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Harry O. Morris (Illustrateur)
EAN : 9781943910182
172 pages
Valancourt Books (12/11/2015)
3.43/5   7 notes
Résumé :
« J'avais une mission, une raison pour chaque geste de mon existence, même le plus infime. J'allais aider cette jeune femme. J'allais l'aider à mourir.
Tracé à la craie blanche sur la porte, il y avait un sablier ailé.
— Les Fuggits, murmurai-je. Ombre et Pénombre, Terre, Poussière et Cendres.
Il me restait à accomplir mon œuvre. »

La nausée d'un « étranger » schizophrène et paranoïaque, le récit d'une errance ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je pense que c'est la première fois que je termine un ouvrage dont le contenu est parfaitement compréhensible sans avoir la moindre idée de ce qui a pu effectivement arriver tout au long du récit au protagoniste. Car tout l'art de Michael McDowell ici est de donner à voir une histoire du seul point de vue d'un personnage incapable de percevoir les choses pour ce qu'elles sont.


Contrairement à la protagoniste de la Fille qui se noie de Caitlín R. Kiernan, schizophrène elle aussi, Toplin ne semble pas avoir conscience de son état, et ne bénéficie d'aucun recul, ni d'aucun moment de lucidité qu'une médication adaptée pourrait permettre. S'il lui arrive de reconsidérer certaines de ses certitudes, par crainte qu'elles soient nées purement de son imagination, ces hypothèses sont systématiquement rejetées et semblent n'être présentes dans le texte que pour des raisons de clarté narrative.


Le lecteur se retrouve par conséquent piégé dans un entre-deux, contraint d'adhérer à des faits radicalement bizarres et à une logique paranoïaque afin de suivre le récit, mais essayant simultanément d'y déceler des indices – ils sont rares autant qu'incertains – les remettant en cause. McDowell brouille les pistes et rend la distinction entre le monde tel que le personnage doit le vivre et les distorsions qu'il lui fait subir d'abord difficile, puis rapidement impossible. de là, un troisième niveau de lecture s'impose, qui consiste à interpréter ce que les obsessions et les hallucinations de Toplin, les seules choses que l'on ait avec certitude sous les yeux, révèlent à son propos.


Les visions du protagoniste, qui au début teintent le récit de fantastique et d'une certaine poésie, à mesure que son état psychologique se dégrade et que le filtre interposé entre lui et le monde dont il fait l'expérience s'opacifie, le font basculer dans le surréalisme. Sa perception de l'espace apparaît faussée, au point de rendre un lieu aussi familier que son appartement labyrinthique. Sa vision en nuances de gris, ainsi que sa tendance à entendre et voir écrites des langues qui lui sont inconnues semblent matérialiser son repli sur soi autant que son incapacité à appréhender le monde qui l'entoure, ou ne serait-ce qu'à l'atteindre.


Des personnages secondaires et des figurants, aux identités équivoques et fluctuantes, tous plus pervers et monstrueux les uns que les autres, l'on serait bien en peine de déterminer lesquels n'existent que dans l'esprit de Toplin. Comme celui-ci déforme sa réalité, la réécrit au point de la rendre méconnaissable, ces êtres qui gravitent autour de lui, et dans lesquels on devine certaines de ses caractéristiques et obsessions, sont à percevoir avant tout comme des projections ou des avatars, une galerie de miroirs reflétant ses tares et ses déviances.


En dépit de l'incongruité de certaines scènes et des lubies de son protagoniste, le roman, dont l'univers est particulièrement sombre et malsain, ne parvient jamais à pencher du côté de la comédie, même la plus noire, et suscite le malaise bien plus facilement que le rire. Sa lecture est une expérience étouffante qui confine à la claustrophobie, comme d'être enfermé dans une pièce étriquée dont la seule fenêtre est trop petite et trop sale pour que l'on puisse distinguer avec certitude ce qui semble se mouvoir à l'extérieur.


(article complet sur le blog)
Lien : https://mahautdavenel.wordpr..
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Le héros narrateur oscille entre la schizophrénie et la paranoïa dans un univers trouble. Mais, à moins qu'il ne perçoive le monde dans lequel il évolue comme à travers une glace déformante, les autres protagonistes de cette histoire eux aussi ne sont pas tout à fait nets et sains d'esprit. C'est comme un univers régi par Lewis Carroll revu et corrigé.

