Ceux qui lisent mes critiques sur Babelio connaissent mon amour pour la montagne.
Mais ce qu'ils ne savent peut-être pas, c'est que j'aime, au cours de mes balades, tomber sur une petite chapelle d'altitude comme on en trouve tant.
Petit édifice haut perché qui retient tout de suite mon attention et éveille ma curiosité : il faut que je rentre !
Je suis toujours déçue quand la porte est condamnée, mais lorsqu'elle ne l'est pas, quelle joie !
J'aime ces lieux de silence dans lesquels on sent
L Histoire et les histoires de ceux qui les ont fréquentés (ou les fréquentent encore). Je passe toujours un temps fou à en faire le tour, à regarder les murs, à observer chaque objet, à scruter chaque recoin à la recherche du plus petit signe.
Je m'assieds sur un vieux banc et je reste là un moment, calme, apaisée.
Au-delà des églises de montagne, j'aime les vieilles pierres et particulièrement les édifices religieux. J'ai un souvenir ému d'une vieille synagogue visitée à Prague, tellement chargée d'émotions.
Ces lieux me font du bien.
Lorsque j'ai vu dans la dernière opération Masse critique le livre "
Églises abandonnées", je me suis dit qu'il était pour moi !
J'ai été chanceuse, et je remercie Babelio, ainsi que les éditions Jonglez (très joli nom) pour leur envoi.
La quatrième de couverture décrit parfaitement l'ouvrage : "
Francis Meslet parcourt le monde à ses heures perdues, à la recherche de lieux en déshérence, sanctuaires sur lesquels le temps s'est arrêté après que l'homme en ait refermé les portes. Il en ramène des images saisissantes , capsules temporelles témoignant d'un univers parallèle propice à l'évasion de l'esprit et à l'interrogation."
Une fois n'est pas coutume, ce qui est imprimé là n'est absolument pas exagéré.
Les photographies sont stupéfiantes de beauté. Leur auteur réussit à redonner vie à des lieux que l'on sent pourtant abandonnés depuis longtemps, livrés aux herbes, aux mousses, aux animaux sans doute.
Dans chaque endroit, il a su capter la lumière particulière, choisir un détail ou faire un plan large : il a saisi la singularité de chaque église et, derrière la poussière et les dégâts, fait apparaître l'âme de chacune.
Il a redonné vie à ces lieux délaissés.
Comme le dit très justement
Christian Montesinos dans la préface : "Ce ne sont pas des ruines, mais des reliques. On peut y percevoir les cierges allumés, la respiration des fidèles."
Oui, le talent du photographe fait naître cette magie !
Ce livre est splendide. Outre la qualité exceptionnelle des photographies, l'objet est magnifique. Couverture, papier, mise en page : tout est très soigné et fait de cet ouvrage un vrai "beau livre".
Une excellente idée de cadeau pour toute personne qui s'intéresse aux vieilles pierres et à l'architecture.
Je ne peux pas terminer sans ajouter un grand coup de gueule.
Il ne se passe pas une semaine en France sans qu'une église ne soit vandalisée.
La presse régionale en parle, mais en dehors de cela, c'est un silence assourdissant sur le sujet.
Pas un mot des responsables religieux catholiques qui n'ont, collectivement, pas l'air de s'émouvoir de cette destruction organisée des lieux de culte.
Pas un mot non plus du ministre de l'Intérieur qui pourtant, me semble-t-il, est aussi ministre des cultes.
Et les Français, quand vont-ils se réveiller ?
Parce qu'il ne s'agit pas seulement de religion. Cela va bien au-delà : c'est notre patrimoine qui est détruit de façon irréversible, c'est tout un pan de notre Histoire que certains veulent éliminer.
Va-t-on continuer longtemps à les laisser faire sans rien dire ?