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sur 2621 notes

Qu'est-ce que c'est, ce "Moby Dick", le livre si grandiose dans sa conception et son exécution, si contradictoire?

Je dirais que c'est un magnifique roman philosophique, frappant par sa maîtrise de la performance. En fait, c'est une chanson en prose. On dit que le jeu d'acteurs est testé par la tâche de lire l'annuaire téléphonique de telle manière que le public ait la bouche bée et ne s'ennuie pas une seule fois. Eh bien, le grand Melville a décidé d'exprimer son talent de conteur et de chanteur de solitude tragique dans un traité sur les baleines.

Que cela ne vous dérange pas que Moby Dick semble être un roman aventureux dans sa forme. La forme n'est dans ce cas qu'un prétexte. À l'intérieur, vous trouverez une ode à une grande et meurtrière passion qui subjugue tout ce qui entoure le personnage principal Achab. Oh oui, cette nature obsessionnelle de toute passion; celui qui n'aimait pas, ne connaissait pas la véritable obsession, - mais celui qui a succombé à cette obsession au moins une fois, ne peut manquer de reconnaître le feu qui dévore Achab ...

Melville coule doucement la puissance de ce qui peut s'exprimer par des mots dans celle de l'inexprimable, et maintenant nous ne discutons plus, nous sommes au centre de ce tourbillon, notre coeur bat vite ... Oui, "Moby Dick" est un chef-d'oeuvre d'un ingénieux autodidacte, répandant son énorme talent, ne sachant pas où exactement appliquer son pouvoir. Oh, un hymne au fatum tragique! C'est finalement celui-ci qui a été écrit par l'auteur de Moby Dick.
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J'ai lu ce livre alors que je devais avoir 12 ou 13 ans, c'était visiblement trop tôt pour en saisir toute la richesse.
J'ai donc le souvenir d'un très bon livre d'aventure avec quelques longueurs et des descriptions très très détaillées.
Je vais programmer une relecture dans ces prochains mois.
C'est étrange mais j'ai encore des souvenirs très clairs du film de J. HUSTON que j'ai vu à la même époque, qui lui aussi est génial et qui m'a marqué à tout jamais.
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En édition de poche, le roman de Melville fait près de 700 pages. Mais vous n'y recontrerez Moby Dick, en chair en en os, qu'à la 660ème page à peu près - pour un peu, c'était la 666ème ... Il faut dire que, à l'origine, le roman s'appelait : "La Baleine."

Moby Dick est une vieille et prodigieuse baleine blanche appartenant à l'espèce des cachalots. Elle est responsable de pas mal de naufrages de baleiniers battant toutes sortes de pavillons et, pis que tout, c'est elle qui a fait perdre l'une de ses jambes au capitaine Achab. Depuis lors, Achab n'a qu'un rêve : se venger de Moby Dick.

Dans ce but, à près de soixante ans et tout juste marié à une femme beaucoup plus jeune que lui, il accepte le commandement du Pequod, un navire-baleinier appartenant à ses vieux amis Peleg et Bildad.

C'est à bord du Pequod que Melville nous invite à grimper dès que son narrateur, Ishmael, un transfusge de la marine marchande curieux d'en apprendre plus sur la pêcherie baleinière, est parvenu à s'y faire engager en compagnie de Queequeg, un natif des Iles soupçonné de cannibalisme rituel mais à part cela, fort sympathique et qui, pour sa part, exerce la noble et dure profession de harponneur.

Si l'on excepte les vingt premiers chapitres de l'ouvrage - qui en compte 135 - l'intégralité de l'action se déroule sur le Pequod et sur la mer. Et quand j'écris "action", je suis vraiment très généreuse car, plus qu'un roman d'aventures, "Moby Dick" est surtout un manuel complet sur la pêche à la baleine au XIXème siècle et sur les baleines.

"Moby Dick" est, avant la lettre, un hymne écologique, vibrant et passionné à la Baleine, les différentes espèces qui la représentent, les mille et une qualités qui sont les siennes, les comportements logiques ou bizarres qui sont les siens, etc ... C'est une espèce de Bible en la matière et, de l'ouvrage originel, elle a hélas ! aussi les épuisantes longueurs et le style un peu trop redondant.

