieux et solitaire pour raconter l'histoire, alternant ainsi passé et présent, ce qui attise le feu qui couve… elle dénonce, tour à tour, le racisme dans l'Ohio, l'intolérance envers les Noirs, les Etrangers en général, les homosexuels, dans cette année 1984 où l'ombre du SIDA plane déjà, l'obscurantisme : tout ce qui n'est pas comme nous, nous dérange, et il suffit d'une étincelle pour que tout flambe.

L'écriture est belle pleine de poésie, mais d'une intensité proportionnelle à la canicule, et l'auteure commence chacun des chapitres par une citation de Milton, extraite de « Paradis perdu » que je ne connaissais pas et qui a rejoint illico ma PAL.

J'ai choisi ce roman, à la médiathèque, car j'avais eu un coup de coeur pour « Betty », le précédent roman de Tiffany McDaniel et la magie à une nouvelle fois opéré, ce roman m'a vraiment plu, l'histoire les personnages, la démonstration magistrale de l'intolérance, du fanatisme religieux et de l'effet meute que peuvent entraîner les dérives sectaires car certaines scènes sont dures, même si on les sent arriver.

Je mettrais un tout petit bémol, je le trouve un peu moins abouti que Betty que j'ai préféré et l'avalanche de catastrophes m'a quand même déstabilisée.
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Un coup de coeur pour cette lecture en déphasage climatique (un roman de canicule commencé en plein hiver boréal, alors que le mercure indiquait -25 °C).

Le narrateur, Fielding Bliss, un homme âgé, raconte ce qui est arrivé l'été de ses treize ans à Breathed, Ohio, l'été où le Diable est arrivé.
C'était en 1984, à l'invitation de son père Autopsy Bliss, qui un jour a mis une annonce dans le journal invitant le Diable à venir le rencontrer. Mais ce diable n'avait pas du tout l'apparence d'un démon crochu à la longue queue et au trident pointu qu'il attendait, c'est un jeune garçon à la peau noire qui s'est présenté dans la rue en affirmant qu'il était le Diable. Un début pour le moins intrigant…

Et la méfiance s'installe dans la ville, envers le gamin et ce qu'il dit représenter. Pendant que la région est victime d'une sécheresse sans précédent qui tue les animaux de ferme, un prédicateur profite de la situation pour recruter des ouailles.
« La chaleur poussait les gens à s'abandonner à leurs pires penchants. Peut-être même leur donnait-elle la confiance nécessaire pour agir de façon insensée, imprudente, irraisonnée. »

Un excellent roman, avec des réflexions sur le Bien et le Mal, sur Dieu et le Diable. Une série (improbable?) d'accidents graves ainsi que des scènes de violence pourraient cependant rebuter certains lecteurs et lectrices.

Autopsy Bliss (quel drôle de prénom !) procureur de la petite ville de Breathed Ohio ,mène un combat intérieur entre le bien et le mal ,il invite le diable, lui demande de venir et c'est un enfant noir de treize ans aux yeux verts perçants qui se présente à sa porte .Notre procureur n'est pas très sûr qu'il soit vraiment le diable mais comme il a un grand coeur,il l'héberge.La canicule s'installe sur la ville concordant avec l'arrivée de Sal et des évènements étranges vont s'enchaîner .Il semble que notre jeune diable , Sal ,soit le catalyseur de tous ces événements .Fielding ,le narrateur de l'histoire ,est le plus jeune des fils du procureur,il se lie d'amitié avec Sal .Le fils aîné ,Grand, fait l' admiration de son jeune frère qui vit sous le charme de ce grand frère beau et sportif. La mère est agoraphobe et refuse de sortir de sa maison, elle a décoré chaque pièce de façon à représenter tous les pays sans sortir de chez elle.
Après un départ un peu lent ,le récit s'accélère et la tension monte, on pressent qu'un drame va arriver qui va précipiter cette famille dans le malheur.
L' auteure avec son style si particulier , nous dépeint des personnages originaux voir excentriques , elle nous emmène dans un monde un peu féerique,un peu magique et poétique comme dans Betty où l'on s'éloigne parfois d'une réalité tangible pour glisser vers le domaine du conte.et de la fiction.tout en abordant des thèmes comme le racisme, l'homosexualité et l'homophobie, la manipulation des gens par des prédicateurs .
Avec ses deux beaux romans , Tiffany McDaniel s'inscrit dans la liste des écrivains américains avec lesquels il faut compter désormais.

