« Un roman puissant révélateur de la violence des rapports de domination de classe et de genre » voilà ce que le bandeau de la version poche de ce livre nous annonce. C'est tentant d'autant que les critiques sont excellentes, que la couverture laisse espérer du mystère et que l'intrigue se situe en 1969, une autre époque ( !) dans laquelle j'ai eu envie de me replonger.
Je me réjouissais donc à l'idée de lire ce livre et malheureusement j'ai été un peu déçue.
L'intrigue est assez simple puisqu'il s'agit d'une petite fille de 4 ans enlevée mystérieusement jusqu'au moment où une demande de rançon est adressée à la famille. le grand père, homme riche et gros employeur de la région, est prêt à payer les 200 000 francs exigés. Et les policiers « de Paris » comme les gendarmes locaux recherchent les suspects potentiels en espérant que la petite fille soit toujours vivante.
L'intrigue policière reste longtemps au point mort. Ce roman a d'ailleurs plus la tonalité d'un roman d'atmosphère que d'un roman policier.
Ce qui nuit à la lecture, c'est le manque de rythme, ce sont ces scènes inutiles et interminables concernant les policiers (que de bavardages !) et ce, au détriment de l'étude de moeurs de cette famille riche et « dominante » jusqu'à la caricature. C'est dommage car la romancière a du style ; on pense parfois à
Simenon quand elle décrit en quelques mots des personnages très typées (la pauvre jeune fille exploitée mais lucide, l'institutrice maligne qui cerne bien ses élèves et leurs parents, le patriarche embourgeoisé qui pense avoir tous les droits, sa femme qui ne songe qu'à préserver les apparences, son fils écrasé par l'odieuse figure paternelle, le vieux flic désabusé, le jeune flic empathique et amoureux, le petit voyou sans envergure…)
Ce roman aurait pu être excellent s'il avait été moins descriptif et moins bavard, plus axé sur l'enquête policière et l'étude de moeurs provinciale de la fin des années 60.
Le dénouement, difficile mais pas impossible à voir venir est très habile et rattrape un peu les longueurs du début qui entravent l'intérêt pour l'intrigue et les personnages.
En conclusion,
Louise Mey est indéniablement une romancière douée, capable de faire revivre une période révolue et de créer des personnages crédibles. Je ne décommande donc pas la lecture de ce livre écrit avec un beau style sobre et dont le dénouement est vraiment intéressant (à ne surtout pas « spoiler »). Mais l'intrigue aurait mérité plus de densité, plus de rythme surtout.