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EAN : 9782911917813
95 pages
Ab irato (07/06/2022)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
Comment s’échapper des pièges du quotidien – même insignifiants en apparence, comment trouver la sortie ? Désertiques est un triptyque de trois nouvelles situées chacune dans un espace/temps indéfini, où le protagoniste est en butte à une même souffrance, la solitude et l’absurdité de l’existence, où il se trouve enfermé.
Dans ces récits labyrinthiques, ponctués de rebondissements à la lisière du fantastique, un même dénouement libérateur verra le personnage... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Trois nouvelles, trois déserts, trois êtres aussi étranges que solitaires, pour lesquels le temps et l'existence ne se mesurent pas à l'aune habituelle.

Il y a d'abord celui qui vit (survit, végète ?) sur une montagne qu'il parcourt en tous sens, créant un complexe réseau de sentiers, et où les objets banals (mottes de terre, feuilles mortes, bâton…) deviennent des sortes de trésors ; une montagne dont il ne descend que pour en trouver une autre, infatigable Sisyphe randonneur, et avec laquelle il semble se confondre. Il y a ensuite le gardien d'une station-service où jamais ne s'arrête une automobile, espèce de Bagdad-Café bordé de rails vides et à l'horizon duquel ne passent que de rares individus, et dont le bâtiment, jusqu'au siège où est assis notre bonhomme, est envahi par un imbroglio de cactus qui l'empêche de bouger. Il ne vit que par son regard, son dialogue avec quelques bêtes et des souvenirs de jeux à caractère surréaliste. Et il y a celui qui, avec sa brouette, transporte inlassablement d'un tas à l'autre du minerai où se cachent des pépites d'or, dans un environnement totalement minéral, « sans oublier de faire une pause tous les trois mois pour boire un peu de l'eau qui sort du robinet de l'atelier, et respirer de temps en temps » ; lui aussi, traçant d'éternels sillons, soliloque et erre dans son monde, « citoyen de la mine » qui est sa vie, son horizon immuable.

(Notes et chroniques, 30 novembre 2022)
Lien : http://jplongre.hautetfort.c..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il dit : la tortue, je l’ai rencontrée lors d’une tentative de départ, à quelques heures de marche de la montagne. De loin, je l’ai d’abord prise pour une grosse pierre, mais il se trouvait que mes pas me portaient vers elle, et j’ai remarqué en passant sa forme exceptionnellement arrondie. Elle se dirigeait vers la montagne d’un pas placide. J’étais si fasciné par la lenteur extrême de ses mouvements que je me suis mis en route à ses côtés, marchant à la même allure qu’elle. Je lui ai expliqué le but de mon périple. Mes paroles aussi ralentissaient. Nous avons progressé ainsi pendant des jours. Pour ne pas devoir m’arrêter et attendre la tortue tous les trois pas, j’ai dû procéder à un vaste réglage de mes mouvements sur les siens : je ne déplaçais les pieds que sur une distance très courte, quelques centimètres, et en plusieurs secondes. Ainsi, nous progressions au même rythme, la tortue et moi, quasi figés. Il n’y avait plus un souffle de vent, et je crois que le soleil lui-même s’était arrêté au milieu de la voûte céleste. Nous étions minéraux. Seuls des sons brisaient l’immuable : je parlais avec la tortue ; j’articulais patiemment des mots étirés, des mots écrasés au rouleau compresseur, dont les consonnes s’aplanissaient et les voyelles tombaient dans les basses. Et la tortue me répondait sur un mode similaire, par de longs souffles rauques et profonds qui me rappelaient tantôt la note ronde qu’émet une bouteille lorsqu’on expire perpendiculaire-ment au goulot, tantôt le chuintement monotone des pluies d’orage. Nous étions telles des statues, unis dans notre immobilisme. Nous parlions du désert, de la montagne, du lac salé, de sa vie de tortue. Nous avons mis trois semaines à rejoindre la montagne. Depuis, elle vaque dans les environs, et fait parfois des escapades de quelques jours.
(La montagne)
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Il est vrai qu’il ne passe jamais personne ici, ou presque ; l’endroit est désert, morne et figé. Les seuls bruits qui déchirent le silence, comme l’éboulement de quelques rochers sur le flanc du coteau, derrière la cabane, une bourrasque de vent qui fait vibrer des tôles, les grattements d’un lézard qui s’enfuit parmi les herbes sèches ou les sempiternels grincements de ma chaise à bascule, tous ces phénomènes sont plutôt anodins. Il ne passe jamais personne, ou presque : j’entrevois parfois des formes vagues, des silhouettes qui se glissent rapidement, au crépuscule, derrière les murs ; j’aperçois régulièrement un individu louche dont la barbe antipathique dissimule certainement un menton, celui de qui ? voilà ce que je serais bien en peine d’affirmer, mais je tâcherai d’y remédier, je serai à l’affût dans ma chaise à bascule, je débusquerai celui qui rôde autour de ma cabane, quoique ses apparitions ne soient, certes, pas fréquentes, une ou deux fois par an tout au plus, et que je ne sois plus en mesure de faire aucun mouvement, ou presque, il est vrai, à part me balancer, hocher la tête ou me gratter les genoux.
(La station-service)
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Videos de Benoît Meunier (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Benoît Meunier
Kateřina Čupová (*1992), qui signe souvent ses travaux des pseudonymes faQy et Chechula, a étudié l’animation à la faculté de communication multimédia de l’Université de Zlín. Les premières histoires courtes qu’elle publie dans des revues et en ligne, encore fortement inspirées par les mangas, prouvaient déjà qu’un talent hors norme était né sur la scène tchèque : une autrice incroyablement douée d’un point de vue graphique, pleine d’envie d’expérimenter et de raconter des histoires originales, poétiques et à l’atmosphère unique. En 2015, Čupová reçoit le prix de BD Muriel pour son petit livre Kašna (La Fontaine), et remet ça cinq ans plus tard avec un récit court situé dans le monde des scouts, Druhý břeh (L’Autre Rive, scénario Marek Steininger). La même année, en 2020, sort son premier album grand format : R. U. R., une adaptation de la pièce de théâtre éponyme de Karel Čapek. Le livre est traduit dès sa sortie en plusieurs langues : français, turc, italien, espagnol, mais aussi coréen. La bibliographie BD de Kateřina Čupová s’allonge encore en 2022 avec la publication de Hrnečku, vař! (La Marmite magique), une variation originale et humoristique sur un conte traditionnel tchèque mâtiné de super-héros et bien ancré dans le microcosme d’un petit village de Moravie.
Extrait du catalogue Bande dessinée tchèque contemporaine, texte de Pavel Kořínek et Tomáš Prokůpek, traduction Benoît Meunier, SoBD éditeur, 2022
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