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EAN : 9782759225538
200 pages
Quae (11/01/2018)
4/5   1 notes
Résumé :
Qu'y a-t-il de commun entre les plages de Bretagne, la lagune de Venise, et le littoral chinois de Qingdao ? Tous les trois ont fait la "une" des journaux en raison d'impressionnantes "marées vertes", causées par l'accumulation estivale de macroalgues du genre Ulva. Ces marées vertes sont la forme la plus visible d'un enrichissement excessif des eaux marines. Cela ne doit pas faire oublier la forme planctonique, bien plus étendue vers le large, qu'on appelle "eaux c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Un bon livre qui donne tous les éléments sur les marées vertes, leurs causes, leurs origines, ce qu'elles provoquent, comment les combattre, etc, et le tout de façon la plus scientifique et la plus objective possible.
Ceci dit, on pourra regretter qu'il n'y a pas d'accent mis sur la responsabilité des éleveurs de porcs. le livre évite le sujet pendant toute une partie du livre, pour finalement en parler mais uniquement de façon générale , en ne parlant que des agriculteurs. Cela n'enlève rien à la qualité du livre mais c'est à noter.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Où trouve-t-on des marées vertes dans le monde (hors de France) ?
En général constituées exclusivement d’algues vertes (chlorophycées), plus rarement en mélange avec des algues brunes (phéophycées) ou rouges (rhodophycées), les proliférations de macroalgues vertes sont largement répandues dans le monde, où l’on recensait, à la fin du xxe siècle, 137 sites de prolifération macroalgale.
En Asie, le site phare depuis 2008 est la baie de Qingdao (Chine), site largement ouvert sur la mer Jaune, dans lequel s’accumule en juin environ un million de tonnes de la chlorophycée Ulva prolifera. Ces algues ont en fait poussé à 400 kilomètres plus au sud, sur des supports récemment implantés pour la culture d’algues rouges comestibles Pyropia (par exemple, Pyropia yezoensis), d’où elles ont été arrachées lors d’opérations de nettoyage, devenant des algues dérivantes, dont le trajet en surface a pu être suivi sur des images satellitaires de couleur de l’eau.
En Europe, la lagune de Venise a été le site semi-fermé le plus touché jusqu’en 1990, produisant une biomasse évaluée à 550 000 tonnes en 1987, mais qui a diminué par la suite en raison d’une augmentation de turbidité créée par le dragage. En Méditerranée, mer pauvre en nutriments* (oligotrophe), la prolifération de macrophytes n’est en effet observée qu’en deux types de sites. Le premier type, situé au débouché de certains fleuves drainant des bassins versants très agricoles, compte en plus de la lagune de Venise, la lagune Sacca di Goro au sud du delta du Pô et l’estuaire du Palmones en Andalousie. Le second type rassemble des secteurs côtiers enrichis par des rejets industriels et urbains : en Grèce, la baie de Kalloni, le golfe de Thessalonique et le golfe de Pagassitikos, en Tunisie, le lac de Tunis, du moins avant son aménagement en 1985. En Europe du Nord, en dehors de la France, des marées vertes de moindre ampleur occupent surtout des zones estuariennes comme Langstone Harbour, près de Southampton au Royaume-Uni ou l’estuaire de l’Eurajoki sur la côte finlandaise du golfe de Bothnie, quelques fjords comme l’Odense Fjord au Danemark, ou des zones semi-fermées, telle la Veerse Meer aux Pays-Bas, mais aussi des plages comme celles proches de Cork, dans le Sud-Ouest de l’Irlande.
Le continent américain a aussi ses marées vertes. Dès les années 50, de gros échouages d’algues vertes ont été observés dans le Nord-Est de Cuba. En Martinique, les anses d’Arlet et la baie de Sainte-Luce connaissent depuis les années 90 des proliférations d’algues vertes au droit de petits rejets urbains. Aux États-Unis, sur la côte est, la baie de Narragansett, près de New York, et sur la côte ouest, les rivages du détroit de Juan de Fuca et du Puget Sound, près de Seattle, connaissent depuis longtemps des marées vertes, mais d’ampleur limitée. En revanche, elles sont récemment apparues, notamment en 2014, sur les plages de Monterey Bay (Californie) avec une ampleur comparable à celles de Bretagne. Là, comme en baie de Paracas au sud de Lima (Pérou), un éventuel lien avec un apport naturel de nutriments océaniques par upwelling* a été invoqué, mais sans preuve.
L’Australie, enfin, n’est pas épargnée. Depuis les années 60, avec un pic de 1969 à 1975, puis un affaiblissement ensuite, la baie d’Austin et le Peel Inlet, zones semi-encloses au sud de Perth (Sud-Ouest de l’Australie) ont connu des échouages de Cladophora filamenteuses.