En matière de dialogues par exemple, Melville est un très mauvais artisan. Ou plutôt, il fait parler ses personnages de façon ampoulée et excessive, parsemant leur texte d'invocations terribles à Dieu, aux cieux, et à toute cette sorte de choses, comme diraient nos amis anglais. Si cela passait sans doute très bien dans l'Amérique du XIXème siècle, de nos jours, c'est absolument aussi indigeste qu'un grand bol d'huile de baleine. En outre, l'écrivain a jugé utile d'insérer dans son roman des espèces de scènes, d'ailleurs rédigées au présent, et qui tiennent plus de la saynette théâtrale que d'autre chose.

Pour user d'un tel procédé, il faut être un maître ès naturel, à l'exemple d'une Sophie de Ségur (eh ! oui) ou, bien plus tard, d'un James Joyce. Or, Melville et le naturel sont visiblement fâchés.

En revanche, les descriptions de la passion de l'auteur pour la Baleine, celles aussi qu'il donne des océans et de la vie que l'on mène à bord d'un navire recèlent des images et des comparaisons d'une beauté et d'une poésie exceptionnelles.

Tel quel, ce pavé, bien que fascinant, apparaît comme curieusement inégal. Les vingt premiers chapitres, par exemple, sont pleins d'humour mais à compter de l'instant où le Pequod prend la mer, plus rien - ou alors quelques pointes de gaieté forcée et presque grossière. On y voit entre autres Melville développer une saine vision de la religion et de ses méfaits éventuels.

Mais cette vision se trouble et sombre complètement, dès qu'il se met en tête d'expliquer le "cas" Achab. L'écrivain retombe dans un manichéisme outrancier, dans cet orgueil qui tue Achab bien plus sûrement que Moby Dick. Habité par l'idée de revanche, le capitaine, dont la personnalité est pourtant certaine, devient la marionnette d'un esprit supérieur dont on ne parvient pas à dire de quelle nature il procède. Ambiguïté qui se décline dans deux personnages, le vagabond Elie et le Parsi Fédallah qui semble avoir été placés là pour souligner l'hésitation de Melville : le premier voit partout le glaive d'une espèce de Jéhovah ; le second, plus subtil, laisse à penser que, derrière les dieux, il y a le Destin.

Si Melville avait consacré plus de temps et de pages à l'analyse de ses personnages, sans doute nous aurait-il éclairés sur ses volontés exactes. Mais on se demande parfois si les personnages et l'intrigue elle-même ne sont pas là tout simplement pour permettre à l'auteur de justifier tout ce qu'il nous apprend sur les baleines.

Certains, qui ont vu le film en tous points remarquable que John Huston retira de l'ouvrage, s'entêtent à désigner le capitaine Achab comme une espèce d'anarchiste américain qui se retient à peine de hurler dans le dos de Moby Dick, alors identifiée soit à Dieu, soit aux religions, un tonitruant : "Ni Dieu, ni maître !" Mais si l'on peut croire que tel était bien le souci du cinéaste, chez l'écrivain, rien n'est moins sûr. Idem, à mon avis, pour cette théorie qui veut voir dans la quête du Pequod celle de l'Humanité embarquée sur le navire de l'existence ...

La seule chose dont je demeure persuadée, après avoir lu "Moby Dick" de A à Z, c'est que Melville aurait pu, là encore s'il avait sauté le pas, comme Walt Whitman, se faire le chantre de l'homosexualité.

A part cela, "Moby Dick" m'aura apporté des descriptions marines absolument fabuleuses et toute une foule de renseignements sur les baleines, "petites" et grandes. Je le tiendrai désormais pour une oeuvre inaccomplie et maladroite, non dépourvue de charme (à condition qu'on s'intéresse à la mer, sinon, c'est cuit ) et dotée de proportions aussi formidables et aussi intriguantes que celles de la baleine.