Il ne s'agit pas de raconter la quête et l'obsession d'un être perturbé dans un monde normal, mais bien de mettre en présence plusieurs individus qui chacun vivent leurs psychoses personnelles, comme si la normalité n'existait plus.



Parce qu'il lui manque une épice essentielle, ou qu'il juge comme telle, pour la confection de son dîner, le narrateur est amené à prendre son repas dans un restaurant dont la serveuse est d'une laideur telle qu'il la considère comme un anachronisme. Il se sent chargé, investi d'une mission : tuer cette malheureuse.

Lui qui aspire à la perfection en toute chose, qui est d'une maniaquerie maladive, considère cet être scrofuleux comme une tare, un abcès répugnant. Il s'érige, je cite, en : Parfait spécimen de l'humanité.

Son appartement est truffé de miroirs :

J'ai des miroirs partout, de toute une gamme de taille, de toutes sortes de formes, et d'un large éventail de cadres. Les miroirs, on l'ignore en général, ont différentes textures. Je suis conscient de cette propriété des miroirs, mais elle ne m'affecte guère. Quand je regarde dans mes nombreuses glaces, elles me montrent toujours des images de ma perfection avec d'infimes altérations. Il n'y a là rien de déconcertant.

Mais ce sont des images en noir et blanc ou plus ou moins grisâtres car à la suite d'un accident, de blessures occasionnées par des sternes, il a perdu la notion des couleurs.



Un livre envoûtant où le fantastique cède le pas à la terreur créée par les subconscient mégalomaniaque d'un être perturbé psychiquement.

Mais ce texte peut être également lu comme une parabole, riche d'enseignements pour le lecteur, nous qui nous croyons souvent meilleurs que notre prochain, et pensons détenir la vérité en toute chose.

Cette collection éphémère n'aura connu que trois titres, me semble-t-il, et était dirigée par François Truchaud, le découvreur en France de Graham Masterton.

Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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C'est le roman de Michael McDowell que j'ai le moins apprécié. Il m'aura fallu un temps fou pour trouver la motivation de le terminer. En général j'aime quand je ne sais pas où un récit va m'emmener, mais pour le coup je dois avouer qu'il m'a perdu en chemin.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
I no longer saw the colors as before. The intensity had faded dramatically. It was as if before I had delt with a spectrum several meters wide, and now all the color range I had would fit onto a graph not more than a few centimeters in width. Everything— excepting blacks and whites— was only various shades of grey to me. The whole world looked washed-out, faded, as if every object, every plane, every vista had a hole in the bottom of it out of which the color had seeped for a long while, leaving only a suggestion of the brilliance and variety of former hues.
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J’ai des miroirs partout, de toute une gamme de taille, de toutes sortes de formes, et d’un large éventail de cadres. Les miroirs, on l’ignore en général, ont différentes textures. Je suis conscient de cette propriété des miroirs, mais elle ne m’affecte guère. Quand je regarde dans mes nombreuses glaces, elles me montrent toujours des images de ma perfection avec d’infimes altérations. Il n’y a là rien de déconcertant.
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Humanity, in stultifying waves, surged over the dunes toward the beach: screaming, sweating, bearing furled umbrellas before them like lances, with baskets that seemed more likely to hold ammunition than provisions, hauling infants under their arms with an absence of tenderness that suggested that the children were to me no more than cannon fodder. I expected every moment to hear the noise of gunfire.
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My brother spat out his soul between his parched, lacerated lips.
In a puff of oily smoke it rose up to the ceiling, hovered a moment in a corner, frustrated of egress. It left a stain, but the nurse and the doctor, when they came, did not notice it.
The ceilings of hospital rooms are stained with the oily residue of souls spat out of dying patients' parched mouth.
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I sat and drank my coffee and laid the plans for my great project.
I would help this young woman. I would wring my heart and sprinkle the pity of my heart's blood on her parched life. I would validate my own perfection, and at the same time I would ease her out of her trudging misery.
I would help her die.
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