"S'il n'en reste qu'un" pour défendre Christophe Paulin, sans nul doute, je serai celui-là !
L'accusant de plagiat, en 1960, dans les numéros 74 et 75 de la revue "Fiction", Jacques Bergier et Gérard Klein relèvent d'étranges ressemblances entre "S'il n'en reste qu'un" et "L'ogive du monde" de Matteo et François Tavera.
Plus grave, ces deux ouvrages seraient, toujours d'après eux, copiés, presque mot à mot, sur un troisième, "Le nuage pourpre", écrit vers 1910 par Matthew Phipps Shiel.
Qu'en est-il vraiment ?
Depuis plusieurs mois, un mystérieux speaker menace, sur les ondes du monte entier, de faire disparaître l'humanité si cette dernière ne renonce pas à la haine, à la mauvaise foi et à la concupiscence.
Pour échapper à une stridente "rétrospective Tino Rossi", Claude Mada, un jeune physico-bio-chimiste, s'est réfugié dans la chambre de plomb de l'Institut du Radium à Paris.
Lorsqu'il s'éveille au matin, les rues sont vides, les boutiques sont fermées.
La prédiction du savant-fou semble s'être réalisée ...
"S'il n'en reste qu'un" est un roman apocalyptique écrit sous le pseudonyme de Christophe Paulin par l'écrivain Jean Merrien dont le vrai nom est René de la Poix de Fréminville.
Son roman n'est pas une copie du "Nuage pourpre", c'est l'autre versant, plus clair, plus optimiste, moins répétitif et obsessionnel d'un même récit.
Contrairement à son modèle, l'intrigue y est expliquée et certainement mieux maitrisée.
"S'il n'en reste qu'un" est un bon livre de science-fiction derrière lequel, à certains moments, perce l'écrivain maritime.
C'est par le phare, qu'il entretient jour après jour, que Claude est sauvé du désespoir et de la solitude.
Et c'est par la mer que, comme aux premiers âges, réapparait la vie.
Le récit est prenant.
Contrairement à son modèle, Il ne souffre, à aucun moment, d'un quelconque essoufflement.
De plus, son épilogue, ne manquant pas d'un certain humour, est original et inattendu.
On ne peut rien en dire sinon qu'il s'y cache un clin d'oeil de l'auteur à René Barjavel.
Christophe Paulin excelle dans la description de ce monde vidé de ses habitants.
Une fois l'homme disparu, combien de temps peut durer le mouvement qu'il a imprimé aux choses ?
L'auteur réussit à peindre l'homme seul et à nous conter, avec crédibilité, ses errances, son organisation, sa lutte contre la végétation, la solitude, contre l'humidité, le vieillissement et le désespoir .
Mais le récit excelle aussi à montrer les réflexions et les états-d'âme du jeune physicien.
Mais ceci, c'était avant la rencontre ...
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" Ah! vous dites-vous, comment puis-je vivre en l’an Claudien 5000 (6957 pour vous) puisqu’en 1957 toute matière animale, sauf Claude, Anne et sa ménagerie, ont disparu? J’échappe à cette volatilisation, puisque je suis " à cheval sur l’espace du temps ". Mais il est exact qu’après le 19 mai 1957, je ne pourrai plus " revenir " puisqu’alors " je serai disparu (...) Quant à vous... j’ai longtemps hésité à vous donner la date du " rayon de la mort ". Si vous voulez échapper au destin, vous n’avez qu’à construire des chambres de plomb et vous y enfermer. Cela changerait tout, mon histoire serait fausse. C’est pourquoi, puisque je sais que mon histoire a été vraie (ou pour vous, sera vraie) je sais que vous ne le ferez pas. Tout simplement parce que vous prendrez ceci pour un roman ".
" Claude passa par la Défense, descendit la voie majestueuse. Les bas côtés et les trottoirs étaient couverts d’herbe, d’une façon d’ailleurs agréable à l’oeil, mais la chaussée elle-même était à peu près normale, les petits pavés en éventail n’ayant donné prise qu’à quelques mousses jaunâtres. Quant aux maisons, avec leurs volets clos, elles n’avaient point changé d’aspect. (...) Dans certains porches de maisons, le vent, comme il amasse des congères de neige, avait accumulé des tas de grandes feuilles à moitié changés en humus où poussaient de jeunes plants. Le vêtements abandonnées ne se voyaient plus que ça et là, semblables à des serpillières; et les autos couvertes d’un incrustât grisâtre, semblaient pétrifiées. La chaussée était jonchée d’ardoises brisées, de cheminées abattues. Le silence était absolu, hormis quelques grincements d’enseignes et de barres de stores rouillées. "
En somme, quelques semaines de solitude immobile le lui montrèrent, parmi toutes les richesses du monde, il était un ermite, mais un ermite involontaire, un ermite sans la foi. Un condamné ..
" Très vite disparurent l’électricité, le moteur à explosion. Puis la vapeur. Cent ans après la rencontre de Claude et de Diane, l’âge de fer n’était pas encore tout à fait perdu, mais menacé " (...) Au bout de mille ans à peine, tout ce qui avait été papier n’était plus que poussière. Les bibliothèques avaient été pillées, brûlées; les parchemins avaient servi à faire des tabliers ou des chaussons. La fameuse collection du Times, imprimée sur peau d’âne, avait bien été trouvée, quand, au 12ème siècle, à ce qu’on prétend, les méditerranéens avaient découverts l’Ile qu’ils avaient baptisée " sans vie ", Albion, parce qu’on n’y rencontrait que des oiseaux et des insectes. "
A Paris, on gouaillait. Chansonniers et journaux ne tarissaient pas.
La mode suivait : on se coiffait "au rayon de la mort", on s'habillait "à la végétale" ou "au fou".
Les sommités de la science, comme il se doit, se disputaient.
Claude avait questionné son père. Le savant ne souriait nullement ...
Jean Merrien : Dictionnaire de
la merDepuis COLLIOURE, dans les Pyrénées-Orientales,
Olivier BARROT présente le livre "Dictionnaire de
la mer, le
langage des
marins, la
pratique de la voile", de
Jean MERRIEN, réédité par Omnibus.
Dessins en banc-titre.