Finalement, la clef de l'ouvrage pourrait se résumer à l'idée que nous assène Melville lorsqu'il entreprend ses chapitres sur le squelette de la baleine : il y a une différence inconcevable entre ce que l'on voit de la baleine vivante et ce que donne sa carcasse récupérée sur une plage et soigneusement recomposée, côte par côte.

De même, il y a une différence pharamineuse entre ce que l'on croit savoir de "Moby Dick" d'Herman Melville sans l'avoir lu et ce que l'on apprend en s'y immergeant.
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Des années après la mort de son auteur Melville, ancien mousse sans sou, l'épopée maritime qu'est Moby Dick trouvait enfin ses lecteurs.
Forte d'une narration entraînante, l'oeuvre nous invite à contempler la quête passionnée et désespérée du capitaine Achab, vouant sa vie à la capture de la Baleine Blanche éponyme. de foisonnantes descriptions cétologiques nous informant sans cesse sur la puissance divine de la créature (comparable au léviathan hobbesien), il est clair que l'entreprise du capitaine n'est guidée d'aucune forme de raison.
Des sommets de terreur nous invitent ainsi à penser cette chasse comme l'ultime folie de l'ambition humaine, la soif névrosée et condamnée d'une vengeance chronique.
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Lu à haute voix en août 2018

Qui ne connaît pas Moby Dick – cette baleine blanche monstrueuse, légendaire, terreur des baleiniers et obsession du capitaine Achab qui lui a juré vengeance ? Cela faisait un moment que j'avais envie de faire découvrir ce roman de Herman Melville à mes enfants. Je me disais que cette lecture nous permettrait de poursuivre notre tradition de voyages littéraires (après le Royaume de Kensuké, L'île au Trésor et Robinson Crusoé notamment), mais aussi que Moby Dick était susceptible de plaire à nos petits amateurs de mythologie grecque… L'oeuvre de Melville a fait l'objet d'innombrables lectures, recensions et interprétations qui se sont intéressées, en particulier, à sa portée métaphorique, aux références bibliques et au texte comme parabole chargée de thèmes universels. De façon plus modeste, je me permets de partager ici notre expérience de lecture familiale.

L'histoire est célèbre : Ismaël embarque sur le terrible Pequod, baleinier commandé par le capitaine Achab, pour une campagne de pêche à la baleine. L'équipage découvre rapidement que l'expédition est en réalité une croisade insensée, à la poursuite de Moby Dick.

Même en version abrégée (j'ai pour principe de ne lire aux enfants que des livres en texte intégral mais une fois n'est pas coutume, j'ai acheté par erreur cette version chez Poche Jeunesse), la lecture de Moby Dick est ardue : monument littéraire chargé de poésie, longues phrases et récit entrecoupé de descriptions extrêmement détaillées du travail des baleiniers que l'on voit traquer, harponner, remorquer et découper des cétacés démesurés… Herman Melville, qui avait vécu plusieurs années à bord d'un baleinier, connaît son affaire et documente ce forme de pêche ahurissante de manière très précise et avec force termes techniques.

Malgré ce caractère exigeant, le roman nous a captivés de bout en bout. L'auteur fait la preuve de son talent de conteur dès les premiers chapitres. L'affrontement conduisant au drame est inéluctable et la tension s'accumule au fil des pages, jusqu'à nous rendre aussi fous, anxieux et obsédés par Moby Dick que le capitaine Achab – mon aîné, qui s'est demandé en cours de route si le redoutable cachalot existait en dehors de l'imagination des baleiniers, a remarqué qu'en s'inspirant de Samuel Beckett, on aurait pu intituler le roman En attendant Moby Dick ! C'est précisément grâce à cette tension dramatique, et en riant (un peu jaune) de notre propre exaspération, nous comparant entre nous à l'irascible Achab, que nous sommes parvenus à persévérer et à traverser toutes les mers du monde à bord du Péquod jusqu'au désastre final. Nous avons refermé Moby Dick sonnés, avec l'impression d'avoir passé un bon bout de temps au large : difficile de s'extraire d'un tel roman ! Mes enfants, qui ont spontanément éprouvé de l'empathie pour la majestueuse baleine blanche, ont finalement beaucoup apprécié cette lecture qui leur a fait très forte impression.

