Entre le moment où
Michel Messu a publié son livre (2018) et aujourd'hui, la victimisation a battu des records de médiatisation. Autrefois très largement banalisée, voire marginalisée et considérée comme un simple fait divers, elle s'affiche aujourd'hui en première page de la presse écrite. Souvent déformée quand elle n'est pas totalement erronée, la victimisation est répétée en boucle sur les ondes et diffusée en continu sur les chaînes de télévision au point d'être transformée parfois en fait de société.
L'étude très psychologique et concrète que l'auteur a réalisée sur la progression de cette « auto-victimisation » permanente concerne notamment des individus en mal de reconnaissance et ouvre la porte à bien des questionnements sur leur équilibre psychique. Elle nous engage également à mener une réflexion personnelle sur ce thème devenu incontournable et de plus en plus clivant dans nos sociétés modernes afin de tenter de mieux cerner quelles pourraient être les causes profondes induisant des comportements parfois irrationnels et quels en sont les buts réels et avérés ou biaisés et inavoués.
De mon humble avis, cette victimisation galopante a malheureusement de beaux jours devant elle. Mais quels sont ses desseins et comment différencier les cas de victimisation et faire la part de la vérité entre fantasme et inconséquence ? S'agit-il d'un phénomène à la mode dans nos sociétés soumises à la vindicte populaire trop souvent scandaleuse des réseaux sociaux, utilisés à tort et à travers pour la libéralisation de la parole et dont la presse se fait l'écho ? Des rappels douloureux et incessants d'un passé pourtant révolu relatant des faits historiques cruels dont ont soufferts nos ancêtres ? D'un besoin de conforter sa notoriété pour rassurer son égo et faire parler de soi ? Ou pire, faire courir de fausses informations sur un adversaire « ciblé », travesti en ennemi pour l'occasion par des accusations fallacieuses uniquement suscitées par un sentiment inextinguible de vengeance, de cupidité, de jalousie pouvant aller jusqu'à la haine, dans l'unique but de nuire à son image et de lui faire endosser le rôle de coupable alors même qu'il n'est qu'une victime ?