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Où trouve-t-on des marées vertes en France ?
Comme la lagune de Venise, certains sites marins français, très enclavés, peu profonds et très enrichis, s’avèrent favorables à des proliférations d’algues vertes. Ainsi, certaines lagunes méditerranéennes qui recevaient les effluents urbains de Montpellier (étangs palavasiens du Prévost et du Méjean) sont encore tapissées d’ulvacées en été. Le fond du bassin d’Arcachon a aussi connu des échouages massifs d’ulvacées (environ 20 000 tonnes pour l’ensemble du bassin en 1992 et 1993).
Mais la spécificité française réside dans ses marées vertes de la côte de Manche-Atlantique, qui parviennent à s’accumuler sur des sites largement ouverts vers le large et balayés deux fois par jour par un important va-et-vient d’eau créé par la marée. Les côtes de Bretagne subissent la plus forte atteinte (de l’ordre de 100 000 à 200 000 tonnes pour l’ensemble du littoral breton en juillet), massivement sur plages sableuses et estuaires sablo-vaseux en Bretagne Nord, mais plutôt sur grandes vasières en Bretagne Sud.
C’est en Bretagne Nord qu’a été créée l’appellation « marée verte » car les algues impliquées étaient vertes, essentiellement des chlorophycées du genre Ulva. Mais il faut noter aussi la présence croissante de « marées brunes » de Pylaiella littoralis en baie de la Fresnaye et de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) et d’Ectocarpus silicosus en baie de Douarnenez, ainsi que la formation tous les étés d’une « marée brun-rouge » de Falkenbergia rufolanosa en baie de Goulien, en presqu’île de Crozon (Finistère). Présentes surtout en Bretagne jusqu’en 2000, les marées vertes se sont étendues progressivement à la Normandie, en particulier en baie de Seine (Grandcamp et baie des Veys), mais aussi à l’ouest du Cotentin (Avranches). Elles gagnent également la Vendée (Noirmoutier, Ré), sous une forme plurispécifique (algues vertes d’arrachage mêlées à des algues brunes et rouges).
L’Ouest de la France a bénéficié depuis près de 40 ans d’un effort croissant de cartographie quantitative des échouages. Sur un plan semi-quantitatif, le recensement par voie d’enquête des tonnages collectés annuellement par toutes les communes littorales permet depuis 1978 au Centre d’étude et de valorisation des algues (Ceva) de Pleubian (Côtes-d’Armor) d’évaluer l’impact administratif et financier direct des marées vertes. Une approche quantitative rigoureuse a, par ailleurs, été progressivement mise en place depuis 1988 par l’Ifremer et le Ceva. Couplant photographie aérienne et vérité-terrain simultanée sur les principaux sites, elle permet désormais au Ceva d’établir, depuis la mise en place en 2007 d’un réseau de contrôle de surveillance pour la Directive cadre sur l’Eau, la répartition des surfaces d’échouage sur tout le littoral du Grand-Ouest à au moins trois dates dans l’année (mai, juillet, septembre), voire d’estimer la biomasse présente sur quelques grands sites jusqu’à sept fois par an. Il est frappant de constater que, pour la Bretagne, ces approches administratives et scientifiques fournissent deux images très concordantes de la répartition géographique des marées vertes, grossièrement stable en valeur relative depuis 1988.
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La Bretagne est familière des « marées astronomiques », oscillations périodiques naturelles du niveau de la mer créées principalement par les mouvements relatifs de la Lune, du Soleil et de la Terre. Mais elle a aussi été le témoin de plusieurs naufrages de pétroliers, qui ont causé l’arrivage successif sur ses côtes de nappes d’hydrocarbures. En 1967, alors qu’était attendue le 27 mars la plus grande marée du xxe siècle, la catastrophe du Torrey Canyon du 18 mars inspira à un journaliste du Télégramme de Brest l’expression « marée noire » pour qualifier cet énorme engluement de la côte par le pétrole visqueux et noirâtre, qui venait recouvrir l’estran comme l’eau à marée montante.
Quatre ans plus tard, en juillet 1971, le maire de Saint-Michel-en-Grève, dans les Côtes-d’Armor, signalait à son conseil municipal « la pollution de toute la côte par les algues vertes ». Il rappelait que : « les plages avaient été nettoyées entre le 18 et 28 juin 1971 et que pendant cette période, 6 600 mètres cubes d’algues vertes avaient été enlevées. Cette pollution, apportée par la mer, était susceptible de dénaturer et de troubler foncièrement l’utilisation normale des plages et l’aspect des sites ». C’est alors que, par analogie avec les échouages d’hydrocarbures, a été créée l’expression « marées vertes », pour qualifier l’engluement des plages par une suspension d’algues vertes de type « laitue de mer », également apportée par la mer montante dès le printemps, et abandonnée comme une souillure sur l’estran à marée descendante.