Un livre incontournable pour lecteurs déjà grands, à découvrir avec un globe terrestre sous la main…
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Durant ce mois d'hospitalisation de décembre 2023, Moby Dick aura été mon compagnon de galère. Il fallait bien que je m'évade un peu, que je pense à autre chose, alors je me suis passionné pour le dépeçage de baleines, pour la navigation et les techniques de pêche à la baleine au XIXe siècle.

Dans cet ouvrage, on trouve ce que l'on veut bien y trouver, et j'ai trouvé le côté « aventure » pas foncièrement prépondérant. La grande chasse à Moby Dick n'occupe d'ailleurs que les 3 derniers chapitres .

J'ai aimé le côté gothique et sombre dans les descriptions, la poésie qui imprègne toute l'oeuvre, et la noirceur folle et obstinée du capitaine Achab.

Moby Dick est un roman difficile à lire, très complexe, avec de nombreuses références dans multiples domaines (religion, philosophie, géographie….) C'est aussi un roman très violent dans lequel l'auteur n'épargne en rien ses lecteurs. Pas étonnant qu'il n'ait pas rencontré le succès à sa sortie. Il devait bien déranger le bourgeois confortablement enrichi par cette boucherie qu'était la chasse à la baleine.

Un grand classique qui doit aussi certainement gagner à être lu en anglais. On perd en effet quelque chose, surtout lors de la traduction des chants marins.


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« C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases. » (Michel Audiard)

J'avais jusque-là expérimenté Melville sur un format plutôt court, et des registres fortement teintés d'humour (Les îles enchantées, Bartleby, et même le très ironique Benito Cereno). Avec le début de Moby Dick, je n'ai pas été dépaysé, car on peut bel et bien parler de comédie pour la première trentaine de chapitres, qui marque la rencontre et l'amitié entre le héros Ismael et un fringant jeune cannibale du nom de Queequeg (qui le rend un peu fou, hou hou). Une fois les quelque 200 premières pages écoulées, notre charmant duo embarque sur le Pequod. Melville cherche alors à passer aux choses sérieuses.

Et là, au fil de laborieux chapitres, j'ai fini par comprendre que le seul aspect de Melville qui me le rende digeste, c'est bel et bien l'humour. Avec l'humour, sa tendance à la grandiloquence se fait truculence et autodérision. Avec l'humour, ses références bibliques incessantes sont autant de motifs burlesques. Avec l'humour, ses phrases sinueuses et emberlificotées sont lubrifiées au rire.

Sans l'humour… Je me retrouve avec la version négative des propositions précédentes. Autant dire que c'est moins folichon. L'impression qui prédomine alors chez moi est celle d'une grande pesanteur, fondée sur un étalage encyclopédique de culture parfois dépassée (notamment en ce qui concerne la cétologie) et sur des considérations métaphysiques quelque peu oiseuses. Melville veut tout expliquer, tout dire, tout démontrer. Il ne laisse même pas au lecteur le soin d'interpréter la signification de la couleur de la baleine : un chapitre entier y est consacré. Interprétation qui m'a peu passionné, car la peur du blanc en tant que symbole du vide, Edgar Poe l'avait déjà mise en scène avec bien plus de suggestivité et bien moins de mots pompeux à la fin des Aventures d'Arthur Gordon Pym.