J'ai mis un temps fou à écrire cette critique tellement le livre m'a plu. Comment faire pour parler d'un coup de coeur? Impossible! Mais je me lance quand même.
Autopsy est procureur de Breathed, petite ville rurale de l'Ohio (la même que celle de Betty, l'autre chef d'oeuvre de Tiffany McDonnald). Déprimé par ce qu'il voit dans son tribunal, il passe une annonce pour inviter le diable à venir discuter.Peu après, Sal, jeune ado de treize ans, noir aux yeux verts, se présente devant sa porte. En même temps, la canicule s'abat sur la ville et ses habitants, exténués et rendus fous par la chaleur, commencent à dérailler. Sal, dont le shérif n'arrive pas à retrouver la famille, devient l'ami de Fielding, (le fils du procureur), qui, avec sa femme Stella (bien perchée), finit par l'adopter.
Durant l'été, la canicule fond sur les habitants de Breathed, et les drames aussi.
Percutant et intense, ce roman m'a laissée sur le carreau: j'ai ressenti chaque ligne, j'ai tout aimé, j'ai adoré les personnages mais il est vrai que j'ai toujours été fan des mondes à la Garcia Marquez. Ici, on retrouve tout l'univers de Betty, et pas seulement parce que le roman se situe au même endroit - c'est plus parce qu'on y retrouve une bonne dose d'analyse de la méchanceté humaine, de la bêtise et de l'abrutissement de masse. J'ai été très émue par les personnages, les deux amis Sal et Fielding qui s'amusent sans prendre conscience de ce qu'il se passe, tandis que justement, les adultes commencent à sévèrement dérailler.
Pour moi, Tiffany McDonald est l'autrice de la décennie (au moins). J'ai eu le même coup au coeur que lorsque j'ai découvert Toni Morrison ou Jim Harrison ou Haruki Murakami ou Russell Banks, bref, mon panthéon. Une plume créative, un style franc, clair et poétique à la fois, des histoires dramatiques, dérangeantes et belles à la fois, toutes empreintes d'une sombre rage qui monte et éclate, inexorable, j'aime tout chez elle.
Un seul conseil: foncez!!!

Pauvres mécréants que nous sommes. Nous avons perdu le paradis. Est-ce qu' une prise de conscience entre le bien et le mal permettrait d'explorer les abîmes de nos âmes?
McDaniel se livre ici à une splendide interrogation sur le regard de l'autre.
Dans "L'été où tout a fondu" second roman après l'excellent "Betty", elle pose la question de la rédemption: a- t-on le droit à une seconde chance alors que l'on est condamné aux enfers? L'espérance n'est pas loin, le besoin d'amour se fait sentir mais Sal embrase la ville de Breathed le jour où il se présente comme le diable. Pas de corne, pas de pied fourchu mais un ado noir aux yeux vert qui détonnent.
Aussitôt les évènements dramatiques s'enchainent. Les esprits s'échauffent sous cet été accablant de soleil entrainant les habitants vers une paranoïa implacable.
Dans une atmosphère digne du film "Sermons de minuit", la famille Bliss qui a recueilli Sal va devenir la proie des âmes en perdition.
Sodome et Gomorrhe ne sont pas loin de ce récit bouleversant où l'inhospitalité, l'homophobie, le racisme et la colère non pas divine mais des hommes s'abattent sur cette terre de l'Ohio.
Ce roman de la perte de l'innocence et du besoin de rédemption est un puissant filtre des tourments humains.
Les héros incandescents ne peuvent pas nous laisser indifférents.
Sal, le bouc émissaire, Fielding l'innocent, Grand le désespéré ou Elohim l'antipathique gourou.
Bien d'autres personnages ont une place de choix dans ce maelstrom de violence. Stella notamment m'a émue devant la perte de son enfant.
La gorge serrée j'ai suivi les évènements qui s'enchainaient ne laissant aucune respiration au lecteur. La tension et la rage montaient autant que la chaleur jusqu'à l'ultime fin grandiose et tragique à la fois.
Ne passer pas à coté de ce roman puissant , fascinant et pleins d'émotions.
Il aurait pu s'appeler "Une saison en enfer" mais le titre était déjà pris.

