Après "
La Deuxième Femme",
Louise Mey raconte dans ce polar rural et social "
Petite Sale" l'histoire de la disparition d'une petite fille qui révèle les pires jeux de pouvoirs, entre violences de classe et violences de genre !
A découvrir dès le 24 janvier chez @audiolib grâce à l'interprétation talentueuse de Marie du Bled !
"La terre est riche. Parfois, elle y pense - la terre est riche. La boue est riche. Elle pas. Tout le monde est plus riche qu'elle, même la boue."
Catherine est pauvre. Catherine fait sale. Catherine parle peu. Elle n'aime pas qu'on la regarde - les filles qu'on regarde ont des problèmes. Au Domaine où elle travaille, elle fait partie de ces invisibles grâce à qui la ferme tourne. Monsieur, lui, est riche. Il ne parle pas non plus - il crache ou il tonne. Et il possède tout.
Mais quand Sylvie, sa petite-fille de quatre ans, disparaît ce jour glacé de février 1969, Monsieur perd quelque chose d'une valeur inestimable.
Dans cette vallée de champs de betteraves, où chaque homme et chaque femme est employé de près ou de loin par Monsieur, deux flics parisiens débarquent alors pour mener l'enquête avec les gendarmes.
Car une demande de rançon tombe. Mais le village entier semble englué dans le silence et les non-dits. Personne ne veut d'ennuis avec Monsieur. À commencer par Catherine. Catherine qui se fait plus discrète et plus invisible encore. Catherine qui est la dernière à avoir vu la petite...
Je remercie @audiolib et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir cette intrigue à l'atmosphère très pesante.
La structure narrative est très linéaire, plutôt répétitive, peu rythmée, car l'intrigue suit un ordre chronologique au cours de neuf jours où l'enquête s'embourbe.
Le personnage de Catherine, "la
petite sale", la bonne à tout faire, dix-neuf ans, nous est présenté au début de l'intrigue comme quelque peu attardée. Puis, exit Catherine, la focalisation se fait brusquement sur les deux policiers parisiens, Gabriel et Dassieux. J'ai trouvé ce changement de point de vue assez abrupt.
L'enquête policière qui piétine et finit par s'enliser débute le 10 février 1969, après la disparition de Sylvie, petite-fille d'Augustin Demest, le Maitre du Domaine qui semble tout puissant jusqu'à ce qu'on lui réclame une rançon... qu'il hésite à payer ! C'est un personnage cupide qui est tout à fait détestable à tous les points de vues car il est riche et s'octroie tous les droits à cause de son statut social.
L'atmosphère est très glauque, poisseuse, glaciale joue un rôle de premier plan dans cette histoire qui s'apparente à un roman noir à visée sociologique où les femmes sont bien maltraitées en 1969 dans ce territoire rural. J'ai tout de même trouvé que les personnages manquaient un peu de profondeur psychologique.
L'interprétation très juste de Marie du Bled et le ton qu'elle emploie au cours de la narration permet de percevoir toute la rancoeur ressentie par Catherine, ce personnage ambivalent, à la fois invisible et omniprésent, ce qui rend sa personnalité ambiguë. J'ai bien aimé le twist surprenant qui nous force à reconsidérer "la
Petite Sale" sous un nouveau jour !