En fait, loin de se complémenter harmonieusement, les différents aspects de Moby Dick m'ont paru travailler les uns contre les autres. le rythme de l'aventure est ruiné par l'enlisement du récit passé le premier quart. L'apologue souffre de l'absence de concision et des variations de tons de l'ensemble. L'essai est boursoufflé par l'exagération romanesque, qui affecte parfois la crédibilité des personnages (je pense bien sûr à Achab, qui tient plus du symbole que de l'être humain). Bref, après m'avoir beaucoup diverti lors de son premier quart, cette grosse baleine graisseuse est devenue bien lourde. le Pequod finira donc sa route sans moi, so long Herman, sans rancune et envie de vengeance obsessionnelle je présume.
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En temps normal, Ishmael est plutôt un terrien - c'est là qu'il gagne sa vie, en tout cas. Mais comme tant d'entre nous, il est pris souvent par des accès d'humeur noire, de ceux qui peuvent conduire les hommes au pire. Son remède à la mélancolie, au dégoût, il l'a trouvé dans l'infini de l'océan, sur lequel il embarque régulièrement comme simple matelot pour de longues traversées. Fasciné par la baleine, ce monstre somptueux qu'on croirait sorti droit de l'Ancien Testament, il décide un beau jour (ou était-ce le destin ?) de s'engager à Nantuckett sur un navire de pêche au cachalot.
Le capitaine de ce navire met bien longtemps à sortir de sa cabine où il s'est d'abord retranché, malade à ce qu'on dit. Mais lorsqu'il apparaît enfin, tout le pont tremble sous le choc du pilon d'ivoire qui lui tient lieu de jambe. Tout l'équipage est comme subjugué par son regard où couve la flamme des grandes monomanies, l'éclat contagieux d'une toute puissante volonté. Ce qui motive le capitaine Achab n'est pas le butin habituel des chasseurs de cachalot, les litres d'huile et le précieux spermacetti, non, c'est la vengeance. La vengeance sur ce grand cachalot blanc aussi malin, aussi mauvais qu'un homme, puissant comme une montagne, qui a vaincu tous ses adversaires et emporté au fond des abîmes la jambe d'Achab.
Commence alors une longue quête qui mènera le Péquod et son équipage à l'autre bout du monde, vers un but démesuré où se reflète l'orgueil fou de l'homme poussé jusqu'à l'instinct d'autodestruction.

Rarement j'ai commencé un livre avec autant d'enthousiasme pour me laisser gagner ensuite par autant de lassitude, voire de franche exaspération. le début, qui évoque superbement le pouvoir d'attraction de la mer, dresse un portrait coloré, plein de vie et de verdeur, de l'univers des chasseurs de baleine, est formidable. La rencontre dans un lit d'auberge entre le narrateur et Quiequeg, authentique sauvage du Pacifique au visage tatoué et aux dents limées en pointe, est un véritable moment d'anthologie, drôle, savoureux, intelligent, où l'auteur révèle sur les autres peuples du monde une ouverture d'esprit assez rare pour son temps. Et puis petit à petit, les briques commencent à s'acumuler. Passent encore plutôt bien à mon goût les descriptions très précises des techniques de pêche au cachalot, qui alourdissent peut-être un peu le rythme du récit mais m'ont intéressée, comme tous les détails de l'organisation de la vie en mer. Passent en revanche de plus en plus mal les interminables considérations philosophico-scientifiques sur la grandeur du cétacé, ses différents représentants, son histoire symbolique et littéraire depuis la Bible et la suprêmatie formidable du cachalot. Pas que le fond soit inintéressant, cette véritable anthologie de la baleine est d'une richesse impressionnante, mais la forme est lourde, péniblement emphatique et redondante, comme finit d'ailleurs par le devenir toute l'histoire au bout de quelques centaines de pages, surchargée encore à mes yeux par ses perpétuelles références (thématiques et stylistiques) à l'Ancien Testament, que je connais mal et dont le ton m'agace beaucoup plus qu'il ne me parle.
Cette démesure emphatique de la forme, l'auteur s'en revendique, il est à la mesure de son sujet. Ah oui, mais c'est qu'un cachalot, c'est d'une grandeur fascinante lorsque ça glisse entre deux eaux - mais essayez de vous le faire glisser dans le gosier, ça devient un plat de résistance assez lourd. Au bout d'un moment, il m'a fallu déclarer forfait, avaler en guise de trou normand deux titres au style plus épuré et digeste, avant de m'attaquer bravement aux quelques 200 dernières pages. Et à vrai dire, la fin, cette course forcenée, encore lucide pourtant et d'autant plus déchirant, vers l'anéantissement, mérite qu'on s'accroche jusqu'à elle. Elle est superbe, elle est puissante, elle m'a raccommodée avec tout le texte dont j'avais commencé à sérieusement me dégoûter et fait assez bien comprendre son pouvoir de fascination.
Reste que la portée philosophique du roman est à mes yeux pas mal atténuée par sa lourdeur et ses perpétuelles digressions... même si ces dernières participent aussi de sa richesse. Au final, ce que j'ai préféré ici reste sans doute l'évocation précise et passionnante du monde de la chasse à la baleine, éclairée d'une belle lumière par l'esprit humaniste et anticonformiste de l'auteur.