Comment résumer ce roman !?
J'avais énormément aimé Betty pour l'écriture poétique et hyper sensible de Tiffany McDaniel. Ce premier roman recéle déjà la même richesse et l'écriture fabuleuse de l'ecrivaine à provoqué mon admiration tout au long de ma lecture. Il contient autant d'amour que de violence, autant de lumière que d'ombre. Les personnages qui donnent vie à cette étrange histoire sont splendides. Autopsy,le père est procureur car il a su très tôt qu'il était missionné pour manier le filtre du bien et du mal,sa bonté est légendaire. Son prénom signifie " voir par soi-même " et c'est pour cette raison qu'il voulu inviter le diable...pour voir par lui même ! La mère, digne d'un conte,ne peut s'aventurer dehors car elle a une peur viscérale de la pluie ,alors elle a reproduit un pays par pièce dans la maison . Elle incarne la grâce et l'amour,l'innocence aussi. Grand,le fils aîné,beau comme un dieu et dont nul ne doute qu'il connaîtra la gloire. Fielding, notre narrateur, le second fils qui a 13 ans lors de cet été où tout à fondu. Et puis Sal, ce petit garçon frêle comme une brindille et qui se présente en salopette en affirmant qu'il est le diable. Il y a aussi de nombreux personnages dits secondaires mais dont la présence est envoûtante.
Avec l'arrivée de Sal, Breathed s'enfonce dans une canicule insoutenable, et en un été qui semble durer une éternité, les drames s'enchaînent transformant ce qui apparaissait comme un conte en une terrifiante tragédie.
Est-ce l'oeuvre du diable ou des Hommes ?Avec une finesse et une originalité qui m'a complètement séduite, Tiffany McDaniel parle des liens familiaux,du racisme, de l'intolérance, de la violence. Elle ne juge rien ni personne car elle met surtout à la lumière à quel point les fêlures individuelles donnent prise à toutes les souffrances et parfois à tous les débordements et les pires tentations.Elle évoque Orwell qui a démontré dans 1984 " que l'esprit humain peut être contrôlé".
C'est un roman qui émerveille par son écriture presque magique et qui m'a fait aimé profondément chaque membre de cette famille. Sal est un personnage qui m'a fait fondre! Et que je n'oublierai pas.

Impossible d'attendre plus longtemps pour lire McDaniel, après Betty adoré ;-)
Des personnages aux contours à la fois très humains et très ésotériques, une intrigue bien vue et peu ordinaire qui dénonce et narre de nombreux faits de société. Multiples facettes donc dans ce roman qui tantôt nous fait des envolées gracieuses, tantôt nous enfouie plus bas que terre. (Peut être une petite longueur ressentie entre les 250 et 350e pages)
Si bien qu'on se laisse toujours (avec autant de plaisir) glisser dans le monde singulier de l'auteure. du lyrisme merveilleux.

Après avoir eu un très gros coup de coeur pour son précédent roman, il me semblait incontournable de lire ce nouvel écrit de Tiffany Mc Daniel. Et bien m'en a pris car ce livre est tout aussi passionnant que « Betty ». Il faut dire que cette auteure a l'art de dessiner l'âme humaine en quelques mots fins et poétiques nous promenant ici et là dans les recoins les plus sombres. le fil se tient du début à la fin déliant un à un les noeuds d'un drame qui se tisse sur fond d'intolérance et de jugement. le récit est profondément juste et bouscule.
Une lecture intense, adroite et captivante.

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