Même lieu d’apparition (la Bretagne Nord), même impression d’envahissement visqueux des côtes apporté par la marée, même effet d’atténuation des vagues arrivant à la côte, la noire précédant la verte d’une ou deux années… tout portait certains à croire que la marée noire était la cause de la verte, alors qu’il n’y a pourtant rien de commun quant à la formation et le devenir de ces « marées » noires et vertes ! Alors que les « marées noires » sont une pollution chimique accidentelle toxique issue d’un déversement en mer de substances dont la masse totale va diminuer inexorablement plus ou moins lentement par dégradation, les « marées vertes » sont une réponse du milieu marin vivant à une pollution chimique chronique non toxique venue des bassins versants côtiers, dont la masse se reconstitue chaque année grâce à une phase printanière de croissance, suivie d’une phase automnale de régression.
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Quelle est la plus grande marée verte du monde ?
... Bien qu’on ne dispose pas d’évaluation quantitative précise avant le dernier quart du xxe siècle... On notera ainsi que la première description de prolifération anormale d’algues vertes a été faite au début du xxe siècle sur les vasières de la baie de Belfast, dans la zone de déversement des rejets urbains de la ville. On verra apparaître dans les années 70, les grandes lagunes méditerranéennes, pour lesquelles le terme de « marée » verte peut paraître inapproprié puisque ces lagunes sont le siège d’une marée astronomique très faible : le lac de Tunis, puis la lagune de Venise. Celle-ci, avec une biomasse de 600 000 tonnes de poids frais égoutté, évaluée dans les années 80, a sans doute gagné le titre de « plus grand site de prolifération d’algues vertes du monde » à la fin du xxe siècle. Ce record de biomasse n’a pas duré en raison de l’augmentation du dragage ayant généré un obscurcissement de l’eau. Depuis 2007, la Chine a pris la première place, cette fois en mer ouverte, en raison de la modification soudaine par l’homme de la bande côtière de la mer Jaune méridionale, enrichie par le panache de dilution du Yang-tsé-Kiang. L’introduction de vastes supports de culture d’algues rouges sur un estran naturellement impropre à l’installation d’ulvacées a créé un habitat propice à la fixation des jeunes ulves. Ces dernières le quittent, après arrachage par les courants ou l’homme, pour continuer leur croissance sous forme dérivante en pleine eau. La séparation des lieux de germination (côte du Jiangsu), de croissance (mer Jaune) et d’échouage (Qingdao), a probablement magnifié les capacités de production du site, en minimisant l’auto-limitation en lumière et nutriments créée par le confinement de la biomasse en croissance sur un site moins vaste. La biomasse accumulée sur le rivage de Qingdao peut alors atteindre le million de tonnes de poids frais égoutté !
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À la fois abondante et précieuse, l’eau entretient avec la Bretagne des liens historiques, culturels, symboliques mais aussi économiques profonds, qu’il s’agisse de ses sources, de ses rivières ou de la mer bordant ses côtes. De ce fait, tout questionnement important lié à l’eau constitue rapidement, selon le terme de l’anthropologue Marcel Mauss, un « fait social total », qui mobilise des connaissances mais aussi des sensibilités, des attachements, des perceptions de multiples acteurs aux intérêts parfois antagonistes... qu’il s’agisse de son abondance ou de sa qualité, nécessite pour les comprendre de faire appel à une grande diversité de disciplines, physico-chimiques, biologiques et écologiques mais aussi économiques et sociales, qui ne fournissent que des éléments de compréhension partiels et, comme toute connaissance scientifique, susceptibles d’évoluer... dès la fin des années quatre-vingt, Alain Ménesguen, avec quelques collègues, a accepté de quitter la relative quiétude de ses travaux de modélisation mathématique de divers processus biologiques pour se plonger dans la complexité du phénomène de prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes, apparu dans les années soixante-dix, et en rechercher les racines sur la terre ferme... Plus de vingt ans après ses premières publications, j’ai été amené, sur saisine ministérielle, à me pencher sur ses travaux, dans un contexte ou leur principale conclusion, le rôle prédominant des flux de nitrates liés aux activités agricoles et d’élevage, était fortement — et bruyamment — contesté par certains acteurs... la connaissance scientifique se veut réfutable, c’est à la fois sa modestie et sa grandeur. Alain Ménesguen en a été un serviteur exemplaire, puisse cet ouvrage donner envie aux lecteurs de devenir à leur tour acteur de cette aventure de la connaissance. Bernard Chevassus-au-Louis, Inspecteur général honoraire de l’Agriculture.
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