Côté héros démesuré et profondeur existentielle, dans un univers comparable, mon coeur et mon esprit restent indubitablement au Loup des Mers de London, il est vrai plus moderne, et inspiré de sources qui me correspondent beaucoup mieux.
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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Moby dick est une oeuvre à la fois symbolique et capitale d'Herman Melville

D'un côté, le capitaine Achab représente l'ambiguïté de la passion exacerbée, à la fois porteuse d'absolu et véhicule du mal. Poursuivant forcené d'un cachalot blanc qui lui a arraché une jambe, il entraîne tout son équipage dans une entreprise démesurée.

De l'autre, le matelot Ismaël, qui est le narrateur, incarne l'harmonie.
Au lieu de braver l'univers, en une démarche titanesque, il essaye de l'apprivoiser, de se concilier avec lui.

Un ton prophétique soutient de bout en bout ce récit qui est, tout d'abord, homérique par ses dimensions, ensuite, épique par ses personnages, et enfin, biblique par ses allégories
Plus précisément, la lutte acharnée d'Achab contre l'animal, c'est le combat de l'honneur contre la mort, d'un point de vue symbolique.

Moby Dick est l'un des chefs-d'oeuvre de la littérature universelle, bien qu'il n'ait connu, en son temps, qu'un succès d'estime.
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Je ne suis pas un lecteur aimant jouer les iconoclastes, mais là, je décerne le minimum à ce livre que je n'ai jamais pu terminer. Et ce ne fut pourtant pas faute d'avoir essayé à de nombreuses reprises, mais force est de constater que je resterais totalement impénétrable à l'univers de ce roman. Et je suis surtout étonné de l'importance qu'on lui accorde encore de nos jours.

L'abandon en cours de lecture est dû à plusieurs choses : le style littéraire, complètement indigeste; l'histoire, longue à démarrer et qui ne m'a absolument pas intéressé; l'abondance de référence religieuses qui m'ont plus irrité qu'intéressées; et surtout les imprécisions nombreuses, laborieuses, hautaines et inutiles.
C'est, je crois, l'unique livre que j'ai laissé définitivement tomber. Je n'arrivais pas à le lire, ce qui ne m'est jamais encore arrivé, et je n'ai aucune envie de le finir. Les multiples tentatives n'ont fait que conforter cet avis, et je me suis désintéressé de la quête de ce cachalot, symbole de beaucoup de choses apparemment mais surtout inintéressant à mes yeux. Pourquoi aurais-je voulu forcer, encore et encore, alors que rien ne m'intéressait au point que je ne remarquais même pas ce que je lisais ?

Mais ce que je ne comprends pas, c'est l'intérêt quasi-mythique qu'on confère à cet ouvrage. Là où je peux comprendre les raisons sur certains livres que j'ai lu et qui ne m'ont tout simplement pas intéressés, je ne vois réellement pas ce qui est si grandiose dans cet ouvrage. Les aventures sur la mer furent contés avec bien plus de brio par Jack London, qui donne envie de lire chaque page de son récit, ou par un Hemingway qui savait faire dans la concision et ne tentait pas d'étaler un savoir faux pour impressionner le lecteur. Il manque à ce livre l'humilité, la narration et l'intérêt pour que je me décide un jour à le retenter. Et je crois bien qu'après tout ces essais, je ne suis pas prêt de les trouver.
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